Fantasy

« Stealing Infinity » d’Alyson Noël : par delà la quête du beau, un voyage dans le temps

Enlèvements sur une île mystérieuse, collections d’art opulentes, mysticisme, voyage temporel ; voici, entre autres, ce que promet Stealing Infinity, le nouveau roman d’Alyson Noël aux éditions Michel Lafon. Un roman haletant de 475 pages, aux airs de romantasy et de plongée historique, à l’héroïne originale et complexe, que suit le lecteur à travers les plis du temps. Analyse.

Une trame prenante, une autrice brillante

Cet ouvrage, qui à première vue retranscrit une trame littéraire déjà bien revisitée, celle du voyage temporel, se démarque cependant par ses rebondissements nombreux, ses intrigues complexes, et la capacité de l’autrice à tenir le lecteur en haleine du début à la fin. Un livre captivant, que l’on a du mal à lâcher et qui rappelle le livre Seul un monstre de Vanessa Len, où une jeune protagoniste non-initiée aux lois d’un monde fantastique se retrouve aux commandes d’une quête dans le temps pour sauver ses proches. Alyson Noël n’a pas échoué à reproduire cette grande quête dans le temps, qui s’inspire des plus grands chefs-d’œuvre de la fantasy et de la science-fiction contemporaines.

Une autrice américaine déjà reconnue mondialement

Alyson Noël a grandi dans le comté californien d'Orange, et a vécu sur l'île grecque de MiKonos à la sortie du lycée, puis a déménagé à New York pour exercer le métier d'hôtesse de l'air. Elle vit aujourd'hui en Californie. Elle a exercé différentes professions avant de se consacrer à la littérature : babysitter, vendeuse dans un grand magasin, responsable administratif, bijoutière, peintre sur t-shirts, hôtesse d'accueil... Elle est devenue l’une des autrices de littérature fantastique les plus lues en France. Elle passe la plupart de son temps libre à voyager pour s'évader de son cadre de vie urbain. Elle écrit principalement des romans Young adult et des romances paranormales, comme avec sa saga Eternels, devenue très célèbre et tirée à 700000 exemplaires. Alyson Noël ne déçoit pas avec ce nouveau roman, déjà un phénomène en France et à l’étranger.

Stealing Infinity, quelle histoire ?

La vie de Natasha est banale à pleurer. Fille lambda dans un lycée lambda, invisible et sans histoires. Seuls ses amis Mason et Elodie arrivent à lui faire oublier son quotidien répétitif. D’ailleurs, Natasha ne comprend toujours pas pourquoi Elodie, la fille la plus populaire du lycée, a choisi de traîner avec elle quand tout le monde l’adore. Jusqu’au jour où Elodie lui propose de sécher le cours d’histoire pour se rendre en boîte de nuit. Une petite fugue sans incidence… ou pas. Car l’Arcana n’est pas une boîte de nuit comme les autres, et Natasha se retrouve perdue au milieu d’un jeu de tarot géant, avant de tomber nez à nez avec sa propre tombe, dont la date de mort indique… aujourd’hui.

De fil en aiguille, Natasha se trouve propulsée dans une réalité parallèle ; un célèbre milliardaire disparu depuis des années, Arthur Blackstone, réapparaît pour lui demander de rejoindre une école d’élite, de tout abandonner derrière elle et de le suivre à l’académie Gray Wolf. Elle y retrouve Elodie, ainsi que Braxton, un mystérieux jeune garçon qu’elle avait rencontré à l’Arcana. Mais Arthur nourrit de grands projets pour elle ; l’aider à accomplir l’œuvre de sa vie. Natasha découvre vite qu’elle possède un don hors du commun, et que Gray Wolf forme en réalité des « chrononautes », des Voyageurs Temporels, dont la mission est de subtiliser des œuvres d’art dans le passé pour le compte d’Arthur. Mais Natasha a une tâche spéciale, celle d’aider Arthur à « remodeler le monde à sa façon »… Et qu’en est-il de tous ces élèves qui entament des voyages sans jamais revenir ? Comment expliquer les sombres visions de Natasha ? Et quel lien funeste occupe son propre père dans toute cette machination ? Une chose est sûre, la vie de Natasha n’est plus fade du tout…

Un monde mystérieux et sans pitié

« Alors que je me mêle aux invités de la fête qui bat son plein, je ne peux m’empêcher de m’interroger sur le tour qu’a pris ma vie. » -A.N

