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Mes extraits (40)

«Un chant de Noël. Une histoire de fantômes » de José-Luis Munuera, Dargaud, 2022

Munuera Jose Luis
Un chant de Noël - Une histoire de fantômes
Dans ce monde, une femme n'a que peu d'options. En réalité, elle n'en a que deux. Être une sainte ... ou une sorcière. Vous comme moi savons qu'aucune femme n'est ni tout à fait l'une, ni tout à fait l'autre. (...) Pour autant rien ne nous oblige à être ennemies. À vrai dire.. nous avons tout intérêt à unir nos forces."

« Le violon d'Adrien » de Gary Victor, Mémoire d'encrier, 2023

Gary Victor
Le violon d'Adrien
Apprendre à bien tenir son violon est chose essentielle. Mal le tenir est un manque de respect envers cet instrument qui est un don du ciel à l'homme. Vous devez apprendre à ne faire qu'un avec votre violon. Il ne faut pas qu'il soit une excroissance de vous, mais vous, tout simplement. Le son qu'il émettra, ce sera celui de votre âme, de votre cœur, de vos tripes.»

« Katanga Intégrale » de Nury & Vallée, Dargaud, 2023

Nury Fabien
Katanga - Katanga - Intégrale
Seigneur... Je ne vous demande ni le bonheur Ni la fortune Ni même la santé. Tout ça on vous le demande tellement Que vous ne devez plus en avoir Donnez-moi plutôt ce qui vous reste. Donnez-moi plutôt ce que les autres vous refusent. Je veux l'insécurité et l'inquiétude Je veux la bagarre et la tourmente.»

Mes avis (65)

Le 10 janvier, 2024 - 05:48
Pour ma part, Non sans rapport avec l'actualité au Japon en ce triste début d'année, c'est avec un vif intérêt que je me suis plongée dans ce récit qui explore les conséquences psychologiques d’un stress post-traumatique, appelé syndrome de Lazare, vécu par une hôtesse de l’air, Line, lors d’un très grave séisme à Tokyo. "À son retour de Tokyo, la Compagnie l’avait déclarée inapte et l’avait suspendue des plannings de vol. Elle était en arrêt maladie pour le moment. Ensuite, pour une période non déterminée, elle travaillerait au sol. Avant de reprendre les vols, elle serait examinée par le médecin du travail." Rescapée des entrailles de la terre, du chaos et de la mort, Line doit affronter ses démons et accepter son destin pour réapprendre à vivre. "Je n’ai pas compris tout de suite l’impact que cet événement aurait sur ma vie. C’était un miracle, c’est ce que tout le monde répétait, alors j’ai fini par y croire. Le reste est venu plus tard. Être une survivante se paye. D’une manière ou d’une autre, on le paye. " La narration à la troisième personne oscille entre le passé, le présent et le point de vue des personnages clés : Line, Thomas et Saki. Ce procédé est un style littéraire pour marquer la dichotomie entre la douleur et l'instinct de survie, le chaos d'une existence dépourvue de sens et l'espoir... Là dessus je ne vous en dis pas plus vous le découvrirez en lisant le roman. À mon sens, en dépassant le récit d'aventure initiatique à proprement parler, Insula est un exutoire, c'est-à-dire un recueil de souvenirs et de sensations, de celles qui furent gravées dans la chair, l'âme et les sens enfin portés par écrit, comme une délivrance, un accomplissement. Dans le but de les surmonter, de les exorciser et enfin renaitre. Le chemin vers la paix intérieure est ardu et les images du récit sont tantôt oppressantes, tantôt oniriques avec quelques éclaircies versifiées pour enfin revenir au présent et à la réalité : "Noir total Absolu Comme le blanc le plus pur Nuit infinie Nul écho Nulle trace Noir vorace Comme les gouffres Où meurent les étoiles" J'aime les récits psychologiques en général et j'ai adoré celui-ci en particulier car, connaissant plus ou moins le milieu des PNC, j'ai eu beaucoup d'empathie pour le personnage de Line. Je recommande chaleureusement. Youtube : https://youtu.be/7sqZX1XjW08?si=2LXuQ7usUe54xZdH Blog: https://www.aikadeliredelire.com/2024/01/insula-netgalleyfrance-lu-appro...
Le 23 décembre, 2023 - 09:51

Scrooge au féminin !
Elizabeth Scrooge est une commerçante riche et pingre qui déteste Noël et méprise les pauvres.

La veille de Noël, elle reçoit la visite du fantôme de son ancien associé Jacob Marley, qui lui annonce qu’elle sera hantée par trois esprits : celui des Noëls passés, celui des Noëls présents et celui des Noëls à venir.

Ces esprits lui montrent les erreurs de sa vie, les souffrances qu’elle cause aux autres et le triste sort qui l’attend si elle ne change pas.

Pour ma part,
Ovation pour cette version féminine et féministe du conte Un Chant de Noël de Charles Dickens.

En effet, le talentueux José-Luis Munuera a revisité le grand classique en incarnant Scrooge sous les traits d'une femme d'affaires, au nez caricaturé à l'instar du personnage initial Ebenezer, transformé en Elizabeth pour l'occasion, qui s'abstient de toute bonté et de générosité.

Fidèle au récit canonique, l'album nous entraîne dans un voyage fantomatique dans le passé, le présent et le futur d'Elizabeth Scrooge qui va se confronter à ses choix de vie et à ses regrets.

Comme dans tout conte de Noël, l'histoire aborde les thèmes de l'empathie, de la compassion et de la générosité envers les autres, surtout les plus démunis.

Mais pas que.

L'album ne manque pas d'évoquer la condition féminine au XIXe : à l'époque, les fillettes étaient éduquées pour devenir mère au foyer soumise à leur époux. Contrairement aux mœurs pourtant, Elizabeth s'est imposée dans le milieu des affaires pour devenir la patronne redoutable, ambitieuse et indépendante dont l'enseigne " Marley & Scrooge" demeure prospère malgré ces temps de disette.

Le dessin est magnifique, expressif et réaliste, exécutés au trait fin noir. Les couleurs aquarelles sont contrastées, tantôt sombres, tantôt festives.

Par la force d'un graphisme sublime et soigné, le génie de Munuera a donné un second souffle, moderne et féministe, à ce sempiternel classique de Noël. Surprenant et audacieux, je recommande.


Mention spéciale : La préface de cet album est signée par Dominique Barbéris tandis qu'en postface se trouve la transcription d'une lettre manuscrite retrouvée par Alex Romero curieusement intitulée " À propos du légitime propriétaire de la dinde offerte à Bob Cratchit ".

Ce 23/12/23: En cette période festive, je vous souhaite un merveilleux week-end et que la magie de Noël soit avec vous !

https://www.aikadeliredelire.com/2023/12/lu-approuve-un-chant-de-noel-une.html

 

Le 4 décembre, 2023 - 14:22

Le violon d'Adrien est le récit initiatique d'un adolescent haïtien apprenti musicien prêt à tout pour un violon, un instrument rare dans un pays en proie à la dictature, à la violence et à la pauvreté. Une quête mêlant thriller, leçon de vie et culture haïtienne; ce récit contient des détails à caractère sexuel pouvant heurter les plus jeunes.

Pour ma part,

J'ai adoré ma lecture : captivante et instructive, on ne s'ennuie jamais. Les descriptions sont réalistes, la plume est riche et utilise à l'occasion le créole haïtien en guise d'illustration pour plus d'authenticité. Le récit est fluide, un savant équilibre entre découverte culturelle et leçon de vie.

Car il y a beaucoup d'aspects de la culture haïtienne à observer ici notamment les croyances locales, que je retiendrai à mon sens comme un syncrétisme religieux : un "mix" entre le christianisme évangélique, la phytothérapie et la sorcellerie vaudou héritée du fin fond des âges.

La trame du roman se déroule dans une époque problématique où Haïti est gangréné par l'oppression des "tontons macoutes" à la solde de la dictature présidentielle, vers les années 70, du temps des "gourdes" et du "borlette". Le narrateur y dépeint la pauvreté, la corruption et l'insécurité d'une société au bord de l'implosion où un apprenti violoniste n'y a pas sa place :

« Le violon, c'est pour la musique savante, Adrien. Notre pays est un bateau qui sombre. Il sombrera longtemps avant qu'une main peut-être divine ne le remette à flot. Pendant qu'il sombre, nos femmes et nos hommes ne pensent qu'aux choses les plus triviales qui soient. Je te plains. Tu es perdu dans un monde qui n'est pas le tien. Un petit Haïtien qui rêve de devenir un virtuose du violon ! »

Je n'ai qu'un seul mot pour ce roman de tous les genres riche en actions et en émotions : inclassable.

Coup de cœur.

https://www.aikadeliredelire.com/2023/12/lu-approuve-le-violon-dadrien-de-gary.html

 

Le 4 décembre, 2023 - 14:22

Le violon d'Adrien est le récit initiatique d'un adolescent haïtien apprenti musicien prêt à tout pour un violon, un instrument rare dans un pays en proie à la dictature, à la violence et à la pauvreté. Une quête mêlant thriller, leçon de vie et culture haïtienne; ce récit contient des détails à caractère sexuel pouvant heurter les plus jeunes.

Pour ma part,

J'ai adoré ma lecture : captivante et instructive, on ne s'ennuie jamais. Les descriptions sont réalistes, la plume est riche et utilise à l'occasion le créole haïtien en guise d'illustration pour plus d'authenticité. Le récit est fluide, un savant équilibre entre découverte culturelle et leçon de vie.

Car il y a beaucoup d'aspects de la culture haïtienne à observer ici notamment les croyances locales, que je retiendrai à mon sens comme un syncrétisme religieux : un "mix" entre le christianisme évangélique, la phytothérapie et la sorcellerie vaudou héritée du fin fond des âges.

La trame du roman se déroule dans une époque problématique où Haïti est gangréné par l'oppression des "tontons macoutes" à la solde de la dictature présidentielle, vers les années 70, du temps des "gourdes" et du "borlette". Le narrateur y dépeint la pauvreté, la corruption et l'insécurité d'une société au bord de l'implosion où un apprenti violoniste n'y a pas sa place :

« Le violon, c'est pour la musique savante, Adrien. Notre pays est un bateau qui sombre. Il sombrera longtemps avant qu'une main peut-être divine ne le remette à flot. Pendant qu'il sombre, nos femmes et nos hommes ne pensent qu'aux choses les plus triviales qui soient. Je te plains. Tu es perdu dans un monde qui n'est pas le tien. Un petit Haïtien qui rêve de devenir un virtuose du violon ! »

Je n'ai qu'un seul mot pour ce roman de tous les genres riche en actions et en émotions : inclassable.

Coup de cœur.

https://www.aikadeliredelire.com/2023/12/lu-approuve-le-violon-dadrien-de-gary.html

 

