Figures de guerre

"- Nous, on violait, on pillait. Après, on mettait le feu dans les maisons.- Il y avait des gens, dedans? - Oui, souvent.- Avez-vous quelque chose à ajouter? - Oui. J'ai quelque chose à ajouter. La souffrance m'est devenue un pain d'amertume."

Les preuves De lui disparu, rien. Pas une nuit, pas un jour, pas une heure, pas une seconde pourtantsans lui. Combien de fois remuer ciel, terre et cendres. Chercher sa tracepartout demander, déchirer l'oubli. Personne pour écouter des cris--- Chercher. Savoir imaginer seule le lieu et le temps du désastre.  Il n'y a pas de corps.  Prononcer son nom très bas, parce qu'il est là, tout prèsvraiment juste à côté, mais invisible et sans paroles. Un jour, son corps est retrouvé, et les derniers vêtements.Ce sont les siens, ces tissus raides...

"Tant qu'existent les autres motscette possibilité de tous les autres ou seulement leur ombre à dire,une place vacante qui attend d'être prise. Pas ceux que tu appelles. Des squelettes, les seuls à se faufiler, moins intenses que la chair. Pardonne-moi. Ceux-là, si pauvres, sont des survivants. Ils n'ont trouvé que moi. Je pourrais les étouffer, les réduire encore. Poussière. Ils traversent, secs, tous les exils.  Ces résistants.  Translucides, rompus aux guerresla lecture de l'empreinte adverse. Rien d'inhumain rien...