Exposition

Jean Echenoz en lumière à Beaubourg

Après des expositions consacrées à Claude Simon et Marguerite Duras, la Bpi du Centre George Pompidou a choisi de consacrer une exposition à Jean Echenoz, écrivain contemporain majeur qui poursuit son travail littéraire depuis près de 40 ans. En mettant en lumière le travail et l’univers de l’auteur, l’exposition permet aux amateurs d’en savoir plus sur cet homme et sur son œuvre.

 

Depuis de nombreuses années Jean Echenoz fait partie du paysage littéraire français. Ses œuvres originales, aux genres littéraires extrêmement variés, ont fait de lui un écrivain respecté et reconnu au style ironique et minimaliste. Vous êtes passé à côté ? Viabooks vous en parle en détails !  

Qui est Jean Echenoz ?

Né à  Orange en 1947, Jean Echenoz grandit à Aix-en-Provence, où son père dirige un hôpital psychiatrique. Il entreprend des études de sociologie et de génie civil avant d’entrer dans la vie active. Il doit sa passion pour l’écriture à la pièce d’Alfred Jarry, Ubu roi. Son premier roman, Le Méridien de Greenwich, parait en 1979 aux Editions de Minuit. Le monde est un élément important dans chacune des œuvres de l’auteur. Fin observateur, il déclare écrire des "romans géographiques". Les décors sont variés ; Paris, la province ou la banquise, ses descriptions vous donnent toujours l’impression d’y être. Cependant Jean Echenoz ne se qualifie ni d’historien ni de biographe, lorsqu’on l’interroge sur la mention de « roman » lorsque son livre retrace une vie. Pour lui utiliser la fiction et la vraisemblance lui permet de garder une certaine liberté d’écriture. S’il y a bien quelque chose qui ne soulève aucun doute avec ses œuvres, c’est le succès qu’elles ont. Il a remporté une dizaine de prix en publiant dix-sept ouvrages, dont les prestigieux prix Médicis en 1983 pour Cherokee et prix Goncourt en 1999 pour Je m'en vais. Écrivain au style plus que surprenant, son écriture bouscule les conventions au niveau formel et syntaxique. Il emprunte les codes des différents genres romanesques et ainsi déroute avec plaisir son lecteur.

Les immanquables de Jean Echenoz 

Cherokee, 1983, (Edition de Minuit)

Georges Chave, né à Ivry-sur-Seine le jour de la bataille d'Okinawa, domicilié à Paris dans le 11e arrondissement. Vit de peu. Meuble son existence d'une activité de bars, de cinémas, de voyages en banlieue, de sommeils imprévus, d'aventures provisoires. Écoute souvent des disques américains ; l'un de ces disques lui manque, une version rare de Cherokee, qu'on lui a dérobé il y a dix ans. Tout cela n'est rien, mais il s'en contente jusqu'à ce que Véronique surgisse dans sa vie. Dès lors, Georges s'agite un peu. Ecrit avec un style recherché et fin, où l'humour éclos régulièrement, Jean Echenoz nous transporte.

 

Je m’en vais, 1999, (Edition de Minuit)

Ce n’est pas tout de quitter sa femme, encore faut-il aller plus loin. Félix Ferrer part donc faire un tour au pôle Nord où l’attend, depuis un demi-siècle, un trésor enfoui dans la banquise. Les événements s'enchaînent, tous plus incroyables, insolites et fascinants, les uns que les autres. Tout y est les poursuites, les rebondissements, les rencontres amoureuses, avec un grand plus : l'écriture singulière de Jean Echenoz.

 

 

14, 2012, (Edition de Minuit)

Cinq hommes sont partis à la guerre, une femme attend le retour de deux d’entre eux. Reste à savoir s’ils vont revenir. Quand. Et dans quel état. Avec un style grave et précis ce roman fulgurant présente six destins humains qui éclairent le chaos d’une sombre période.

 

 

Echenoz s'expose à Beaubourg 

Construite en trois parties, l’exposition propose une excursion dans l’œuvre et l’univers de Jean Echenoz afin de découvrir les mécanismes de son écriture.

1. La fiction et ses rouages

2. La diction et ses jeux 

3. Sur la scène du roman

Conçue avec le concours de Gérard Berthomieu, spécialiste de langue et littérature françaises contemporaines (Université de Paris IV Sorbonne), en partenariat avec la Bibliothèque littéraire Jacques Doucet et les éditions de Minuit, l’exposition élaborée par la Bpi sera accompagnée d’une riche programmation associée (rencontres, conférences, ateliers, visites guidés…).

