Sélection

Nos 15 BD coups de cœur

Voici quinze BD qui ont fait battre nos cœurs. Zerocalcare, Mathieu Bablet, Catherine Meurisse, Jacques Tardi... que du bonheur en bulles et en images...

Le Festival de la BD d'Angoulême a montré la vivacité de la BD; Les polémiques de l(an passé ont été oubliées et les auteurs nombreux pour célébrer un genre qui a de plus en plus les favers du public. Voici nos 15 coups de coeur.

L’arabe du futur – Tome 3, Riad Sattouf, (Allary Ed)

L’histoire : Dans le premier tome publié en 2014 et qui couvre la période 1978-1984, le petit Riad est ballotté, de sa naissance à ses six ans, entre la Libye, la Bretagne et la Syrie. Le deuxième tome, paru en 2015, raconte sa première année d’école en Syrie (1984-1985). Dans ce troisième tome (1985-1987), après avoir suivi son mari en Libye puis en Syrie, la mère de Riad ne supporte plus la vie au village de Ter Maaleh. Elle veut rentrer en France. L’enfant voit son père déchiré entre les aspirations de sa femme et le poids des traditions familiales...

Pourquoi c’est une réussite ? Si vous avez aimé les deux premiers tomes vous ne serez pas déçu par celui-ci. Riad Sattouf continue de nous raconter son enfance en Syrie de 1985 à 1987. Dans ce troisième opus l’auteur se livre de plus en plus, Riad qui grandit et qui a maintenant 7 ans prend conscience du monde étrange, merveilleux et effrayant qui l'entoure. La sensibilité aiguë du petit garçon et son regard honnête sur le monde sont encore au rendez-vous, pour notre plus grand bonheur.

Le dernier assaut, Jacques Tardi, Dominique Grange, (Casterman)

L’histoire : Pendant la Première Guerre mondiale, le brancardier Mathurin Broutille enchaîne les rencontres toutes plus désagréables les unes que les autres : le capitaine raciste de la coloniale, les soldats nains du roi d'Angleterre, les armes dernier cri des Allemands. Une dénonciation de la bêtise et de la cruauté de la hiérarchie militaire.

Pourquoi c’est une réussite ? La Première Guerre mondiale est un des thèmes majeurs dans l’œuvre de Jacques Tardi. Le dessinateur nous montre une nouvelle fois son talent pour illustrer l’horreur et l’absurdité de la guerre dans « Le dernier assaut ». L’œuvre qui est très riche en anecdotes et en détails est très documentée. Elle est vendue avec un CD de chansons interprétées par Dominique Grange, la compagne de Jacques Tardi qu’il est passionnant d’écouter en lisant la bande dessinée.

Les trois fantômes de Tesla: Le mystère Chtokavien – Tome 1, Guillaume Bec, Richard Marazano, (Lombard)

L’histoire : Rumeurs de débarquement de sous-marins allemands sur la côte est... Mystérieuses apparitions, et disparitions, sur les bords de l'East River... Mise sous tutelle des laboratoires d'Edison par le FBI... Expérimentations de terribles armes secrètes par les forces japonaises dans le Pacifique... Pour celui qui sait voir au-delà des apparences de calme trompeur, tout démontre que New York sera bientôt plongée au cœur des événements qui ravagent aujourd'hui le reste du monde...

Pourquoi c’est une réussite ? Les trois fantômes de Tesla se déroule au cœur de Manhattan en 1942, en plein milieu de la seconde guerre mondiale. Guillaume Bec nous offre un scénario épuré qui traite de nombreux sujets et fait se côtoyer des personnages fictifs et réels (ingénieurs de Tesla et Edison). Il est possible que cette série soit influencée par les univers de Jules Vernes ou d’Orwell puisque l'histoire n’est pas sans rappeler L’Ile Mystérieuse. Les dialogues et les dessins représentent à la perfection la noirceur d'un univers particulier. Cette BD singulière, mêle à la fois thriller, science-fiction, aventure et Steampunk. Le charme opère également grâce aux illustrations de Guilhem qui sont impeccables. Ces visuels éblouissants sont fidèles aux ambiances de la bande dessinée. Ils sont inspirés par les années 30-40 avec des détails très travaillés. Les couleurs sont splendides et les scènes de nuits vraiment remarquables. Ce récit riche annonce une trilogie prometteuse.

