Succès

Le phénomène Manga

La France est aujourd’hui, avec la Corée du Sud, le plus important marché d’exportation du manga. Depuis la première traduction d’Akira dans les années 90, ce marché a, en à peine quinze ans, atteint le chiffre de 38% du marché de la bande dessinée dans notre pays. Pourquoi ce succès ? Comment ce produit est-il devenu un incontournable des fondements de la culture nippone ? Analyse.

Origines du manga

Si le manga n’était pas un art totalement inconnu en France dans les années 1990, c’est pendant cette décennie que Jacques Glénat (fondateur de la maison d’édition Glénat) a l’idée d’importer le manga en France. Akira est donc le premier manga édité en France. Il rencontre immédiatement su public.

Une remise en question culturelle

Glénat continue ainsi sa lancée avec en 1993 l’immense succès de Dragon Ball, qui sera ensuite diffusé en animé dans l’émission Club Dorothée. Le succès du manga se ainsi fait croissant en France. Cependant, le manga sera victime de son succès : en effet il se fait également bon nombre d’ennemis. Il faut admettre que cette vague amène avec elle des œuvres plus polémiques, comme des mangas hentai (pornographiques). Le choc culturel s’est révélé assez violent, en particulier pour la France, pays pour qui les dessins animés sont assimilés aux enfants, et qui a du mal à concevoir que les mangas pourraient concerner un public plus averti. Fort heureusement, cela n’entravera que peu le développement du manga, qui verra naître, en plus de Glénat, de nombreux éditeurs spécialisés comme Samouraï Éditions ou Star Comics, ainsi que de nombreux magazines, notamment Animeland.

Un succès grandissant parmi les lecteurs

A partir de 1996, les rythmes de publication augmentent, passant à plus d’une quarantaine de publications dans les années suivantes avec des œuvres devenues incontournables comme Detective Conan ou Yu-Gi-Oh. A cela vient s’ajouter le développement des rencontres de fans, qui aboutiront à la création de la Japan Expo en 1999, le premier festival mondial dédié exclusivement aux mangas et à l’animation. Paradoxalement, les mangas restent encore à cette époque assez inconnus du grand public, et le monde fermé de la bande dessinée ne leur accorde que peu de reconnaissance : presque pas représentés au Festival d’Angoulême, ignorés par les éditeurs, les mangas sont encore loin de leurs apogées futures.
>Lire notre article : Le jeu des 7 familles de mangas

En 2002, le manga prend une place prépondérante

Ils connaitront une forte hausse à partir de 2002, passant de 25% à 44 % sur le marché des nouveautés. L'’époque est alors aux forts tirages, mais également aux changements de forme du manga lui-même : les traductions se font bien plus qualitatives, et le sens de lecture original (de droite à gauche) apparait dans les formats français. Beaucoup d’éditeurs se mettent à préférer les mangas, notamment car ils peuvent piocher dans les œuvres ayant déjà reçu l’approbation du public au Japon. La France devient l’un des plus grands éditeurs, avec des mangas devenus cultes : Naruto, One Piece, Fairy Tail, Attack on Titan, etc. Le public est au rendez-vous : la vague manga déferle. Et une nouvelle pépinière d'auteurs de mangas naît en France. 
> Lire notre article : Manga : la french touch fait des émules  
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Le moyen de relancer une génération vers la lecture ?

Nous le savons tous, depuis l’arrivée de nos téléphones et autres ordinateurs, les jeunes passent de moins en moins de temps à lire des livres. Aurions-nous trouvé le remède en l’existence du manga ? En effet, ces petits livres courts et distrayants, avec des graphismes et de l’action fascinent même les plus réticents. « Je pense que les mangas m’ont aidé à retrouver du plaisir dans la lecture à une époque où cela n’était plus dans mes priorités. J’avais alors tendance à privilégier une série ou un jeu vidéo là où j’apprécie maintenant une bonne séance de lecture. Je peux en parler avec mes amis qui partagent cette même passion, et faire des rencontres à travers cet univers. Le Japon est devenu un pays m’attirant fortement, car à travers les manga je peux découvrir cette culture fascinante » raconte Thomas Kergall, jeune lecteur de 14 ans.
En effet là où l’attention du public était dirigée dans les années 60 à l’Ouest avec les comics de super-héros américains, elle est maintenant tournée vers le Pays du Soleil Levant. Les mangas continueront-ils leur hégémonie dans le monde du livre illustré ? D'autres formes d'expressions issues du métavers vont-elles détrôner leur règne ? Avec le Pass Culture, les jeunes se sont jetés sur les albums de mangas et ne sont pas près de les abandonner. Le manga a encore de beaux jours devant lui.

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