Lettre sur la tolérance et Essai philosophique concernant l'entendement humain

Résumé

1er livre
Monsieur,
Puisque vous jugez à propos de me demander quelle est mon opinion sur la tolérance que les différentes sectes
des chrétiens doivent avoir les unes pour les autres, je vous répondrai franchement qu'elle est, à mon avis,
le principal caractère de la véritable Église. Les uns ont beau se vanter de l'antiquité de leurs charges et de
leurs titres, ou de la pompe de leur culte extérieur, les autres, de la réformation de leur discipline, et tous
en général, de l'orthodoxie de leur foi (car chacun se croit orthodoxe) ; tout cela, dis-je, et mille autres
avantages de cette nature, sont plutôt des preuves de l'envie que les hommes ont de dominer les uns sur les autres,
que des marques de l'Église de Jésus-Christ. Quelques justes prétentions que l'on ait à toutes ces prérogatives, si
l'on manque de charité, de douceur et de bienveillance pour le genre humain en général, même pour ceux qui ne sont
pas chrétiens, à coup sûr, l'on est fort éloigné d'être chrétien soi-même. « Les rois des nations dominent sur elles,
disait notre Seigneur à ses disciples ; mais il n'en doit pas être de même parmi vous. »...
2ème livre
Il y a des gens qui supposent comme une Vérité incontestable, Qu’il y a certains Principes innez, certaines Notions primitives, autrement appellées
Notions communes, empreintes & gravées, pour ainsi dire, dans notre Ame, qui les reçoit dès le premier moment de son existence, & les apporte au monde
avec elle. Si j’avois à faire à des Lecteurs dégagez de tout préjugé, je n’aurois, pour les convaincre de la fausseté de cette Supposition, qu’à leur montrer,
(comme j’espere de le faire dans les autres Parties de cet Ouvrage) que pour les hommes peuvent acquerir toutes les connoissances qu’ils ont, par le simple
usage de leurs Facultez naturelles, sans le secours d’aucune impression innée ; & qu’ils peuvent arriver à une entiére certitude de certaines choses, sans
avoir besoin d’aucune de ces Notions naturelles, ou de ces Principes innez. Car tout le Monde, à mon avis, doit convenir sans peine, qu’il feroit ridicule de
supposer, par exemple, que les idées des Couleurs ont été imprimées dans l’Ame d’une Créature, à qui Dieu a donné la vûë & la puissance de recevoir ces idèes
par l’impression que les Objets exterieurs feroient sur ses yeux. Il ne feroit pas moins absurde d’attribuer à des impressions naturelles & à des caractéres
innez la connoissance que nous avons de plusieurs Véritez, si nous pouvons remarquer en nous-mêmes des Facultez, propres à nous faire connoître ces Véritez
avec autant de facilité & de certitude, que si elles étoient originairement gravées dans notre Ame.

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