PAGES D'ISLAM (38 NOUVELLES) (annoté)

Résumé

Pages d’Islam, recueil de trente-huit nouvelles d'Isabelle Eberhardt, est rédigé alors qu'elle partage déjà depuis plusieurs années l'intimité des gens du désert. Tous ces récits forment un témoignage unique sur cette période de la colonisation française et une invitation au voyage dans les lumières du désert.
Femme occidentale, journaliste et écrivaine, elle se prit de passion pour une civilisation à laquelle elle consacre l'essentiel de son œuvre. Au centre de ses nombreux récits, nouvelles et romans la présence de l'Islam est une constante.

Fille d’aristocrates russes exilés, Isabelle Eberhardt quittera Genève, sa ville natale, pour s'enfoncer de plus en plus au cœur du Sahara, et rompre définitivement avec l'Occident matérialiste et colonisateur.
Sillonnant entre autres l’Algérie du Nord au Sud, d’Est en Ouest, convertie à l’Islam, elle va découvrir ces peuples du Sud qui seront les héros de ses récits écrits au cœur de la culture de l’autre. Au contact de la population indigène, dans ce monde musulman. elle observe les gens, pose sur eux un regard d'une intense acuité, sans exotisme, privilégiant le point de vue des autochtones au tout début du XXe siècle, en pleine période coloniale.
L’œuvre d’Isabelle Eberhardt, c’est une chronique de la rencontre manquée entre la France et l'Algérie.

Ces musulmans-indigènes, Isabelle Eberhardt va prendre fait et cause pour eux contre les colonisateurs, mais elle va également les rejoindre dans son engagement spirituel. Ces êtres rejetés par la société colonisatrice, elle les suit dans leur vie, dans leur destin vers la mort, dans leur chemin vers Dieu.
« Moi, à qui le paisible bonheur dans une ville d’Europe ne suffira jamais, j’ai conçu le projet hardi, pour moi réalisable, de m’établir au désert et d’y chercher à la fois la paix et les aventures, choses conciliables avec mon étrange nature » Isabelle Eberhardt - "Lettres et journaliers".

Pages d’Islam nous amène à la rencontre de personnages d’une incroyable diversité : un accordeur de piano qui devient mage la nuit, un sorcier guérisseur plein de sagesse ou une sorcière pilleuse de cadavres pour ses charmes ; des légionnaires russes, allemands, des appelés, des spahis, des mokzanis… tous soldats qui se retrouvent dans leurs difficultés de réinsertion, mais restent séparés par le mur de leurs appartenances. Ce mur, les deux amis soldats Louis Lombard et Dhamane Bou Saïd vont en faire la dure expérience.

Mais c’est quand elle parle d'amour qu'Isabelle Eberhardt est au plus près d'elle-même. Dans Pages d’Islam on croise donc aussi des femmes amoureuses, délaissées, qui se confrontent à leur destin. Des marginaux, des fellahs, et tant d’autres.

Ils sont tous d’une profonde humanité : leurs souffrances, leurs bonheurs et leurs vies sonnent justes, leurs émotions rappellent les nôtres.

Isabelle Eberhardt mourut tragiquement et prématurément en 1904, à vingt-sept ans, noyée en plein désert, dans la crue d'un oued. Elle possédait cette double identité, inscrite sur sa tombe : Isabelle Eberhardt, comme écrivain, et Mahmoud Saadi, comme baroudeur mystique du Sahara.

Elle fut reconnue par les milieux littéraires en Europe et aux États-Unis. Elle est désormais connue d'un vaste public comme le plus singulier des écrivains voyageurs de langue française.

Les 38 nouvelles composant ce livre permettent de suivre les méandres du chemin, irrésistiblement orienté vers le sud, d’une femme hors normes, mystérieuse et avide de liberté, qui choisit de partager l'intimité des gens du désert et dont le destin sera à jamais marqué par sa rencontre avec le monde musulman.

Un siècle après sa mort, ces textes écrits en Algérie dans une langue magnifique, à la fois rude et poétique conservent toute leur actualité sur le thème de la confrontation « orient-occident ".