Intrigues à la Cour

« Royal Blood » d’Aimée Carter : intrigues et complots au sommet de la couronne britannique

« Royal Blood » d’Aimée Carter dépeint la royauté anglaise dans un monde où Edouard VIII n’aurait pas abdiqué pour épouser Wallis Simpson. Alors que la royauté britannique est en proie à de nombreuses inquiétudes, ce roman qui refait le monde, nous plonge dans un conte fées pas si rose, où intrigues et complots au sommet guettent les membres d’une famille que les yeux du monde fixent en permanence... Maya Kergall en a fait sa cup of tea.

Une protagoniste qui se découvre en même temps que le lecteur

Aimée Carter invente une toute nouvelle lignée royale, basée sur le roi Edouard VIII s'il n'avait pas épousé l’américaine Wallis Simpson, et où la reine Elizabeth II que nous connaissions tous ne serait alors qu’une cousine éloignée du roi d’Angleterre Alexander III. Mais loin de commencer focalisée sur ces personnages, l’histoire emmène le lecteur dans un pensionnat américain où une mystérieuse jeune fille essaie de crocheter une serrure pour récupérer ses bulletins de classe…

Une autrice étrangère qui retentit en France

Aimée Carter, née en 1986, est une autrice américaine. Elle est diplômée en Screen Arts and Cultures de l'Université de Michigan. Elle commence à écrire à l'âge de 11 ans, avec des fanfictions, écrit sa première histoire originale à 15 ans, et n'a jamais cessé d'écrire depuis. Elle a également écrit « Le destin d’une déesse », « Simon Thorn » ou encore « The blackcoat rebellion ». En dehors de l'écriture et de la lecture, elle aime regarder des films, jouer avec ses chiens et se débattre avec les casse-têtes du journal chaque matin.  Avec son dernier ouvrage « Royal Blood », elle signe un roman audacieux, plein de rebondissements et impossible à lâcher.

Une américaine cauchemar de la monarchie britannique

Secouée depuis toute petite entre différentes institutions et pensionnats, la jeune Evangeline Bright, dix-sept ans, est redoutable pour crocheter des serrures, désobéir et mettre le feu accidentellement. Beaucoup moins lorsqu’elle apprend que, étant fille illégitime du roi d’Angleterre et ayant toujours vécu cachée aux Etats-Unis pour éviter le scandale, le moment est venu pour elle d’enfin rentrer au bercail et de découvrir sa vraie famille. Une famille royale qui ne l’accueille pas spécialement à bras ouverts, particulièrement Maisie, fille légitime du roi avec la reine Helene, qui semble déterminée à faire de la vie d’Evangeline un enfer. Aura-ce été une bonne décision, de troquer souliers vernies et cartables de cours, pour escarpins et diadèmes ?

Tout le contraire pour Evangeline, malgré les tentatives du roi pour renouer avec sa fille. D’autant plus que la jeune fille se voit propulsée au-devant des projecteurs, le plus gros scoop de la décennie, le fruit de l’infidélité du roi, un enfant non voulu. C’est sans compter, de plus, sur les complots se liguant dans son dos pour lui nuire. Voilà qu’Evangeline se retrouve accusée de meurtre ! Loin d’être une vie de luxe et de paillettes, Aimée Carter nous rappelle qu’être princesse est avant tout être la proie incessante des paparazzi, d’être scrutée en permanence et jugée sur chacune de nos actions. Alors que rien ne semble l’attendre en Angleterre et que les événements se bousculent à son encontre, Evangeline arrivera-t-elle à enfin trouver sa place et, qui sait, être heureuse ?

Devoir ou envie ?

« Je me méfie des regrets, car c’est une maladie qui ne connaît aucun remède » -A. C

Au fil du roman, le lecteur suit la relation pour le moins tumultueuse entre Evangeline et le roi d’Angleterre, Evangeline et son père. Car bien que la jeune fille ait connaissance de sa situation de princesse illégitime depuis sa petite enfance, elle a grandi dans la croyance que son père ne l’avait jamais voulue, qu’elle était une honte pour lui et qu’il ne souhaitait pas la connaître. Cette croyance, doublée de jonglage entre différents pensionnats de plus en plus stricts pour cause de grand-mère morte et de mère instable mentalement, ont fait qu’Evangeline, c’est le moins que l’on puisse dire, n’as pas grandi dans un environnement stable ou sain. Mais alors que le lecteur en vient à détester le roi d’Angleterre, on comprend au fur et à mesure du roman que la situation est loin d’être aussi simple, que le roi n’est peut-être pas entièrement blâmable, et que d’autres mains tirent les fils de cette mascarade. Car la vie n’est pas un long fleuve tranquille, et il faut saisir les opportunités d’arranger les choses lorsqu’on le peut.

La violence sous toutes ses formes

Bien que, comme évoqué ci-dessus, Evangeline n’ait pas connue l’enfance la plus paisible, ses tracas sont loin d’être terminés une fois sur le sol britannique ; la jeune fille se voit confrontée à une situation que beaucoup subissent en silence, ou ne peuvent dénoncer : le viol, ou du moins, la tentative. Car, happée par les fêtes huppées et les salons VIP, Evangeline va vite faire confiance aux mauvaises personnes, alors que la royauté n’est pas faite que de monarques souriants et parfaits. Nombreux sont ceux que l’arrivée de la jeune fille ne réjouit pas, que cela soit pour le scandale qu’elle amène ou simplement son ordre de succession au trône. Et l’auteure, à travers la voix d’Evangeline, rappelle bien que dans une situation que beaucoup de filles subissent, certaines ont la chance de pouvoir s’exprimer comme Evangeline, là où d’autres s’emmurent dans le silence et la honte sans visibilité pour raconter leur histoire. Or, tout le monde devrait pouvoir raconter sa vie, raconter son histoire.

Façade parfaite, fond… ?

« La couronne royale est chose plus glorieuse aux yeux de ceux qui la contemplent qu’elle n’est plaisante à ceux qui la portent. » -Elizabeth Ière, citée par A. C

Au-dessus de tout, « Royal blood » d’Aimée Carter nous montre que cette monarchie qui nous fait tous rêver n’est pas si parfaite, et que les façades se fissurent facilement. On le voit dans nos sociétés actuelles, en ne citant par exemple, dans la famille anglaise, que le cas de Meghan et Harry, ou encore celui du duc d’York. La série télévisée « The crown », dont la dernière saison vient de sortir, dépeint également avec brio les relations malsaines que peut créer une telle pression sur des individus. Car l’humain n’est pas fait pour être épié dans ses moindres faits et gestes en permanence, et cela est d’autant plus difficile pour Evangeline dans le roman, elle qui, au lieu d’avoir été préparée à cette folie médiatique depuis son enfance, a été plongée subitement dedans, et en a payé le prix fort. Un livre riche en rebondissements et en révélations, très bien écrit et somme toute palpitant.

> « Royal Blood », Aimée Carter, Pocket Jeunesse, 18,50 euros, 410 pages

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