Le 2 décembre, 2023 - 13:36
Une vie de combats : la famille Franc Bataillé Je vais bien est l'autobiographie de Régis Franc, le célèbre bédéaste Prix Mottart de l'Académie Française 2015. Le narrateur, en utilisant la première personne, retrace ici l'histoire de sa famille, les Franc Bataillé, dont les origines ouvrières et militantes font l'orgueil générationnel depuis toujours. Ces origines qui, à contrario, embarrassent notre narrateur. Là-dessus je ne vous en dis pas plus ; vous découvrirez pourquoi en lisant le livre. Il raconte également la tragédie qui frappe la maison Ensouleiado, que son père, Roger Alphonse, a construite de ses mains pour sa bien aimée Renée, la mère de ses enfants, malheureusement décédée une semaine avant la pendaison de crémaillère. C'était en 1960, le petit Régis avait alors douze ans. Pour ma part, Je n'ai aucun lien de parenté avec la famille des Franc Bataillé et tout porte à croire que j'appartiens à une autre génération. Pourtant, j'ai vraiment plongé dans la narration et réussi à m' identifier au récit. Serait-ce grâce à cette écriture sobre, quasi naturaliste avec un soupçon d'oralité qui apporte une touche contemporaine à ce texte plein de mélancolie ? Ou grâce aux thèmes de la der des ders, de la pauvreté, de la condition ouvrière, du syndicalisme qui me touchent à titre personnel et que le narrateur aborde avec beaucoup justesse ? Ou encore grâce à la mémoire des liens familiaux que l'on devine entre les lignes et dans les marges du livre, malgré une vie marquée par les silences, les vicissitudes et la tragédie ? Tout ça à la fois. Et je n'oublierai jamais le personnage de Roger Alphonse Franc Bataillé, qui m'a beaucoup émue : rescapé de toutes les guerres de la vie, maçon, militant et poète. Un héros anonyme à sa façon. Je suis bouleversée mais heureuse et inspirée de cet hommage aussi digne et beau. https://www.aikadeliredelire.com/2023/12/lu-approuve-je-vais-bien-de-reg...
Le 29 novembre, 2023 - 07:28
Féroce et sans merci Saviez-vous que le Katanga fut un vrai pays ayant existé de 1960 à 1963, situé dans le sud de l'actuel Congo ? Cette région est réputée mondialement pour ses mines diamantifères qui font l'objet de tous les intérêts. Dans ce récit fictionnel, le Katanga devient le théâtre de toutes les manigances, séductions et tactiques diplomatiques pour que les plus forts puissent se repaitre du grand butin que représentent les richesses minières du pays. Trente millions de dollars en diamants bruts disparaissent pendant la sécession. Le resquilleur n'est autre que le domestique du patron de la mine, un certain Charlie, évanoui dans la nature puis aperçu au lieu-dit "le camp des cannibales" sous surveillance onusienne. Charlie est le seul à connaître l'endroit exact où se trouvent les diamants. On a besoin de lui vivant. Cette mission sera pour Cantor, ancien soldat des guerres du Cambodge et d'Algérie, et ses mercenaires, des hommes pas très nets, spécialement recrutés par ses soins. Ainsi commence une traque sans précédent sur les terres hostiles et conflictuelles du Katanga. Pour ma part, Quel incroyable spectacle ! Tout d'abord, j'ai un faible pour les scénarios commençant par une histoire du passé lointain racontée par l'antagoniste en personne, depuis le confort de sa perspective favorable. Katanga est de ceux-là et ça, c'est me prendre par les sentiments! Ensuite l'intrigue est palpitante : un commando de mercenaires en charge de retrouver l'homme qui sait où se trouvent les diamants perdus pendant la débâcle et les rapporter au commanditaire. Naturellement, rien ne va se passer comme prévu ; le récit parle beaucoup de politique, de conflits d'intérêts et même de rivalités entre tribus katangaises. Nous pénétrons les hautes sphères du gouvernement central et fréquentons les bas-fonds où la corruption est omniprésente, avec les trafics d'armes, les détournements de fonds, les pots-de-vin et les félonies en tout genre. Puis les personnages sont tous charismatiques et impitoyables : la crème de la crème des rapaces, des traîtres et des assassins. Vous allez vous surprendre à vous attacher à certains d'entre eux ; là dessus je ne vous en dis pas plus, vous le découvrirez en lisant l'album. Aperçu : "Vous êtes à la fois méprisable et fascinant, Orsini. Vous manquez totalement de hauteur de vue. Vous n'avez ni cause ni idéal, ni morale. Vos seules motivations sont l'opportunisme et la rapacité. Et pourtant, sans même en avoir conscience... ... Vous écrivez l'histoire de l'Afrique en secret." Enfin le graphisme est hallucinant : des dessins expressifs, détaillés et réalistes, des contours fins et précis; des couleurs contrastées et flamboyantes pour un rendu éclatant dans tous les sens du terme. Avec des scènes de bataille ahurissantes, le style n'est pas sans rappeler les codes du genre blockbuster et film de guerre. Dans cet album de tous les superlatifs, on n'hésite pas à montrer la découpe à la machette, l'usage de kalachnikovs et d'explosifs. Et on fait tout péter. Pas de quartier. Le résultat final est un album littéralement féroce et sans merci : " Seigneur... Je ne vous demande ni le bonheur Ni la fortune Ni même la santé. Tout ça on vous le demande tellement Que vous ne devez plus en avoir Donnez-moi plutôt ce qui vous reste. Donnez-moi plutôt ce que les autres vous refusent. Je veux l'insécurité et l'inquiétude Je veux la bagarre et la tourmente." Coup de cœur. https://www.aikadeliredelire.com/2023/11/lu-approuve-katanga-integrale-d...
Le 23 novembre, 2023 - 20:37
La vie ne tient qu'à une cordelette Imaginez qu'un jour, sorti de nulle part, un coffret à votre nom vous attende derrière votre porte. Possibilité numéro un : ignorer et faire comme si de rien n'était. Possibilité numéro deux : ouvrir. À l'intérieur se trouve une cordelette. Et la longueur de cette cordelette représente la mesure exacte du temps qu'il vous reste à vivre. Le récit raconte cet avènement ainsi que le monde d'après. À ce jour, chaque être humain, de plus de vingt-deux ans, a reçu sa boîte. Tandis que la plupart l'ont ouverte, d'autres résistent à la tentation de connaître le temps qu'il leur reste ici- bas. C'est dans cet univers que nous allons faire la connaissance et croiser les destins de Nina, Ben, Maura, Hank, Jack, Anthony, Amie, Javier. Toutes et tous ont reçu leur boîte. Et bien entendu, plusieurs d'entre ces personnages nous quitteront avant la fin du récit. Là-dessus je n'en dis pas plus, vous le découvrirez en lisant le livre. Pour ma part, Depuis l'apparition des boîtes, un nouvel ordre mondial s'est instauré : l'humanité est divisée entre les détenteurs d'une cordelette courte, dont les jours sont comptés, vulgairement appelés les "court-segments" d'une part, et d'autre part celles et ceux dont la longévité est garantie par une cordelette longue, les "long-segments". Le récit raconte en détail et au fil des saisons, l'"an zéro" de l'apparition des boîtes ainsi que le chamboulement existentiel qu'elles ont entraîné dans leur sillage puis se termine quelques années plus tard en guise d'épilogue. J'ai plongé la tête la première dans cette intrigue originale qui m'a tenu en haleine jusqu'au bout grâce à l'écriture captivante et fluide de l'auteure. Car la "Théorie des Cordelettes" est formelle : la longévité d'un individu est proportionnelle à la taille de son fil. Si ce savoir était auparavant un attribut divin, aujourd'hui, il est contenu dans cet écrin, comme une boîte de Pandore 2.0, à la portée de tout un chacun. Pour ainsi dire, par le biais de ce phénomène de science-fiction, et les conséquences politiques et sanitaires qu'il entraîne, ce thriller aborde des thèmes existentiels concrets tels que la liberté, la justice, la légalité ou encore la quête de sens. Le style d'écriture est fluide, très bien rythmé et savamment raconté, malgré quelques longueurs qui ralentissent parfois le récit. Les personnages sont attachants, et leurs relations sont bien développées. Qu'ils soient court ou long-segment, soldat, mère porteuse, architecte, médecin, prof, journaliste ou même candidat à la présidence, on s'identifie facilement à chacun d'entre eux. On suit avec intérêt chaque évolution et chaque prise de conscience tout au long du roman. La fin du roman est à la fois prévisible et surprenante car on se doute bien que certain.e.s vont inévitablement passer de vie à trépas, mais on ne sait pas comment ni quand. Ce livre est un tout-en-un à ne surtout pas rater : thriller, récit de vie, fantastique avec un soupçon de romance. Un pavé de 464 pages certes mais tellement captivant, que l'on ne voit pas le temps passer. Un peu comme dans une série Netflix dit-on. J'ai a-do-ré. Bravo et je recommande chaleureusement. #LaMesure #NetGalleyFrance https://www.aikadeliredelire.com/2023/09/lamesurenetgalleyfrance-lu-appr...
Le 16 novembre, 2023 - 12:45
Prisonniers de l'Isalo Dans une gargote, quelque part dans le Sud Ouest de Madagascar, l'incorruptible lieutenant inspecteur Jery Monza réussit à capturer le redoutable Ratsibahaka, un chef dahalo, voleur de zébus, qui terrorise les environs. À présent, sa mission consiste à ramener le bandit à Tuléar, le chef-lieu de la région. Faute de véhicule de fonction, notre lieutenant Monza n'a d'autre option que de prendre un taxi brousse pour mener à bien sa mission. Qu'à cela ne tienne, le bandit sera attaché à côté de la chèvre à l'arrière du Peugeot 403 sous son étroite surveillance et celle de Mamabé, sa colossale acolyte, dépêchée pour l'occasion. Ce ne fut pas long : par un habile jeu de mains, le dahalo prend le contrôle du tacot et file avec Mamabé et d'autres voyageurs en otage, en direction de l'Isalo. l'Isalo est un impressionnant ensemble de reliefs fait de gorges et de canyons en plein territoire Bara, une ethnie malgache. l'Isalo est un territoire fady, tabou sous peine de malédiction dans la culture malgache, car c'est là bas que reposent les Ancêtres. Ainsi commence la course poursuite entre le lieutenant et le dahalo non sans rencontres inattendues. À ce sujet je n'en dis pas plus, vous le découvrirez en lisant le livre. Pour ma part Le roman policier est bien écrit, la narration est dense, rythmée en 36 chapitres courts. L'intrigue est bien menée et en termes de rebondissements et de scènes d'action, on est parfaitement servi. Le récit est immersif et n'hésite pas à utiliser des expressions locales 100% authentiques accompagnées de notes de bas de page. Avec ceci, de superbes détails instructifs utiles et indispensables pour qui ne connaissent pas le terrain. J'ai surtout été éblouie par la description captivante de l'univers de Madagascar. J'ai découvert de nombreux d'éléments fascinants de la culture malgache qui m'étaient inconnus jusqu' ici : l'Isalo, ce relief équivalent au Colorado des USA, les "dahalos" ou "hakos", ces criminels voleurs de zébus, les "fadys", ces tabous et interdits, les "odys", ces amulettes et gri-gris, et plein d'autres détails encore. J'ai vraiment appris beaucoup de choses sur la Grande Île, tellement méconnue et si rare du paysage littéraire. Une lecture découverte que je recommande vivement à tous les amateurs de thrillers exotiques et dépaysants. + Bon point : Un roman policier immersif riche en actions pour découvrir Madagascar et pénétrer l'Isalo, le canyon mystérieux et interdit. Rare dans le paysage littéraire. #Plusprèsdesmorts#NetGalleyFrance https://www.aikadeliredelire.com/2023/09/pluspresdesmorts-netgalleyfranc...
Le 13 novembre, 2023 - 06:56
Ode au compagnonnage canin et animal Pour ma part, J'ai lu ce roman avec énormément d'intérêt. Un intérêt littéraire dans un premier temps, car la réputation de cette œuvre est élogieuse en terme de qualité d'écriture; pour preuve: à ce jour, ce livre fait partie de plusieurs sélections 2023 de prix littéraires. Le style de l'auteur, primo-romancier, est remarquable, à la fois poétique et sophistiqué avec des expressions originales et exotiques. Par exemple, dans cette phrase que je cite : "Il remue calmement, la neige ne le sidère pas, un des ancêtres de son razana bernois doit lui chuchoter qu’il n’y a pas lieu de la craindre." J'ai été charmée par l'utilisation de l'expression "razana" qui est, si je ne me trompe pas, d'origine austronésienne. Un texte captivant en somme, dont les subtilités tous azimuts restent à découvrir au fil de la lecture. Puis, dans un second temps, un intérêt éthique voire philosophique : en racontant la relation entre Ubac le chien, et son maître, le narrateur, ce roman est le témoignage de la valeur et de la dignité de chaque être vivant. De A à Z, de la parution d'une annonce de vente de chiot dans un journal jusqu'au moment précis où le narrateur écrit les lignes de ce livre, nous assistons à l'histoire d'un édifice : la construction d'un lien inimitable, profond et merveilleux composé d'amour, d'amitié, de fraternité, de protection, de complicité et de toutes autres formes de communions possibles et imaginables entre un humain et son chien. Soit treize ans de bonheur et de félicité. Car oui, ici, il est également question du cycle de la vie : un jour tout va disparaitre puis renaitre sous une forme nouvelle... Une réflexion sur la mort, le deuil, et la mémoire, comme une piqure de rappel. J'ajouterai que, au delà les frontières de la taxonomie, cette lecture concerne tout être humain vivant avec un animal ou des animaux de compagnie. En somme, ce roman est une gratitude envers tous les êtres vivants et une invitation à respecter la diversité du monde. + Coup de cœur : Bien plus que le livre du narrateur et de son chien, c'est un hommage à tous nos compagnons à quatre pattes, d'hier et d'aujourd'hui et à tout le bonheur dont ils sont la source. Un livre magnifique. #Sonodeuraprèslapluie#NetGalleyFrance https://www.aikadeliredelire.com/2023/09/sonodeurapreslapluienetgalleyfr...
Le 12 novembre, 2023 - 06:47
La bande à Van Hamme Pour ma part, J'ai trouvé le concept avantageux : un bouquet de sept nouvelles inédites signées du grand maître du suspense mises en bulles par un panaché d'artistes talentueux et chevronnés. Bien vu. Le titre, Miséricorde avec un grand M, est à la fois le thème de l'album et la promesse d'un salut grandiose au terme de rebondissements inattendus. La couverture, montrant de dos un écrivain en plein travail près de sa fenêtre devient à elle seule une parabole lorsqu'on aperçoit les traces de sang frais projetées sur le parquet. Les histoires, loin d'être banales, sont brèves et saisissantes; vous les découvrirez à loisir en lisant l'album. Pour ainsi dire, l'ensemble est accrocheur et saura ravir les lecteurs occasionnels comme les initiés du genre thriller d'autant plus que l'album se dévore en quelques minutes. C'est bien là le charme et le hic: trop bref, on en redemande bis! Je citerai en mention spéciale le chapitre "Les bretelles" illustré par José Luis Munuera car l'histoire du commerce de pilules du temps m'a fascinée, ainsi que mon préféré bien sûr: "L'ange de la miséricorde" magnifiquement dessiné par Aimée de Jongh dont j'affectionne particulièrement l'œuvre et qui ouvre ce bel album avec brio. + À lire : Une excellente initiation au genre thriller par des auteurs talentueux et chevronnés. À mon avis, une bonne idée cadeau pour faire plaisir à coup sûr. Je recommande absolument. #Miséricorde#NetGalleyFrance https://www.aikadeliredelire.com/2023/11/netgalley-misericorde-de-jean-v...
Le 8 novembre, 2023 - 05:23
Le 8 novembre, 2023 - 05:23
Le 8 novembre, 2023 - 05:23
Le 7 novembre, 2023 - 17:57
Le parcours d’une œuvre hors- Littérature en lumière Un roman graphique impressionniste pour retracer l'histoire de la naissance et de la publication du recueil Les Illuminations d'Arthur Rimbaud, Paul Verlaine et Germain Nouveau, un chef d'œuvre majeur de la littérature française symboliste. Il est typique de présenter Les Illuminations de Rimbaud comme l’un des trésors sublimes du patrimoine de la littérature française. Si l’œuvre est en libre accès de nos jours, c’est peu de dire qu’à l'origine, elle a bien failli ne jamais exister, puis disparaître et sombrer dans l’oubli avant même d’être publiée. En désignant le trio de poètes maudits Arthur Rimbaud, Paul Verlaine et Germain Nouveau comme Les Illuminés, cette bande dessinée raconte l’historique de ce recueil de tous les affres : des poètes imprévisibles, des pérégrinations, des indécisions, des éclaircies, de l'absinthe et des coups de génie. Voici l’album de naissance des Illuminations, de sa genèse à sa publication historique à titre posthume, de l’ombre à la lumière en passant par les déboires de ces Illuminés. Pour ma part, Cet éblouissant album m'a fait découvrir d'un nouvel œil Les Illuminations d'Arthur Rimbaud, dont je connaissais si peu l'histoire. Par exemple, j'ai appris que le recueil a été relu et corrigé par Germain Nouveau et préfacé par Paul Verlaine. Et j'en passe et des meilleures; nombre de détails anecdotiques sont à découvrir en lisant l'album. En effet, la réalité des poètes du XIXe siècle illustrée ici est loin d'être romanesque : avant de passer à la postérité en qualité de chefs de file du courant symboliste, entre errances et précarité, les poètes "maudits" vivotaient de mésaventures et de boulots alimentaires notamment garçon de cirque pour le plus marquant. Les illustrations sont exécutées au pinceau dont les petites touches vives, lumineuses et floues rappellent sans équivoque l'impressionnisme, à l'aide d'une palette de vert allant du glaise au chlorophylle, en passant par un savant jeu de nuances en fonction des ambiances scénaristiques. Original: le découpage horizontal en deux ou trois parties représentant respectivement nos trois protagonistes au même moment en des lieux différents; c'est dire si les destins des Illuminés n'ont fait que se croiser. Mention spéciale: les amatrices et amateurs de peintures impressionnistes y trouveront quelques clins d'œil car, de la réalité à la fiction et inversement, le scénario dépeint plusieurs tableaux célèbres en contexte. (Petit indice : Cézanne était un contemporain de Nouveau.) Quand la plume croise le pinceau, je recommande à coup sûr. #LesIlluminés#NetGalleyFrance https://www.aikadeliredelire.com/2023/11/lesilluminesnetgalleyfrance-lu-...
Le 2 novembre, 2023 - 11:00
Massacre au fer à repasser Pour ma part, Macchabées blues : ce titre, comme une mélodie saugrenue, a d'emblée suscité ma curiosité; moi qui ne lit que rarement des romans estampillés policiers, je me dis que pour une fois, je vais sortir de ma zone de confort. Et quelle escapade !! Macchabées blues est un polar truculent qui nous entraîne dans le sillage du magnétique commissaire Rosier et de sa belle équipe d'inspecteurs Noury, Cartier, Rochas sans oublier Pujol, la nouvelle recrue, dans le Paris des Trente Glorieuses, fin 1959. Un homme est retrouvé chez lui mort, méconnaissable, le ciboulot haché menu comme chair à pâté. L'arme du crime est un fer à repasser, un mode opératoire pas banal, nous en conviendrons. L'enquête de la bande à Rosier commence donc sous de bien singulières auspices et nous mènera par tous les chemins improbables vers le(s) vrai(s) coupable(s). J'ai adoré le style d'Olivier Stephani, qui rend hommage aux grands films policiers français avec des réparties savoureuses et des situations rocambolesques comme on savait y faire dans les années 50. Le ton de l'humour, le jargon et la franche camaraderie omniprésente dans le récit n'empêchent pas de traiter des sujets graves comme la guerre, la collaboration, la vengeance, etc. Mention spéciale : avis aux amatrices et amateurs de surnoms idiomatiques; vous allez vous régaler avec des références pittoresques telles que Patte Folle, Paulo-les Bretelles, Pif-en-Biais, Bébert les Dents Jaunes, j'en passe et des meilleures. + À lire : Un polar drôlissime, rétro et sans prise de tête surtout si on est un peu néophyte comme moi. https://www.aikadeliredelire.com/2023/11/librinova-macchabees-blues-doli...
Le 30 octobre, 2023 - 08:11

Une psy badass fait son enquête !

Eva Rojas, psychologue, se retrouve mêlée à une enquête policière pour homicide dans une famille catalane, les Monturós, qui a fait fortune dans le cava, le vin emblématique du pays.

À la fois témoin, suspecte et détective amateure, entre secrets, mensonges et meurtres, elle va devoir jouer des pieds et des mains pour résoudre l'énigme et, au passage, prouver son innocence.

Pour ma part, je suis totalement conquise.

J'ai sauté les pieds joints dans cette enquête aux côtés de l'héroïne Eva Rojas, brillante psychologue de métier , dont la dégaine et les méthodes peu orthodoxes me rappellent une certaine Dr Quinn, un autre personnage plus connu sous le nom d' Harley Quinn.

Plus que le titre éloquent, le déroulement et le dénouement de l'enquête que je vous laisse découvrir en lisant l'album, ce sont les thèmes abordés qui m'ont scotchée.

Primo, la famille : un concept sacré en Catalogne. J'ai adoré pénétrer les secrets et les complots de famille, qu'il s'agisse des Monturós, où se déroule l'enquête ou celle d'Eva à travers les trois "voix" spectrales et revanchardes à juste titre, celles de sa grand mère et de ses grandes-tantes, qui l'accompagnent dans toutes ses décisions.

Secundo : la sororité universelle, au delà des conflits et des intérêts personnels. Vous découvrirez au fil de l'histoire comment la solidarité ligue toutes les femmes du récit contre le patriarcat traditionnel chez les Monturós.

Tertio, comme une évidence : le polar. Le récit joue avec les codes du genre policier, en mêlant suspense, rebondissements et humour tonique.

Effectivement, dans cette bande dessinée, les traits sont nets, et les proportions sont réalistes avec un "accent" humoristique enrichi de couleurs contrastées et lumineuses. L'atmosphère est dynamique et le résultat plus que convaincant.

Je suis littéralement fan du personnage d'Eva : solaire, déjantée et flanquée de ses trois "voix".

Je souhaite qu'il puisse y avoir un prochain album de ses aventures.

Coup de cœur : un cadavre, des personnages hauts en couleurs, du cava à gogo, le soleil du pays catalan ; cet irrésistible polar bien ficelé a tout bon! Ma chronique sur aikadeliredelire.com



 

Le 26 octobre, 2023 - 10:25

Sublime reflet

Pour ma part,

La narratrice, sans jamais se nommer, est une écrivaine à succès qui se rend souvent au jardin de Luxembourg pour se ressourcer et y faire des rencontres extraordinaires... Elle observe qu'à l'heure bleue, le lieu devient un espace-temps à part, une capsule entre réalité et fiction, identité et illusion.

