Nocturne indien

Nocturne indien

C’est peut-être cette association d’idées qui me poussa vers lui, et je m’assis à côté de lui. Il me regarda avec deux yeux très beaux et me sourit, et moi aussi je lui souris ; c’est alors seulement que je m’aperçus avec effroi que le petit être qu’il portait sur l’épaule, n’était pas un singe mais une créature humaine. C’était un monstre. Une atrocité de la nature, ou une terrible infirmité, avait raccourci son corps en bouleversant ses formes et ses dimensions. Ses membres étaient tordus et recroquevillés sans autres ordres et mesures que ceux d’un grotesque atroce. Le visage non plus, que je découvrais à présent à travers les cheveux de celui qui le portait, n’avait pas échappé à la dévastation de la difformité. L’épiderme rugueux et les rides profondes comme des blessures lui donnaient cet aspect simiesque qui, joint à ses traits, avait provoqué ma méprise. D’humain, dans ce visage, il ne restait que les yeux : deux yeux minuscules, vifs, intelligents, qui furetaient de tous côtés avec inquiétude comme s’ils avaient été inspirés par un grand danger imminent, et par la peur.
Le garçon me salua cordialement, moi aussi je lui dis bonsoir et je fus incapable de me lever et de m’en aller. »

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