Fantasy

« La cité du savoir » de Nadia Coste : un monde où la magie tire son pouvoir des mots…

Nouveau roman de Nadia Coste, «La cité du savoir» aux éditions Scrineo est un roman de 434 pages entraînant le lecteur dans un monde idéalisé où le savoir promet la clé de la réussite. Mais à quel prix ? Tout n’est pas rose, et l’auteure peint une sorte d’utopie inversée, remarquablement bien écrite, aux protagonistes attachants et à l’intrigue surprenante. Analyse.

Une trame démultipliée et foisonnante

L’auteure nous livre avec « La cité du savoir » un concept surprenant, dans lequel le savoir contrôle la cité, et se lie à la magie, comme dans « La passeuse de mots », célèbre roman d’Alric et Jennifer Twice, dans lequel la protagoniste possède le pouvoir de contrôler la magie grâce aux mots et à la lecture. Quel lecteur ne rêverait de cela ? Nadia Coste réussit le pari d’écrire des mots à propos des mots, une mise en abîme bien ficelée emplie de retournements de situation, laissant le lecteur en haleine jusqu’à la dernière page.

Une autrice déjà bien implantée dans le milieu de la littérature

Née en 1979 à Villeurbanne, Nadia Coste est une écrivaine française spécialisée en littérature jeunesse. Passionnée par les littératures de l’imaginaire, elle se lance dans l’écriture dès 2004. Près de de six ans et neuf versions plus tard, elle publie son premier ouvrage. Naviguant entre plusieurs univers de la littérature jeunesse, puis en s’orientant vers celle pour adolescents, elle est également membre de CoCyclics, collectif de jeunes auteurs s’entraidant pour améliorer leurs manuscrits grâce à la relecture critique, ainsi que de la Charte des Auteurs et Illustrateurs Jeunesse. Avec « La cité du savoir », elle signe un roman s’inscrivant dans une lignée, mais également faisant souffler un vent rafraîchissant sur la littérature adolescente.

La nouvelle Passeuse de mots

Sophia vit sur l’île d’Hiklion avec sa famille et son meilleur ami Théo, une vie simple faite de jeux, de travail et surtout, de lecture. Mais ça, c’est un secret ; il n’est pas conseillé pour un enfant d’apprendre à lire sur cette île. En effet, chaque année des enfants avec cette capacité sont envoyés sur la mythique île de Philopolis afin d’y étudier. Mais cette perspective idyllique n’est pas toute rose : la plupart des étudiants, échouant au test final de l’université, reviennent à Hiklion affectés par la dyspnoïa, une maladie mentale les rendant complètement incapables de survivre par eux-mêmes ou de réfléchir. Les quelques élus, cependant, sont promis à un avenir radieux, rempli de livres, magie et connaissances à la Cité du Savoir. Et Sophia a bien l’intention d’y parvenir elle aussi.

Ainsi, lorsque la jeune fille réussit à intégrer le cursus de Philopolis, c’est la boule au ventre qu’elle quitte Hiklion, consciente des risques car ayant grandi avec Théo dont le grand frère, Sosthène, est devenu dyspnoïaque suite à son échec. Théo, inquiet pour son amie, va donc rejoindre Philopolis en secret pour la protéger. Sur place, il intègre la guilde des Voleurs, société œuvrant dans l’ombre contre la tyrannie des Penseurs. Car contrairement à ce que pense Sophia, ces maîtres de la cité, si savants et talentueux, cachent en réalité de sombres secrets. Quelle est la véritable cause de la dyspnoïa ? Y a-t-il une cure ? Et quel rôle, bien plus important que tout ce à quoi elle s’imaginait, attend Sophia sur la Cité du Savoir ?

Un monde où puissance et savoir sont synonymes

« Zélios Blas donne du sens à ce qui semble insignifiant… Il m’en donnera donc à moi quand le moment sera venu. » -N.C

Zélios Blas, c’est le maître Penseur suprême de la cité de Philopolis, le créateur de la nation. Adulé par le peuple, respecté, admiré, il est l’idole de Sophia dès son entrée à l’université. Mais comme dans tout régime prônant un chef unique, tout n’est pas ce qu’il semble être, et c’est bien le cas avec Zélios Blas. Théo en paiera le prix fort, alors qu’il découvre le Penseur dans une situation qui, si révélée au grand jour, pourrait bien causer sa chute. S’ensuit une dispute avec sa meilleure amie Sophia, cette dernière ne pouvant concevoir maître Blas capable de mauvaises choses. L’auteure dénonce ainsi tous les lanceurs d’alerte qui sont trop peu écoutés, face à une société ne possédant pas de recul ou d’esprit critique. Car le savoir, c’est le pouvoir. Encore plus lorsque le futur est incertain.

Une héroïne profondément authentique, à laquelle on peut s’identifier

« Elle compensait sa fatigue par la nourriture, dès qu’elle le pouvait, et mangeait également quand elle s’inquiétait, c’est-à-dire souvent. Elle se fichait que ses bras, ses cuisses et ses joues gonflent à vue d’œil à force de se gaver. » -N.C

Une fois arrivée dans cette Cité du Savoir qu’elle avait idéalisée toute sa vie, et pensant être à sa hauteur, Sophia déchante bien vite en réalisant qu’elle n’est peut-être pas si douée que cela, et que les risques de finir dyspnoïaque grandissent à vue d’œil. Le lecteur suit son entrée dans l’adolescence à travers les quelques années que dure sa formation sur l’île des Penseurs, en parallèle de celle de Théo dans les bas-fonds. Et la jeune fille en verra des vertes et des pas mûres. Minée par une pression scolaire immense, ne se croyant jamais à la hauteur, Sophia se laisse aller à des excès, mangeant trop, ne dormant plus, et étant ainsi tout le temps malheureuse. La validation académique ne devrait jamais influencer le bonheur de quelqu’un, et le lecteur retient bien cela dans « La Cité du Savoir ».

Façade parfaite d’une société vicieuse

« Tout se bousculait dans sa tête. D’un côté, l’image de Philopolis, si blanche et lumineuse, pleine de culture, de livres et d’art… Hiérarchisée, mais où chacun trouvait sa place… et, de l’autre, cette vision du monde si noire, où les Penseurs domineraient les autres îles de l’archipel en contraignant les plus ignorants à leur obéir grâce à la force et à la magie… » -N.C

Une société régie par l’intelligence et la science ne devrait-elle pas être en théorie la meilleure société ? Nadia Coste nous montre bien qu’il y a un « mais » partout. L’intelligence, le savoir, est une arme comme toutes autres, on le voit bien dans l’ouvrage « Atlas Six » d’Olivie Blake, autre livre chroniqué dans Viabooks. Et cette arme peut par définition être d’une efficacité redoutable contre ceux ne la possédants pas. Et à Philopolis, les Penseurs font tout pour que le bas peuple n’accède pas au savoir, qu’il ne puisse même pas lire. N’est-il pas vrai que la première chose faite par un tyran lorsqu’il arrive au pouvoir, c’est brûler les livres ? L’instruction est essentielle pour l’esprit d’examen, et l’auteure le montre bien dans un ouvrage palpitant et impossible à lâcher.

> « La Cité du Savoir », Nadia Coste, Scrineo, 434 pages, 18,90 euros >> Pour achter le livre, cliquer sur ce lien

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