Pour la promotion de son tout dernier roman, elle décide de faire intervenir une actrice de sa connaissance, la célèbre Christie S. afin de jouer son rôle lors d'une séance de dédicace vraiment pas comme les autres, avec une mise en scène digne d'un vrai tournage de film, en plein jardin du Luxembourg à Paris. Cerise sur le gâteau (sic) : notez que cette dernière, Christie S., a la particularité de ne pas avoir lu le livre de notre narratrice! Tout ce dédale est en place pour de mystérieuses raisons à découvrir en lisant le roman.

Le récit nous plonge au cœur d'une mise en scène spectaculaire à la hauteur des ambitions d'une artiste pour sa création. Et c'est là qu'on va découvrir les symboles de cette expérience de dédoublement orchestrée par la narratrice.

Un roman court mais dense, de construction soignée, avec une intrigue captivante jusqu'à la fin dans la mesure où des thèmes inattendus seront abordés au fil du récit tels que le cinéma, le souvenir, le spiritisme, la création littéraire et bien d'autre encore.

Un beau moment de lecture à découvrir pour tous les fans de création artistique en général et littéraire en particulier. Je recommande.

+ À lire: Une intrigue de toute beauté au service de thèmes inattendus mais éloquents comme la création littéraire et le spiritisme. Ma chronique sur aikadeliredelire.com



 

Le 23 octobre, 2023 - 07:18
Quand Pierredoux devient Rochefort Pour ma part, Rosalie Pierredoux est une fillette de huit ans comme les autres à un détail près : dans sa tête, elle a comme un gros nuage noir qui la rend très triste. Ses parents sont désemparés, que faire pour que leur petite fille retrouve son insouciance? Un matin pourtant, il se produit une chose extraordinaire : elle se réveille avec une moustache sous son nez. Pas n'importe quelle moustache, précisément celle du grand Jean Rochefort. C'est un signe : si Rosalie s'appelle Pierredoux, désormais ce sera Rochefort ; pierre et roche, doux et fort. Pas plus de trois quart d'heure ont suffit pour que je me régale de cet adorable roman court surréaliste. Le récit à la première personne avec un ton tantôt candide, tantôt grave et parfois absurde, me rappelle Aymé, Renard ou Dahl. D'une plume équilibrée entre douceur et humour, l'auteure crée un univers original et décalé, où la moustache de Jean Rochefort devient un symbole de confiance en soi. Rosalie, qui était timide et dépressive, se transforme en une héroïne pleine de fantaisie et de courage, qui n'hésite pas à défendre son ami Simon qui se déguise en Philippe Noiret. Pourquoi ? Comment ? Il faut lire le roman! J'ai aussi découvert de nombreuses références à la vie et à la carrière de notre grand Jean Rochefort ; ce roman est un hommage original et poétique en sa mémoire, cela est d'ailleurs spécifié au tout début du livre. Le temps d'une pluie d'automne, je suis retombée en enfance; j'ai ri et je me suis sentie légère en lisant ce roman. Je le recommande à qui aime les récit de confiance en soi perdue et retrouvée ainsi que les moustaches. #Jai8ansetjemappelleJeanRochefort #NetGalleyFrance https://www.aikadeliredelire.com/2023/09/jai8ansetjemappellejeanrochefor...
Le 20 octobre, 2023 - 07:41

Pour ma part,


Préparez vous pour la bagarre _En bon père de famille, en voilà un titre qui a de la dégaine se dirait- on de prime abord. Pour moi qui ne connaissais pas l'œuvre de Rose Lamy, après coup, je peux dire que cet essai m'a marquée de façon déterminante : j'en ai surligné pratiquement la moitié, c'est vous dire.

L'auteure y raconte son expérience personnelle avec son père, un homme violent qui se cachait derrière le masque du "bon père de famille". Elle analyse comment cette figure juridique et sociale protège les hommes qui commettent des violences envers les femmes et les enfants, et comment elle empêche la reconnaissance et la réparation des victimes :
"Il n’y a rien d’accidentel ou d’affectueux dans un continuum d’actes qui menacent des corps résistant à la domination des bons pères de famille. On ne souhaite pas forcément détruire les femmes et les enfants, on veut les assigner à un rôle subalterne, les dominer, grâce à l’exercice de la violence. La nuance est importante."

Elle décrypte aussi les stéréotypes qui entourent les hommes violents, qui sont souvent présentés comme des monstres ou des exceptions, alors qu'ils sont en réalité des hommes normaux, issus de toutes les classes sociales et de toutes les origines : que l'on soit une célébrité richissime ou de modeste condition, quelque soit l'endroit sur Terre, il se trouve que le système profite toujours aux "bons pères de famille".

Rose Lamy nous invite à remettre en question le système de domination patriarcal qui produit et maintient ces violences, et à chercher des moyens de le transformer.

"Ce livre n’est pas une étude exhaustive ou statistique sur les auteurs de violences intrafamiliales, mais une réflexion sur les secrets et les silences, et la force de ces vies qui cherchent à dire et à écrire."

C'est un livre courageux, lucide et nécessaire, qui mêle intime et politique avec brio que je recommande sans réserve à toute personne s'intéressant au féminisme et à la sociologie du genre.

+ À lire absolument : Engagé, nuancé et percutant, cet essai contribue au débat féministe contemporain.

#Enbonspèresdefamille#NetGalleyFrance

Lire ma chronique sur aikadeliredelire.com


 

Le 19 octobre, 2023 - 10:11

Au menu: huis clos tendu aux pépites de révélations

Dans un appartement luxueux à Paris, quatre collègues et amis de longue date avec des personnalités aux antipodes les unes des autres vont se mettre à table.

Tout d'abord, il y a Étienne, le maître des lieux, avocat insatiable, toujours à l'affût de ses intérêts et imbu de lui-même.

Puis il y a sa compagne Claudia, kinésithérapeute, complexée qui a passé la journée aux fourneaux et apparemment au bord du malaise vagal.

Ensuite Rémi, le meilleur ami d'Étienne, professeur d'économie qui a de plus en plus de mal à cacher sa liaison amoureuse avec une autre. Bien sûr, Étienne est au courant.

Et enfin l'invitée d'honneur Johar, qui est la compagne de Rémi et surtout future Directrice Générale influente, ce qui représente un atout stratégique pour les affaires d'Étienne.

Pour ainsi dire, au fil du repas, les tensions montent, les révélations éclatent et les vies basculent.

Pour ma part,
Dans la mesure où j'affectionne particulièrement le genre huis-clos pour son côté théâtral avec tension dramatique qui monte crescendo jusqu’au dénouement inattendu, je n'en ai fait qu'une bouchée.

Avec une écriture maîtrisée et subtile, des dialogues et des descriptions réalistes et crédibles, le récit alterne les points de vue des quatre protagonistes: leurs pensées, leurs émotions et leurs motivations.

Ce simple dîner sera révélateur de leurs aspirations, de leurs frustrations et de leurs choix respectifs.

L’auteure met en scène deux amis de très longue date, Étienne et Rémi et leurs deux femmes aux profils opposés, Claudia et Johar, qui vont se confronter aux attentes, aux pressions et aux jugements des hommes et de la société.

En interrogeant le rôle des femmes dans le couple, dans la famille et dans le travail, cette histoire aborde avec finesse des thèmes sensibles comme le sexisme, la maternité, la vie conjugale, la carrière, le prestige etc.

Et puisque chacun désire intimement se libérer de sa situation oppressante, d'une manière universelle, ce huit clos parle d’émancipation.

Brillant. Adroit. Efficace. Je recommande et en redemande.

Un de mes meilleurs romans lus en 2023.

Un simple dîner sur aikadeliredelire.com 

Le 17 octobre, 2023 - 07:00
Du rire aux larmes: la vie secrète de l'humoriste Voici le récit autobiographique de Panayotis Pascot, comédien et humoriste aussi connu pour avoir été chroniqueur dans Le Quotidien sur TMC. Dans un langage résolument terre-à-terre, il raconte comment il a essayé de se libérer de l’emprise de son père mourant, qui a été à la fois un modèle et une source de frustration pour lui. Il évoque aussi son parcours pour assumer son homosexualité, ses expériences amoureuses, ses doutes et ses peurs. Comme on grave le bois avec un canif, il décrit son mal-être, ses pensées paranoïaques, sa difficulté à trouver sa place dans le monde et à se projeter dans l’avenir. Pour ma part, Panayotis Pascot, plaisant et charismatique à la télé ou sur scène: on connait. Panayotis Pascot, créatif et bosseur dans les coulisses: on reconnait. Mais ici, Panayotis nous réserve une impression inhabituelle, voir inédite. L'artiste de l'humour met bas les masques et se libère en révélant au grand jour les plus sombres épisodes de sa prometteuse existence: sa dépression, son coming-out et la relation avec son père. L'œuf ou la poule, lequel est apparu en premier? La dépression est une maladie aux origines pernicieuses et vagues mais peut-être un début de réponse: une infinité de non-dits, de sous-entendus, une admiration sans borne et une terreur caverneuse de décevoir le modèle paternel. C'est parce qu'il craint le jugement de son père que Panayotis n'ose pas s'avouer gay. Ce déni l'enferme et l'entraine, de fil en aiguille, dans la spirale infernale de la dépression. Un jour, heureusement bien entouré et après maintes anecdotes existentielles, Panayotis reçoit in fine le bon traitement. Et tout rentre dans l'ordre: il s'autorise enfin le bonheur avec son compagnon et se libère de la colère qu'il ressent envers son père. La boucle est bouclée. Avec une plume immersive, des réflexions brusques et en cascade, tantôt lucides, tantôt névrosées, l'artiste se laisse aller complètement et nous embarque dans les méandres d'un mal qui n'est malheureusement pas inconnu de tous: la dépression. Pas la déprime passagère mais la dépression sournoise et dévastatrice. Aujourd'hui guéri et en paix avec lui-même et son entourage, c'est avec tendresse et gravité que l'artiste revient en force et nous livre cette autobiographie qui est un portrait sans concession de lui-même, de ses amours et de sa famille. + À lire pour découvrir le vrai Panayotis Pascot: sincère, éprouvé mais libéré. Et pour témoigner objectivement d'un cas de; je cite; "dépression mélancolique", "rumination morbide" et "mentisme obsédant". - S'abstenir si et seulement si vous n'avez pas la patience de décrypter ce qui se trame derrière le style diariste, égocentrique et défiant. https://www.aikadeliredelire.com/2023/10/lu-approuve-la-prochaine-fois-q...
Le 16 octobre, 2023 - 11:25

Trois quadras célibataires et endurcis, les Insolents


Alex, Parisienne et musicienne de profession, a aujourd’hui la quarantaine avancée. Son mode de vie actuel, sa récente rupture avec Jean et son intuition la poussent à quitter la ville des Lumières. Sans avoir visité la maison au préalable, elle déménage pour s'isoler dans le Finistère, à deux pas de la mer, non sans laisser perplexes ses amis de toujours, Margot, éditrice et Jacques, galeriste.


Pour ma part,


"Les insolents sont ceux qui insultent ou blessent par une audace excessive".

Le titre me rappelle cette citation dont je ne me souviens plus de l’auteur (Jean Cocteau peut-être mais je n’en ai pas la certitude, n’hésitez pas à me corriger). En tout cas, c’est avec cet état d’esprit que j’embarque dans le récit.

En trois parties, quelques chapitres aux intitulés éloquents ,"Tu mourras seule et mal sapée" par exemple, et des interludes comme dans les chansons, j'ai découvert une tranche de vie, se déroulant sur quelques mois, qui raconte l'histoire d'Alex et son installation dans sa nouvelle existence loin des mondanités de la capitale.

Ce récit à la troisième personne nous ramène quelques temps avant la pandémie du COVID-19 et ses confinements.

J’ai apprécié ma découverte : les raisons de quitter Paris et de plaquer le microcosme culturel ultra sélectif pour se consacrer à la solitude, à la contemplation et à la débrouille ; effectivement, il n’est pas facile de se déplacer en milieu rural sans permis ni vélo, encore moins d’allumer un feu de bois et j’en passe et des meilleures.

J’ai lu avec intérêt les parts d’ombres et de lumières d’Alex, Margot, Jacques et comparses décrites par la plume d’Ann Scott, tantôt "pop", tantôt déchaînée et parfois carrément sanglante mais toujours avec un joli retour au calme. Vous en découvrirez toutes les subtilités en lisant le livre.

J’ai enfin applaudi leur insolence bien à elles et eux. Toutes et tous, pour des raisons qui leurs sont propres, vivent la recherche du bonheur en dehors des codes institutionnels "classiques" : mariage, famille, parentalité, et l’assument pleinement. Cette liberté "insolente" farouchement défendue est principalement la source de leurs échecs amoureux respectifs. Heureusement que l'amitié demeure fidèlement au fil des décennies.

Les Insolents est in fine une ode à l’exil et à l’amitié sincère, à la confiance au-delà des instincts et des pulsions, l’histoire de trois âmes sœurs inséparables malgré le temps et l’espace.

https://www.aikadeliredelire.com/2023/10/babelio-masse-critique-les-insolents.html

Le 12 octobre, 2023 - 07:28

Le journal intime de Simone Grivise, "embochée" et "collabo"

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https://www.aikadeliredelire.com/2023/07/lu-et-approuve-vous-ne-connaissez-rien.html

Chartres, août 1944: Simone Grivise, qui a aimé un soldat allemand nazi, Otto Weiss, pendant l’Occupation doit affronter la haine et le mépris après la Libération.

Vous ne connaissez rien de moi est le portrait d’une femme libre et passionnée, qui a vécu une histoire d’amour interdite et qui assume complètement ses choix.

Attention: Ce roman historique est librement inspiré de la photographie La tondue de Chartres, de Capa.

Pour ma part,

Voici un roman époustouflant aux thèmes aussi larges que controversés.

Écrit à la première personne avec un registre de langage à faire fuir le plus grossier des charretiers mais dont la maitrise et la dextérité relève de la sophistication et en alternant les époques pour créer du suspense et du contraste entre le présent et le passé, l'auteure nous plonge dans le destin tragique de deux amants interdits pendant l'occupation allemande.

Mais pas que.

Le récit est avant tout l'histoire d'une famille d'après-guerre qui rêve d'ascension sociale. À sa tête, la mère Grivise qui a dû maintenir cahin-caha les affaires familiales tandis que le père Grivise, ancien soldat de la Grande Guerre se contente de vivoter dans son ombre, honteux de n'avoir jamais combattu au front avec honneur bref le genre à fuir dès que possible. Puis il y a les deux filles: Madeleine, la grande sœur dévouée et Simone, sur qui reposent tous les espoirs. En effet, Simone a droit à l'école privée, des cours particuliers en dépit d'une situation générale de plus en plus précaire.

Malgré une scolarité consciencieuse, Simone est victime de sa naïveté et de la misogynie propre à cette époque d'entre-deux guerres. Comme dans un journal intime, elle se confie et raconte, dans un langage graveleux mais libérateur dont elle a le secret, des situations difficiles et injustes. Je vous épargne les détails, vous les découvrirez en lisant le livre.

Enfin, c'est le roman de la ruine d'un fanatisme de jeunesse hitlérienne: avec la maturité et forte de son amour pour Otto, Simone réalisera que le régime nazi, qu'elle admirait tant autrefois, n'est qu'un miroir aux alouettes derrière lequel se dissimule l'Horreur. Mais pour l'heure, il est trop tard ...

Je salue l'immense prise de risque de l'auteure en traitant le thème tabou de la collaboration pendant l'occupation allemande, un sujet à controverse à prendre avec d'infinies précautions. Un premier roman tout simplement prodigieux!

+ À lire pour comprendre pourquoi et comment d'autres choisissent ou se résignent à collaborer avec l'ennemi: de la genèse de la lâcheté à la trahison suprême. Et à relire avec du recul et une grande ouverture d'esprit, juste pour écouter la voix de ceux à qui plus rien ne sera jamais pardonné.

- S'abstenir si vous êtes du genre impatient et pour éviter toute polémique: au début, pour des raisons qui lui sont propres, Simone fera l'apologie du nazisme et de l'occupation allemande avant de connaitre toute la vérité. Prévoir de bien lire jusqu'à la toute fin pour assister à son changement de pensée.
 

Le 9 octobre, 2023 - 06:55

Indociles et insurgées : les oubliées de Fresnes
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Contre toute attente, La révolte des filles perdues n'est pas la reconstitution romancée de la grande révolte des pupilles de Fresnes qui défrayé la chronique au printemps 1947.

Dans l'immédiate après guerre, mai 1947, une centaine de jeunes filles de 16 à 21 ans incarcérées à la prison de Fresnes se sont soulevées, molestant les gardiens et saccageant la prison avant d'être canalisées.

