On en parle

La littérature pense déjà à sa rentrée

Alors que l'édition 2010 constitue un exemple de rentrée littéraire réussie, la nouvelle a rapidement fait le tour: avec "seulement" 650 livres publiés environ, l'année 2011 serait la fameuse "rentrée littéraire de la crise". Parce que la littérature n'est pas qu'une affaire de chiffres, petit tour d'horizon d'un mois de septembre devenu un point d'orgue de la vie culturelle française.

Paysage littéraire dégagé

Même sans attendre avec fébrilité la rentrée littéraire de septembre (mais qui commence, finalement, au mois d'août...), on se doit d'être impressionné par la rigueur mathématique dont font preuve les éditeurs à l'approche de la date fatidique. Chaque année, c'est l'escalade: 734 une année, 750 la suivante... C'est "l'encombrement automnal", pour reprendre l'expression d'Olivier Bessard-Banquy, tirée de La vie du livre contemporain. L'année 2011, avec un nombre un peu plus faible d'ouvrages, offre un paysage littéraire plus dégagé, même s'il n'est pas exempt de publications opportunistes, à la manière du nouveau Frédéric Beigbeder, Premier bilan après l'apocalypse (Grasset), au bandeau qui a au moins le mérite de résumer parfaitement la visée du livre: "Mes 100 coups de coeur littéraires". Espérons que son jeune protégé, Sacha Sperling, saura éviter ce genre d'écarts malheureux, alors qu'il présente son second roman, Les coeurs en skaï mauve (Fayard), à l'occasion de la rentrée littéraire.

 

Jeunes auteurs impatients...

Si la rentrée littéraire est une véritable institution française, elle n'est pas pour autant boudée par la jeune génération: chaque année, le mois de septembre offre à une poignée d'élus les joies de la reconnaissance critique, voire publique. De nombreux premiers romans disputeront les faveurs des lecteurs aux monolithes adulés dans les librairies: Avant le silence des forêts (Gallimard), titre énigmatique pour le premier roman de Lilyane Beauquel, suivra les péripéties de quatre allemands, Otto, Heinrich, Simon et Nathan, partis pour la Lorraine en 1915; tandis que L'art français de la guerre, d'Alexis Jenni, décortiquera cinquante années de stratégie militaire nationale dans un roman fleuve de 650 pages. Dalibor Frioux - voilà un nom qui a tout pour être retenu - fera son entrée en librairie avec Brut, qui présente un monde où le pétrole est devenu une denrée introuvable... Le premier roman de David Ohle, paru il y a près de quarante ans aux Etats-Unis, sera enfin publié en France par les éditions Cambourakis: Motorman est un récit de science-fiction plutôt pessimiste qui a séduit plusieurs générations d'écrivains et de lecteurs américains. Qui a dit que les jeunes avaient des préoccupations futiles?

 

... et de fidèles écrivains au rendez-vous

La rentrée littéraire 2011 ne sera pas dépourvue de grands noms: citons pour commencer Haruki Murakami, qui risque d'en passionner plus d'un avec 1Q84, fresque amoureuse publiée par Belfond, qui s'étend sur neuf mois et pas moins de trois tomes volumineux, pour un résultat qui oscille entre 1984 de Georges Orwell et 2046 de Wong Kar-Waï. Chez Grasset, l'ambiance sera très germanopratine, avec, outre Beigbeder, les nouveaux ouvrages de Simon Liberati (Jayne Mansfield 1967, consacré à l'actrice), Charles Dantzig (Dans un avion pour Caracas) ou Michel Schneider (Comme une ombre). Quelques succès peuvent pratiquement être prophétisés: après La Délicatesse, David Foenkinos devrait retrouver son vaste public avec Les Souvenirs (Gallimard), quelques mois avant la sortie en salle de l'adaptation de son précédent roman, réalisée par l'auteur lui-même et son frère. Room (Stock), d'Emma Donoghue, pourra compter sur une solide réputation de best-seller outre-atlantique pour séduire le public français. Terminons avec le nouveau roman d'Eric Reinhardt, Le système Victoria, quatre ans après le succès mérité de Cendrillon.

 

Surprendre le public, créer le débat

Chaque année, quelques ovnis traversent les champs éditoriaux et médiatiques, soit pour y tracer les contours d'un débat, généralement passionné (il y a les grands défenseurs et les pourfendeurs), soit pour faire souffler un vent de scandale dans les librairies. Cette année, Le dernier testament de Ben Zion Avrohom, de James Frey, enfant terrible de la littérature américaine, pourrait agiter bien plus que les milieux littéraires: son ouvrage réincarne Jésus-Christ sous les traits d'un débauché, dans un New-York cradingue et vicieux. Jean Rolin, sexagénaire, s'amusera (un peu) avec le Nouveau Roman et (beaucoup) avec le star-system contemporain dans Le ravissement de Britney Spears, enquête d'un agent français auprès des paparazzis spécialistes de la lolita devenue un nouveau symbole du mal-être médicamenteux contemporain. Beaucoup parlent déjà du roman de Steve Sem-Sandberg comme d'une sorte de prolongation des Bienveillantes, le best-seller de Jonathan Littell: Les dépossédés raconte l'histoire de Mordechai Chaim Rumkowski, homme d'affaires juif nommé responsable par les nazis du ghetto polonais de Lòdz. Etude ciselée des états d'âme de l'homme, qui flotte entre deux zones poreuses, du pragmatisme douteux à la folie.

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