Quoi de neuf?

Lecture en 3D: les horizons inédits du web immersif

Quoi de neuf en cette rentrée du côté de la lecture ? La 3D. Et oui, même la lecture s’y met. Et cela donne le web immersif. Une nouvelle perspective pour les bibliothèques et  librairies numériques, ainsi que pour les lecteurs de ces nouveaux formats dématérialisés. Grâce à la 3D, les internautes ne seront plus seuls face à leur écran. Et les plus malins vont même pouvoir explorer de nouveaux territoires numériques. Même physiquement éloignés de milliers de kilomètres, ils se rencontrent et échangent sur leurs lectures ! Lorenzo Soccavo, en explorateur des nouvelles lectures vous explique comment cela se passe...

Nous pouvons tous faire une expérience simple qui nous montre combien le web appauvrit notre expérience de la réalité. Pour cela il suffit de se rendre dans une bibliothèque, puis, de retour chez soi de se connecter à son site web. Nous pouvons faire la même chose avec une librairie. Le constat est alors évident : les bibliothèques numériques ne rendent pas compte, ni de la diversité des catalogues réels des bibliothèques, ni de l’expérience humaine d’y aller physiquement, d’y rechercher et d’y consulter des informations en présence de bibliothécaires que nous pouvons interroger et d’autres usagers avec lesquels nous pouvons échanger. Les bibliothèques numériques, en apparence si pratiques, limitent en fait les possibilités de recherches et d’interactions. Les librairies se retrouvent dans la même situation. Le visiteur ne peut ni parler avec le libraire, ni y rencontrer des amis. Alors que faire ?

Traverser l'écran de son ordinateur !

Des solutions existent. Le web 3D immersif se développe depuis plusieurs années en open source (logiciel libre). Il permet à l’internaute de ne pas rester en surface des pages-écrans mais, comme la jeune Alice de Lewis Carroll, de passer de l’autre côté du miroir et d'évoluer dans un décor 3D qui peut reproduire tout environnement réel ou imaginaire.

Cette technologie rend enfin possible le co-browsing, c'est à dire la navigation conjointe de plusieurs internautes pouvant interagir sur un même site Web, ce que les navigateurs web classiques ne permettent pas.

Le procédé est simple : s'inscrire en ligne (voir les liens en fin d'article), choisir prénom, nom et apparence de l'avatar qui nous représentera et que nous pourrons toujours ensuite modifier, télécharger un navigateur web pour la 3D. La majorité des plateformes francophones proposent des tutoriels et des vidéos en français pour aider les néophytes.

Ainsi projeté par l’intermédiaire d’un avatar anthropomorphe, doté de ses capacités de déplacements et de communication verbale et écrite, dans lequel il peut projeter sa personnalité en interagissant au cœur de structures similaires aux environnements qu’il fréquente habituellement, l’internaute se retrouve immergé dans un véritable réseau relationnel. En plus, dans ces nouveaux territoires de socialisation, l’ensemble des dispositifs et des ressources du web 2.0 reste accessible comme dans le monde physique.

La 3D ne remplace pas le web, elle l'augmente !

L'objectif en effet n'est pas de remplacer le web 2.0. Ce dernier renferme une quantité considérable d'informations et de documentations à laquelle tout le monde peut potentiellement accéder de partout sur la planète à condition de disposer d’une connexion à internet. Mais cependant le web 2.0 limite et appauvrit la richesse des contacts que nous aurions directement d’humains à humains. Le surf est toujours une expérience solitaire.

Pour les bibliothèques, notamment universitaires, l’absence de contacts diminue l’attrait des ressources accessibles, ainsi que la motivation de l’usager qu’aucune interaction ne vient valoriser. Les internautes non conseillés sont noyés dans la masse d’informations et les stratégies commerciales des moteurs de recherche, dont le plus souvent ils ne savent pas utiliser les fonctions avancées. En conséquence ils n’ont souvent pas accès aux trésors cachés du web et ne consultent en masse que les sites les mieux référencé,s car étant déjà les plus consultés.

Non ! Ce n'est pas Second Life !

Ce type de nouveau territoire digital est souvent, et à tort, confondu avec l'offre commerciale américaine de Second Life, ou avec des jeux vidéos. C'est une erreur. Ces plateformes, souvent associatives et à visées culturelles, reposent sur des logiciels libres et leur accès, tout autant ensuite que leur fréquentation dans le temps, est généralement gratuit.

En fait, ces plateformes immersives ont plus à voir avec les développements de casques de réalité virtuelle, de lunettes connectées, les futures interfaces de projections 3D ou d'hologrammes, qu'avec les portails commerciaux du web classique. Plusieurs grands projets américains en cours de développement de nouveaux mondes immersifs sont autant de facteurs qui annoncent l'importance qu'auront demain ces nouvelles aires d'échanges, qui permettent déjà aux internautes de se retrouver sur le web dans des situations offrant les mêmes conditions que le monde physique : partage à plusieurs d’un même lieu, face à face, effet groupe, temps réel synchrone…

Humaniser la médiation numérique autour du livre

Ces territoires virtuels, auxquels chaque internaute peut d'ores et déjà avoir facilement accès, permettent de réinventer la présence des livres dans l’univers numérique et, en tout cas, de renouveler les possibilités d’échanges et de conversations entre les lecteurs et les acteurs de l’écosystème de l’édition et de la lecture publique.

Les bibliothèques numériques, par exemple, ne proposent forcément que des services du web, pas une expérience de la bibliothèque. Le lecteur connecté y est confronté à une perte de ses repères naturels. Il se retrouve seul et face à un monde plat, sans aucun déplacement possible, ni de choix d'une place à laquelle s'asseoir pour consulter des documents, sans possibilités d'échanges, ni de donner rendez-vous ou de rencontrer d'autres usagers, sans possibilités de communication avec des bibliothécaires.

De la lecture au café littéraire en 3D

A l'opposé, la 3D immersive rend possible l’émergence de véritables hyper-lieux, hybridant territoires physiques et digitaux. La bibliothèque 3D peut alors devenir le trait d'union naturel entre les bibliothèques physiques sur le territoire et leurs fonds et services numériques.

Encore plus conviviales, des expériences se développent depuis plusieurs mois de cafés littéraires en 3D immersive, des rencontres débats avec des auteurs, des lectures de théâtre scénarisé avec des comédiens… Je vous garantis que l'émotion est au rendez-vous ! L.S.
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Prospectiviste du livre et de la lecture, Lorenzo Soccavo est chercheur associé à l'Institut Charles Cros et membre du Collectif l'i3Dim (L'Incubateur de la 3D immersive). Avec Jenny Bihouise, psychosociologue de formation, il développe sur la plateforme EVER (Environnement Virtuel pour l'Enseignement et la Recherche) de l'Université de Strasbourg, plusieurs projets autour de la médiation numérique du livre et de la lecture.

 

Pour aller plus loin

>Pour découvrir les plateformes de web immersif francophones >>cliquer sur ce lien :

>La plateforme EVER [Environnement Virtuel pour l'Enseignement et la Recherche] de l'Université de Strasbourg  qui est très en pointe >>découvrez son site

>La prochaine lecture théâtrale en 3D de textes d'Ann Rocard  >>cliquer sur ce lien 

En savoir plus

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