C'est en partant de ce fait historique, que l'auteure imagine le destin de l'un des plus grands ténors du barreau des années 2000, Me Serge Valère, livré à sa naissance à l'Assistance publique et dont la mère pourrait bien avoir pris part à la grande révolte de Fresnes.

Pour en avoir le cœur net, ce dernier embauche une généalogiste, Elvire Horta, aussi zélée côté professionnel que paumée côté personnel (un aspect qu'elle se garde bien de dévoiler à son client, cela va de soi).

Au fur et à mesure de ses recherches, nous entrons dans le cœur de la mutinerie : qui étaient ces "filles perdues", quels ont été les manquements dont elles furent l'objet pour finir derrière les murs de ce centre d'éducation surveillé, dans quelles conditions ont-elles vécu leur enfermement ?

Pour ma part ,

Il y a des mots, la magie de quelques lettres à peine, qui, dès leur évocation, m'enchantent et me transportent : "révolte" en fait partie.

J'ai aimé le style, la construction et les apartés : dans ce roman, il y a la narration proprement dite puis la voix d'Elvire Horta, à laquelle je me suis plus ou moins identifiée dans la mesure où j'ai ressenti qu'elle porte en elle une braise, celle de la colère, que le moindre souffle est à même de raviver.

C'est cette dernière qui, au fil de ses investigations pour le compte de Serge Valère, anime le récit de ses réflexions incisives existentielles très souvent et sur la judéité et la politique parfois.

Pour ainsi dire, j'ai davantage découvert l'histoire d'une enquête, la mise en lumière d'un fait historique significatif de la condition féminine.

J'ai apprécié ma découverte mais l'épopée et l'enchantement présagés par le titre et auxquels je m'attendais n'étaient pas au rendez-vous.

J'aurais aimé plus de drame pour rythmer le récit en général: in fine, cela m'a tout de même paru assez long.

Mention spéciale: Vous trouverez à la fin du livre les sources et les références avec la liste des centres d'archives , des ouvrages et de la presse consultée. Ce roman est donc le fruit d'un important travail de recherche de l'auteure; sans qui cette révolte des Filles perdues aurait bien failli tomber dans l'oubli.

+ À lire: une œuvre singulière pour (re)découvrir la France d'après-Guerre et les Trente Glorieuses où les filles rebelles et marginales étaient enfermées dans des institutions répressives et violentes comme la prison de Fresnes.

- S'abstenir si et seulement si vous préférez les péripéties intenses : ce roman n'est ni une épopée ni une reconstitution historique, mais principalement le récit d'une enquête généalogique.

Le 29 septembre, 2023 - 07:35
Et comment se dire adieu? Retrouvez ma chronique complète et illustrée sur aikadeliredelire.com ou en ouvrant le lien suivant : https://www.aikadeliredelire.com/2023/09/lu-approuve-letreinte-de-jim-la... Romy et Benjamin, l'une institutrice et l'autre sculpteur, sont un couple uni qui a pour habitude de ne se faire aucune cachotterie. Ce jour-là, ils rentrent de leurs vacances à Cadaqués, où visiblement ils ont pris du bon temps. La preuve en image : Benjamin est subjugué et pas peu fier de l'un de ses clichés en particulier, celui d'une jeune femme en maillot de bain noir entrain de lire sur la plage. À peine le temps d'en parler à sa complice que l'irrémédiable se produit. Maintenant que Romy se trouve entre deux mondes, Benjamin est seul. Face à l'avenir qui s'annonce de plus en plus sombre. Face à ses incertitudes et au poids de sa culpabilité. Et surtout face à cette obsession nouvelle pour la femme qu'il a photographié à Cadaqués, que vous découvrirez en lisant l'album. Le scénario est réalisé de main de maître : c'est à travers des flash-backs que nous découvrons progressivement le passé des personnages, leur complexité et leurs motivations. En tout cas, l'album est d'une esthétique rare : de dessins réalistes et expressifs esquissés à la pointe ou à la mine noire rehaussés de belles couleurs aux tons pastels et contrastés. Comme traversé par la grâce d'une mélodie d'adieux. J’ai adoré lire cet album captivant, qui m’a émue et bouleversée en me faisant voyager dans un univers poétique et mélancolique entre Paris et Cadaqués. Je recommande chaleureusement. + À lire : Un récit intimiste sur le désir, le regret et la douleur à travers des pages sublimes aux dessins réalistes d'une rare beauté. -S'abstenir si et seulement si vous n'êtes pas d'humeur car malgré la grâce, l'histoire est sombre et serre le cœur.
Le 25 septembre, 2023 - 06:05
Est-ce lumineux ou est-ce terne ? Retrouvez ma chronique complète et illustrée sur aikadeliredelire.com ou en ouvrant le lien suivant : https://www.aikadeliredelire.com/2023/09/netgalley-western-de-maria-pour... Une fois n'est pas coutume, veuillez me permettre ce tout petit jeu de mot irrésistible, ma foi, de circonstance. Ceci dit, la réponse à la question est : les deux à la fois. Mais pour m'expliquer, partons du principe que je me garde bien de vous révéler les éléments clés de l'histoire pour vous laisser la surprise du chef. Car la promesse est que vous allez en prendrez pour votre grade. Pour ma part, Je suis entrée dans ce roman par la porte qui était grande ouverte : l'histoire d'Aurore, quadra et mère célibataire en détresse face aux difficulté et à la poisse rencontrant Alexis Zagner, "la Gueule du siècle" à la Une de sa prochaine représentation scénique de Dom Juan, arrogant reconnu dans le monde du showbiz culturel et du théâtre et visiblement né sous une bonne étoile. Plutôt commun, voire cliché. Ensuite je me suis engouffrée dans un tourbillon. Un tourbillon terne : en termes de thématiques; loin des éclats, des costumes et des lumières de la scène, nous allons apercevoir l'envers du décor, la face cachée du monde du théâtre. Western est un récit cérébral, frénétique, voir par moments névrosé qui aborde les rapport entre les hommes et les femmes à l'ère post-#MeToo, avec la question du désir, du consentement, de la séduction et de la domination. Western est également une description mutine dans le sens fort du terme de la crise existentielle des quadragénaires, qui se sentent dépassé.e.s par le rythme de la vie moderne, la pression sociale, la solitude et le manque de sens. Un tourbillon lumineux : Western est encore la métaphore improbable mais qui fonctionne pour décrire la rencontre de nos protagonistes et le contraste entre la ville et la campagne, entre le bruit et le silence, entre le superficiel et l'authentique. De plus, le roman est traversé par la voix d'une narratrice mystérieuse, qui commente, analyse, ironise et interpelle les personnages et les lecteurs. Attention surprise! Pour ainsi dire, entre Paris et les Causses du Quercy, aux antipodes des chevauchées à travers le désert de l'Arizona ou des saloons typiques du Farwest, c'est comme si l'on entendait malgré nous L'homme à l'harmonica d'Ennio Enricone in Il était une fois dans l'Ouest. Puisque par la force des choses, le fameux duel final aura bien lieu: après tout, qu'est-ce qu'un bon western sans son inéluctable et symbolique duel final Pan! Pan! Pan!! Mais concernant les péripéties, je m'arrête ici et vous laisse le loisir de les découvrir en lisant le livre. Mention spéciale pour la description de l'emprise amoureuse à retenir quelque part dans le récit. Au delà d'un formidable exercice de rhétorique, un brin cynique, ce fut instructif. Si j'étais écrivaine, j'aurai aimé signer un livre aussi délirant et terre-à-terre à la fois que Western de Maria Pourchet, chapeau (de cowboy) bas! Un de mes meilleurs romans lus en 2023. +À lire si vous aimez les histoires de rencontres incroyables dopées par une narration de génie sur fond de western. -S'abstenir si et seulement si la patience n'est pas au rendez-vous, car le récit est au ralenti, truffé de digressions tantôt cérébrales tantôt nébuleuses. #Western#NetGalleyFrance
Le 20 septembre, 2023 - 07:50
Un charme féerique Retrouvez ma chronique complète et illustrée sur aikadeliredelire.com ou en ouvrant le lien suivant : https://www.aikadeliredelire.com/2023/09/lu-et-approuve-du-bout-des-doig... Pour ma part, Paul est un peintre à la tignasse bien fournie, du genre anxieux, insatisfait de son art et en panne inspiration : jusqu'ici, il n'a aucune toile à proposer à ses galeristes. Sur le conseil de son amante Georgina, pour se changer les idées, il se rend dans un salon de coiffure, où Mathilde le prend en charge. Grâce à quelques coups de ciseaux habiles dont elle a le secret, la jeune coiffeuse redonne le sourire à notre artiste. Ce dernier en rentrant se surprend à ressentir en lui un nouvel élan créatif et se met au travail. Bien entendu, l'histoire ne s'arrête pas là et je vous laisse découvrir la suite en lisant le livre. En tout cas, c'est une romance qui vous ramènera de façon poétique dans le Paris bohème, du temps des 2CV et des cabines téléphonique. Inspiré de la culture populaire et du cinéma, notamment du film noir, le dessin est expressif, colorié au crayon avec des couleurs vives et contrastées dans des tons chauds avec une prédilection pour l'acajou. J'ai passé un joli moment de lecture sous le charme captivant de Mathilde, un peu fée. Ce détail important apporte au récit une belle touche de fantastique; ou d'espoir, c'est à vous d'en juger. Mention spéciale: je me suis divertie à lire les échanges entre artistes. Paul fait partie d'un cercle d'anciens camardes des Beaux-Arts qui a pour habitude de se réunir sur la terrasse d'un café parisien autour de conversations conceptuelles et idéalistes sur le thème de l'art et de la création artistique. Un clin d'œil instructif au cliché des artistes et des intellectuels. + À lire si on aime les coups de théâtre car les personnages ici sont imprévisibles. De plus, vous serez charmé par l'ambiance des années 60 reconstituée avec soin. - S'abstenir si et seulement si vous n’aimez ni les romances ni la nostalgie.
Le 19 septembre, 2023 - 16:41
Lorsqu’on est médecin, on n’est pas préparé à la mort des gens. Notre mission, c’est de les tenir en vie coûte que coûte, en dépit de leur liberté. La mort, ce n’est pas notre sujet. Notre société est comme ça, elle ne veut pas regarder la mort en face. Et pourtant, j’ai lu dernièrement de très belles choses des philosophes grecs. Philosopher, c’est apprendre à mourir, pensaient-ils. Et si soigner, c’était aussi apprendre à mourir ?
Le 19 septembre, 2023 - 16:40
La route du grand départ Retrouvez ma chronique complète et illustrée sur aikadeliredelire.com ou en ouvrant le lien suivant : https://www.aikadeliredelire.com/2023/09/netgalley-lu-approuve-le-jour-e... Pour ma part, Éclatant. Quelle fluidité, lu en deux temps trois mouvements; je n'en attendais pas moins de la part de l'auteure dont j'ai déjà lu le très beau Quelque chose à te dire. J'ai adoré faire la connaissance d'Édith, une femme attachante et organisée dans tous les sens du terme, à travers le regard de son mari Simon et de ses enfants Audrey, Anna, Théo et Jaja. J'ai autant apprécié faire la connaissance de ces derniers en pénétrant leurs réflexions existentielles, leurs réserves et bien sûr leurs soucis quotidiens respectifs dont je vous laisse le soin de découvrir en lisant le roman. Elles et ils soutiennent le choix maternel de vouloir partir dignement en pleine possession de ses moyens mais bien que cette virée familiale au grand complet soit la dernière , demeure l'éternelle question : et après ça ? Est-ce que la vie continue comme si de rien n'était ? "Ils ont beau dire ce qu’ils veulent, faut pas se voiler la face, pour moi, c’est un suicide assisté. C’est comme si ta mère se tuait sous tes yeux tout en te demandant de lui faire des bisous. Et accompagner sa mère dans un suicide, ça laisse des traces." Pour ainsi dire, la diversité des réactions et des points de vue seront bel et bien au rendez-vous. Sur fond de la question ultra controversée du suicide médicalement assisté, ce roman fait la part belle à la famille et surtout à la liberté ultime de choisir sa mort, le jour et l'heure. Clin d'œil aux pensées écologiques de Jaja et aux actions d'aide aux réfugiés d'Anna : j'ai adoré leur façon de nous rappeler ces sujets-là , plutôt inattendu dans un tel contexte. Pour se dire qu'au final, tout est lié. + À lire, le portrait d'une famille altruiste et engagée ainsi que le témoignage original sans tabou d'une euthanasie active orchestrée dans les moindres détails, de l'autre côté des Alpes.
Le 18 septembre, 2023 - 07:59
Là où tout a commencé et où tout finira. Retrouvez ma chronique complète et illustrée sur aikadeliredelire.com ou en ouvrant le lien suivant : https://www.aikadeliredelire.com/2023/09/netgalley-lu-gare-saint-lazare-... Pour ma part, Ici, chaque chapitre commence par "Je n'irai plus jamais" ou "Je ne reverrai plus jamais". L'utilisation de l'anaphore crée le rythme et la musicalité de ce récit. En effet, on lit Gare Saint-Lazare comme on écoute une chanson mélancolique des années 80. Car oui, ici, on revient quatre décennies en arrière, du temps des cabines téléphoniques, des consignes à la gare, des disquaires, des walkmans ; et le narrateur, que l'on devine aujourd'hui d'un certain âge, quelque part entre deux mondes, regarde le chemin parcouru et raconte la mémoire de ce lieu terrestre à travers ses propres souvenirs à la gare Saint Lazare. La gare Saint-Lazare, lieu de transit, de passage par définition, est la porte d'entrée de Paris depuis la banlieue. Ce lieu public à priori sans âme, est le berceau de la mémoire du narrateur, où il y a vécu de nombreux souvenirs : ses embarras d'enfance confronté à sa mère, ses premiers émois de jeunesse: son amitié avec Le Crobard et son coup de foudre pour la Gitane etc. Pour ainsi dire, il raconte ici surtout le souvenir de sa mère à l'époque, qui somme tout faite, n'avait qu'une seule ambition : celle de sortir de sa condition sociale, c'est-à-dire 22ans, divorcée, deux enfants bref s'élever et briser le plafond de verre. Vous découvrirez les déboires de cet acharnement en lisant le livre. Les souvenirs d'une mère liés à cette gare ... Cette gare liée au souvenir d'une mère. Mais avant tout, c'est le roman d'une gare en perpétuelle métamorphose, qui n'est plus ce qu'elle fut mais dont l'âme demeure le témoignage du temps qui passe dans la salle des pas perdus. C'était beau, j'ai apprécié ma lecture mais sans plus. J'ai trouvé le récit trop intimiste, trop personnel. Dans la mesure où je vois la gare Saint-Lazare comme un véritable tiers-lieu fédérateur, quelque soit notre humble condition, je m'attendais peut-être à une histoire plus universelle, plus engagée. Cela dit, l'écriture est sublime et il y a une sensibilité omniprésente. Une œuvre d'art littéraire ! Mention spéciale pour la cartographie super sympa à la fin du livre. + À lire pour découvrir les milles visages de la gare Saint Lazare, des années 80 à nos jours, à travers des anecdotes et des souvenirs particuliers.
Le 11 septembre, 2023 - 05:42
Mémoires de la Grande Île Retrouvez ma chronique complète et illustrée sur aikadeliredelire.com ou en ouvrant le lien suivant : https://www.aikadeliredelire.com/2023/09/lecteurscomlu-et-approuve-ambat... Pour ma part, J'ai lu avec un immense intérêt le roman Ambatomanga Le silence et la douleur de Michèle Rakotoson, qui raconte la conquête de Madagascar par la France en 1895 à travers le regard croisé de deux personnages : un soldat français, Félicien Le Guen et un esclave malgache, Tavao. C’est un roman historique qui m’a appris beaucoup de choses sur cette période méconnue et tragique de l’histoire coloniale. J’ai été touchée par le destin des deux protagonistes, qui sont confrontés à la violence, à la peur, à la mort, mais aussi à l’amour, à l’amitié, à la solidarité. J’ai aimé le style de l’auteure, qui mêle poésie et réalisme, et qui fait vivre les paysages, les sons, les odeurs de Madagascar. Le récit se déroule au XIXe siècle et pourtant certains passages font étrangement échos à nos jours: « La vie était de plus en plus difficile voir insupportable : pénurie de toutes sortes, augmentation des prix de la nourriture, insécurité de plus en plus grande. Dans les villes, les gens se barricadaient, et dans les campagnes, ils dormaient dans les champs pour ne pas se faire trucider chez eux dans leur maison par les bandits de grands chemins. Vers qui se tourner ? » Mention très spéciale : le roman est basé sur des faits historiques et s'inspire de témoignages réels. Il est également enrichi de paroles et de cantiques en langue originale, suivis bien sûr de la traduction française. J’ai trouvé le roman captivant, émouvant et critique. Il montre les conséquences désastreuses de la colonisation sur le peuple malgache, qui perd sa souveraineté, sa culture, son identité. Il dénonce aussi l’absurdité de la colonisation : "Madagascar était un rêve fou : traverser les océans pour combattre des indigènes, dont certains avaient encore des mœurs barbares. Et porter un bel uniforme pour honorer la patrie." +À lire : Je conseille ce roman historique à toutes celles et ceux qui s’intéressent à l’histoire de Madagascar et à la question coloniale. Ce livre fait réfléchir et rend hommage à la résistance du peuple malgache, d’hier et d’aujourd’hui qui demeure, je cite : "Un peuple confronté au silence de Dieu, un peuple qui avait appris à se taire et à fuir, et qui se sentait seul au monde."
Le 4 septembre, 2023 - 07:44
À la recherche de la Consolation perdue Retrouvez ma chronique complète et illustrée sur aikadeliredelire.com ou en ouvrant le lien suivant : https://www.aikadeliredelire.com/2023/09/netgalley-lu-et-approuve-mon-fa... Pour ma part, Sous la forme hilarante du journal d'un type abonné à l'auto-dérision, ce roman nous réserve un grand final bouleversant et inattendu. Mehdi, quinquagénaire divorcé et professeur de latin à la recherche du manuscrit de Cicéron, pactise avec le fantôme de Rachid Taha sans savoir ce qui l’attend. Il se retrouve embarqué dans un délire rocambolesque qui le fait voyager à travers le Pays Basque, la Pologne et j'en passe et des meilleures en la compagnie spectrale de la superstar du raï. Il redécouvre des aspects de la culture algérienne et de la musique raï, qui sont très éloignés de son univers littéraire. Confronté à ses origines, à sa famille, à ses collègues et à ses élèves, notre héro latiniste devra faire face à son passé douloureux et à son secret. La plume est carrément drôle, les personnages sont attachants et complexes. Le récit nous fait réfléchir sur les conséquences des traumatismes, sur les mécanismes de défense, et sur les illusions que l'on se crée pour survivre. En effet, le comportement décalé de notre héro Mehdi, intrigue et interroge: "mais-qu'est-ce-qui-va-pas-chez-lui?!". Il faut lire le roman jusqu'à la toute fin pour comprendre son histoire qui nous fait prendre conscience de la fragilité de la vie, de la mémoire et de l'identité. À travers des situations tantôt facétieuses, tantôt absurdes, une quête perdue d'avance et un pacte d'alliance avec le spectre de Rachid Taha, je crois que l'auteur a voulu exprimer par des symboles forts: "La Consolation" et "mon fantôme" que la réalité n'est pas toujours ce qu'elle semble être, et que chacun a sa propre perception des choses. Mention spéciale pour l'implication du fantôme de Rachid Taha créant un dialogue entre deux générations d'immigrés algériens en France, et montrant les difficultés et les espoirs qu'ils rencontrent. Parce que j'ai ri, parce que j'ai pleuré, parce que j'ai appris, Mon fantôme de Mehdi Ouraoui est mon chouchou de la rentrée littéraire 2023. + À lire car c’est un roman drôle et intelligent qui mêle tous les genres: fantastique, policier, drame, société etc. À relire pour aborder des thèmes importants et actuels, comme l’identité, la violence, la mémoire et la résilience. - S'abstenir si et seulement si vous n’avez pas le temps de lire jusqu'à la toute fin. #Monfantôme #NetGalleyFrance
Le 28 août, 2023 - 11:20
La littérature au service de toute vérité? Retrouvez ma chronique complète sur aikadeliredelire.com ou en ouvrant le lien suivant: https://www.aikadeliredelire.com/2023/08/netgalley-lu-et-approuve-la-ver... Pour ma part, Captivant de A à Z. Le narrateur, un écrivain, accepte contre rémunération d'écrire l'histoire de Gisèle Chabaud, une mère en colère dont le fils Sylvain s'est suicidé à 45ans au lendemain de son passage au commissariat, après avoir été soupçonné de pédophilie. Sachant que ces soupçons n'ont jamais été confirmés et que le père de famille s'est donné la mort avant qu'une enquête officielle ne soit ouverte, tandis que Gisèle revendique l'atteinte à la présomption d'innocence de son fils, même à titre posthume, l'écrivain s'engage à lui produire un livre hommage digne de ce nom. Par souci de vraisemblance romanesque et à l'insu du plein gré de Gisèle, le narrateur va tout de même enquêter sur les circonstances du drame, rassembler tous les éléments, pièces à conviction de l'affaire et interroger en personne les proches du défunt... Au fil de son investigation, il se heurte à ses propres doutes et surtout à son éthique: inévitable lorsqu'on entend plusieurs sons de cloche surtout si l'une d'entre elles sonne faux... Là dessus je ne vous en dis pas plus, vous le découvrirez en lisant le livre. Grâce à une plume sobre, efficace et tellement proche de notre intuition, le récit explore les limites de la vérité et des non-dits ainsi que la distinction entre les ressorts aliénants de la manipulation et les pressentiments libres de la fiction. Même si les sujets abordés ne font pas l'unanimité et moi qui rarement lis des histoires d'enquêtes, j'ai aimé ce récit qui mêle savamment le réel et le fictif, ce don de nous faire douter de ce que nous croyons savoir. Ce roman est aussi un hommage à la grande littérature. Quand la grande littérature représente le dernier espoir. Pour la mère qui a perdu un fils, un exutoire digne de son deuil. Pour l'écrivain sans le sou, je cite "le scribouillard", un gagne-pain opportun et la perspective d'un nouveau succès littéraire. Pour eux deux et pour nous lecteurs, que la lumière soit faite sur cette sombre affaire. + À lire sans hésitation : dans son style bien à lui, l'auteur se met en scène à travers cette enquête pour questionner le processus de création littéraire et explorer les zones d'ombre de l'âme humaine avec réalisme non sans une touche subtile d'ironie. - S'abstenir si et seulement si vous n'aimez pas les romans qui abordent des sujets ultra graves comme le suicide, la pédophilie, la manipulation ou la culpabilité.
Le 21 août, 2023 - 08:15
Le 14 août, 2023 - 06:38
Leçon d'échecs et leçons de vie Avant de commencer, je tiens à remercier chaleureusement Babelio Masse Critique Privilégiée et les éditions Grand Angle pour cette découverte éditoriale mémorable. Retrouvez ma chronique complète et illustrée sur aikadeliredelire.com ou en ouvrant le lien suivant : https://www.aikadeliredelire.com/2023/08/babeliomassecritiqueprivilegiee... Pour ma part, Ceci est mon deuxième album lu de Víctor L.Pinel; j'ai aimé Le plongeon et en lisant Échecs, j'ai constaté une nette évolution à tous les niveaux. Par une magistrale mise en abîme, cet album one shot utilise la métaphore de l'échiquier comme le carrefour de nos destins: un scénario captivant et très bien ficelé, mêlant habilement le suspense, l’humour, la romance et le drame. Ce roman graphique raconte les histoires croisées de Samir, Marion, Mathieu, Vincent, Véro, Lys et bien d'autres encore, qui se rencontrent, se séparent, se retrouvent ou s’ignorent dans les méandres de la vie urbaine. Ils sont comme les pièces d’un jeu d’échecs, qui avancent, reculent, se sacrifient ou se protègent sur l’échiquier de la vie. Le récit est divisé en chapitres, illustrés par des pièces d’échecs, qui correspondent aux différents protagonistes. À mon humble avis, le style de dessin utilisé ici est semi-réaliste et très représentatif de la vision actuelle de notre société. Des traits fins et précis sont utilisés pour représenter les personnages et les décors, avec un souci du détail et de la perspective. L'utilisation de couleurs vives, de jeux d'ombres et de lumières, variant selon les ambiances et les émotions des scènes créent du relief et du contraste en faveur d'une atmosphère dynamique qui s’adapte au rythme du récit. Immersif, cet album nous fait aussi découvrir le monde fascinant du jeu d’échecs, qui est plus qu’un simple divertissement, mais une véritable école de la pensée et de l’action. Enfin, cet album met en lumière les lieux communs de notre existence ainsi que leurs envers, comme la ville, la communication à distance, le show-business, le lycée, la médiathèque et la maison de retraite tout en abordant des thèmes universels et intemporels, comme l’amour, la famille, le travail, la mort, le rêve et la réalité. + À lire absolument: ce chef d'œuvre graphique s'adresse aussi bien aux amateurs de suspens, de tranche de vie et de comédie romantique; qu'aux joueurs d'échecs et à toute personne curieuse. Comparer nos destins à un échiquier ici nous fait réfléchir sur le sens de la vie, le hasard, le choix et la responsabilité. - S'abstenir si et seulement si vous n'avez pas l'âge requis: en effet, cet album contient des scènes explicites.
Le 8 août, 2023 - 08:04