Le mari de mon frère - Tome 1, Gengoroh Tagame, (Akata)

L’histoire : Yaichi élève seul sa fille. Mais un jour, son quotidien va être perturbé… Perturbé par l'arrivée de Mike Flanagan dans sa vie. Ce Canadien n'est autre que le mari de son frère jumeau… Suite au décès de ce dernier, Mike est venu au Japon, pour réaliser un voyage identitaire dans la patrie de l'homme qu'il aimait. Yaichi n'a alors pas d'autre choix que d'accueillir chez lui ce beau-frère homosexuel, vis-à-vis de qui il ne sait pas comment il doit se comporter. Mais ne dit-on pas que la vérité sort de la bouche des enfants ? Peut-être que Kana, avec son regard de petite fille, saura lui donner les bonnes réponses…

Pourquoi c’est une réussite ? Le mari de mon frère est l'histoire d'une improbable rencontre entre un japonais à tendance homophobe et son beau-frère canadien gay. Le fossé entre ses deux hommes va vite se combler avec la petite Kana. Cette bande dessinée est une très belle surprise. Elle présente le milieu homosexuel sans stéréotype et sans l'hyper sexualité que l'on voit habituellement dans les mangas. Les personnages sont tous très attachants, notamment la petite fille qui symbolise ici la pureté, qui ne connait pas l'intolérance et qui n'a aucune idée préconçue. Les dessins sont simples mais très agréables avec des couleurs douces. Le mari de mon frère est donc un beau manga intelligent, drôle et touchant.

Lucky Luke: L'homme qui tua Lucky Luke - Tome 1, Matthieu Bonhomme, (Lucky Comics)

L’histoire : Par une nuit orageuse, Lucky Luke arrive dans la bourgade boueuse de Froggy Town. Comme dans nombreuses villes de l’Ouest, une poignée d’hommes y poursuivent le rêve fou de trouver de l’or. Luke souhaite faire une halte rapide. Mais il ne peut refuser l’aide qui lui est demandée : retrouver l’or dérobé aux pauvres mineurs du coin la semaine précédente. Avec l’aide de Doc Wednesday, Lucky Luke mène une enquête dangereuse, confronté à une fratrie impitoyable qui fait sa loi à Froggy Town, les Bone…

Pourquoi c’est une réussite ? Pour cette bande dessinée "Lucky Luke vu par..", Matthieu Bonhomme a relevé le pari. La forme et le fond sont splendides. L'histoire et le scénario sont originaux. L'auteur a veillé à ne pas tomber dans un numéro réchauffé de Morris. Il évite les scènes attendues. C'est justement ce qui rend cette bande dessinée intéressante. L'auteur a choisi fait de se concentrer davantage sur le côté western de Lucky Luke et non sur l'humour. Cela crée une ambiance un peu plus sombre que la série originale. L'histoire ose également plusieurs références aux précédents albums et au cinéma qui tombent très justes. Les visuels sont extrêmement beaux. On retrouve à merveille les décors du Far West. De plus Matthieu Bonhomme a su mettre sa patte dans l'œuvre de Morris avec des dessins vraiment originaux. Ce premier album d'une série hommage place donc la barre très haute.

