"Bébé disent les publicitaires, certaines puéricultrices, les psychologues de magazines, les manuels pour parents… L'absence d'article est comme certains tutoiements, un chantage à l'intimité et un mépris de la pensée… J'écris pour renouveler la langue, pour fourbir les mots comme on frotte des cuivres – le bébé, la mère : entendre un son plus clair." En deux cahiers, elle donne au bébé, une majuscule et un article, une coloration universelle et très particulière. En trois saisons, l'écriture et l'apprentissage de sa "fibre maternelle", deux plein temps difficilement conciliables, s'enrichissent mutuellement. Du malaise à l'amour, du dégoût à l'enthousiasme, le texte est à la fois suspendu aux caprices d'un petit être énigmatique et nourri d'une expérience incomparable. Les voix de la "jeune mère", de l'auteur, de l'information brute, de la protectrice exaspérée ou idolâtre, traversent ce court récit fragmenté, laissé au flux naturel de la pensée. Marie Darrieussecq nous livre ici une sorte d'album drôle, intime et cultivé, dont la justesse et la liberté de ton nous tendent les bras. Impossible d'y résister… --Claire Pardieu