Le mythe de Faust 2.0

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Pour ma part,

Saisissant. Magistral.

David Smith est un sculpteur dépressif désespérément méconnu et fauché, prêt à tout pour sortir de son anonymat et rejoindre la cour des grands dans un New York culturel toujours plus sélectif et exigeant.

Cet abattement le conduit à pactiser avec la Mort en personne, sous les traits de son vieil oncle Harry, la vie contre la gloire et la postérité à l'instar de Pollock, Kadinski, Koons et consorts.

Un dessin aux traits encre de chine, tout en bichromie noire comme la nuit et bleue comme le blues; un découpage précis et parfaitement maîtrisé, des cadrages ingénieux et vertigineux: que des atouts pour cette adaptation 2.0 du fameux mythe de Faust.

Ainsi, avec un récit émouvant et de nombreux rebondissements, l'histoire de David Smith nous interroge sur la place de l’œuvre et de l’artiste dans notre société. Comment l'art transcende-t-il l'existence? D'où viennent la rage et la soif de célébrité, leurs effets sur l'élan créatif? Les artistes sont-ils finalement des messagers ou de simples mortels comme les autres?

En explorant les thèmes de la création, du sacrifice, de la passion et de la mort, Scott McCloud déploie ici toute sa maîtrise narrative et graphique, dans un style épuré et élégant.

À travers plus de 500pages, Le Sculpteur est un chef-d'œuvre incontestable, un roman graphique qui vous marquera longtemps.

+ À lire: le pacte faustien revisité et calibré à la perfection, Le Sculpteur de Scott McCloud est littéralement un blockbuster du roman graphique.

- S'abstenir si et seulement si vous avez des réserves sur le caractère trop perfectionniste ou trop didactique. Ici, pas de place pour la spontanéité et l'originalité.
 

Le 1 août, 2023 - 09:33

La Renaissance de Patrick, à 50ans

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Pour ma part,

Par ce superbe album aquarelle aux dessins sans prétention, il est démontré que l’art peut être un moyen de se libérer de ses blocages et de se réconcilier avec soi-même.

En effet, Patrick, qui mène une vie morose et solitaire, houspillé par sa mère, va découvrir des aspects cachés de sa personnalité et de son histoire familiale grâce à la Joconde et à Léonard de Vinci.

Cette aventure métaphorique est l'opportunité pour notre héro de soigner enfin ses blessures d'enfance grâce à l’introspection et en s’ouvrant à la beauté et à la créativité.

Un bel hommage à l’art de la Renaissance et à Léonard de Vinci qui a marqué un tournant dans l’histoire de la culture et de la pensée humaine.

+ À lire pour passer un beau moment aquarelle et philosophique avec la Joconde. Et fêter la quête de soi et du sens de la vie.

- S'abstenir peut-être si l'on est du genre puriste car cet album est un pot-pourri de drame psychologique, de fantastique, d'art-thérapie et de feel-good. Un mélange plutôt inattendu.
 

Le 25 juillet, 2023 - 09:06

Une Parisienne entre deux mondes

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Pour ma part,

J'ai découvert cet album après avoir été surprise et éblouie par Nettoyage à sec. Autrement dit, l'œuvre de Joris Mertens m'est parvenue dans l'ordre antéchronologique.

Malgré ce couac de mon fait, j'ai reconnu la patte de l'auteur dès le début : son style graphique aux dessins élégants, foisonnants et esquissés avec des couleurs tantôt contrastées, tantôt monochromes à l'exception du rouge cramoisi qui ressort comme un élément clé du récit.

Très influencé par son expérience dans le cinéma et la télévision, l'auteur joue aussi sur les échelles de plans, les pleines pages et les zooms pour créer une narration visuelle dynamique et expressive.

Béatrice est une jeune femme qui s’ennuie dans sa vie monotone et qui se laisse séduire par un album de photos qui lui raconte une autre histoire, plus romantique et passionnante. En s’identifiant à la femme de l’album, elle bascule dans un monde imaginaire où elle revit les moments du couple, mais elle perd aussi le contact avec la réalité à s'oublier elle même, ce, au sens propre comme au figuré.
Le message de Béatrice de Joris Mertens peut être vu comme une réflexion sur le pouvoir des images et la tentation de vivre par procuration, de fuir le présent pour se réfugier dans le passé ( clin d'œil à nos rapports envers les réseaux sociaux, mais ça, c'est une autre histoire ).

Magistral, grandiose, comme à l'accoutumée avec Joris Mertens.

+ À lire et à relire tout simplement pour le plaisir d'être en contact avec un chef-d'œuvre.

- S'abstenir si l'absence de phylactères vous pose problème; détail que j'ai failli oublier de vous dire : l'album est entièrement muet.

Le 18 juillet, 2023 - 07:03

Alice au pays des actes manqués

#Demainmêmeheure#NetGalleyFrance

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Pour ma part,

Je suis mi-figue mi-raisin.

La flèche de l'Empire State Building sur fond azur parsemé de ballons de toutes les couleurs en première de couverture présage une lecture radieuse et décontractée.

Le décor est on ne peut plus attractif: le tout - New-York New-York, l'Upper East Side et le Pomander Walk des années 90 à nos jours.

Tous les clichés et les codes de la classe privilégiée newyorkaise sont au bel et bien au rendez-vous. Sans compter d'innombrables références à la pop culture américaine d'hier et d'aujourd'hui, j'ai retenu notamment Clueless, The Craft, Retour vers le futur pour le cinéma et Mariah Carey, Mary J.Blige et Dr Dre pour la chanson.

Les thèmes explorés sont pleins de profondeur: la vieillesse, la jeunesse, le deuil, l'amour paternel, les remords, les regrets et par dessus tout les univers parallèles, ce qui n'est déjà pas simple par essence.

Mais je n'ai pas été transportée malgré les promesses fantastiques d'un voyage spatio- temporel, pour cause d'un manque global de fluidité et d'équilibre dans le récit.

J'ai trouvé le démarrage trop lent et il y a trop de longueurs superflues, ce n'est que vers la quatrième partie, sur six, que les péripéties prennent un rythme intéressant.

En revanche, je ne doute pas que ce roman ferait une bonne adaptation cinématographique pour un film familial de type tranche de vie à la Grosse Pomme avec une sublime touche de fantastique.

ALERTE SPOILER: Je suis restée sur ma faim: j'aurai tellement aimé une petite conclusion, un clin d'œil en guise d'épilogue au sujet de la longévité du chat Ursula.

+ À lire car cela reste un roman au potentiel thématique très fort: un inévitable adieu entre père et fille.

- S'abstenir si comme moi, vous avez l'œil critique car le récit manque d'équilibre: il y a trop de longueurs superflues rendant la lecture monotone par moments.

Le 11 juillet, 2023 - 07:49

Un crayon à la main, Claire a envie de griffonner ce qui lui passe par la tête. Et pour commencer, tous ces mots en M  : mentir, malade, médecin, merdique, mort, mortalités, murs, monstres, maison, métamorphose, matrice, mer, montagne, monde…Mathilde. Les aligner ces mots, qu’ils émergent, qu’ils disent, qu’ils s’éclatent.

Le 11 juillet, 2023 - 07:46

#Fuirlesmots #NetGalleyFrance: Une fugue salvatrice

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Virevoltant dans le passé et le présent, Fuir les mots est à la fois le récit d'un burnout éthique dans le milieu médical manifesté par une "fugue" ainsi que d'une profonde introspection. Il y a des moments dans la vie pro ou perso où l'on n'a pas de meilleur choix possible que de faire un break pour se ressourcer et mieux se retrouver.

Ce roman écrit à la troisième personne nous plonge dans les réflexions de Claire, une médecin qui participe à l'aide médicale à mourir et qui décide de quitter son compagnon et son travail pour se lancer dans un périple contemplatif, où elle se coupe des mots et se reconnecte à la nature et à son passé.

C'est ainsi que les souvenirs que l'on croyait oubliés refont surface: les plus beaux comme les plus douloureux... Je ne vous en dis pas plus, vous le découvrirez en lisant le roman.

C'est un récit à la fois terre-à-terre et poétique, avec d'éloquentes descriptions du paysage canadien et qui aborde des thèmes sensibles comme la fin de vie, le deuil, la relation mère-fille, le silence et la communication.

