Printemps des Poètes

La Poésie fête les femmes

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Comme chaque année, à la fin de l'hiver, se tient la merveilleuse manifestation Le Printemps des Poètes. Le cru 2010 a décidé d'honorer les femmes, une fois n'est pas coutume, avec un grand hommage à Andrée Chedid et une participation remarquée de Brigitte Fontaine et de Carolyn Carlson. Retour sur une manifestation qui fête le retour des beaux jours... pour le bonheur des mots et des poètes.

Cette année, c'est dans cette belle maison de l’Opéra comique , lieu chargé de toutes les effluves de l'art, que  fut inaugurée le Printemps des poètes. C'était le 8 Mars dernier,  et journée de la femme oblige, ce Printemps des poètes dédia sa douzième édition, à la "couleur femme". Titre difficile à trouver si l’on en croit Jean- Pierre Siméon, directeur artistique de la manifestation : « J’ai beaucoup hésité sur l’intitulé de cette 12ème édition puisque le sujet est « sensible » et que toute proposition peut susciter une objection. J’ai emprunté le titre d’un recueil d’une femme, Guenane : Couleur Femme me semble interprétable, ni prescriptif, ni injonctif ».

Une soirée haute en couleurs... femmes

Il sera donc question des femmes pour ce Printemps des poètes qui a commencé avec originalité. Tour à tour se succédaient la danseuse Carolyn Carlson dansant et chantant des poèmes, puis une Brigitte Fontaine déchaînée, (l’éléphant dans ma douche…) dont je ne peux me retenir de vous livrer un extrait percutant d’un de ses textes : « Les mouches ne pleurent pas, elles font la gueule ». A la sortie, tandis que je quittais cette loge d’une soirée, les deux personnes à côté de moi entonnaient « Originale comme soirée, ça change de l’année dernière ». Ou cette année comment donner à la poésie un côté plus rock’n’roll. A l’heure où les étagères des librairies ne comptent plus beaucoup d’ouvrages de poésie, rendons hommage à cette grande dame qui sait encore nous faire rêver.

Hommage à la grande Andrée Chédid

Ce Printemps des poètes mit aussi en pleine lumière l’œuvre d’Andrée Chedid,  mère de Louis et grand-mère de Mathieu. Mais aussi de Marie-Claire Bancquart. Et souligna aussi que dans la génération des 30,40 ans, la poésie est plus féminine que jamais note Jean-Pierre Siméon : « Voyez Valérie Rouzeau, Albane Gellé, Magali Thuiller, Fabienne Courtade, Patricia Castex- Menier, Linda Maria Baros, par exemple... Pour l’étranger, il y a tant à découvrir d’Emily Dickinson à Blaga Dimitrova, d’Annie Perrier à Wisława Szymborska... Mais découvrons particulièrement, à la faveur de l’année France / Russie, les grandes poètes russes de Marina Tsvétaïeva et Anna Akhmatova à Olga Sedakova. »  

Dominique Blanc, en marraine inspirée, ne manqua de témoigner de son engagement  en faveur de "la musique des mots" .. Soulignons aussi la présence de Carolyn Carlson, danseuse étoile, chorégraphe géniale, directrice de ballet mais aussi poète, qui définit son travail comme « une poésie virtuelle ». A l’heure où Viabooks prône la transversalité et le goût des mises en perspective, l’approche de la danse sur l’écriture et vice-versa interpelle et nous encourage plus que jamais dans la voie des écritures en résonance...

Une manifestation pleine d'entrain.

Le Printemps des Poètes, c’est à Paris mais aussi dans toute la France et à l’étranger dans pas moins de 65 pays . Le programme est une féerie de rencontres et de manifestations diverses qui font le bonheur des grands mais aussi des jeunes publics. Musées, librairies, conservatoires, bibliothèques, médiathèques, tous jouent le jeu pour cette manifestation qui fête le renouveau du printemps. A nous de répondre présents à cette belle invitation. Vive la Poésie et, Parisiens, si le cœur vous en dit, allez faire un tour à la délicieuse Maison de la poésie située dans le ravissant passage Molière, juste à côté de Beaubourg. Reprenons ce qui pourrait être la devise du Printemps des Poètes : « Que les poèmes passent de main en main, s’affichent sur les murs des villes, se lisent, s’écrivent se disent, se chantent et se dansent ».

Hommage à Philippe Delaveau à la Librairie de Paris

En marge de cette édition du Printemps des Poètes la délicieuse Librairie de Paris place de Clichy recevait Philippe Delaveau, une des vedettes de l'écurie Gallimard  aux côtés de Michel Jarrety, Jacques Réda, Philippe Jacottet, ou encore Yves BonnefoyLe poète présentait son recueil Le Veilleur Amoureux. L’homme a ce charme des êtres sensibles et raffinés, signant d’une jolie plume ses livres en demandant les noms de famille. Avec élégance et courtoisie, il répondit aux questions pertinentes de Gérard Meudal, journaliste du Monde. Revenant sur le nouveau lyrisme des années 80, il insiste sur le fait qu’il n’a jamais Ô grand jamais voulu suivre les modes.

Au détour d’une question, l’œil coquin, il évoqua notre époque, vouée à l’ère du fragment en reprenant les mots de Shakespeare Words Words Words.S’excusant d’être maladivement superstitieux, il ne parlera pas de ses projets, de ce qui l’occupe en ce moment car dit il « lorsqu’on a fini un livre, on ne sait pas si on va pouvoir en faire jaillir un autre ». Au fond, on ne devrait pas se dire poète car la poésie est d’abord un moment de certains instants.Et pourtant, Delavaux ne put s’empêcher d’employer le mot « travail » lorsqu’il parlait de son art.En effet, comme disait Du Bellay, la poésie nécessite de la rigueur. Il faut limer, aiguiser, supprimer parfois. La poésie est un art. Il faut trouver le ton juste. Le bon accord nécessite de longues heures, des mois, parfois des années. Delavaux se souvient combien certains poèmes peuvent être douloureux à écrire tant il faut y revenir.

Pour reprendre la célèbre phrase de Picasso à une personne qui lui demandait en combien de temps, il peignait un tableau : 65 ans et trois secondes ». Limer, supprimer l’excès pour atteindre la nécessité.La poésie est bel et bien une expérience de vie à laquelle, le créateur se soumet; les moments de grâce sont rares et précieux.  Pour nous lecteurs, ils sont infinis. P.C.

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