Autofiction

Muguette Bailet ou l’écriture thérapeutique

Muguette Bailet a découvert l'écriture pour dépasser certaines épreuves de la vie. Un processus autant littéraire que thérapeutique. Auteure éditée chez Evidence, elle nous parle de son chemin de résilience, nourri d'autofiction et de références historiques.

"Ce chemin boisé qui mène je ne sais où...?"... Une photo choisie par Muguette Bailet pour définir le mystère de l'écriture

Légende photo : "Ce chemin boisé qui mène je ne sais où...?"... Une photo choisie par Muguette Bailet pour définir le mystère de l'écriture.

Vous écrivez des romans de genres différents, dans des cadres différents pour des motifs différents…Comment vous est venue l’envie d’écrire?

Muguette Bailet : Lorsque j’ai commencé à écrire mon premier roman, c’était en 1985 à la suite à un drame personnel, un accident de voiture, dont mon fils a été victime pendant son service militaire. A cette époque, je travaillais en milieu hospitalier. Ne trouvant pas le repos, ne dormant pas, ne pouvant rien faire que d’attendre, les souvenirs douloureux de mon enfance ont refait surface. Je savais  qu’un jour j’écrirais mon histoire familiale. Il m’a fallu cinq ans pour mettre bout à bout tous ces événements.
Après avoir écrit cette autobiographie,  je me suis sentie apaisée, libérée de ce stress qui m’oppressait depuis des années, puisque mon fils se remettait doucement de son accident. Même si je donnais l’illusion d’une vie (normale), il y avait toujours en moi ce passé violé. Le besoin d’écrire était très fort, il me fallait partir à sa recherche. J’avais des idées, même plusieurs, mais laquelle écrire ?

Quelle a été votre nouvelle inspiration ?

-M.B. : Est arrivé cet évènement en 1997, ce drame qui a ému le monde entier : l’accident de la princesse Diana. Bizarrement, le jour de sa mort je me trouvais hospitalisée pour une phlébite, suivie d’une embolie pulmonaire. Pendant ma perte de connaissance, j’ai eu une vision. 
Ayant échappé à la mort, j’ai pris mon retour à la vie comme un message venant de cette apparition. C’est alors que l’idée a germé d’écrire ce premier conte de fées qui lui est dédié. Je l’ai publié à compte d’auteur en 2002, envoyé un exemplaire à ses fils dont j’ai reçu une réponse. Aujourd’hui le tome est achevé, et j’en ai commencé un troisième. Peut-être seront-ils un jour édités… ?  
Cela m’a encouragée à poursuivre l’écriture,  avec cette fois d’autres souvenirs, dont j’ai été témoin dans mon département, concernant les incendies dans cette région et dans d’autres, qu’elles subissent chaque année. Ce roman, au-delà de la fiction, relate des faits réels survenus en France, mais aussi en Amérique.  C’est aussi une belle histoire d’amour entre une infirmière et un pompier. C’est un hommage que je leur rends et dont j’ai envoyé un exemplaire aux pompiers de Paris publié en 2003. Puis je me suis lancée dans la seconde partie de mon autobiographie, et le second tome du conte de fées.

L'écriture, pour vous ...

Je ne peux m’imaginer arrêter d’écrire. L’écriture a toujours été ma passion, mais avoir trois enfants, un mari et travailler, ne m’en laissée guère le temps. Aujourd’hui la vie me permet de poursuivre.

Pouvez-vous nous parler d'Été 1944 sous la caresse du Mistral édité aux éditions Evidence ?  En quoi pour vous, il est important de se référer à un socle historique, autobiographique pour construire une fiction ?

-M.B. : Cette histoire et cette période ne pourront jamais s’effacer, car je la vis et la subis chaque jour. Je ne la considère pas comme une autofiction, car tous les événements sont réels. J’ai seulement intégré dans mon histoire, le parcours d’une partie de ma vie d’enfant, d’adolescente, puis de femme au travers de mes rencontres amoureuses. La chronologie est fausse donc.  

Comment les contours de vos souvenirs sont-ils si précis ? De la mémoire familiale ?De la documentation ? De l’imagination ?

-M.B. : Lorsqu’on voit sans savoir pourquoi souffrent ceux qui vous sont proches, il arrive un moment où l’on se pose de nombreuses questions ? Ce comment que je voyais au quotidien, cette blessure dont je ne connaissais pas l’origine (un accident domestique lié à la guerre).  J’étais confrontée à une réalité dans le secret. Comment franchir cette frontière pour le faire tomber. Il m’a fallu grandir un peu pour apprendre le pourquoi et le comment. Il est évident que tout m’a été relaté par la famille, je n’avais aucun besoin de documentation, je le vivais chaque jour. Il y a bien sûr l’imagination, car l’écriture c’est aussi ça. C’est pourquoi j’ai imaginé ce qu’aurait pu être ma vie sans ces drames. Cette guerre a détruit toute une famille, la mienne ; elle a ôté toutes chances d’une autre vie, d’un autre destin.

Nombre de drames sont à l’origine de ce roman. En quoi celui ci est il une thérapie ? Jugez-vous le résultat positif ?

