Helle Helle: retour au calme

Chienne de vie s'ouvre sur un acte violent et révélateur: Bente est écrivain, et mène une vie confortable avec son mari dermatologue. Un matin, elle fait sa valise, quitte l'appartement, ne préviens personne. Bente part en effaçant ses traces, pour mieux se perdre. La raison qui a motivé ce départ précipité? Une panne d'inspiration, la fameuse feuille blanche de l'écrivain. Les vastes paysages enneigés de la campagne où elle se perd lui rappellent cette cruelle absence de créativité. Heureusement pour Bente, Cocotte et Johnny, un couple, se proposent de l'héberger pendant convalescence, sa thérapie. A leur contact, en partageant leur quotidien, Bente va s'essayer à un autre rythme de vie, plus lent, mais plus riche. Temps du repos, temps de la création? Helle Helle n'exprime jamais explicitement l'analogie, et sait parfaitement manier la distance du style. Le roman a été désigné comme minimaliste: c'est vrai, au moins pour le côté dramatique de l'ouvrage, mais la profusion étudiée des détails de cette vie hors-temps, hors-espace dessine une image de l'espace propice à la création. Pour Bente, la maison de Cocotte et Johnny, dans laquelle les objets ont tous une histoire, agit comme une muse bienveillante. On se souvient de Balzac qui écrivait en habit de moine ou de Schiller qui conservait des pommes pourries dans son bureau, et ces autres rituels d'écrivains qui "favorisent" l'inspiration et l'écriture. Chienne de vie pose la question de l'inspiration, du bien-être comme combustible de la création, tout en suggérant subtilement la possibilité lointaine d'un lieu idéal pour l'artiste et son oeuvre.

Pourriez-vous nous en dire plus sur ce couple mystérieux, Cocotte et Johnny?

Cocotte et Johnny forment « a nice couple » (un couple parfait). Bien que leur vie ne soit pas simple, ils ne posent pas beaucoup de questions.

L'endroit où s'arrête Bente est loin de tout: loin de la civilisation, loin de toute technologie. La création littéraire est-elle un isolement, au même titre que l'isolement de Bente aux côtés de Johnny et Cocotte?

J'écris chez moi lorsque je suis seule, lorsque mes enfants sont à l'école, au calme. Depuis que j'écris j'ai toujours eu des enfants, je suis donc très occupée toute la journée.

Votre art du détail a inspiré des comparaisons entre votre ouvrage et ceux de Nathalie Sarraute ou les films d'Igmar Bergman. Êtes-vous familière avec ces auteurs?

Je sais que Nathalie Sarraute existe, je la connais de nom mais je ne suis pas familière de son travail, je n'ai jamais lu une de ses oeuvres. Quant à Igmar Bergman, il fait partie de mon top five des réalisateurs aux côtés de Lynch ou Hitchcock.

Bente retrouve peu à peu son inspiration en observant les petits gestes qui ponctuent les journées de Johnny et Cocotte: l'écrivain a-t-il besoin d'un changement brusque pour pouvoir s'adonner correctement à la création?

Je n'aime pas beaucoup les changements brusques, les situations d'insécurité. Je préfére, j'ai besoin de voir les choses et de les comprendre.

Vous êtes le premier écrivain danois à avoir remporté le Prix Per Olov Enquist. Que représente cette distinction pour vous?

Le prix Per Olov Enquist veut dire beaucoup pour moi. C'est un auteur très connu, très reconnu. Je suis ravie et flattée d'être considérée comme « une jeune » artiste. Ce prix a été d'une grande aide pour moi.

Chienne de vie est votre cinquième roman, vous êtes considérée comme l'un des plus grand auteurs danois: qu'attendez-vous de votre écriture et de la littérature?

Lorsque je pense à mon écriture et à ma littérature, je pense à l'auteur. J'écris dans le but de créér une rencontre, « a quiet meeting » (une calme entrevue). J'ai besoin d'un lecteur qui imagine la même chose que moi.

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