Destins et maisons d'écrivains

Sur les traces de Gustave Flaubert à Croisset

Gustave Flaubert reste un monument de la littérature française. A l'avant garde du mouvement réaliste, inspirateur des naturalistes, il laisse derrière lui une oeuvre emblématique. L'auteur de Madame Bovary ou de Bouvard et Pécuchet était particulièrement attaché à sa Normandie natale. Sa maison de Croisset, au bord de la Seine, porte aujourd'hui l'esprit de l'écrivain. Retour sur un destin exceptionnel.

Légende photo : Gustave Flaubert ( photo Wikipedia) et à droite, une vue du pavillon Flaubert à Croisset.

Un homme décalé issu de bonne famille

Gustave Flaubert naît à Rouen le 13 décembre 1821, après une sœur et deux frères décédés en bas âge. Il sera délaissé en faveur de son frère aîné, brillant élève admiré par la famille (prénommé Achille comme son père à qui il succèdera d'ailleurs comme chirurgien-chef de l'Hôtel-Dieu de Rouen). Gustave Flaubert passe une enfance sans joie. Il connaît dès l’enfance, la monotonie de la vie de province où il puise sans doute le goût de l’observation qui ouvre son esprit et son inspiration. En février 1832, il entre au collège Royal à Rouen où il se révèle doué mais plutôt indiscipliné. Il rédige en 1834, le journal manuscrit  Art et Progrès , où les nouvelles théâtrales tiennent une place importante, c'est là que tout commence.

Les débuts dans l’écriture 

Au cours de l’été 1836, il rencontre à Trouville Maurice Schlesinger, mais la clef de l'histoire reste sa future femme Elisa. Il vit avec elle, une relation passionnelle d'un amour sans espoir. Cette passion est à l’origine de L’Education Sentimentale publié en 1843. Il commence les Mémoires d’un fou en 1838. L’année suivante, il écrit Rêve d’Enfer et La Main de Fer. Il publie également dans une revue littéraire rouennaise Le Colibri, sa première oeuvre : Une leçon Naturelle : Genre Commis. Tout s'enchaîne pour l'écrivain qui commence à se faire reconnaître. Et qui prend de plus en plus d'assurance. L'amant blessé sublime sa tristesse dans uen écriture boulimique.

Premiers écrits de jeunesse

Gustave Flaubert part pour un voyage dans les Pyrénées et en Corse en 1840 puis l’année suivante, il s’inscrit à la faculté de droit de Paris. En 1842, à tout juste vingt ans, il écrit Novembre. Il s'agit d'un texte de jeunesse à l'époque où les thèmes romantiques étaient déjà présents. Refusé à son examen de droit, il entreprend la première version de L’Education Sentimentale. Un roman qui ouvre des rêves parfois impossibles, s'achève sur une médiocrité des uns et des autres. Le personnage principal se perd au fil de ses rencontres, la vie s'écoule pour lui quand il se rend compte qu'une seule femme a toujours compté, Madame Arnoux. Sur la route de Pont l’Evêque, en 1844, il est victime d’une attaque nerveuse. Marqué par cet accident, son père ne veut plus qu’il poursuive ses études. Il s’installe donc à Croisset près de Rouen. Deux ans plus tard, Gustave Flaubert perd son père et sa soeur. Il habite désormais avec sa mère. Il rencontre une jeune femme prénommée Louise Colet qui devient sa maîtresse.

Le temps des voyages

Pour remédier à ses troubles nerveux, les médecins lui prescrivent un séjour dans les pays chauds. Il prévoit alors plusieurs destinations et part avec son ami Maxime Du Camp. En 1849, en Orient. Ils visitent l’Egypte, la Syrie, Beyrouth, Jérusalem, Rhodes, Constantinople et Athènes. Il achève La Tentation de Saint Antoine, un texte inclassable, pièce de théâtre plutôt au sens médiéval du terme. Après plusieurs tentatives de parution, il ne sera que finalement édité en 1874 car c'est une œuvre difficile d'accès avec beaucoup d'illustrations. En 1851, il repart à Sparte et dans le Péloponnèse, visite Patras, Brindisi, Naples, Rome et Florence. Un voyage qui dure près de deux ans. À son arrivée en 1854, Gustave Flaubert décide de rompre définitivement avec sa maîtresse, Louise Colet.