Ce qu'il faut de terre à l'homme, Martin Veyron, (Dargaud)

L’histoire : Sur son lopin de terre de Sibérie, le paysan Pacôme vit avec sa femme et son fils. Il n’est pas riche mais il subvient aux besoins de sa famille. Cependant, Pacôme se sent à l’étroit. « Si seulement j’avais plus de terres, soupire-t-il en regardant par-delà la clôture, je pourrais être tout à fait heureux. » Un appétit, tant pour les terres que pour ce qu’elles rapportent, qui va aller grandissant… D’après une nouvelle de Léon Tolstoï.

Pourquoi c’est une réussite ? Adapter une nouvelle de Tolstoï en bande dessinée ? Voilà une idée originale, superbement réalisée par Martin Veyron. Il nous offre une adaptation personnelle et sensible de ce conte philosophique. Bien qu’un siècle nous  sépare de la nouvelle de Tolstoï, le sujet est malheureusement toujours d’actualité. Cependant Martin Veyron appuie légèrement le trait afin d’ajouter un peu d’humour au message auquel la bande dessinée nous renvoie. Les dessins représentent un village et des paysages russes magnifiques, qui varient de couleurs en fonction de la saison. Ainsi, le lecteur voit le blanc de l’hiver, le jaune du blé, le vert des champs et le bleu du ciel . Un très beau travail à lire et même à faire lire aux enfants. 

Coquelicots d'Irak, Lewis Trondheim, Brigitte Findakly, (L'association)

L’histoire : Avec ce livre à quatre mains, Lewis Trondheim délaisse ses animaux anthropomorphisés et dessine de véritables êtres humains pour raconter l’histoire de celle qui partage sa vie. Née en Irak, d’un père irakien et d’une mère française à l’orée des années 1960, le livre retrace son enfance passée à Mossoul, ville du nord de l’Irak, à une époque où, bien avant l’arrivée au pouvoir de Saddam Hussein, se succèdent coups d’État et dictatures militaires. Déroulant le fil de ses souvenirs, on découvre alors une vie de famille affectée par les aberrations de la dictature et leurs répercussions sur la vie quotidienne, jusqu’à l’inéluctable exil vers la France au début des années 1970. Une arrivée en France elle aussi difficile, une expérience migratoire faite de difficultés administratives, sociales et culturelles.

Pourquoi c’est une réussite ? Le duo Findakly - Trondheim fait des merveilles avec une distribution des rôles inédite ! Dans cette œuvre multi-coopératif, à quatre mains, le couple assure les textes, Trondheim le dessin et Findakly les couleurs, pour raconter la vie et l'enfance de Brigitte en Irak. « Coquelicots d’Irak » est un récit fragmenté et intime mais sans jugement ni colère. On y apprend quantité de choses sur un pays encore assez méconnu et plein de controverse. Brigitte Findakly reste dans l’empathie et la retenue. Elle nous offre une histoire touchante qui allie tolérance et respect, une histoire pleine d’amour envers les siens et envers le pays de son enfance. Son récit est entrecoupé de photos personnelles en noir et blanc, d'anecdotes culturelles et de bons souvenirs d'enfance qui apportent un sentiment d’apaisement face à la violence des événements historiques. Les couleurs, vives et douces, sont en parfaite harmonie avec le dessin et le ton de l’album. Cette œuvre autobiographique s'inscrit dans le sillage des BD tel que « L'arabe du futur » du Riad Sattouf dont on vous parlait précédemment.

Jupiter's legacy - Tome 1, Mark Millar, Frank Quitely, (Panini Comics)

L’histoire : En 1932, la recherche d’une mystérieuse source de pouvoir entraîne Sheldon Sampson, son frère Walter et un petit groupe d’alliés dans une quête autour du monde. Des décennies plus tard, Sheldon et Walter sont devenus des surhumains salués pour leur héroïsme. Mais à présent, une nouvelle génération doit prendre la relève et cette mission s’annonce bien difficile.

