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Le Dresseur de pierres: Les portes du temps

Le Dresseur de Pierres

Je me nomme Mael. Quelle que soit l’époque, je sais que c’est mon nom. J’ai touché la Pierre, la mémoire de mes vies. J’ai ouvert un nouveau codex in octavo, trempé ma plume dans une encre noire comme une aile de corbeau et commencé à écrire mes passés et mes futurs… Au commencement, je n’ai pas choisi. […] Je regardai fixement la main, je m’en souviens parfaitement. Elle était fine, mais portait de nombreuses petites traces de blessures et des cals dans la paume. Les ongles étaient épais et cassés. C’était une main de travailleuse. Elle avait une bonne...
Carnet du soleil

Carnet du soleil

Il n'y a pas de passé. Il n'y a qu'aujourd'hui et, dans aujourd'hui, serrés et brûlants comme à l'intérieur d'une clochette de muguet, tous les morts que nous avons aimés.»​ 
Compter les oiseaux Compter les chapeaux

Compter les oiseaux Compter les chapeaux

  "... Soudain, semblant déterminé, il ouvrit sa porte et l’attira à l’intérieur avec une forme de brusquerie. Celle des gens que la peur a fait trop hésiter et qui finissent par prendre une décision comme on se jette à l’eau, pour être sûrs de ne plus pouvoir changer d’avis. Elle émit un petit cri sans qu’il n’y prît garde. Une fois à l’intérieur, il l’attira vers la chaise mais au lieu d’aller s’asseoir en face, sur son tabouret, il resta planté debout, à côté d’elle. Ce comportement intimida Svetlana car elle ne le comprenait pas. Ce qui...
Sido

Sido

Étés réverbérés par le gravier jaune et chaud, étés traversant le jonc tressé de mes grands chapeaux, étés presque sans nuits... Car j'aimais tant l'aube, déjà, que ma mère me l'accordait en récompense: J'obtenais qu'elle m'éveillât à trois heures et demie, et je m'en allais, un panier vide à chaque bras, vers des terres maraîchères qui se réfugiaient dans le pli étroit de la rivière, vers les fraises, les cassis et les groseilles barbues.     A trois heures et demie, tout dormait dans un bleu originel, humide et confus, et quand je descendais le chemin de...
La Princesse de Clèves

La princesse de Clèves

La magnificence et la galanterie n’ont jamais paru en France avec tant d’éclat que dans les dernières années du règne de Henri second. Ce prince était galant, bien fait et amoureux : quoique sa passion pour Diane de Poitiers, duchesse de Valentinois, eût commencé il y avait plus de vingt ans, elle n’en était pas moins violente et il n’en donnait pas des témoignages moins éclatants. Comme il réussissait admirablement dans tous les exercices du corps, il en faisait une de ses plus grandes occupations : c’étaient tous les jours des parties de chasse et de...
Orgueil & préjugés

Orgueil et préjugés

Plus d’une fois Elizabeth, en se promenant dans le parc, rencontra Mr. Darcy à l’improviste. Elle trouvait assez étrange la malchance qui l’amenait dans un endroit ordinairement si solitaire, et elle eut soin de l’informer que ce coin du parc était sa retraite favorite. Une seconde rencontre après cet avertissement était plutôt singulière ; elle eut lieu cependant, et une autre encore. Était-ce pour l’ennuyer ou pour s’imposer à lui-même une pénitence ? Car il ne se contentait point dans ces occasions de lui dire quelques mots de politesse et de poursuivre son chemin,...
Le Bourgeois gentilhomme

Le Bourgeois gentilhomme

MONSIEUR JOURDAIN : […] Au reste, il faut que je vous fasse une confidence. Je suis amoureux d’une personne de grande qualité, et je souhaiterais que vous m’aidassiez à lui écrire quelque chose dans un petit billet que je veux laisser tomber à ses pieds. MAÎTRE DE PHILOSOPHIE : Fort bien. MONSIEUR JOURDAIN : Cela sera galant, oui. MAÎTRE DE PHILOSOPHIE : Sans doute. Sont-ce des vers que vous lui voulez écrire ? MONSIEUR JOURDAIN : Non, non, point de vers. MAÎTRE DE PHILOSOPHIE : Vous ne voulez que de la prose ? MONSIEUR JOURDAIN : Non, je ne veux ni prose ni...
La symphonie pastorale