Mention spéciale pour les extraits de chansons, les références littéraires et les peintures sublimes de l'auteure en couverture et qui viennent jalonner le récit.

+ À lire si votre souhait est d'ouvrir votre esprit sur la question de l'accompagnement médical à la fin de vie.
 

Le 1 juillet, 2023 - 07:07

Une destinée : percer les mystères des arc-en-ciels

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Pour ma part,

Ce récit nous ramène à une époque où l’arc-en-ciel, comme tout autre phénomène naturel, répondait d’une explication mythique ou divinatoire. Il s’agit du Grand Siècle, le XVIIe, où la peste faisait rage tandis que l’instruction était réservée aux élites.

Plus que l’histhttps://www.aikadeliredelire.com/2023/07/lu-approuve-larc-en-cieliste-laura.htmloire en elle-même, ce sont les couleurs qui sont fantastiques : à travers sept chapitres aux couleurs de l’arc-en-ciel, cet album one-shot raconte la quête initiatique du jeune Lord Hayden Springworth. En effet, sa fascination pour les arc-en-ciel le conduira vers sa vocation de scientifique par des chemins inattendus.

L'expérience de lecture est éblouissante : les illustrations sont amusantes et talentueuses à la fois. Les couleurs utilisées sont vives et chatoyantes. Le coloriage au crayon donne du relief et de la profondeur: les dessins sont pleins de caractère, riches de détails soignés fidèles à l’ambiance Grand Siècle du récit.

C’est le genre d’album jeunesse à offrir pour un ouvrir un œil critique sur le contraste entre la science et le folklore à une certaine époque de notre histoire et par ce biais, davantage guider vers l'instruction et le progrès. Je recommande.

Le 22 juin, 2023 - 09:54


On va rejouer La tempête de Shakespeare

#MatempêtePessanShakespeare #NetGalleyFrance

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Pour ma part,

Dans la vie, il arrive que plusieurs tempêtes s’abattent au même moment, au même endroit. À commencer par celle annoncée par la météo, comme ce matin là. Puis celle du dramaturge, patrimoine mondial de littérature et intarissable source d’inspiration, Shakespeare. Enfin, la tempête que l’on garde en soi… cette frustration et cette amertume qui tourbillonnent dans la tête.

Écrite à la troisième personne, cette tranche de vie raconte le déroulement de cette simple journée d’orage en cinq actes, pour reprendre le chapitrage de l'illustre dramaturge, dans l’intimité d’une petite famille citadine dont la maman Anne est enseignante, contrainte de se rendre à son poste malgré l'orage qui s'annonce, puis la petite Miranda qui n'a pas crèche aujourd'hui et le papa David ayant l'originalité d’être un comédien metteur en scène, grand fan de Shakespeare mais sans travail.

Sans prétention ni pathos larmoyant mais toujours empreint de cette colère sourde, ce sentiment d’injustice, ce court roman illustre les ressentis et les réflexions existentiels de David. Ce dernier, fidèle à son âme d’artiste, ayant fait le choix professionnel du statut d’intermittent du spectacle et s’étant vu refuser le budget pour réaliser son projet, (vous découvrirez pourquoi en lisant le livre) ressent la réprobation de son entourage à commencer par celle d’Anne, qui n’a jamais osé se prononcer à ce sujet mais qui n’en pense pas moins.

Cette tranche de vie m'a particulièrement émue et révoltée contre les préjugés dont sont affublés les intermittents du spectacle.

Le récit interroge sur la capitalisation de l’art en général et le futur des intermittents du spectacle en particulier: to be or not to be, that is the question_ être ou ne pas être, telle est la question, on ne peut plus shakespearienne.

Coup de cœur ! Parmi mes meilleurs romans lu en 2023.

Je tiens à remercier chaleureusement NetGalley et la maison d'édition Aux Forges de Vulcain pour cette découverte éditoriale enthousiasmante.

#MatempêtePessanShakespeare #NetGalleyFrance

Le 13 juin, 2023 - 11:46
À la poursuite des aurores boréales et de la paix retrouvée Découvrez ma chronique complète et illustrée sur aikadeliredelire.com ou en ouvrant le lien suivant : https://www.aikadeliredelire.com/2023/06/lu-et-approuve-il-est-grand-tem... Face au chaos familial et au risque de décevoir une fois de plus son conseiller en surendettement, Anna prend une décision pour le moins inattendue. Sur le conseil (ou l’influence) de Mémé, sa grand-mère maternelle, Anna plaque tout et s’en va cap vers le Grand Nord, à la poursuite des aurores boréales et du soleil de minuit. Emmenant avec elle ses deux filles, Chloé et Lily. Le roman s’articule autour de trois voix: celle d’Anna à travers ses angoisses et ses confidences, celle de Lily dans son journal intime appelé Marcel et celle de Chloé dans son blog intitulé Les Chroniques de Chloé. À travers une écriture au plus près de la réalité telle que nous la ressentons, quelques brins de romantisme et une joyeuse touche d’humour, le roman aborde une pléthore de sujets essentiels : la famille, les liens intergénérationnels, le deuil, le voyage et les nouvelles rencontres chemin faisant. De nombreuses leçons de vie sont donc à glaner çà et là. La précarité financière des familles monoparentales y est également évoquée ; sans compter les raisons fondamentales de la séparation des couples parentaux que je vous laisse découvrir en lisant le roman… Bien que l’histoire soit une pure fiction, il est vrai que la lecture de ce roman apporte de la joie. Surtout pour les amateurs d’aurores boréales et de paysages du Grand Nord. Le roman est sorti en 2018 et a reçu en 2022 la fabuleuse distinction du Prix du livre favori des Français. À mon humble avis, il y a de fortes chances qu'il soit à l’origine du phénomène trip-road en romance dont la popularité n’est plus à démontrer. Car depuis le déconfinement, le fantasme de tout plaquer pour l’évasion est le thème n°1 plébiscité en littérature contemporaine. Pour ainsi dire, c’est avec beaucoup d’attentes que j’ai lu ce roman. À ce jour, je peux dire que je suis contente. Sans enthousiasme débordant mais contente du récit et de son heureux dénouement : l’intrigue est prévisible et les personnages sont attachants. J’ai pris du plaisir à découvrir une famille au bord de l’implosion qui a réussi à se reconstruire sur la route du Grand Nord et à apprendre quelques mots en Norvégien. Bref, pour une fois, j’ai passé un moment de lecture aisé et détendu. D’ailleurs, parait-il que c’est le propre de la littérature dite feel-good : ces livres « qui font du bien ».
Le 8 juin, 2023 - 16:31
Quatre copines et un bar à tisanes appelé Pisse-Mémé ! Retrouvez ma chronique complète et illustrée sur aikadeliredelire.com ou en ouvrant le lien suivant : https://www.aikadeliredelire.com/2023/06/lu-et-approuve-pisse-meme-de-ca... Pour ma part, Le roman graphique “Pisse-Mémé” de Cati Baur raconte l’histoire de quatre copines qui se lancent dans un projet collectif : ouvrir un bar associatif appelé Pisse-Mémé. Leur projet est financé grâce à un héritage et au crowdfunding. Les quatre amies ont la quarantaine et sont très différentes les unes des autres. Elles ont toutes des problèmes personnels et professionnels à régler. On les suit dans leur projet et on découvre leurs aventures. Cet album est le portrait de ces femmes aux profils tous azimuts: si les unes sont blondes, DA freelance ou prof de yoga, les autres sont brunes, chef marketing ou caissière à temps partiel. Si l’une est enceinte ou célibataire épanouie, l’autre est mère d’un ado ou au bord du burnout, j’en passe et des meilleures. Pourtant, il s'agit d'une amitié inébranlable: Toutes pour Une- Une pour Toutes. L’album est sympa à lire grâce aux couleurs vives et aux formes simples pour créer des personnages attachants et des décors détaillés. Le style graphique de Cati Baur est coloré et expressif. Elle utilise des dessins simples aux contours nets tandis que les dialogues sont "manuscrits". Le roman évoque des thèmes d’actualité tels que l’écologie, le burn out, l’homosexualité et la famille avec beaucoup d’humour et sans pathos. Le style ligne claire permet d'aborder ces thèmes en toute tendresse et subtilité sans exagération émotionnelle. Pisse-mémé est le portrait de femmes d’aujourd’hui: indépendantes, audacieuses, entreprenantes et fonceuses. J’ai passé un joli moment de lecture !
Le 28 mai, 2023 - 10:25
Sans vin, l'or est beau Retrouvez ma chronique complète et illustrée sur aikadeliredelire.com ou en ouvrant le lien suivant : https://www.aikadeliredelire.com/2023/05/lu-et-approuve-histoire-dun-ogr... De mémoire, tout le monde sait que les ogres sont des géants à l'aspect effrayant se nourrissant de chair humaine. Ce que tout le monde espère toujours, c'est que ce derniers n'existent que dans les contes de fées racontés pour effrayer les enfants pas sages... Et pourtant, dans cette Histoire vraie, il nous est proposé de faire la connaissance de l'un d'entre eux, réel, vivant et omniprésent de notre paysage industriel, médiatique et peut-être bientôt politique? Riche de préceptes pour les néophytes en finances, comme moi, avec la pédagogie qu'on lui connait, le Narrateur, fidèle à sa vocation d'ancien Professeur d'économie, nous éclaire de son savoir. De même, il n'hésite pas à papillonner de part et d'autre de sa propre ligne narrative, tantôt côté personnage, tantôt côté lectrice, lecteur. Moins virulent qu'un pamphlet, moins expéditif qu'une chronique, Histoire d'un ogre, à l'instar de Gargantua de Rabelais au XVIe siècle est un roman satirique dont le but est surtout de démontrer l'emprise de l'Ogre sur notre société laquelle devrait s'inquiéter de savoir "Que restera-t-il quand il aura tout dévoré?". Plus que l'histoire proprement dite, c'est-à-dire le portrait du personnage et la critique du capitalisme, c'est la dimension littéraire qui m'a plu. La qualité d'écriture, la richesse des figures de style et l'indéniable talent de conteur de l'Académicien. Ce livre s'inscrit dans le cadre des actualités incandescentes de ces dernier mois. Bonus: Si vous êtes du genre, quelques confidences et mises en lumière de certaines affaires (pas toutes quand même) vous y attendent. Bonus bis: le Narrateur vous livre sans compter tous ses bons plans restaurants, psychologues, j'en passe et des meilleures. Si vous êtes à la recherche de recommandations amicales. + À lire si vous êtes passionné(e) de propos savants et curieuse ou curieux de faire la connaissance de notre Ogre invisible mais vivace et vorace. Cette curiosité-là vous ouvrira les yeux et vous tendrez mieux l'oreille. - S'abstenir si vous êtes insensible au genre littéraire en général et aux contes en particulier. Je veux dire par là que vous pouvez exactement retrouver l'équivalent informatif du contenu de ce livre à travers les actualités.
Le 21 mai, 2023 - 10:53
Comme un mantra ou un cri de guerre : Par la force des arbres Retrouvez ma chronique complète et illustrée sur aikadeliredelire.com ou en ouvrant ce lien : https://www.aikadeliredelire.com/2023/05/lu-et-approuve-par-la-force-des... Travailler dans le secteur agricole aujourd’hui est une entreprise de tous les périls: si l’on ne dispose pas d'importants capitaux, c’est comme s’engager dans un labyrinthe dont on n’est jamais certain d’en voir le bout. Face à toutes ces difficultés, pour échapper au burn-out, à la dépression et rester maître de lui-même, notre héros, père de famille nombreuse et ancien berger à la suite de la liquidation de son exploitation, a choisi stratégiquement de battre en retraite par l’isolement au cœur de la forêt. Un isolement thérapeutique, auto-prescrit avec la bénédiction de son entourage. Maintenant au cœur de la forêt, à la merci des intempéries, de la frugalité et de la vie sauvage. La forêt de son Périgord noir devient un lieu de recueillement, de silence et de consolation. Cet album aquarelle aux mille couleurs vives détaillées au pinceau fin est de toute beauté. Lumineux, en mettant l’accent sur la végétation et le reflet des rayons du soleil sur chaque surface, il illustre magnifiquement le retour aux sources et la renaissance par la force des arbres. Comme le titre nous l’indique, les arbres ont une force consolatrice et énergisante qui ne demande qu’à être transmise au monde vivant. Notre civilisation étant ce qu’elle est, principalement sociale et urbaine, cette histoire montre les potentiels bienfaits d’un séjour en forêt sur notre santé en général et notre humeur en particulier. Cet album, puisqu'il s'agit de l'adaptation graphique du roman éponyme, dénonce également les difficultés du monde agricole capitaliste: normes de plus en plus strictes, obligations financières, poursuite du rendement maximal, intempéries et coup du sort etc. Ainsi que leurs conséquences sur la santé mentale et physique des exploitant.e.s + À lire pour découvrir le témoignage illustré de la réussite d'une thérapie par l'isolement en forêt: au départ, pendant le séjour en forêt et au retour à la vie en société. Et pour comprendre la situation des professionnel.le.s de l'élevage et de l'agriculture.
Le 15 mai, 2023 - 23:29
Une histoire d'histoires? Retrouvez ma chronique complète et illustrée sur aikadeliredelire.com ou en suivant ce lien : https://www.aikadeliredelire.com/2023/05/lu-et-approuve-le-relais-des-am... Pour ma part, La quatrième de couverture est un topo résumant bien,certes, mais sans révéler vraiment à quoi s'attendre. Et j'ai été très surprise, pour ne pas dire déroutée par le concept, surtout au début. C'est la première fois que je "tombe" sur un roman d'expérience littéraire et ludique, il ne manquerait plus qu’il soit interactif. L’acrobatie romanesque de cette œuvre tient dans sa structure : sans le moindre temps mort, façon plan-séquence comme au cinéma, la narratrice nous fait glisser d’un personnage à un autre, d’une scène à une autre, d’un pays à un autre. Dans son style bien à elle, par le biais de nombreuses mises en abîme et d’étincelles d’humour, la romancière s’adresse à nous lectrices et lecteurs, pour nous déloger d’une réalité et nous catapulter ailleurs, et avant que l’on ait eu le temps de dire ouf, on se retrouve propulsé quelque part au XIXe ou au fin fond des USA ; j’en passe et des meilleures. Je ne m'attendais pas à un tel tourbillon de maestra littéraire pourtant le concept tient dans le titre « Le Relais des amis ». Comme dans une course de relais, chaque coureur transmet au suivant un bâton de relais appelé témoin. Inutile de dire que le témoin ici, c’est nous ! À mon humble avis, ce concept, sortant des classiques du genre romanesque, est digne d'un exercice oulipien*. Tout simplement bluffant : c'est une réussite. +à lire si vous êtes en quête d’une expérience de lecture amusante et ébouriffante, si vous voulez célébrer la littérature et explorer les possibilités permises par elle.
Le 2 mai, 2023 - 20:28
Profond, sombre et lumineux comme la couleur éponyme Chronique en images sur aikadeliredelire.com https://www.aikadeliredelire.com/2023/05/lu-et-approuve-bleu-nuit-de-dim... Ce monologue est le récit d’un homme exilé, finissant en marge de la société car brisé par la guerre civile qui faisait rage dans son pays natal que l’on devine, sans que cela ne soit jamais confirmé, être le Liban. Ce roman illustre sa déchéance à partir de l’instant crucial où il lui est annoncé que la seule femme de sa vie est morte et qu’elle repose désormais au cimetière de Père Lachaise. Névrosé et à bout de forces, le narrateur abandonne son cadre de vie normale et devient SDF. Il s’accroche à ce qu’il lui reste de poésie et d’humanité pour expier ses remords, ses fautes, ses crimes à travers l’écriture de carnets, sûrement vestiges de son ancienne carrière professionnelle de journaliste. Le chemin vers la paix intérieure est chimérique pour qui a connu la guerre et y a participé activement de surcroît. Les anxiolytiques, la came, l’alcool et les faux-semblants sont sans effets; les démons reviennent toujours à la charge tantôt sous forme de maniaquerie et de troubles obsessionnels compulsifs tantôt sous forme de graves crises de dépression nerveuse voire de schizophrénie. Pour ma part, bien que les péripéties soient fictionnelles,ce roman révèle et dépeint les effets psychologiques de la guerre sur les hommes envoyés au front: de retour à la vie civile, les survivants ne s’en sortent jamais totalement indemnes en dépit de bonne volonté et de maintes tentatives de reconstruction… Ainsi ce livre montre les potentielles conséquences d’un choc post-traumatique à long terme. Enfin, grâce à une écriture exquise et intense, ce roman ressemble à une lettre d’amour, de pardon et de deuil, à la mémoire d’une mère qui ne voulait que le meilleur pour son fils et d’une femme aimante infiniment humaine. J’applaudis la poésie omniprésente et l’amour qui illumine ce récit, le rendant si émouvant. +À lire pour comprendre ce qui pousse un être humain à choisir de vivre dans la rue.
Le 30 avril, 2023 - 08:17

La Divine Comédie de Dante revue par les frères Brizzi 

Lu et Approuvé sur aikadeliredelire.com

Inconsolable depuis la disparition de sa bien-aimée Béatrice, Dante accepte de traverser les Neuf Cercles de l'Enfer afin de la rejoindre au Paradis. 