Pourquoi c’est une réussite ? Mark Millar et Franck Quietly, le duo qui nous avait offert THE AUTHORITY, revient en très grande forme. Cette fois ci, ils nous offrent une approche intéressante du super-héro qui renouvèle le mythe de façon enthousiaste. L’auteur sait jouer de ses codes et tisser une intrigue aux enjeux complexes qui tiennent le lecteur en haleine. Mark Millar fait partie de ces rares auteurs qui parviennent à donner ses lettres de noblesse au genre qu’il affectionne. Pour le dessin, le grand Franck Quitely nous régale encore et toujours. Le dessin sobre et épuré, les couleurs claires et franches, créent un contraste étonnant et agréable avec le côté sombre de l'histoire. Jupiter's legacy est un comics à découvrir, notamment pour la découverte d’une autre facette de son scénariste; Mark Millar.

La légèreté, Catherine Meurisse, (Dragaud)

L’histoire : Dessinatrice à Charlie Hebdo depuis plus de dix ans, Catherine Meurisse a vécu le 7 janvier 2015 comme une tragédie personnelle, dans laquelle elle a perdu des amis, des mentors, le goût de dessiner, la légèreté. Après la violence des faits, une nécessité lui est apparue : s’extirper du chaos et de l’aridité intellectuelle et esthétique qui ont suivi en cherchant leur opposé – la beauté. Afin de trouver l’apaisement, elle consigne les moments d’émotion vécus après l’attentat sur le chemin de l’océan, du Louvre ou de la Villa Médicis, à Rome, entre autres lieux de renaissance.

Pourquoi c’est une réussite ? Comment se relever et marcher quand on a été submergé par la douleur ? Dans la légèreté Catherine Meurisse nous raconte l'histoire de sa destruction mais aussi de sa reconstruction après les attentats de Charlie, un parcours sobre, violent et poignant. On ne peut être que particulièrement touché par la vision de l’auteure sur les événements, sur sa manière d'affronter l'horreur et de revenir à la vie. Il ne faut pas chercher la colère, la revendication ou la quête de la vérité. Ce livre est une œuvre personnelle, le travail du deuil de la dessinatrice. On ne peut être que bouleversé par cette bande dessinée pleine de gravité, de légèreté mais aussi d’humour, et qui apaise vraiment. L’œuvre est caractérisée par le graphisme original, l’esprit « Charlie ». Ses dessins à l’encre de chine, les aquarelles ou les pastels sont toujours aussi magnifiques. Au fil des pages l’univers de la dessinatrice va retrouver de la couleur et de la nuance. L’œuvre de Catherine Meurisse est une belle leçon de vie, une ode à l'art et à l’amour.

Otto, l'homme réécrit, Marc-Antoine Mathieu, (Delcourt)

L’histoire : Otto Spiegel, artiste performeur reconnu, est sur le point de perdre ses repères quand le destin lui offre l’occasion unique de lire le détail de sa vie de sa conception jusqu’à ses 7 ans. S’ensuit une plongée vertigineuse dans le processus qui génère l’individualité d’un homme. Avec ce récit érudit et troublant, Marc-Antoine Mathieu questionne par la raison nos certitudes les plus profondes.

Pourquoi c’est une réussite ? Avec Otto, l’homme réécrit, Marc Antoine Mathieu nous surprend une fois de plus en abordant les éternelles questions existentielles. Cette œuvre en noir et blanc est davantage un conte philosophique qu’une bande dessinée au sens strict. Chaque page est constituée d’une ou deux images, la plus part du temps sans bulles.  Presque tout est dit dans les dessins qui parlent d’eux même. On ressent l’importance des détails pour le dessinateur. Rien n’est laissé au hasard. Il considère le dessin comme un deuxième langage. Chaque page est une invitation au voyage, Marc Antoine Mathieu nous offre des moments partagés, graves et légers, des vérités retrouvées. Que ce soit les textes ou les illustrations, ce livre contient une vraie beauté qui rend sa lecture hypnotisante.

