L'insolite de la semaine

Que lire en temps de crise ?

La crise de la dette vous fait tourner la tête et penser aux subprimes vous déprime ? Pas de panique, fermez le journal, éteignez la télévision, fermez vos ordinateurs et changez vous les idées en tournant quelques pages. Cinq conseils de lecture non exhaustifs pour changer d’air.

Sur la route, de Jack Kerouac, 1957

Le mot de l'éditeur : un gars de l'Ouest, tel était Dean. Ma tante avait beau me mettre en garde contre les histoires que j'aurais avec lui, j'allais entendre l'appel d'une vie neuve ; et si je devais avoir quelques ennuis, si même Dean devait me laisser tomber, comme il le ferait plus tard, crevant de faim sur un trottoir, qu'est-ce que cela pouvait me foutre ? Quelque part sur le chemin je savais qu'il y aurait des filles, des visions ; quelque part sur le chemin on me tendrait la perle rare.


Anti crise parce que... : ...Sur la route est ce roman emblématique de la Beat Generation, une profession de foi, parfois bréviaire d’amoralité contre la bien-pensance établie, mais surtout voyage initiatique. Un road-trip échevelé qui roule sur le papier au rythme syncopé d’une improvisation de Jazz et scande à nos oreilles notre propre richesse en notre faculté à nous réinventer.

Le Pingouin, d'Andreï Kourkov, 1996

Le mot de l'éditeur : à Kiev, Victor Zolotarev, journaliste au chômage, et son pingouin dépressif Micha, rescapé du zoo, tentent péniblement de survivre. Lorsque le patron d'un grand quotidien offre à Victor d'écrire les nécrologies de personnalités pourtant bien en vie, celui-ci saute sur l'occasion. Mais un beau jour, ces « petites croix » se mettent à disparaître à une vitesse alarmante... Crimes commandités par la mafia ou règlements de comptes politiques ?

Anti crise parce que... : ... revisitant les codes du roman noir, Le Pingouin distille avec générosité un cynisme bienvenu. On rit volontiers des mésaventures rocambolesques du naïf Victor et de son double emplumé, tandis que s’esquisse en arrière plan le dessin d’une Ukraine post-soviétique où l’absurdité semble désormais faire loi.
 

La vie financière des poètes, de Jess Walter, 2009

Le mot de l'éditeur : La quarantaine passée, Matt se réveille un beau matin sans boulot, criblé de dettes, et il n'a que huit jours pour sauver sa maison des griffes de ses créanciers. Sa rencontre inattendue avec deux dealers va lui ouvrir les yeux : investir dans le lucratif commerce de l'herbe qui redonne goût à la vie en ces temps de crise. Mais au pays des rêves et des dollars qui partent en fumée, il faut savoir se méfier des mirages.

 

Anti crise parce qu'... : ...un cadre loser qui plaque tout du jour au lendemain pour fonder un site web de finances poétique en vers et en prose, finit par y laisser sa chemise puis se retrouve à dealer pour sauver sa maison. Point de départ osé qui a de quoi intriguer, mais que la drôlerie féroce du récit de La vie financière des poètes -tout autant critique sociale que comédie noire  fait valoir à merveille.

Le joueur d'échecs, de Stefan Zweig, 1943

Le mot de l'éditeur : Prisonnier des nazis, Monsieur B., en dérobant un manuel d'échecs, a pu, à travers ce qui est devenu littéralement une folle passion, découvrir le moyen d'échapper à ses bourreaux. Libéré, il se retrouve plus tard sur un bateau où il est amené à disputer une ultime partie contre le champion Czentovic. Une partie à la fois envoûtante et dérisoire...

 

Anti crise parce que... : ...l’intelligence appliquée froide et calculatrice face à l’intelligence émotionnelle, ou la partie d’échecs entre un autiste à la virtuosité monomaniaque et un rescapé de la détention nazie dont la passion des échecs a sauvé la santé mentale au plus sombre de sa geôle. Cette fois-ci, et contrairement aux ouvrages présentés précédemment, on ne rigole plus : on s’interroge sur le fonctionnement de l’esprit dans ses limites les plus retranchées, et on avise que tout ceci pourrait fort bien être encore d’actualité.

La Lenteur, de Milan Kundera, 1995

Le mot de l'éditeur : "Tu m'as souvent dit vouloir écrire un jour un roman où aucun mot ne serait sérieux. Une Grande Bêtise Pour Ton Plaisir. J'ai peur que le moment ne soit venu. Je veux seulement te prévenir : fais attention. Te rappelles-tu ce que te disait ta maman ? Milanku, cesse de faire des plaisanteries. Personne ne te comprendra. Tu offenseras tout le monde. Te rappelles-tu ? Je te préviens. Le sérieux te protégeait. Le manque de sérieux te laissera nu devant les loups. Et tu sais qu'ils t'attendent, les loups. "

 

Anti crise parce que... : La Lenteur, le premier roman écrit directement en français par Kundera, se présente comme une farce grotesque où trois niveaux de récit croissent et s’entrecroisent. Bien que considéré comme un ouvrage mineur dans l’oeuvre de l’écrivain tchèque, La Lenteur reste une salutaire apologie du rire face à la rapidité et à la vanité de l’existence qui nous entraînent toujours plus vite vers l’oubli.

Photo
  • Sur la route, de Jack Kerouac, 1957
  • Le Pingouin, d'Andreï Kourkov, 1996
  • La vie financière des poètes, de Jess Walter, 2009
  • Le joueur d'échecs, de Stefan Zweig, 1943
  • La Lenteur, de Milan Kundera, 1995
0
 

& aussi