Le poète latin Virgile le guidera dans cette odyssée de tous les dangers.

C'est ainsi que nos voyageurs se retrouvent à descendre chacune des strates foisonnantes d'âmes damnées torturées pour l'éternité par des monstres représentant leurs péchés.  

Le texte initial de Dante (1265-1321) est un vaste cantique composé de chants versifiés sur le thème de l'enfer selon l'église catholique.

L'œuvre des frères Brizzi est une adaptation graphique de ce grand classique de la littérature italienne et/ou mondiale et concerne en essence la partie Enfer de la Divine Comédie.

Pour ma part, la vision dantesque de l'enfer est ici bel et bien au rendez-vous: sombre et sublime, le grandiose dans l'horreur.

Le chant canonique a été entièrement adapté à la mise en bulle. À cette fin, il a été remplacé par des textes de narration et de conversation au langage contemporain synthétisant l'essentiel de l'esprit du poète. Cette opération apporte un regard actuel sur ce monument de la littérature médiévale.

L'album est gorgé d'illustrations riches et vertigineuses librement inspirées des gravures de Gustave Doré(1832-1883). 

Chaque planche, du début à la fin, est dessinée au crayon noir et blanc nuancé à l'infini. Les contours des dessins sont vaporeux et soignés à la perfection. L'on obtient un résultat éblouissant, somptueux qui nous amène à "admirer" des monstres, des démons et autres créatures infernales de tout poil.

Un album chef d'œuvre aux milles splendeurs claires et obscures.  


+À lire pour redécouvrir le monument littéraire de la Divine Comédie sous un nouveau jour.
 

Le 22 avril, 2023 - 14:44
Le roman comique de la traversée de la Seine en canot Lu et Approuvé sur aikadeliredelire.com https://www.aikadeliredelire.com/2023/04/lu-et-approuve-roman-fleuve-de.... Par un beau jour d'été, trois compères Franciliens vont traverser la Seine en canot depuis Paris pour rejoindre l'océan. Notez bien que leurs connaissances en navigation fluviale sont purement théoriques et que dans le métier, ils sont ce qu'il convient d'appeler des aventuriers débutants. À bord dudit canot, un Coleman13 normalement prévu pour deux personnes et, pour la gloire, sobrement baptisé Bateau, Waquet sera le major, Adrian alias Bobby, sera écopier tandis que Philibert, l'instigateur de ce projet fantaisiste, sera le capitaine. Autrement dit, à la rame, contre vents et marées ils tenteront de descendre les 360km qui séparent les ponts Garigliano et Honfleur. Afin de rendre l'affaire plus épique que jamais, la traversée se fera sans GPS, à l'aide d'une carte et d'équipements rudimentaires d'occasion. Roman fleuve est le récit de cette expédition de canotage par Philibert, le narrateur dont il faudra s'accommoder de l'utilisation du passé simple, de la vision pince-sans -rire, des anecdotes tantôt philosophiques, tantôt grammaticales. Cette histoire n'est pas sans rappeler Trois hommes sur un bateau (sans parler du chien) de Jerome K.Jerome en 1889. Cette équivalence est effectivement revendiquée par l'auteur. Pour ma part, pour qui s'interroge des problématiques de descendre la Seine en petit bateau, cette histoire propose tout au moins le commencement d'une réponse. Le reste, à vos risques et périls bien entendu. Entre autres, dans ce livre, nous découvrons la géographie de la Seine en parcourant les îles, les villes et en écumant les bars loufoques bordant le fleuve. Car le récit est tout simplement drôle et si bien raconté: avec tout le sérieux et le langage distingué que l'on est en droit d'attendre du fait de son rang, le Capitaine éclaire le lecteur en détaillant chaque péripétie, sans échapper à la candeur, aux jeux de mots et parfois à la mélancolie. Plus que le roman d'une galère, c'est l'histoire d'une amitié à l'épreuve des flots, de rencontres improbables et de quelques exploits. Mention spéciale pour les illustrations par l'auteur et "le concept de ventilation narrative" que je vous laisse découvrir en lisant le livre. +À lire si vous aimez les tournures savantes et les digressions amusantes. La rigolade sera au rendez-vous.
Le 11 avril, 2023 - 07:20
Au petit bonheur la chance? Lu et Approuvé sur aikadeliredelire.com https://www.aikadeliredelire.com/2023/04/lu-et-approuve-la-liste-de-mes-... Un beau jour, Jocelyne, la narratrice, gagne à l'Euromillions. La mercière de quarante sept ans, épouse de Jocelyn (quelle coïncidence !) et mère de deux jeunes adultes a déjà une vie ordonnée et confortable dont elle a réussi à se satisfaire au fil du temps, des hauts, des bas et de tous ses petits et gros défauts. Elle vit un bonheur simple sans prétention à Arras: un mari fidèle, des amies sincères, les jumelles Françoise et Danielle, sa mercerie Chez Jo et son blog Dixdoigtsdor qui se développe pas-à-pas. Autrement dit, ce jour-là, Jocelyne se retrouve encombrée d'un pactole de dix-huit millions d'euros. Au lieu de le clamer sur tous les toits et grisée de cette chance inespérée, la mercière choisit de garder le secret pour elle-même et cache le chèque dans une chaussure, à l'abri de sa propre convoitise en attendant de prendre une décision. Le temps de se poser les bonnes questions... Et pourquoi ne pas enfin faire la liste de ses envies? Ce récit est une fable et il y a bien une moralité à tirer. Pour le découvrir, il faut lire la suite car je tiens à vous préserver le suspense. Ce roman paru en 2012 faisait partie de La liste de mes envies à moi depuis longtemps. Plus d'une décennie nous sépare de la première parution et malgré cette longue attente, je ne suis pas déçue. Le récit est galant, vif, sans complexe avec un trait d'humour. Nous entrons dans les pensées intimes et romantiques et romanesques de la narratrice. Nous partageons avec elle ses appréhensions, ses peines et ses joies. Pour ma part, ma lecture fut divertissante et bouclée en quelques heures. Cela fait longtemps que je n'ai pas dévoré un livre de la sorte. Cette première découverte de l'auteur ne sera certainement pas la dernière, c'est promis. + À lire si comme moi, vous êtes friands des récits appliqués mais sans prise de tête.
Le 5 avril, 2023 - 17:48
Qu'est-ce qu'une somme humaine ? Lu et approuvé sur aikadeliredelire.com En additionnant vicissitudes, tragédie et poésie, on obtient une somme humaine. À travers ce cahier grandiose, la narratrice dont on ne connaîtra jamais le nom, depuis l'au-delà, nous livre, en somme, la tragédie que fût son existence sur cette Terre. Cette si jeune existence à laquelle elle mit fin en se jetant sous la rame d'un métro, sous l'effet du désespoir dévorant et de la misère affective qui la mine intérieurement depuis toujours. Cette voix nous raconte son enfance dans un village désuet, aux mœurs d'un temps révolu et perdu dans l'une de nos campagnes française, au sein d'une famille aisée mais toxique: père absent et effacé, mère égoïste et indifférente, oncle dominateur et prédateur sexuel. Sa grand-mère fait figure d'exception. Cette toxicité se confirme davantage le jour où à peine adolescente, elle subit un viol perpétré par son oncle dans la mesure où elle se confiera à sa mère qui ne la croira jamais, préférant rester dans le déni et la rendant coupable de vouloir entacher leur réputation et de leur gâcher la vie. À sa majorité, elle quitte enfin ce simulacre de vie familiale à la campagne pour étudier à Paris avec l'aspiration de se construire un présent acceptable et un avenir meilleur. Paris, la Ville des Lumières, pour revivre, se projeter. Notre héroïne y trouvera l'amour pour ensuite le perdre et ainsi s'engouffrer dans une spirale infernale dont la mort lui paraîtra in fine comme l'ultime délivrance. Pour ma part, c'est un destin cruel sous la forme d'une prose titanesque sans majuscule, exceptés les noms propres, ni point ni guillemets. Le tour de force magistral se situe dans la fluidité du récit malgré cette volontaire contrainte de rédaction : le texte est expressif, rythmé par les chapitres et la poésie tandis que le registre employé est tantôt trivial, tantôt lyrique. Malgré l'art et la manière, ce chef-d'œuvre grandiose me laisse mi-figue mi-raisin. Il est d'usage que les tragédies que l'on raconte servent de rêve ou de mise en garde. Fort heureusement, Une somme humaine n'échappe pas à ce lieu commun. À mon humble avis, c'est le seul "prix de consolation" de ce destin cruel conté par cette voix outre-tombe. L'histoire est à mon goût, trop déchirante pour s'en enthousiasmer davantage: l'on en ressort avec des images spectrales d'angoisse, de désespoir, de solitude et de mélancolie. À lire si vous aimez les longs récits racontés avec lyrisme et qu'entrevoir les vices de notre humanité ne vous effarouche pas. Âmes candides, passez votre chemin.
Le 14 mars, 2023 - 05:42
Ça se passe comme ça en salle !! Lu et approuvé sur aikadeliredelire.com https://www.aikadeliredelire.com/2023/03/lu-approuve-en-salle-de-claire-... Pour ma part, ce roman se veut largement autobiographique. Dans le premier récit, des souvenirs de famille, des petits bonheurs simples et des tracas y font la part belle sur fond tragi-comique. Le second récit est riche en descriptions et jargons propres aux enseignes de restauration rapide. Plus qu'un langage technique, il est question d'un dialecte managérial majoritairement anglicisé. D'une certaine façon, l'histoire met en lumière la toxicité de certaines méthodes de gestion appliquées comme il est d'usage dans ce type d'établissement. Par exemple, lorsque la manager, la 'mana', en plus de réprimander son équipière devant tout le monde, jette sa glace par terre. Bien que le geste soit anodin (ou pas!!) cela laisse des traces. Pas que sur le carrelage. À lire si vous voulez vivre une expérience professionnelle dans une enseigne de restauration rapide comme si vous y étiez :-)
Le 14 mars, 2023 - 05:39
Mieux vaut être seul.e que mal accompagné.e! Lu et approuvé sur aikadeliredelire.com https://www.aikadeliredelire.com/2023/03/lu-en-couple-avec-moi-meme-de-m... Mariez-vous et ayez beaucoup d'enfants qu'ils ont dit. Cet essai de trois chapitres est un point de vue perspicace ouvrant notre esprit sur la solitude en général et le célibat en particulier. D'une écriture agile et sagace, l'auteure soulève tous les détails triviaux de la vie en couple, le meilleur comme le pire ainsi que les affres de la vie célibataire pour tout remettre en question et s'interroger de leur sens à notre époque. Il en découle in fine un profil hybride, original et ô combien réaliste: être en couple avec soi-même. S'aimer soi-même en sa propre compagnie sans être égoïste ni narcissique encore moins schizophrène. C'est tout à fait possible et cela est d'ailleurs nécessaire pour ne pas devenir vulnérable et tomber dans la dépendance affective ou relationnelle. Dans une société où le mariage et la famille sont des institutions fondamentales et des valeurs marketing que reste-t-il aux célibataires et aux personnes vivant seules? Que l'on se garde de juger celles et ceux qui prennent la liberté de s'affranchir du qu'en dira-t-on et déclarent haut et fort " Je suis en couple avec moi-même". À lire pour déconstruire le diktat du couple et voir le célibat d'un nouvel œil. À fuir si vous vous confortez dans le traditionnel "ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants".
Le 27 février, 2023 - 05:54
Se reconstruire et se réinventer après le burn-out! Clara est une jeune femme au profil gagnant : dynamique, compétente et qui se donne tous les moyens de réussir ; des costumes trois pièces, un agenda bien rempli, un important portefeuille de clients, une organisation sans faille, une disponibilité à toute épreuve. Son métier ? Vendre de l'argent. Clara est conseillère de clientèle dans une agence de crédit. Au fil de sa carrière, en plus d'horaires élastiques et de responsabilités à rallonges, Clara gagne la reconnaissance de ses pairs: au bureau, on la surnomme "Carabosse", dans le bon sens du terme suppose-t-on puisqu'il s'agit d'un gentil jeu de mots entre collègues... Et ce n'est certainement pas son compagnon Thomas qui s'aventurera à entraver ses ambitions professionnelles. Quant au reste de la famille, et bien Clara gagne très bien sa vie, il n'y a donc rien à désapprouver. Dans le domaine de Clara, pour évoluer et s'épanouir, la règle d'or est de toujours faire plus : plus de chiffres, plus de responsabilités quitte à sacrifier son temps libre et donner de sa personne lorsque la situation le requiert. Vendre de l'argent et aimanter le profit n'est jamais chose simple: chaque dossier traité ou en cours est l'aboutissement de calculs complexifiés et de manipulations parfois inscrupuleuses. Comme ce matin là. Juste après avoir conclu un prêt à la consommation avec un couple âgé, elle craque et s'évanouit au travail. L'urgence passée, demeure la question inéluctable : et maintenant ? À travers un récit tourbillonnant, entre le passé et le présent, un texte mélancolique et quelques éclaircies poétiques, la vie de Clara illustre la genèse d'un burn-out professionnel et comment vivre et se réinventer après un tel brisement. Ce roman interroge également sur la considération de la vocation professionnelle. Les réelles questions à se poser lorsque le simple fait de se rendre au travail se transforme en calvaire et que l'atmosphère y devient délétère. L'on voit ici à quel point il est dérisoire de persévérer dans un métier dont on ne perçoit plus le sens, dans une profession contraire à ses convictions et valeurs profondes. Pour ma part, bien qu'il s'agisse d'une fiction, l'histoire de Clara m'a passionnée dans la mesure où, très subjectivement, j'ai déjà connu, dans mon entourage, quelqu'un comme Clara... Coup de cœur. Lu et Approuvé sur aikadeliredelire.com https://www.aikadeliredelire.com/2023/02/lu-approuve-ce-matin-la-de-gael...
Le 16 février, 2023 - 10:29
Les tabous de l'hypersensibilité et de la dépression post-partum. Le récit commence par cet aveu: "À partir d'aujourd'hui, je peux bien écrire la neuvième symphonie, sauver la planète d'une troisième guerre mondiale ou inventer le vaccin contre le sida, on ne retiendra de moi que cet acte innommable : j'ai abandonné mon bébé, toi, mon minuscule amour aux joues si douces. Puisses-tu un jour me pardonner." Nous entrons dans la vie typique et rythmée d'un couple actuel à Paris. Elle, Claire, est community manager pour une maison d'édition et lui, Thomas, a une belle carrière de chef cuisinier devant lui. Un jour, un heureux évènement qui va changer leur vie : Claire porte dans son ventre la "Coquillette" et Thomas est aux anges. Au terme de neuf mois de félicité, arrive enfin la naissance de la petite Marine. Claire et Thomas sont des parents comblés. La famille et les proches sont émerveillés et aux petits soins. Mais au fil des semaines, une ombre s'installe dans le quotidien de Claire et l'aveugle au point de l'empêcher d'apprécier son bonheur. Cette angoisse finit par la conduire à l'aéroport, bien déterminée à prendre le prochain avion à destination de l'autre bout du monde. Au fil des pages, vous découvrirez autour de Claire une myriade de personnages dont les rôles sont insoupçonnés de prime abord: Éléanore, Océane, Éva, Catherine, Alain... Pour ma part, ce récit illustre complètement le baby blues, euphémisme emprunt de douceur pour désigner la détresse post partum qui est une réalité tellement intime qu'il est encore tabou de nos jours. En effet, pendant neuf mois, au creux de son ventre, la maman a un lien exclusif et privilégié avec son bébé. Il arrive donc que la maman ressente un vide existentiel immense après l'accouchement. Ce vide se creuse avec les nouvelles charges de travail liées à la maternité : allaitement, soins, endormissement du nouveau-né et j'en passe. Sans compter tout le stress que cela génère et la terreur de ne pas se sentir à la hauteur. S'il y a bien une leçon à retenir à travers cette histoire, elle s'adresse aux jeunes parents : parfois, il est plus simple d'accepter un peu d'aide avant que tout n'explose. Et mine de rien, vous réaliserez qu' il s'agit aussi d'une histoire sur l'hypersensibilité qui, en fardeau ou en don, est cette propension à tout ressentir à l'infini, comme évoquée en exergue par la citation de Gustave Flaubert : "Je suis doué d'une sensibilité absurde, ce qui érafle les autres me déchire." Ce fut une très belle histoire, facile à lire et semée de nombreuses leçons de vie utiles surtout si l'on se sent éternel.l.e débutant.e dans la vie de parents. Lu et approuvé sur aikadeliredelire.com https://www.aikadeliredelire.com/2023/02/lu-et-approuve-ainsi-gelent-les...
Le 12 février, 2023 - 16:53
Un peu comme dans la chanson d'Obispo "Mourir demain"? Adrien Venel, pour des raisons qui lui sont propres, est convaincu qu'il a la poisse. Afin de conjurer la malchance et d'anticiper tous les risques de l'existence, il choisit de faire carrière dans la probabilité et devient un statisticien de grande renommée. Mais tout bascule à la suite du diagnostic confirmé par son médecin et ami Darshan: Adrien a le syndrome d'Emerson, une maladie rare et incurable. À partir de maintenant, le temps lui est compté et il ne lui reste que quelques semaines à vivre. D'après les statistiques, la probabilité que cette maladie vous arrive est d'une chance sur un milliard... Face à la fatalité, Adrien décide de ne rien révéler de son état à ses proches, pas même à son meilleur ami de toujours Nico. Sa priorité est davantage de mettre de l'ordre dans ses affaires et régler certaines choses afin de préparer son départ. Dans sa détresse, il n'a de pensées que pour son ex Cassandra qu'il entreprend de reconquérir deux ans après leur rupture. Mais avant cela, il a besoin de reprendre contact avec celles et ceux à qui, d'une manière ou d'une autre, il en doit une. Dans cette course contre le temps, Adrien nous embarque dans sa "tournée d'adieu" comme évoqué dans le récit: une fresque de toutes les personnes qui l'ont inspiré et compté pour lui de près ou de loin. Nous partons à la rencontre de certains proches dont il n'avait plus eu de contact depuis des lustres pour la plupart. Nous aurons également le loisir de faire de nouvelles connaissances mais surtout de revoir sous un nouveau jour celles et ceux que l'on croyait connaître... À travers cette odyssée tantôt bouleversante et tantôt rocambolesque lorsque flanqué de son pote Nico, joyeux luron et mime à ses heures, Adrien vit ces instants sans regrets ni faux semblants avec la pleine conscience que ce sont les derniers. Un roman sur la résilience face au temps qu'il nous reste sur terre, la trace que l'on veut laisser et les souvenirs que l'on veut emporter. Sans oublier la valeur de l'amitié dans des moments difficiles. À travers votre lecture, vous comprendrez le moment venu la référence du raton laveur qui s'accroche à une branche que l'on voit en première de couverture. De plus, malgré la gravité du sujet, certains passages sont pour le moins complètement hilarants. L'on reconnaît là bien la patte de l'auteur. Pour ma part, c'est la première fois que je lis cet auteur et mon petit doigt me dit que ce n'est que le commencement. https://www.aikadeliredelire.com/2023/02/lu-et-approuve-une-chance-sur-u...
Le 12 février, 2023 - 16:45
David l'Amazonie VS Goliath Texaco Cette œuvre parle du combat judiciaire des peuples amazoniens contre Texaco-Chevron qui a exploité du pétrole au cœur de l'Amazonie équatoriale de 1962 à 1993, soit pendant près de trois décennies. C'est le récit de Pablo Fajardo, avocat inclassable et militant qui a consacré sa vie à s'opposer contre Texaco- Chevron et ses conséquences dévastatrices environnementales et sanitaires et à exiger justice et réparation au noms des peuples amazoniens. Cet album est un média accessible à tous permettant d'alerter l'opinion publique des suites de cette catastrophe et véhicule avant tout un message, un idéal d'espoir : le combat de David contre Goliath, référence biblique et métaphore pour désigner la résistance opiniâtre des plus petits face à l'oppression des plus grands. À travers une écriture manuscrite et des dessins esquissés aux couleurs flamboyantes, rappelant le courant impressionniste comme dans les tableaux de Van Gogh, en l'occurrence La nuit étoilée au bord du Rhône, le sujet hautement gravissime de la pollution pétrolière et de l'impunité des acteurs est traité dans une dimension concrète: à une échelle proche, accessible, humaine. Pour ma part c'est une œuvre d'art majeur qui m'a permis de découvrir d'urgence cette cause. Je recommande. https://www.aikadeliredelire.com/2023/02/la-vie-en-bulles-lu-et-approuve...
Le 6 février, 2023 - 08:33
Adrien Venel, pour des raisons qui lui sont propres, est convaincu qu'il a la poisse. Afin de conjurer la malchance et d'anticiper tous les risques de l'existence, il choisit de faire carrière dans la probabilité et devient un statisticien de grande renommée. Mais tout bascule à la suite du diagnostic confirmé par son médecin et ami Darshan: Adrien a le syndrome d'Emerson, une maladie rare et incurable. À partir de maintenant, le temps lui est compté et il ne lui reste que quelques semaines à vivre. D'après les statistiques, la probabilité que cette maladie vous arrive est d'une chance sur un milliard... Face à la fatalité, Adrien décide de ne rien révéler de son état à ses proches, pas même à son meilleur ami de toujours Nico. Sa priorité est davantage de mettre de l'ordre dans ses affaires et régler certaines choses afin de préparer son départ. Dans sa détresse, il n'a de pensées que pour son ex Cassandra qu'il entreprend de reconquérir deux ans après leur rupture. Mais avant cela, il a besoin de reprendre contact avec celles et ceux à qui, d'une manière ou d'une autre, il en doit une. Dans cette course contre le temps, Adrien nous embarque dans sa "tournée d'adieu" comme évoqué dans le récit: une fresque de toutes les personnes qui l'ont inspiré et compté pour lui de près ou de loin. Nous partons à la rencontre de certains proches dont il n'avait plus eu de contact depuis des lustres pour la plupart. Nous aurons également le loisir de faire de nouvelles connaissances mais surtout de revoir sous un nouveau jour celles et ceux que l'on croyait connaître... À travers cette odyssée tantôt bouleversante et tantôt rocambolesque lorsque flanqué de son pote Nico, joyeux luron et mime à ses heures, Adrien vit ces instants sans regrets ni faux semblants avec la pleine conscience que ce sont les derniers. Un roman sur la résilience face au temps qu'il nous reste sur terre, la trace que l'on veut laisser et les souvenirs que l'on veut emporter. Sans oublier la valeur de l'amitié dans des moments difficiles. À travers votre lecture, vous comprendrez le moment venu la référence du raton laveur qui s'accroche à une branche que l'on voit en première de couverture. De plus, malgré la gravité du sujet, certains passages sont pour le moins complètement hilarants. L'on reconnaît là bien la patte de l'auteur. Pour ma part, c'est la première fois que je lis cet auteur et mon petit doigt me dit que ce n'est que le commencement.
Le 25 janvier, 2023 - 12:14