Natasha se retrouve, comme beaucoup d’héroïnes de fantasy, plongée dans un monde dont elle ne connaît pas les codes, et obligée de s’adapter deux fois plus vite afin d’être à la hauteur. Surtout, l’académie Gray Wolf est le berceau de nombreux complots et non-dits, avec un mystère permanent qui flotte au-dessus d’Arthur et de ses ambitions cachées. Les élèves sont en compétition permanente les uns avec les autres ; c’est à celui qui ramènera la pièce la plus intéressante, qui rencontrera les plus grands personnages historiques, qui rencontrera l’aventure la plus palpitante. Avec néanmoins des risques, dont celui de se retrouver prisonnier d’une époque passée à jamais, voire d’être complètement annihilé de la continuité espace-temps… Natasha va devoir puiser au fond d’elle-même, et y découvrir des ressources cachées, ou plutôt oubliées, vestiges d’un passé intriguant…

Un roman avec une certaine portée féministe

« A l’époque, elles portaient des cages sous leurs jupes pour faire paraître leur derrière énorme. Aujourd’hui, on porte des gaines pour s’amincir. La poursuite d’une esthétique impossible n’a jamais de fin. Pendant ce temps, les hommes ont juste vu leurs pantalons rallonger. » -A.N

Avec l’opportunité de voyager dans le temps vient celle de découvrir d’autres époques et cultures, et Natasha s’en rend vite compte, dès son premier voyage temporel, en 1745, à un bal donné au château de Versailles. Et elle constate ainsi la chance qu’elle a d’être née femme au XXIème siècle plutôt qu’en ces temps anciens. Cela est expliqué indirectement par Alyson Noël à travers la voix de la protagoniste, et l’autrice a ainsi tout le loisir de dénoncer la société patriarchale qui a évolué tout au long de l’Histoire humaine. Au-delà d’être une fantasy divertissante, Stealing Infinity est aussi un roman plus engagé. Natasha subit ainsi au travers de ses voyages un sexisme non caché, des atteintes misogynes et même une tentative de viol par un duc se croyant tout permis. L’autrice démonte les préjugés en dépeignant une protagoniste forte et débrouillarde, qui ne cessera de surprendre au fil des pages du roman.

Une protagoniste inspirante qui évolue au fil du temps

« Nous sommes constamment en train d’écrire nos propres histoires, à chaque heure de chaque jour. Ce qui détermine ton destin, ce sont celles que tu choisis de répéter en boucle. Toi seule est l’alchimiste de la réalité que tu crées. » -A.N

La Natasha réservée du début de l’ouvrage et la jeune femme forte et solide des dernières pages n’ont rien à voir. Au fil du temps, des voyages et des rencontres, Natasha va découvrir une partie insoupçonnée d’elle-même, et se construire un tempérament de feu, prêt à affronter toute épreuve. Le lecteur assiste à cette transformation et découvre avec elle les clés de son histoire. Notamment le mystère qui entoure son père, disparu depuis qu’elle est toute petite, et duquel elle ne cesse d’avoir des réminiscences depuis son arrivée à Gray Wolf. Se pourrait-il qu’il ait un lien avec toute cette machination de voyage dans l’Histoire ? Et pourquoi Arthur semble-t-il s’intéresser à Natasha bien plus qu’aux autres élèves, ce qui déclenche les foudres d’Élodie ? Et quel est le vrai visage de Braxton, qui semble parfait en présence de Natasha, mais qui est loin de tout avoir dit ? Autant de questions sans réponse qui forcent la jeune fille a se montrer plus forte et adaptables que jamais, dans un monde rempli de requins qui n’attendent qu’une chose, qu’elle lâche la première goutte de sang.

Une quête incessante de la beauté

« Une appréciation profonde de la beauté, la vraie. Celle qui te remue jusqu’aux tréfonds de l’âme quand tu contemples une œuvre particulièrement émouvante qui te donne envie de te transporter dans le paysage du tableau, les pages du livre ou même les notes d’une chanson. » -A.N

Au départ, le but de Gray Wolf n’est en apparence pas mauvais : collectionner les plus grandes œuvres d’art de toutes les époques, les remplacer par des faux tellement réalistes que les plus grands spécialistes se méprennent, et subtiliser des babioles aux plus riches pour les donner aux pauvres de ces époques. Arthur Blackstone serait en quelque sorte un Robin des Bois moderne. Natasha découvre au fil du roman que cet homme mystérieux nourrit une passion véritable pour la beauté des œuvres d’art. Mais que si l’académie n’est que luxe et beauté, elle est loin d’être ordre, calme et volupté. Les sombres machinations d’un milliardaire assoiffé de conquêtes ne sont pas encore totalement révélées au lecteur, qui attend donc avec impatience une suite qui ne saurait tarder.

>Alyson Noël, Stealing Infinity, éditions Michel Lafon, 475 pages, 19,95 euros >> Pour acheter le livre, cliquer sur ce lien

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