L'art nous détourne-t-il de la réalité ?

  • Année de publication : 2017
  • Genres :
    Bande dessinée
    Beau Livre
    Essai
    Littérature Française
    Scolaire du primaire au lycée
    Policier &suspense
    Science Fiction
  • Nombre de page : pages
  • Prix éditeur : 1,99
  • ISBN : B06XW2WX3D
  • Source : Amazon

Résumé

Introduction [extraits]

« Ce qui fait l'être véritable de l’œuvre d'art, c'est qu'elle devient l'expérience qui métamorphose celui qui la fait », écrit Gadamer dans la première partie de Vérité et méthode. Autrement dit, l'art provoque une expérience de vérité qui transforme. C'est une rencontre, un événement qui révèle quelque chose qui a trait à ce qui est, à ce que nous sommes, et l'être authentique, « véritable », de l’œuvre est corrélé à sa puissance de changer le sujet qui en fait l'expérience.
(...)
Dire que l'art nous « détourne », c'est faire de l'art un sujet actif, nous serions « détournés » par l'art comme puissance de détournement. « Détournement » renvoie à la même étymologie latine que « divertissement », divertere, l'art serait un divertissement, c'est-à-dire qu'il ferait diversion par rapport à quelque chose de plus essentiel, voire que ce serait une simple distraction. L'étymologie proche, subvertere, ferait de l'art un agent de subversion, qui renverse, qui détruit, de nature à perturber l'ordre social ou politique, l'ordre établi. En ce sens, comme l'évoquent le « divertissement » ou « la distraction » causés par l'art, l'art est un jeu, mais un jeu dangereux, car subversif. Par ailleurs, penser l'art comme un agent actif, c'est lui attribuer une finalité et il sera légitime de se demander si la diversion qu'entreprend l'art n'est pas diversion à la monotonie régulière et à la nécessité de la nature pour nous faire accéder, comme toute stratégie militaire opérante (extension du terme « diversion »), plus directement à sa finalité propre.
Demander si l'art nous détourne de la réalité, c'est supposer que l'art s'interpose entre « nous » et la « réalité ». Il s'agit en conséquence d'interroger la notion de réalité et notre rapport à celle-ci, afin de pouvoir examiner les effets de l'art sur cette relation.
(...)
Si pour Platon l'art constitue une forme de manipulation destinée à me détourner de moi-même et du réel, et l'artiste un « fabricant de fantômes », on peut cependant se demander si l'art n'inaugure pas un jeu formateur constitutif de réalité. Où, en allant plus loin, la composition artistique pourrait bien présenter un accès direct « au cœur du réel pur » (Paul Valéry), déjouant nos représentation usuelles et nous rendant, du moins temporairement, la vue par la grâce de l’œuvre de l'artiste, ce « voyant » (Rimbaud).

Quelles instanciations de la réalité l'art met-il en œuvre pour nous : falsification par l'apparence, subversion par le jeu, ou bien apparition par un certain ancrage dans la réalité humaine ?

D'abord, il s'agira de voir que si l'art fait écran entre moi (nous) et le monde en falsifiant la réalité établie, il peut aussi constituer un puissant moyen d'accès à l'être. Nous approfondirons ensuite ce médium en reconsidérant l'art jusqu'à y voir une effectivité à l’œuvre participative de la construction de la réalité par le jeu disjonctif et réorganisant qu'elle opère. Enfin on pourra saisir comment, par et dans l'expérience esthétique l'art met « face à face avec la réalité même » (Bergson) et réagence le monde dans les représentations que nous nous faisons de la réalité.


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C'est successivement en compagnie de Platon, Roland Barthes, Deleuze, Nietzsche et Bergson que nous menons ce périple au plus près de l'art.

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