Vendre et acheter la Tour Eiffel : Le pourquoi du comment.

Thomas est un homme qui doute de nature. Aujourd’hui père de famille séparé de sa conjointe et au chômage après avoir travaillé deux décennies dans la pub, il s’interroge sérieusement et tente, bon gré mal gré, de trouver des réponses. Surtout le jour où son fils lui demande en guise de devoir pour l’école de retracer son arbre généalogique. Cet évènement le ramène à sa propre expérience enfant, trente ans plus tôt, où il apprit que son arrière-grand-père, dans les années vingt, a fait l’acquisition de la Tour Eiffel. Histoire vraie ? Thomas se dit que le moment est venu d’en avoir le cœur net.

Bien que le narrateur nous emmène avec lui parcourir à pied, en train ou en voiturette tous les chemins de Marennes et de Paris, L’invention de l’histoire est une quête avant tout introspective. L’heure est venue pour lui de remettre en question sa croyance depuis toujours : sa famille a-t-elle vraiment acheté la Tour Eiffel à ce Victor Lustig, mondialement connu comme « l’homme qui vendit la Tour Eiffel » et le plus grand arnaqueur de son siècle? À ce sujet, vaste est le questionnement de l’homme qui doute...

À travers les joies, les peines et les autodérisions de Thomas et animé par la franche camaraderie de sa médiathèque, quartier général et haut-lieu de ses investigations, ce livre est tout simplement drôle. Et l’on comprend à la fin le pourquoi du comment vendre et acheter la Dame de Fer de Paris.

Pour ma part, j’ai beaucoup ri. Je recommande.

Le 18 janvier, 2023 - 11:44

Le roman d’un adieu aux lieux de l’enfance.

La maison familiale située Chemin du Péré au bord de la Charente,à quelques encablures de l’océan, où les enfants avaient pour habitude de passer les vacances , est vendue. Aujourd’hui est la dernière occasion de la visiter avant que n’y aménagent les nouveaux acquéreurs.

Lors de cette excursion, la narratrice, sans jamais se nommer, nous raconte les souvenirs heureux des lieux de son enfance.

À ses côtés, nous revisitons tous les recoins du domaine : la bâtisse, le jardin, le poulailler… avec immanquablement une anecdote amusante en réserve.

Arrive ensuite le moment de regarder les albums aux photographies anciennes. À la vue de ces images et de ces portraits, elle se remémore l’histoire de ses grand-parents Valentino et Giacomina arrivés en France depuis l’Italie dans les années quarante. Braves et travailleurs, le Nonno et la Nonna sont le socle de la famille. Ils ont eu quatre enfants et tous ont été naturalisés français.

Enfin nous partons en exploration en direction de l’Avenue de l’Île Madame. Sur place, nous découvrons le fort Lupin et autres lieux historiques d’une lumière différente. À la manière d’une guide, la narratrice nous explique le passé de ces lieux qu’on appelle le mur de l’Atlantique.

En toute aisance et confidence, Olivia Ressenterra nous transporte vers des endroits et des lieux-dits aux noms pittoresques et parfois méconnus. Le mur de l’Atlantique raconte le pèlerinage de la narratrice et, entre les lignes, la nostalgie du bonheur simple et rustique. Avec pléthore d’images et détails à foison, ce roman est un tendre hommage à la mémoire de ses grands-parents et à sa famille. Je recommande chaleureusement.

Le 14 novembre, 2022 - 20:23

Numéro deux ou d’après moi « à la poursuite du rôle perdu ».

David Foenkinos nous raconte dans cette fiction romanesque, de sa plume originale dont il a le secret, l’histoire d’un certain Martin Hill. Mais d’abord qui est Martin Hill ? Serait-il une grande célébrité du cinéma? Une superstar de la musique ? Un artiste plasticien contemporain au sommet de son art ? Que nenni. Martin Hill est tout simplement le candidat malheureux à la sélection finale pour le rôle… d’Harry Potter. En effet, comme le monde entier ne l’ignore pas, l’enfant sorcier grandissant dans l’univers fantastique de J.K Rowling est interprété par l’acteur Daniel Radcliffe.

Ce livre raconte pour ainsi dire les circonstances de ce casting crucial et l’histoire de ce garçonnet dont le destin bascula dans l’ombre en 1999 à la suite de cette audition manquée. Tandis qu’Harry Potter, sous les traits de Daniel Radcliffe, devient un succès cinématographique et commercial, Martin grandit avec la certitude d’avoir fondamentalement raté l’opportunité et échoué son destin. Cette amertume devient l’origine de son manque d’assurance. Cette angoisse perpétuelle l’empêche littéralement de s’épanouir et d’avancer. Sans compter les vicissitudes d’ordre familial qu’il rencontrera.

Impossible de ne pas éprouver de l’empathie pour Martin Hill. À travers son récit, l’auteur met en exergue une société où les perdants n’ont pas droit de cité et sont condamnés à vivre le reste de leurs jours exclus dans la honte et le mépris. Cela s’adresse à nous qui avons été, un jour ou l’autre, devancé, dépassé, désillusionné, rejeté bref Numéro deux. Mais par bonheur, le salut existe. Il demeure dans l’amour, le partage et l’humanité.

Un héros inoubliable au destin fortuit décrit par le romancier avec délicatesse, en toute finesse, à la manière d’une aquarelle. Numéro deux est un roman incontournable à lire sans la moindre hésitation .

 

Le 14 novembre, 2022 - 14:08

Il était une fois une fillette abandonnée qu'on appelait "la Fille des marais"...
Le premier roman de fiction de la zoologiste de renommée Délia Owen nous transporte au cœur de l'Amérique profonde des marécages à travers le portrait naturaliste d'une héroïne pas comme les autres.
L'histoire commence vers 1950 dans l'état de la Caroline du Nord, dans la petite ville de Barkley Cove au sein d'une famille vivant dans une cabane au beau milieu du marais côtier.
Il s'agit de la famille Clark. Il y a Pa, vétéran de la seconde guerre mondiale. Blessé à la jambe, il est devenu inapte au combat et touche une maigre pension depuis. Puis il y a Ma, s'occupant du foyer et des enfants. Elle a choisi de quitter la vie citadine ainsi que sa famille aisée pour vivre avec son mari à Barkley Cove. Enfin, il y a les cinq enfants, dont la petite dernière Kya alors âgée de 7ans.
Le cauchemar commence lorsque Pa se met à "taquiner la bouteille" pour n'être rien de plus qu'un mari violent et cruel envers les siens. Face aux sévices et aux coups, Ma tomba en dépression et se retira, à proprement parler, de son rôle de mère en quittant Barkley Cove sans se retourner. Ce fut alors le début de la fin : les enfants, presque tous adultes, abandonnèrent également les lieux. Tous sauf Kya, qui ,encore trop jeune pour comprendre ce qui arrive, resta avec son père.
Au début, plus ou moins solidaires face à l'abandon, ils restèrent ensemble tant bien que mal.
Enfin, un beau jour, Pa disparu à son tour sans laisser la moindre trace. C'est ainsi que Kya se retrouva seule face à son destin.
Comment grandir et se (re)construire seule avec pour seule ressource une nature infiniment sauvage ?
Comment échapper aux services sociaux et aux préjugés des gens de la ville ?
Comment choisir la solitude d'un marais plutôt que l'étouffement d'une vie citadine avec ses codes et ses convenances?
Comment retrouver la confiance après avoir vécu la trahison de l'abandon ?
Ainsi commence le récit de notre héroïne mais l'histoire ne s'arrête pas là. Le récit est raconté en deux temps, le temps de l'enfance et le temps de l'enquête. Là -dessus, je ne vous en dit pas plus et vous laisse le découvrir au fil du roman.
Ce roman est un chef-d'œuvre foisonnant de détails psychologiques, poétiques, paysagistes, botaniques, animaliers et parfois... culinaires (certains passages sont littéralement savoureux!).
C'est un roman multipolaire dans le sens où plusieurs fronts sont traités.
Tout d'abord, il s'agit de l'illustration de la pression sociale propre aux petites villes du temps de la ségrégation raciale (avant la loi de 1964) où tout le monde redoute de fréquenter les Noirs et "la racaille des marais"; où il est de bon ton de se soucier du "qu'en dira-t-on". C'est encore le temps de l'obscurantisme, de l'étroitesse d'esprit et des préjugés.
Ensuite, l'histoire est le manifeste de la liberté de vivre en marge du système. En effet d'autres univers existent au-delà de la ville, de ses gens et de ses contraintes, et l'amour sincère est possible delà des liens de parenté et de la nécessité primitive de se reproduire.
C'est également le roman initiatique. Nous assistons à la transformation d'une jeune fille en femme digne, indépendante et assoiffée de connaissances.
Enfin c'est une ode à la vie sauvage et à la préservation des marécages contre leur assèchement et l'exploitation immobilière. Délia Owen y décrit habilement l'écosystème fragile des marais, le rôle et l'importance de chaque être vivant, animal ou végétal, en ce lieu si particulier.
Ce roman best-seller a dernièrement été adapté au cinéma. Là où chantent les écrevisses est un conte d'apprentissage, d'indépendance et de liberté. 

Le 13 novembre, 2022 - 16:51
L'homme qui danse par Victor Jestin ou d'après moi, l'allégorie de la solitude en boîte de nuit. En effet il s'agit du récit d'Arthur, célibataire sans enfant, aujourd'hui la franche quarantaine et depuis toujours attaché à son paradis, La Plage. La Plage est une boîte de nuit. Tout porte à croire qu'Arthur s'acharne à y chercher bonheur sans comprendre que "la nuit tous les chats sont gris"... En effet, au fil des décennies, ses nuits se suivent et se ressemblent. C'est une navrante histoire que celle d'Arthur; elle ressemble presque à une fable, celle du clubber qui rêve de simplement trouver l'amour. Pour ainsi dire que cette œuvre de fiction n'est pas invraisemblable surtout dans notre actuelle époque numérisée et dématérialisée. La plume de Victor Jestin est nette et précise tout particulièrement si vous êtes friands de récits de vie, c'est un texte fluide et réaliste. Difficile de ne pas compatir aux chagrins et peines d'Arthur. Car après tout, ce personnage nous rappelle quelqu'un que nous connaissons bien, que nous avons connu autrefois... ou nous rappelle nous-même? C'est un très bon livre dont la lecture est enthousiasmante; je recommande. Littérairement vôtre, Aïkà

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