Rentrée littéraire

Les livres les plus attendus en littérature étrangère

Pour tous les amateurs de littérature, le mois de septembre est un moment très excitant ; la rentrée littéraire débute enfin. Les auteurs incontournables qu’on est impatient de retrouver, ceux que l’on va découvrir et bien sur les nouveaux jeunes talents. Si la littérature française n’est jamais en reste lors de cette période littéraire, la littérature étrangère à elle aussi sa place dans le cœur des lecteurs français.

Découvrez aujourd’hui notre sélection parmi les livres les plus attendus en littérature étrangère.​ Il y en aura pour tous les goûts.  

Cette étrange chose en moi
, Orhan Pamuk, 2017,(Gallimard)

L’histoire ? Comme tant d’autres, Mevlut a quitté son village d’Anatolie pour s’installer sur les collines qui bordent Istanbul. Il y vend de la boza, cette boisson fermentée traditionnelle prisée par les Turcs. Mais Istanbul s’étend, le raki détrône la boza, et pendant que ses amis agrandissent leurs maisons et se marient, Mevlut s’entête. Toute sa vie, il arpentera les rues comme marchand ambulant, point mobile et privilégié pour saisir un monde en transformation. Et même si ses projets de commerce n’aboutissent pas et que ses lettres d’amour ne semblent jamais parvenir à la bonne destinataire, il relèvera le défi de s’approprier cette existence qui est la sienne.

Pourquoi on aime ? Préparez-vous à voyager, Orhan Pamuk vous transporte, avec ses mots, au côté de Mevlut, au cœur de l’impressionnante mégapole d’Istanbul. Dès les premières pages une atmosphère de complicité se créé et le lecteur se sent directement à l’aise pour découvrir la vie du protagoniste et de ses amis. Dans son œuvre l’auteur a choisi de nous faire découvrir une histoire familiale et amicale qui repose sur un contexte socio-culturel, politique et économique très intéressant. L’histoire évolue dans ce paysage et aborde des sujets hétéroclites comme la corruption, les meurtres, les tensions « intercommunautaires », la place de la femme dans la société turque, l’urbanisation et l’industrialisation d’Istanbul, toujours avec un regard sur Melvut. En effet ici l’auteur ne se permet pas d’émettre un avis critique mais préfère aborder l’impact de ces problématiques sur la vie de son personnage. Le vrai plus de ce livre réside dans le choix qu’a fait l’auteur de ne pas se focaliser sur Melvut mais d’étudier également ses amis et sa famille. Chacun a une place importante dans le récit et aide à le rendre plus vivant puisque, pour la plupart d’entre eux, ils s’adressent directement au lecteur. Ce procédé, qui peut parfois être risqué, est ici maitrisé avec brio. Cette étrange chose en moi est donc un livre que l’on vous conseille fortement pour cette rentrée littéraire, particulièrement si vous aimez les récits qui regorgent de détails et permettent de s’évader.

Les Sables de l’Amargosa
, Claire Vaye Watkins, 2017, (Albin Michel)

L’histoire ? Une terrible sécheresse a fait de la Californie un paysage d’apocalypse. Fuyant Central Valley devenue stérile, les habitants ont déserté les lieux. Seuls quelques résistants marginaux sont restés, prisonniers de frontières désormais fermées, menacés par l’avancée d’une immense dune de sable mouvante qui broie tout sur son passage. Parmi eux, Luz, ancien mannequin, et Ray, déserteur « d’une guerre de toujours », ont trouvé refuge dans la maison abandonnée d’une starlette de Los Angeles. Jusqu’à cette étincelle : le regard gris-bleu d’une fillette qui réveille en eux le désir d’un avenir meilleur. Emmenant l’enfant, ils prennent la direction de l’Est où, selon une rumeur persistante, un sourcier visionnaire aurait fondé avec ses disciples une intrigante colonie…

Pourquoi on aime ? Salué unanimement par la presse américaine, Les Sables de l’Amargosa était très attendu en France. Son réalisme effrayant, sa gravité et sa fantaisie font de cette œuvre un incontournable de la rentrée littéraire étrangère. Avec ce récit Claire Vaye Watkins nous dévoile un portrait de la Californie contemporaine et propose en quelque sorte une nouvelle vision du roman de l’errance, plébiscité par John Steinbeck et Cormac McCarthy. L’auteur allie à cela un genre qui fonctionne très bien en librairie puisqu’il s’agit d’un road movie post-apocalyptique. Ce qui rend Les Sables de l’Amargosa unique en son genre est le style de l’auteur. En effet cette dernière rassemble, grâce à sa plume, un univers poétique et un univers désenchanté, ce qui créé une symbiose audacieuse.  Son style déstabilisant permet de pénétrer à la fois dans l'intimité de Luz et de Ray. Les descriptions des territoires arides et mouvants, écrasés par la chaleur, qui brouillent les personnages, parviennent également à troubler le lecteur, tant ils sont réalistes. Ce roman incontestablement hypnotique et singulier témoigne de la maitrise incontestable des mots de Claire Vaye Watkins, qui s’inscrit comme une auteure majeure de la littérature américaine.

