Actes Sud | Viabooks

Trois femmes disparaissent

Hélène Frappat

La Maison

Robert Colonna d'Istria
L'infante sauvage

L'infante sauvage

DANS LE TABLEAU Je suis née avec la peur de naître et morte avec la peur de mourir. Entre ces deux instants, mes soixantedix années de vie ne se sont pas écoulées: elles sont restées figées par cette sourde crainte que partagent toutes les créatures de Dieu et qui fait de l’humain une bête, de la bête un humain. Ayant été les deux, je l’ai doublement portée en mon ventre. Pour l’immense majorité des êtres, une si lancinante inquiétude est comme une respiration instinctive à laquelle ils ne prêtent pas plus attention qu’à la mécanique de leurs poumons; et quand elle...

L'infante sauvage

Mario Pasa
La nuit est mon jour préféré

La nuit est mon jour préféré

HEPHRAÏM STEINER. CHAMBRE 16.  MARS 2019 Ce matin j’ai écouté Hephraïm Steiner, harpiste octogénaire – pianiste à ses heures – et ancien membre du philharmonique d’Israël. Mon patient est paranoïaque et psychotique. Suivant le protocole engagé, la séance s’est déroulée dans sa chambre, de 9 heures à 10 heures du matin. Le vieil homme m’a supplié de le laisser rentrer chez lui. Il m’a assuré que ses crises ne s’étaient pas manifestées depuis des semaines, qu’il ne souffrait plus d’insomnies et que la réduction des doses de neuroleptiques lui...

Oh, Canada

Fife se tortille dans le fauteuil roulant et dit à la femme qui le pousse : J’oublie pourquoi j’ai accepté ça. Dites-moi pourquoi j’ai accepté. C’est la première fois qu’il le lui demande. Ce n’est pas une question, c’est une plaisanterie légère, une façon de se moquer de lui-même, de s’apitoyer sur son sort, et il le dit en français, mais la femme n’a pas l’air de saisir. Elle est haïtienne, âgée de cinquante et quelques années, sans beaucoup d’humour, brusque et professionnelle – exactement ce qu’Emma et lui cherchaient chez une infirmière....
Croire: Sur les pouvoirs de la littérature

Croire

Dans un temps d’enfermement et de suspens qui rendait curieusement attentif aux dangers de l’époque, l’envie d’écrire sur la littérature et ses pouvoirs m’a traversée une première fois. Elle naissait d’une croyance familière bien qu’intermittente en la puissance de la littérature face à ce qui enferme, écrase le temps, les identités, la langue, les possibles, les luttes et les espoirs. Pendant le confinement, cette croyance est donc revenue m’habiter, et les pouvoirs du livre trouvaient des contours presque nets alors que je venais de raconter l’histoire de Razan...

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