Critique Libre

"Les Petits" de C. Angot : déconstruction du couple

Chaque nouveau roman de Christine Angot est attendu comme une traînée de poudre. Sulfureux, depuis Inceste  ses textes provoquent, agressent, énervent. Son dernier ouvrage Les Petits, sous des airs décalés par rapport à l'auto fiction nous entraînent dans les vicissitudes de la vie de couple.  

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Huis clos autour d’un couple, le dernier roman de Christine Angot semble à priori, dépasser la pure auto fiction à laquelle elle nous avait habitués. Si Hélène est d’origine européenne, Billy quant à lui vient de la Martinique. Très vite, ils décident de vivre ensemble. Très vite encore, ils ont un premier enfant, une fille, Clara puis deux, trois, quatre Petits. Tout va à toute allure chez Angot qui n’avait rien publié depuis 2008. Quittant les éditions du Seuil, elle retrouve Flammarion où elle avait publié en 2006 Rendez vous. Dans ce dernier texte, Les Petits avec un p majuscule, Angot nous propulse dans le quotidien, l’intimité du banal.
Le rythme est saccadé, les phrases ultra courtes. Le lecteur vit en direct l’affreuse évolution de l’hostilité entre deux êtres qui passent de la passion au déchirement. Tragédie des temps contemporains dénuée de toute émotion où les enfants se débattent pour survivre dans ce monde cruel.

Dire la violence

Angot ne nous ménage pas. Elle dit comme toujours beaucoup plus qu’elle n’écrit vraiment. Elle dit la rage, la violence. Dénonce-t-elle une époque ? Les Petits font le constat d’un temps où les hommes et les femmes ne s’épargnent pas entre eux.Cependant Angot n’arrive pas à dépasser le petit récit d’une histoire au fond ô combien banale. Des êtres sans repères, happés par la vie comme Billy qui « de temps en temps loue un studio à la porte Maillot, ou plutôt les gens avec qui il travaille le louent ».

La puissance de la mère

Le texte souligne la version de l'homme qui doit subir l'éloignement de ses enfants. La justice donne raison à la mère et souligne la violence du père. Angot prône alors l'injustice jusqu'à la revendiquer. Le personnage d'Hélène apparaît régner, dominer sans pourtant jamais pouvoir prendre totalement la première personne. Seule la narratrice, le double d'Angot qui apparaît un peu plus tard que d'habitude s'en donne le privilège. Elle a pris la place d'Hélène et devient toute puissante.

 

La source du livre

A la question de l'origine du livre posée dans un article du quotidien Libération, Christine Angot entonne qu'elle lui est venue de la "lecture d'un rapport d'enquêtes sociales au sujet d'histoires de gardes d'enfants." Une fois encore, l'enquête et le fait divers sont les fondements du texte. Pour Angot, l'écriture est "le travail de dire le réel" ce qui est selon elle plus qu'une nécessité. L'homme est la victime d'un bourreau qui est tout simplement la femme. Cette dernière se croit supérieure car elle peut enfanter. Le discours, "un rien" téléguidé joue la guerre des sexes sur fond de racisme, de violence et de justice.

Tristesse du monde

Nous n’aurons pas beaucoup de mal à dire que Christine Angot écrit vite, un peu trop vite peut être !
Le lecteur regrettera qu’après tant de livres, déjà 19, l’auteur ne passe pas à autre chose ! Mais Angot revendique que l'objectivité passe par la singularité, ne craignant pas de dire qu' "il n'y a plus d'écrivains en France" et "que pour faire de bonnes émissions, les animateurs doivent être inventifs" Stérilité de l’écriture ou plutôt du sujet. Les répétitions inondent les pages. On referme le livre et on se sent vide, profondément seul et malheureux.

En savoir plus

Christine Angot, Les Petits, Flammarion.

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