La consécration d'un grand écrivain

En 1857, l'une des œuvres les plus connues de l'écrivain voit le jour, Madame Bovary est publiée sous la forme de feuilleton dans la Revue de Paris. Gustave Flaubert commence l'écriture de ce roman en 1851, et le termine cinq ans plus tard. Ce roman fait scandale. S'en suivent de nombreux contentieux avec la justice qui juge ce texte outrageant pour la morale publique et religieuse et contraire aux bonnes mœurs. Le roman connait tout de même un grand succès, car il attise la curiosité du public et se vend à 15 000 exemplaires en l'espace de deux mois. L'écrivain finit par être acquitté. Aujourd'hui, ce roman est considéré comme une œuvre majeure de la littérature française et mondiale. Son héroïne Madame Bovary a donné son nom au comportement qui consiste à fuir dans le rêve l'insatisfaction éprouvée dans la vie : le bovarysme. Le roman attise la curiosité du public et se vend à 15 000 exemplaires en l'espace de deux mois. Puis suit Salammbô qui connait aussi un grand succès. Par la suite, en 1858 Gustave Flaubert part pour Constantine, Tunis et Carthage et en 1869. 

 

"L'avenir est ce qu'il y a de pire dans le présent."

En 1872, Gustave Flaubert connaît la douleur de perdre sa mère. Très touché par cette perte, il retourne à Croisset, et s'aperçoit que sa mère était l'être qu'il avait le plus aimé. Dans sa maison, il médite le projet de Bouvard et Pécuchet. Un roman inachevé qui sera publié en 1881, un an après la mort de l'écrivain. Flaubert travaille, mais souffre de rhumatisme et de neurasthénie. En 1877, il s’installe à Paris et termine Hérodias et part après deux ans. Gustave Flaubert retourne à Croisset et s'éteint à l'âge de 58 ans en 1880.

Croisset, sa maison au bord de la Seine en Normandie

Toute sa vie, Flaubert a entretenu uen relation particulière avec Croisset. En 1844, son père avait acheté une maison de campagne à Croisset. La légende dit qu'en ce lieu l’abbé Prévost aurait écrit la première version de Manon Lescaut… Gustave Flaubert commence par y passer les étés, puis s’y établit en 1851 avec sa mère, toujours habillée de noir et sa nièce. Le bureau de l’écrivain à Croisset ne se trouvait pas dans le pavillon que l’on peut visiter aujourd’hui, mais au premier étage de la maison disparue. Son bureau: une « vaste pièce, éclairée par cinq fenêtres, dont trois donnent sur le jardin et deux sur le fleuve. Une bibliothèque aux rayons bourrés de livres. »

C’est là qu’il écrira, souvent à la lueur des bougies et de la cheminée jusqu’à quatre heures du matin, la plupart de ses oeuvres. Après la mort de l'écrivain,Croisset est vendu par sa nièce Caroline. La maison est hélas remplacée par une usine, mais le pavillon, d’où il aimait regarder la Seine, survit. On peut y voir aujourd’hui quelques objets de l’écrivain. Un lieu qui porte encore les ombres du grand Gustave Flaubert, qui "gueulait ses textes" pour mieux en entendre la sonorité. Le "musée Flaubert" se visite aujourd'hui. Quelque chose d'une nostalgie mélancolique reste figé dans les pierres, fidèles vigies de l'écrivain.

En savoir plus

> Pour plus de renseignements sut les visites du "pavillon Flaubert", se rendre sur le site dédié au Musée Flaubert

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> Extrait du roman de "Madame Bovary" de Gustave Flaubert

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