Les plus de l’exposition : la prodigieuse lecture du texte Ravel par l’écrivain Olivier Cadiot à écouter au casque + le bref texte de L’Occupation des sols, recopié sur un pan de murs de l’exposition.

La littérature en mouvement

Le mouvement, voici un mot clef dans la littérature de Jean Echenoz et dans l’exposition qui lui est consacrée à la Bpi « Roman, rotar, stator ». Derrière ce titre mystérieux se cache l’alternance d’immobilité (stator) et de moteur (rotor) présente dans les romans de l’écrivain. Ces termes n’ont d’ailleurs pas été choisis par pur hasard, puisqu’ils figurent dans le premier roman de l’auteur, Le Méridien de Greenwich : «Par des voies détournées et toujours plus ludiques, ils rejoignirent l’île où Tristano, Arbogast et Joseph les attendaient. Mais voilà, à peine arrivés sur l’île, la situation avait séché sur pied comme un plant inarrosé. Au double, triple jeu, succéda l’absence de jeu ; à l’effervescence, la répétition ; au rotor, le stator ». Dans ses œuvres l’intrigue part d’un point pour se diriger progressivement vers le désenchantement. Ce mouvement en question se retrouve également dans l’origine de ses œuvres. Jean Echenoz part d’une carte postale, d’une photo, d’un film et nous entraîne vers les dérivations créatives de la fiction. La partie de documentation est une étape importante pour l’auteur et pour la trame romanesque. L’exposition recense un nombre incroyable de photographies, de livres, d’archives audiovisuelles, de retranscriptions d’archives de presse ou d’archives d’individus fournis par l’auteur lui-même. « Cette recherche documentaire n’a rien à voir avec un souci de réalisme, comme chez Balzac ou Zola. C’est plutôt qu’Echenoz cherche le détail ou la situation incongrue, pour l’exploiter ensuite dans son œuvre.» explique le professeur Gérard Berthomieu, qui a aidé à concevoir l’exposition. Ce soucis du détail permet de créer ce sentiment de vraisemblance, si important chez le lecteur. L’exposition elle-même est conçue sous une forme circulaire, afin de mettre en avant l’importance du mouvement chez Jean Echenoz.

L'envers du décor 

Un point fort dans cette exposition de la Bpi est de proposer aux visiteurs la découverte des rouages de la création. Si les œuvres de Jean Echenoz ont la réputation d’avoir un style minimaliste, l’envers du décor n’en est pas moins complexe. L’exposition en témoigne avec la trentaine de fiches bristol établies pour les trente-deux chapitres de «Cherokee». Au delà de son sens du détail, l’écrivain était très bien organisé et utilisait un code couleur pour chaque personnage. Le visiteur prend également plaisir à voir l’évolution d’une page Des éclairs, à travers les changements et les améliorations qu’apporte l’auteur. On découvre également les sources de sa fascination pour les inventeurs, les machines et les engrenages, ou son rituel de recopier certaines archives de carnets de poilu ou d’un numéro de l’Equipe pour les utiliser dans ses œuvres. Cette partie de l’exposition nous rappelle la virtuosité dont fait preuve Echenoz avec les mots, son jeu avec le langage, l’humour et les incongruités. Cela se remarque particulièrement lorsqu’il créer ses mythiques zeugmas : « Ce dernier arborait une large cravate crémeuse sur une chemise en tergal chocolat, ce qui lui donnait une allure confuse de souteneur et de petit déjeuner.» (Cherokee). Face à tout ce travail minutieux, le visiteur comprend l’incroyable importance de la tache chez l’auteur lorsqu’il créé une œuvre. «Chronotope », « Paronomasse », « Zeugmes », l’exposition n’est pas en reste sur le point cérébral. Cependant ce parcours atypique permet de découvrir de la meilleure des manières Jean Echenoz et son œuvre.

Infos pratiques

Exposition Jean Echenoz, « Roman, Rotor, Stator »

Niveau 2, Bibliothèque publique d’information

Entrée rue Beaubourg, 75004, Paris

Du 29/11/17 au 05/03/18

Autour de l’exposition : http://www.bpi.fr/agenda/autour-de-lexposition-jean-echenoz

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