Les aventures de Ruben Jablonski
, Edgar Hilsenrath, 2017, (Le Tripode)

L’histoire ? Arraché à l’insouciance et l’espièglerie de l’enfance par la terreur nazie, le jeune Ruben Jablonski se retrouve à la sortie de la Seconde Guerre mondiale dans une situation désespérée. Libéré d’un ghetto, séparé de sa famille et à la recherche d’un nouveau destin, il s’engage dans un périple épique qui le conduit de la Roumanie aux États-Unis, en passant par l’Ukraine, la Turquie, la Palestine et la France…

Pourquoi on aime ? Les aventures de Ruben Jablonski est en quelque sorte une œuvre synthèse du parcours atypique de l’auteur. La famille Jablonski (alias Hilsenrath), d'origine Juive allemande, ayant fui en Roumanie à l'arrivée d'Hitler au pouvoir en 1938, sera déportée par le régime Nazi dans le ghetto de Mogilev en Ukraine. Cet épisode donnera naissance à Nuit, un des romans majeurs d'Edgar Hilsenrath. Ruben Jablonski effectuera alors, seul, un périple gigantesque dans l'Europe pour échapper au génocide. Ce voyage le mènera tout d’abord en Palestine, dont il parlera dans son œuvre, Le Barbier et le Nazi, puis en Amérique (Fuck America). Ce dernier ouvrage est l’occasion pour toute personne qui découvre Edgar Hilsenrath, d’appréhender son style, son œuvre ainsi que son histoire personnelle. En ce qui concerne l’histoire, les aventures de Ruben sont toutes plus passionnantes les unes que les autres. On découvre un enfant qui deviendra un homme au fil des pages, formé par la misère, les petits boulots et les rencontres. Le lecteur se laisse emporter par ce récit ou le pathétique ne l’emporte jamais, malgré un sujet qui s’y prête fortement. L’auteur préfère laisser place à l’humour noir et grivois, bien que plus sage que ses œuvres précédentes. La vision personnelle de l’auteur sur la Shoah en fait un des auteurs incontournables sur cet évènement historique. 

Underground Railroad
, Colson Whitehead, 2017, (Albin Michel)

L’histoire ? Cora, seize ans, est esclave sur une plantation de coton dans la Géorgie d’avant la guerre de Sécession. Abandonnée par sa mère lorsqu’elle était enfant, elle survit tant bien que mal à la violence de sa condition. Lorsque Caesar, un esclave récemment arrivé de Virginie, lui propose de s’enfuir, elle accepte et tente, au péril de sa vie, de gagner avec lui les États libres du Nord. De la Caroline du Sud à l’Indiana en passant par le Tennessee, Cora va vivre une incroyable odyssée. Traquée comme une bête par un impitoyable chasseur d’esclaves qui l’oblige à fuir, sans cesse, le « misérable cœur palpitant » des villes, elle fera tout pour conquérir sa liberté.

Pourquoi on aime ? Salué par le National Book Award 2016 et le prix Pulitzer 2017, Underground Railroad a fait beaucoup de bruit dès sa sortie. Cette impressionnante fresque sur l'esclavage nous plonge dans des pages sombres de l'histoire américaine. Grâce à son adaptation du célèbre réseau clandestin d’aide aux esclaves en fuite, l’Underground Railroad, Colson Whitehead cherche à montrer aux lecteurs les fondements du racisme en Amérique, ainsi que son fonctionnement. Cette œuvre politique est essentielle pour comprendre l’Histoire ainsi que les Américains d’hier et d’aujourd’hui. Si ce récit reste romancé, à travers le personnage de Cora, la puissance de l’œuvre, extrêmement bien documentée est parfois insoutenable et fait prendre conscience de nombreuses informations plus que jamais nécessaires pour lutter contre la haine omniprésente. Le lecteur ne ressort pas totalement indemne de cette lecture. Les mots de l’écrivain secouent, bouleversent, ébranlent, voir même anéantissent, face à cette injustice. L’effet n’en est pas moins atténué puisque l’écriture incroyable de l’auteur nous raconte tout : les atrocités commises, la peur constante, la violence… tout est présent. Si le lecteur parvient tant à se projeter c’est également grâce aux personnages si bien brossés. On se met dans la peau de Cora, Caesar ou Royal, ces acteurs si humains et tellement touchants. On ressent la peur, l’angoisse, le désespoir, face à l’impitoyable chasseur d'esclave Ridgeway. Underground Railroad s’ajoute à la liste de ces livres qui laisseront à tout jamais une trace en nous, et qui a toutes ces chances de s’inscrire dans l’avenir parmi les classiques de la littérature.