La symphonie pastorale

Mais je crois inutile de noter ici tous les échelons premiers de cette instruction qui, sans doute, se retrouvent dans l’instruction de tous les aveugles. C’est ainsi que, pour chacun d’eux, je pense, la question des couleurs a plongé chaque maître dans un même embarras. (Et à ce sujet je fus appelé à remarquer qu’il n’est nulle part question de couleurs dans l’Évangile.) Je ne sais comment s’y sont pris les autres ; pour ma part je commençai par lui nommer les couleurs du prisme dans l’ordre où l’arc-en-ciel nous les présente ; mais aussitôt s’établit une...
Les faux-monnayeurs

Les faux monnayeurs

Il m’importe de...
Les Nourritures terrestres

Les nourritures terrestres

Nathanaël, jette mon livre ; ne t'y satisfais point. Ne crois pas que ta vérité puisse être trouvée par quelque autre ; plus que de tout, aie honte de cela. Si je cherchais tes aliments, tu n'aurais pas de faim pour les manger ; si je te préparais ton lit, tu n'aurais pas sommeil pour y dormir. Jette mon livre ; dis toi bien que ce n'est là qu'une des mille postures possible en face de la vie. Cherche la tienne. Ce qu'on autre aurait aussi bien fait que toi, ne le fais pas. Ce qu'un autre aurait aussi bien dit que toi, ne le dis pas, - aussi bien...
Aurélien

Aurélien

« La première fois qu'Aurélien vit Bérénice, il la trouva franchement laide. Elle lui déplut, enfin. Il n'aima pas comment elle était habillée. Une étoffe qu'il n'aurait pas choisie. Il avait des idées sur les étoffes. Une étoffe qu'il avait vue sur plusieurs femmes. Cela lui fit mal augurer de celle-ci qui portait un nom de princesse d'orient sans avoir l'air de se considérer dans l'obligation d'avoir du goût. Ses cheveux étaient ternes ce jour-là, mal tenus. Les cheveux coupés, ça demande des soins constants. Aurélien n'aurait pas pu dire si elle était blonde ou brune....
La cuisine du 6e étage: Du Piano au réchaud ! Edition spéciale avec un carnet offert

La cuisine du 6e étage

«(…) là où le ciel est toujours visible comme échappatoire aux tourments de l’existence, après avoir vécu plus de quinze ans au sixième étage avenue de l’Opéra, fréquenté une mansarde vénitienne, me voici rue Léonce-Reynaud face à la Dame de fer, rassurante, silhouette scintillante. Nous sommes au début de l’année 2006, je m’apprêtais à me coucher, quand mon regard se posa sur le tapis qui habillait une partie de la pièce de la petite maison mocharde que j’occupais encore. Le déménagement était programmé pour l’été. Les travaux de mon futur lieu...
La plus secrète mémoire des hommes

La plus secrète mémoire des hommes

de Sarr
Mais pourquoi continuer, tenter d'écrire  après des millénaires de livres comme Le Labyrinthe de l'inhumain... On ne savait pas; et là était peut-être notre réponse : nous écrivions parce que nous ne savions plus ce qu'il fallait faire au monde, sinon écrire, sans espoir mais sans résignation facile, avec obstination et épuisement et joie, dans le seul but de finir le mieux possible, c'est-à-dire les yeux ouverts : tout voir, ne rien rater, ne pas ciller, ne pas s'abriter sous les paupières, courir le risque d'avoir les yeux crevés à force de tout vouloir voir, pas comme...
S'adapter

S'adapter

Un jour, dans une famille, est né un enfant inadapté. Malgré sa laideur un peu dégradante, ce mot dirait pourtant la réalité d’un corps mou, d’un regard mobile et vide. « Abîmé » serait déplacé, « inachevé » également, tant ces catégories évoquent un objet hors d’usage, bon pour la casse. « Inadapté » suppose précisément que l’enfant existait hors du cadre fonctionnel (une main sert à saisir, des jambes à avancer) et qu’il se tenait, néanmoins, au bord des autres vies, pas complètement intégré à elles mais y prenant part malgré tout, telle l’ombre au...
Mon mari