Saga - Tome 6, Brian K. Vaughan, Fiona Staples, (Urban Comics)

L’histoire : Réunis pour finalement voir leur fille kidnappée par des membres de la Dernière Révolution Réunis pour finalement voir leur fille kidnappée par des membres de la Dernière Révolution, Marko et Alana sont sous le choc. Ils ignorent tout de leurs intentions envers Hazel et du lieu où est-elle se trouve actuellement. Le Testament, de son côté, se remet progressivement sur pied grâce aux efforts conjoints de Gwendoline et Sophie, non sans pleurer la mort de sa sœur La Marque. En somme, une « résurrection » dont le mercenaire se serait bien passé.

Pourquoi c’est une réussite ? Saga revient avec un tome 6 et c’est un vrai régal. A la manière des séries télévisées cette bande dessinée renferme tous les ingrédients pour rendre le lecteur accro à l'histoire. Cette série atypique, qui mélange univers de science-fiction et de fantaisie, oscille avec brio entre violence et amour. Malgré leur multitude, plus la série se développe plus on s’attache aux personnages. On commence vraiment à les connaitre en profondeur et on aime partager leur vie le temps de cette lecture. En ce qui concerne les dessins, Fiona Staples a su créer une véritable identité graphique à Saga. Elle assure elle-même la colorisation et a dû simplifier ses arrières plans afin de donner plus de caractère aux protagonistes, un travail vraiment bien réussi et très agréable pour les yeux.  La fin de ce volume est un peu surprenante et annonce de nouvelles complications, l’idée de devoir attendre plusieurs mois le prochain tome est un supplice pour de nombreux lecteurs. Vivement le septième tome !

Shangri-la, Mathieu Bablet, (Ankama)

L’histoire : Ce qu'il reste de l'humanité vit à bord d'une station spatiale dirigée par une multinationale à laquelle est voué un véritable culte. Les hommes mettent en place un programme pour coloniser Shangri-la, la région la plus hospitalière de Titan, afin de réécrire la genèse à leur manière.

Pourquoi c’est une réussite ? Si Mathieu Badlet avait su mettre une grosse claque au monde de la BD avec La Belle Mort, puis les 2 tomes d'Adrastée, il confirme aujourd’hui une fois de plus sa place parmi les grands auteurs. Sa nouvelle œuvre regroupe 200 pages d'une Science-Fiction à couper le souffle. Shangri-la émet une critique aigue d’une société pas si éloignée de la nôtre. L’auteur s'attaque à la valeur négative du travail, aux systèmes politiques qui cherchent uniquement le pouvoir, au racisme, et plein d’autres sujets vraiment parlant. Si l’histoire ne manque pas de richesse le graphisme de cette œuvre est incroyable. En effet Mathieu Bablet n'est pas seulement un scénariste doué, il est aussi un dessinateur avec un style très personnel et particulier. Ces dessins ont un véritable cachet et donne un beaucoup de charme à la bande dessinée. Les graphismes architecturaux sont grandioses, avec un rare soin du détail. Le dessinateur joue également avec les palettes de couleurs en choisissant des couleurs chaudes pour l’introduction de l’œuvre et plus froides pour la fin. Il est aussi important de relever le travail d’édition d’Ankama qui offre un grand format soigné et luxueux.

Chronosquad: Lune de miel à l’âge du bronze - Tome 1, Grégory Panaccione, Giorgio Albertini, (Delcourt)

L’histoire : Bloch vient de recevoir l’appel de sa vie : il va enfin intégrer la mythique Chronosquad pour une mission en Égypte antique ! Une banale fugue d’adolescents d’un centre de vacances que l’expérience de ses coéquipiers, Penne et Beylogu, devrait permettre de résoudre rapidement. Mais ce qui se présentait comme une balade temporelle de santé se transforme bientôt pour Bloch en voyage initiatique.

