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La littérature et les paradis artificiels

Pour attirer les faveurs des Muses capricieuses, ou pour se détacher d'une réalité triviale et flotter dans les strates voluptueuses de l'oubli de soi, les écrivains, quelle que soit l'époque, ont parfois eu recours aux drogues pour déchloroformer leur art, ou les ont utilisées comme sujet central de leurs oeuvres. A l'occasion de la parution d'une édition Pléiade consacrée à Thomas de Quincey, auteur des Confessions d'un Anglais mangeur d'opium, voici une sélection de quelques ouvrages, forcément stupéfiants.

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Les paradis artificiels, Charles Baudelaire (1860)

La référence: une étude méthodique des effets du haschich et du vin sur les perceptions de l'environnement. Des descriptions qui vont du cocasse au terrifiant, entre éclats de rire désinhibés et violentes crises d'angoisse. Baudelaire en profite pour rédiger une critique de l'ouvrage de Thomas de Quincey, et précise que le véritable poète n'a pas besoin de drogue pour s'adonner à son art. A compléter avec Le Club des haschichins, le texte de son compère Théophile Gautier.

 

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Nuit de haschich et d'opium, Maurice Magre (1929)

Auteur français quelque peu oublié aujourd'hui, Maurice Magre (1877-1941) commence à écrire sa poésie dès l'âge de 14 ans, et a laissé une oeuvre considérable. Erotique, spiritualiste, ce conte oriental écrit par un français enivre et étourdit nonchalamment et élégamment. En 1924, Le Figaro dit de lui: «Magre est un anarchiste, un individualiste, un sadique, un opiomane. Il a tous les défauts, c'est un très grand écrivain. Il faut lire son œuvre.»

 

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Le Festin nu, William Burroughs (1959)

Après avoir écrit Junky en 1953, William Burroughs replonge dans le tourbillon des paradis artificiels avec Le Festin nu, sorte d'équivalent littéraire d'un tableau de Jérôme Bosch sous acide. L'ouvrage sera évidemment interdit par la censure américaine, mais publié... en France, avec la bénédiction de Ginsberg et Kerouac. Burroughs invente un type particulier d'autobiographie schizophrène, dans laquelle tous les "personnages" ne sont qu'un.

 

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La nuit remue, Henri Michaux (1935)

La plupart des poèmes qui composent La nuit remue furent rédigés sous l'influence de l'éther, et Henri Michaux ne cherche pas à le cacher: il s'agit pour lui d'une expérimentation qui fait partie de la recherche poétique. "Excédé, il [l'homme] recourt à l'éther./Symbole et raccourci du départ et de l'annihilation souhaités." Henri Michaux inspire le liquide volatile, et ses vers se déploient dans l'apesanteur.

 

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Las Vegas Parano, Hunter S. Thompson (1972)

Hunter S. Thompson entend bien prouver que l'on ne fait pas que se marier et se ruiner à Las Vegas: en utilisant les méthodes du journalisme gonzo (qui consiste à s'infiltrer au plus près des sujets traités), il rédige un road-book extatique et à moitié fou, qui reste toutefois très lucide dans sa progression. En effet, le roman est également un brûlot anti-américain ("rêve américain" précise ironiquement le sous-titre de l'ouvrage).

 

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Retour à Brooklyn, Hubert Selby Jr. (1978)

Oubliez l'adaptation semi-ratée Requiem for a dream de Darren Aronofsky et osez ouvrir le roman original, Retour à Brooklyn, par Hubert Selby Jr. Le roman embrasse non pas une, mais quatre addictions à travers autant de portraits qui oscillent entre déchéance et désespoir: héroïne, médicaments, ou encore télévision. Passage en revue des drogues contemporaines, par un auteur qui est passé par l'hôpital, la clinique psychiatrique et la cure de désintoxication.

 

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Bright Lights, Big City, Jay McInerney (1984)

Du fameux Brat Pack (Bande de sales gosses) des années 90, nous avons ici choisi Jay McInerney plutôt que Bret Easton Ellis. Pourquoi? Parce que les phrases de ce premier roman sont des lignes que tout lecteur se doit de parcourir. Un journaliste tente de survivre au jour le jour, entre une rédaction invivable et les regrets de sa récente rupture qui le tiraillent sans cesse. Elégant, terriblement drôle, un roman saupoudré d'une "poudre tonique bolivienne" du plus bel effet. 

 

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Le Voyage d'hiver, Amélie Nothomb (2009)

En 2009, le roman annuel d'Amélie Nothomb avait tout de la cargaison illicite: la rumeur disait que l'auteure avait rédigé Le Voyage d'hiver sous l'emprise de champignons hallucinogènes. Il n'en était rien: Nothomb avoue qu'elle est incapable d'écrire dans un état second, mais reconnaît avoir testé ces substances... Un roman court, forcément étrange, qui partagea sévèrement la critique (mais n'est-ce pas toujours le cas avec Amélie Nothomb?)

 

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Savages, Don Winslow (2011)

Le roman noir s'offre des vacances sous le soleil de Californie, et a fait provision de drogues ravageuses ! Don Winslow décrit dans Savages les rouages d'une confortable affaire de trafic de cannabis cultivé hors-sol par trois sympathiques jeunes gens. Mais la prospérité de leur production inquiète les parrains locaux, qui vont vite tenter de les faire disparaître. Entre Tarantino, Breaking Bad et un polar de Raymond Chandler, Savages est l'opium de l'été !

 

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Toxique, Françoise Sagan (1964)

Après le trip, la descente. L'accident de voiture de Françoise Sagan, en 1957, ne l'a pas seulement amenée à quelques pas de la mort: la longue convalescence qui a suivi l'a rendue dépendante à la morphine. Toxique sera donc le récit de ces longues semaines pendant lesquelles Françoise Sagan, clouée au lit, lutte contre l'addiction qui la ronge. Une oeuvre puissante et vraie, à mille lieux des journaux sordides de junkies.

 

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>Lire aussi notre dossier sur Françoise Sagan

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  • Les paradis artificiels, Charles Baudelaire (1860)
  • Nuit de haschich et d'opium, Maurice Magre (1929)
  • Le Festin nu, William Burroughs (1959)
  • La nuit remue, Henri Michaux (1935)
  • Las Vegas Parano, Hunter S. Thompson (1972)
  • Retour à Brooklyn, Hubert Selby Jr. (1978)
  • Bright Lights, Big City, Jay McInerney (1984)
  • Le Voyage d'hiver, Amélie Nothomb (2009)
  • Savages, Don Winslow (2011)
  • Toxique, Françoise Sagan (1964)
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