"Face au styx"

Dimitri Bortnikov : le choc des mots, la danse des métaphores

Invité du Bal à la Page le mardi 14 février 2017, Dimitri Bortnikov revient sur son dernier roman Face au styx publié chez Payot et Rivages. Il répond aux questions de Solène Reynier. Des mots qui fusent avec fougue et impertinence, comme sa prose, qui célèbre avant tout la jubilation des mots et de l’écriture.

Viabooks/Les Livreurs : Pouvez-vous nous raconter votre livre en quelques mots ?

-Dimitri Bortnikov :C’est plus facile de trouver un vieux pantalon dans lequel on n’a jamais pété que de raconter ce livre ! Sinon en Braille ! Mais vraiment, comment raconter une sonate ?!  C’est plus facile pour un serpent à sonnettes de faire du Bach en agitant  sa cascabelle  que de « raconter » mon livre… mais vraiment.

Pourquoi avoir choisi d’écrire votre livre à la première personne du singulier ?

-D.B. : Je – c’est plus court, c’est plus dansant, « je » c’est comme une valse, et c’est l’auteur qui vous invite, sinon – c’est une farandole par procuration. et moi – j’aime danser sans intermédiaire.

Dans la genèse du livre : aviez-vous déjà une idée précise du récit? Avez-vous « erré » dans son écriture ?

-D.B. : Ah non, je ne me doutais pas du tout, mais du tout, ni à plein tube ni à demi ! Pas un doute gros, ni demi-écrémé. Je savais que ça allait être un gros machin, moi. Mais, je n’erre pas dans l’écriture à la façon dont l’ours vadrouille dans sa taïga. J’ai toujours ma petite idée de comment et quand le point final doit arriver.

Quel rapport entretenez-vous avec Paris ?

-D.B. : Passionnel.

L’ouvrage est-il un miroir des relations entre la France et la Russie ?

-D.B. :  Mais non, mais pas du tout, je ne veux pas tenir un miroir devant deux pays aussi beaux ! C’est dangereux de tenir une glace devant deux jolies femmes… surtout lorsqu’elles s’y reflètent en même temps !

Peut-on parler du récit d’une errance dans un temps suspendu, comme si l’éventualité d’un présent était impossible ?

-D.B. : C’est un livre sur l’amour et la mort. Voici deux voisins de palier ! Mais c’est la mort qui tient l’immeuble !

Votre écriture est hachée, rythmée par une ponctuation abondante… lorsque vous écrivez, avez-vous une musique/un son/des voix qui résonnent dans votre tête ?

-D.B. :  En vérité – c’est un secret. Je ne peux pas parler de ça. C’est comme ça…

Imaginez-vous une voix pour chacun des personnages ?

-D.B. : Non, je ne crois pas. Une voix s’impose. Puis comme un chamane en rut je me mets à tourner ! à tourner ! à tournoyer, à donner le tournis à trente derviches tourneurs !    

Est-ce que vous avez un « gueuloir » comme Flaubert? Est-ce que le rythme, les sonorités sont essentielles durant l’écriture d’un livre ?

-D.B. :  Mon « gueuloir » c’est plutôt un « murmuroir » ! Je ne gueule pas, je murmure…

Prenez-vous un malin plaisir à déconstruire la syntaxe française ?

-D.B. :  Ce n’est pas un plaisir malin, ça ! C’est une immense joie… mais ce n’est pas la joie de destruction, ah non ! Je ne bâtis pas en hauteur, ça – non, mais en profondeur.

Que pensez-vous de la lecture à haute voix ? Pensez-vous que chaque lecteur propose une nouvelle interprétation du texte ?

-D.B. : Tant que ça ne fait pas grossir – c’est très bien… la lecture à voix haute. et chaque lecteur lit à sa façon. Avec son âme. Avec ses oreilles. Avec sa bouche et tout…

Est-ce que vous pensez que l’auteur est la personne la plus adaptée pour lire son propre texte ?

-D.B. : Oui, je le crois. J’aurais donné ma jambe gauche, non, la droite – pour pouvoir entendre Villon lire ses poèmes.

Propos recueillis par Solène Reynier pour Les Livreurs

 

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