Pourquoi c’est une réussite ? Chronosquad: Lune de miel à l’âge du bronze est un album étonnant mêlant science-fiction, BD de divertissement et métaphore socio-historique. L’œuvre gagne en profondeur au fur et à mesure que l'histoire avance, grâce notamment à la progression de la tension et de la complexité. Les auteurs nous donnent de multiples pistes, que l'on a très envie d'explorer et de découvrir dans les prochains tomes. Ils prennent le temps de planter le décor, de développer leurs personnages ce qui est très appréciable dans un premier numéro, et nous révèle la densité de cette BD. Cette histoire originale est également mise en avant par les dessins atypiques de Grégory Panaccione. Les visuels sont proches de l’animation, parfois historiques et composent un dessin expressif, auquel on accède immédiatement. En résumé Chronosquad c’est une enquête, de l’humour, de l’originalité et des personnages attachants qui font de ce récit un véritable délice.

The Grocery, Tome 4, Aurélien Ducoudray, Guillaume Singelin, (Ankama)

L’histoire : Après avoir pris le contrôle du quartier aux dépends de ses habitants, Ellis One décide d’officialiser sa mainmise sur la vie locale en organisant à la surprise générale des élections ! Une façon de normaliser son coup d'État. Bien sûr, il en sera le principal candidat… Ce qui est loin de plaire à tout le monde : Sixteen et Elliott qui veulent venger leur amie Vickie, le mystérieux trader qui organise des attentats en ville, et un candidat surprise, notre bon épicier… M. Friedman !!!

Pourquoi c’est une réussite? Nous y voilà, le final de l’excellente série The Grocery est enfin arrivé. On replonge donc avec plaisir dans l’incroyable histoire de Baltimore et de ses habitants, dévasté par la violence, la pauvreté, la criminalité, et la corruption. Ce dernier volume est loin de nous décevoir ! Au contraire, il s’inscrit dans la continuité des précédents, avec des références subtiles aux séries et aux films américains, et à sa galerie de personnages (Mr. Friedman, Elliott, Sixteen, Ellis One, Wash...). Pour le travail graphique Guillaume Singelin apporte une sensation d’oppression qui accentue ce contexte apocalyptique, notamment grâce à son coup de crayon original. Il parvient à mettre en scène des personnages zoomorphes et singuliers criant de vérité.  Cette cohabitation entre le scénario de Alexandre Ducoudray et les dessins de Guillaume Singelin signe une série intelligente, violente, sensible et engagée qui en ravira plus d’un.

Kobane Calling, Zerocalcare, (Cambourakis)

L’histoire : Envoyé par l’Internationale (le Courrier International italien), Zerocalcare part aux confins de la Turquie, de l’Irak et du Kurdistan Syrien pour rejoindre la ville de Kobane, à la rencontre de l’armée des femmes kurdes, en lutte contre l’avancée de l’État Islamique. À partir de ce voyage, Zerocalcare livre un reportage d’une sincérité poignante, un témoignage indispensable et bouleversant qui s’efforce de retranscrire la complexité et les contradictions d’une guerre si souvent simplifiée par les medias internationaux et le discours politique.

Pourquoi c’est une réussite ? Avec Kobane Calling, Zerocalcare nous dévoile un carnet de voyage atypique au cœur du conflit syrien. Le travail admirable et instructif de cet album nous éclaire sur les réalités de la guerre actuelle en Syrie et nous présente une vision différente de celle des médias occidentaux et de nos responsables politiques auxquels on est habitué. L’auteur parvient tout de même à faire sourire, voir rire, son lecteur tout en parlant du Kurdistan, du PKK et des atrocités commises par Daesh. Quant au dessin, l’auteur a choisi un côté quelque peu bordélique parfaitement adapté au récit qui témoigne de la violence de ce conflit. De plus le style graphique humoristique de Zerocalcare a pour avantage de faciliter la lecture et de la soulager lors des passages où la violence atteint son paroxysme. A l’heure ou la guerre ne cesse de s’arrêter, et ou des civils meurent sous les bombes il est urgent de lire cet ouvrage remarquable et d’une grande intelligence.

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