Mon mari

Au moment de payer, je suis sensible au fait que mon mari paye spontanément l'addition. C'est peut-être un détail, mais cette petite attention transforme officiellement notre déjeuner en rendez-vous galant. Je remarque alors qu'il laisse un pourboire franchement excessif. Le ton un peu trop familier avec la serveuse, les lasagnes, le pourboire élevé: est-ce que mon mari est tombé amoureux d'une autre femme? Puisque ça ne peut pas être la serveuse qui n'a rien d'une wife material, qui est cette rivale que je dois craindre? Est-ce l'euphorie de cet amour naissant qui le fait...
Artifices

Artifices

Pour venir à Londres deux ans plus tôt, elle avait dû quitter Lisbonne, déchirement. Les marches toniques pour aller au bas de la ville lui avaient manqué, le train qui serpente le long de la côte, Cascais et Belém, ses nages dans l'eau portugaise toujours fraîche et exaltante, sa Lisboa où l'amour est forcément dramatique, les plafonds déglingués et la nuit sans silence. Partir. Casser le sablier des quelques habitudes. Le même manège à l'envers. Quand elle avait déménagé à Londres, elle travaillait alors sur sa série des Martyrs. Elle accrochait aux monuments des...
Artifices

Artifices

Pour venir à Londres deux ans plus tôt, elle avait dû quitter Lisbonne, déchirement. Les marches toniques pour aller au bas de la ville lui avaient manqué, le train qui serpente le long de la côte, Cascais et Belém, ses nages dans l'eau portugaise toujours fraîche et exaltante, sa Lisboa où l'amour est forcément dramatique, les plafonds déglingués et la nuit sans silence. Partir. Casser le sablier des quelques habitudes. Le même manège à l'envers. Quand elle avait déménagé à Londres, elle travaillait alors sur sa série des Martyrs. Elle accrochait aux monuments des...
Grande couronne

Grande Couronne

"Quatorze heures huit. La sueur perlait sur les tempes de Damien. Il était roux, les cheveux très épais, presque crépus, taillés en brosse. – Moi c'est la première fois, j'avoue je sais pas trop quoi faire. Des taches de rousseur parsemaient son visage, rampaient dans son cuir chevelu. Il avait l'expression d'un enfant. – T'inquiète pas, c'est facile, faut juste que tu sortes... la... ta... J'ai fait un signe vers sa braguette. Damien s'est débattu quelques secondes avec la ceinture de son jean et s'est déboutonné d'une main tremblante. Une forme enflait sous son boxer. –...
Blizzard

Blizzard

«Rétrospectivement, je crois que j'ai senti que quelque chose ne tournait pas rond. C'est un peu comme lorsque vous avez la sensation qu'un insecte vous chatouille l'oreille. Vous faites un geste pour vous en débarrasser, mais en réalité c'est une alarme, votre alarme interne, réglée au strict minimum. Pas assez forte pour vous faire bondir, mais juste assez pour vous empêcher de dormir tranquillement. Je dormais justement, et je me suis réveillé en sursaut. Etait-ce un pressentiment ou bien le courant d'air froid qui venait d'en bas ? Je ne sais pas. J'étais tellement fatigué...
Chevreuse

Chevreuse

​« Si la carte d’état-major contredisait sa mémoire des lieux, c’était sans doute qu’il avait fait plusieurs passages dans la région à des périodes différentes de sa vie et que le temps avait fini par raccourcir les distances. D’ailleurs, on disait que le garde-chasse du château de Mauvières avait habité, jadis, la maison de la rue du Docteur-Kurzenne. Et voilà pourquoi cette maison avait depuis toujours été pour lui comme un poste-frontière, la rue du Docteur-Kurzenne marquant la lisière d’un domaine, ou plutôt d’une principauté de forêts, d’étangs, de...

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