-M.B. : J’avais 8 ans lorsque je me suis mise à harceler ma mère ; mon père ayant déserté la maison. Lorsqu’il était encore avec nous, ce sujet était « tabou », cela restait un secret de famille. Les réponses étaient difficiles à formuler par ma mère, car ces souvenirs lui étaient douloureux, je n’en avais que des bribes. Au fil du temps, j’ai mis un nom sur nos blessures, surtout les plus graves. C’est alors que j’ai compris, le rôle qu’il me faudrait jouer...  

Par cette vie, j’ai dû souvent serrer les dents, prendre aussi des initiatives, me construire une carapace combattre la bêtise humaine. Je n’ai jamais baissé les bras pendant ces longues années d’incertitudes, même si parfois j’en avais envie. Ce nouveau coup du sort m’a un moment abattue, mais très vite j’ai rebondi.  Je peux dire aujourd’hui que l’écriture m’a beaucoup aidée, elle m’aide encore à surmonter les épreuves que la vie nous envoi, encore maintenant.  

L'écriture, un chemin...

-M.B. : J’ai parfois l’impression de n’avoir connu que ce chemin, qu’il me poursuit comme un aimant qui ne veut pas me lâcher.  C’est que je raconte dans un autre ouvrage qui se trouve sur monBestSeller.

Si les lecteurs lisent mon livre, ils comprendront que je n’avais que cette voie de l’écriture pour faire face à ces drames.
Puis est arrivé le temps de panser ses plaies, je devais reprendre le cours de ma vie, aider mon fils après trois années d’épreuves difficiles. C’est pourquoi je me suis relancée dans l’écriture en changeant totalement de direction littéraire. Il me fallait passer à autre chose. 

Le secret de famille, le maquillage de la vérité est un des thèmes centraux.  Pouvez-vous nous en dire plus…?

-M.B. : Je suis fière d’avoir réussi à faire tomber ce « tabou » qui me cachait cette vérité, dont j’ai compris plus tard qu’elle était humaine. J’ai mis longtemps à dépasser les épreuves qui s’en sont suivies, pour enfin pouvoir me construire. J’aurais bien voulu que cette vérité soit une fiction, mais hélas !  J’ai dû arrondir les angles, donner un peu de rêve pour les besoins de sa lecture, je pense avoir réussi.

En quelques mots les étapes, les chances pour accéder à l’édition ?

-M.B. : Après avoir achevé mon  histoire familiale, je ne pensais pas du tout à l’édition, c’était ma vie, celle de ma famille, je l’ai écrite dans un contexte dramatique personnel, je voulais juste que mes enfants la connaissent. Mais l’envie d’écrire était la plus forte.  Puis un jour, après avoir fait lire ce premier ouvrage à mes enfants, ils m’ont encouragée à envoyer ce premier manuscrit à un éditeur Niçois. Ce qui m’a conduite sur le chemin de l’édition à compte d’auteur, de 2000 à 2003.
Ma première chance, je la dois à l’équipe du chanteur « Patrick Fiori », dont j’admire le talent. Je faisais partie de ses fans. Je leur ai fait parvenir un exemplaire de mon livre. C’est alors qu’ils m’ont offert un sympathique « coup de cœur » en le présentant sur leur site. Grâce à eux, ils ont tous été vendus, achetés par les fans. J’ai toujours avec moi leurs lettres, leurs citations, leurs petits cadeaux. Je les ai plusieurs fois rencontrés, fait des sorties avec eux, pour aller voir Patrick dans ses tournées. J’ai lié des liens d’amitiés. Même si aujourd’hui on c’est un peu éloigné, je les garde dans mon cœur, car je sais qu’ils attendent la seconde partie, qu’ils m’ont réclamée tant de fois. Je n’ai pas pu leur donné ce plaisir, mais j’ai fini par l’écrire.
Après  l’expérience de l’autoédition, j’ai essayé les éditeurs conventionnels (les meilleurs) à ce qu’on dit… J’ai dû envoyer plus d’une centaine de manuscrits à divers éditeurs parisiens, sans réponses positives. Je mettrais un jour sur papier tous leurs courriers conservés.

La suite ?

-M.B. : Aujourd’hui je fais le bilan. Il a été long, difficile, douloureux, je n’ai pas gagné la guerre, mais j’ai gagné une bataille. Ce premier livre trouvera, je l’espère, une écoute. Porteur d’espoir, il est aussi porteur d’espoir pour une association de scolarisation dont je fais partie depuis plus de trois ans « Générations Mouvement ». Pourquoi j’en parle : La fin de mon livre s’achève bizarrement à Madagascar, alors qu’en 2000, je ne connaissais pas cette île.  «  ASAMada » est une ville de Madagascar. Nous œuvrons pour les enfants de ce pays afin qu’ils puissent aller à l’école. C’est pourquoi je leur ai annoncé, ainsi que sur monBestSeller d’offrir 1€ sur chaque vente de ce livre et sur le numérique.  Solidarité Action Madagascar 2017.

>3 livres de Muguette Bailet à ne pas rater :
   >>Pauline face à son destin de fée
   >>La marche des charognards
    >>Eté 44, sous la caresse du Mistral

>En savoir plus sur Muguette Bailet sur monBestSeller

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