"La mémoire des Embruns"

Une fascinante escale offerte par Karen Viggers

Entre histoire familiale et paysages sauvages, Karen Viggers raconte chapitres après chapitres, le quotidien de Mary et de celui de son fils, Tom. "La mémoire des embruns" (Les Escales) est un roman poétique et plein d’espoir. Envoûtant, triste et beau à la fois, il marque une véritable pause dans les soucis de la vie urbaine. A lire pour s'évader et humer l'air du grand large.

Un récit envoûtant

« Son pays à elle, c’était l’île Bruny. Le miroitement de la lumière sur les eaux agitées. La rumeur sourde du vent. Le phare. La vaste étendue de Cloudy Bay… Il était temps de retourner là-bas […] » Quelques mots qui témoignent de la poésie de " La mémoire des embruns". Mary est une femme âgée et surtout malade qui sait que le temps lui est compté. A la réception d’une lettre cachant un mystérieux secret qu’elle seule connait depuis bien longtemps et qu’elle devra annoncer tôt ou tard à ses enfants, elle va choisir les conditions de sa mort et s’installer à Bruny, une île de Tasmanie où elle vivait auparavant avec son mari qui était le gardien du phare. Tom, le fils de Mary est le seul à comprendre sa démarche et décide de l’accompagner. Ce voyage lui permettra d’essayer de remonter à la surface après un divorce difficile, une dette à rembourser, le deuil de son père qu’il n’a toujours pas fait et il racontera également cette expédition en Antarctique qu’il a récemment réalisé. C’est donc à deux qu’ils vont retourner sur ces terres sacrées. Comme un pèlerinage avec la volonté de trouver la paix avant la mort, Mary tentera de réparer ses erreurs du passé, mais aussi de faire renaître la mémoire de son ancienne vie. A ce duo s’ajoute la rencontre avec le jeune garde-forestier de l’île avec qui, petit à petit, Mary va se lier d'amitié avec lui d’une manière imprévisible et particulière.« Que faisait-il là ? Il savait qu'il n'était pas le bienvenu. Pourtant, il était devant elle, la fixant de ses yeux d'un bleu délavé dont le regard n'avait rien perdu de son intensité. » 

La nature, un véritable protagoniste

A commencer par une couverture très belle qui inspire au voyage, ce récit nous fait traverser le monde entier, un total dépaysement. On sent les embruns, les vagues, le vent. Ce vent a justement une place à part entière dans ce récit, il entraine les vagues qui se couchent sur le vieux phare, il balaye le sable, murmure aux oreilles et fait ressurgir des souvenirs lointains. Un roman incontournable qui comporte une description si minutieuse, précise et fabuleuse de cette île principale, de l’Australie et de l’Antarctique grâce au voyage de Tom. La mémoire des embruns nous emmène en vacances, loin du quotidien et nous fait rêver avec cette écriture riche et si bien écrite.

Un roman à double voix et l’implication du lecteur

Il y a celle de Mary mais aussi celle de son fils Tom. Le récit de Mary est penché sur le passé, se voyant mourir elle décide de se focaliser sur ses souvenirs, sur l’ancien temps, sur ce secret. En revanche, Tom, son fils quadragénaire, ne cesse de se poser des questions sur son avenir, sur ce qu’il voudrait faire plus tard, sur les conséquences de ce qu’il a réalisé auparavant sur ce futur qui lui fait si peur. Si nous découvrons par l’imaginaire, que Karen Viggers nous fait si bien travailler, comment se situe cette petite île, à quoi ressemble le quotidien dans une base en Antarctique, nous découvrons aussi, au fil du livre, comme un puzzle que nous construisons, le secret enfoui dans cette lettre. Le lecteur s’instruit mais s’intéresse en même temps, curiosité et découvertes sont mêlées.« Le vent glacial. La légère odeur d’algues. Le sel imprégnant l’air. Elle se ressourçait. Ce lieu, c’était la vie même. Elle sourit et ferma les yeux contre la brise. Elle avait eu raison de venir. »

Karen Viggers signe ici un superbe ouvrage regroupant voyage, amour, amitié, vieillesse et mystère. La Mémoire des embruns est une émouvante histoire d'amour et de non-dits sur un fond de nature magnifique.

>Karen Viggers, La mémoire des embruns, traduit de l'australien par Isabelle Chapman, Editions Les Escales  >>aller sur la fiche de l'auteur >>aller sur la fiche du livre

En savoir plus

>> La chronique de Gérard Collard sur La Mémoire des embruns : 

>>Lire un extrait de La Mémoire des embruns :

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