La fille qui rendait coup pour coup
, Millénium 5, David Lagercrantz, 2017, (Actes Sud)

L’histoire ? Suite aux infractions qu'elle a commises en sauvant le petit garçon autiste dans "Ce qui ne me tue pas", Lisbeth Salander est incarcérée dans une prison de haute sécurité pour négligence constituant un danger public. Lorsqu'elle reçoit la visite de son ancien tuteur, Holger Palmgren, les ombres d'une enfance qui continuent à la hanter ressurgissent. Avec l'aide de Mikael Blomkvist, elle se lance sur la piste de crimes d'honneur et d'abus d'Etat, exhumant de sombres secrets liés à la recherche génétique.

Pourquoi on aime ? Lisbeth Salander est enfin de retour. Après le décès en 2004 de Stieg Larsson, l’auteur original, la maison d’édition a décidé de confier les rênes de cette saga à succès à un nouvel auteur. C’est donc la deuxième fois que David Lagercrantz s’occupe de prolonger Millénium. Bien que ce choix de changer d’auteur n’ait pas été du gout de tous, le nouvel écrivain s’en sort plutôt bien dans ce dernier opus. Si son prédécesseur préférait la violence à outrance, l’auteur a choisi cette fois ci de se concentrer sur une angoisse diffuse durant toute l’œuvre et légèrement glaçante à certains moments. Une sorte de romantisme pudique a également fait son apparition, et ne plaira sans doute pas à tous les fans de la série. Néanmoins son style, parfois lyrique, pourra faire son petit effet. Malgré certaines divergences avec la version originale de Millénium, David Lagercrantz reste fidèle à l’essence même de la série en mettant à mal le « modèle suédois », sacré par tous, et en dénonçant les sombres dessous de cette société, finalement pas si parfaite.

C’est le cœur qui lâche en dernier
, Margaret Atwood, 2017, (Robert Laffont)

L’histoire ? Stan et Charmaine ont été touchés de plein fouet par la crise économique qui consume les États-Unis. Tous deux survivent grâce aux maigres pourboires que gagne Charmaine dans un bar sordide et se voient contraints de loger dans leur voiture... Aussi, lorsqu'ils découvrent à la télévision une publicité pour une ville qui leur promet un toit au-dessus de leurs têtes, ils signent sans réfléchir : ils n'ont plus rien à perdre. À Consilience, chacun a un travail, avec la satisfaction d'œuvrer pour la communauté, et une maison. Un mois sur deux. Le reste du temps, les habitants le passent en prison... ou ils sont également logés et nourris ! Le bonheur. Mais le système veut que pendant leur absence, un autre couple s'installe chez eux avant d'être incarcéré à son tour. Et Stan tombe bientôt sur un mot qui va le rendre fou de désir pour celle qui se glisse entre ses draps quand lui n'y est pas : « Je suis affamée de toi. »

Pourquoi on aime ? Située dans un futur proche, la dernière œuvre de Margaret Atwood est tout autant inquiétante que farfelue. Le récit se divise en deux, dans la première partie le lecteur découvre un thriller puis au fil de page une histoire d’espionnage complètement décalée et drôle. Il est extrêmement plaisant de voir comment l’auteur parvient, avec son cynisme et son style absurde à parler des sujets aussi sérieux et importants que la liberté des Hommes, de pouvoir penser et désirer ce qu’on veut réellement. Le lecteur découvre donc dans cette dystopie jubilatoire, des personnages calculateurs et antipathiques qui jouent avec l’aspiration au bonheur d’une société pour pouvoir la contrôler totalement et amener les hommes à une deshumanisation totale A sa manière, Margaret Atwood, expose les vices et les travers des populations tout en pointant les dysfonctionnements des sociétés qui nous entourent. Un suspens règne tout au long du roman et permet au lecteur de rester concentrer constamment. L’œuvre détient ce phénomène que certains livres ont ; celui d’avoir besoin de tourner continuellement la page pour connaitre la suite. Il est très difficile de s’arrêter au vu des nombreux rebondissements et de l’univers fascinant. Si les personnages sont au début un peu niais, ils deviendront très vite intéressants beaucoup plus creusés psychologiquement. Au fil des pages le lecteur s’identifie à Charmaine ou à Stan sans difficulté et se plonge sans problème dans ces deux villes, Positron et Consilience, grâce à la captivante description des lieux. C’est le cœur qui lâche en dernier est une lecture très agréable et durant laquelle on ne voit pas passer le temps. L’univers loufoque, les personnages énigmatiques et l’écriture fluide de Margaret Atwood en font une œuvre intéressante et qui vaut le détour.

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