La Bande dessinée fait son show à Angoulême

De la BD, mais pas seulement 

La 43ème édition du festival d’Angoulême débute ce jeudi. Passage incontournable des amateurs de la bande dessinée, le festival est de plus en plus populaire puisque le secteur de la littérature graphique ne cesse d’évoluer. D’ailleurs, ce n’est plus seulement la bande dessinée qu’on trouve à Angoulême. Le manga voit son importance et sa représentation croître au fil des années. Il s’importe de mieux en mieux dans l’Hexagone est le Festival d’Angoulême est là pour le confirmer. L’année dernière, il attribuait sa plus haute distinction à un auteur de manga, Katsuhiro Ōtomo, le créateur de « Akira ». C’est celui-là même qui est l’invité d’honneur de cette année, et qui a été choisi pour dessiner l’affiche du festival. Le mangaka au succès planétaire (chose rare chez un auteur de bande dessinée) tiendra même une conférence exceptionnelle au Festival. Une rencontre de deux heures et demie, alternant dialogues avec l’artiste et ponctuations audiovisuelles, et où l’auteur racontera dans le détail de quelle manière il a conçu et développé Akira.… 

Le Quartier Asie du Festival prend encore plus ses aises cette année, avec davantage d’animations et d’exposants et une offre étoffée, pour mieux rendre compte de ces créations venues d’Asie qui représentent aujourd’hui un tiers du marché de la bande dessinée publiée en langue française. 

 

Début polémique pour le Festival

L’annonce de la sélection pour le Grand Prix a fait grand bruit cette année. Le manque absolu de femmes parmi les lauréats a valu au Festival d’être accusé de sexisme par lecteurs et auteurs. Beaucoup se sont retirés de la liste, à l’instar de Riad Sattouf ou de Joann Sfar. Une polémique qui avait forcé le festival a « rallonger » sa liste pour y inclure des femmes. Avant l’annonce du Grand Prix, il ne restait plus que trois lauréats en lice : le Britannique Alan Moore (finaliste également en 2015), la Française Claire Wendling et le Belge Hermann Huppen, dit « Hermann ». Suite à la polémique, Claire Wendling avait d’ailleurs demandé à ce qu’on ne vote pas pour elle. Une annonce qui a peut-être influencé le jury puisque c’est finalement Hermann qui a remporté le 43ème Grand Prix. Un dessinateur célèbre surtout pour Comanche (Dargaud) et Jeremiah (Dargaud). Considéré comme l'un des plus grands dessinateurs réalistes de la bande dessinée franco-belge, Hermann a su aborder un multitude de genres, mais est surtout connu pour son cow-boy des temps modernes. 

 

Le cow-boy à l’honneur

D’ailleurs, le cow-boy est justement à l’honneur cette année. À l’occasion du 70ème anniversaire de Lucky Luke, le festival rend hommage au plus célèbre des cow-boys solitaires, à travers « L’Art de Morris », une exposition montée par l’historien et critique Stéphane Beaujean. 150 documents, croquis, planches, seront exposés, accompagnés d’une belle monographie parue chez Dargaud. Une occasion de découvrir une étude savante sur le cowboy à la chemise jaune et à l’éternelle cigarette, les sens du mouvement, du cadrage, du travail sur la couleur et bien d’autres caractéristiques de la série mythique de Morris. Le succès de cette série est international, entrainant la vente de plus de trois cents millions d’exemplaires et de multiples films et séries d’animation. 

 

Un marché florissant 

Avec près de 15 nouveaux titres publiés chaque jour, soit un marché d’environ 5000 nouvelles bande dessinées tous les ans, la BD n’a donc aucun souci à se faire. Elle est aujourd’hui reconnue comme une forme d’art à part entière, comme en témoigne le Centre Pompidou qui cherche à explorer l’univers des dessinateurs majeurs du XXème siècle à travers plusieurs expositions. Ainsi, des dessinateurs comme Claire Bretécher, Willem ou encore Art Spiegelman ont eu le droit à un espace dédié à leurs créations. Les ventes font également preuve du succès croissant du roman graphique. Le Papyrus de César (Albert-René), le 36ème album des aventures d’Asterix, se plaçait ainsi en tête des ventes en 2015, avec 1,6 million d’exemplaires vendus. D’autres bande dessinées ont également figuré dans la liste des best-seller comme le 14ème album de Titeuf (Glénat), de Zep, qui s’est écoulé à près de 274 000 exemplaires, ou encore les deux tomes de L'Arabe du futur (Allary) de Riad Sattouf, qui dépassait les 343.000 exemplaires vendus.
Depuis sa création en 1973 et avec une fréquentation moyenne de 200.000 personnes chaque année, Angoulême est le premier festival consacré à la bande dessinée en Europe.

 

Quelques temps forts du festival : 

 

Débats : 
Espace Franquin – L’extraordinaire croissance du comic book en France, 28 janvier, 14 h.
Etats généraux de la bande dessinée, 29, 11 h 30.

Expositions : 
Lastman : Universe (Quartier Jeunesse)
L’art de Morris (Musée de la bande dessinée d’Angoulême)

Conférence : 
Eternel Tintin (Conservatoire – Auditorium). Avec Benoît Peeters. Le 30 à 10 h.

Rencontre :
Katsuhiro Ōtomo (Théâtre d'Angoulême - Scène nationale) -  samedi 30 janvier 14h - 16h30 
Littérature et bande dessinée, Orlando (L’Alpha – Auditorium) – le 30 à 10 h 30.

Distinction :
Prix Charlie Hebdo de la liberté d’expression, 1er février.

 

Pour y aller : 

Festival BD d’Angoulême. Du 28 au 31 janvier. 33 € pour 4 jours, 16 € la journée. 71, rue Hergé, Angoulême. Tél. : 05 45 97 86 50.