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Mes avis (9)

Le 15 juillet, 2018 - 16:04
Bien que ce roman soit publié aux excellentes Editions Sonatine, spécialisées dans les polars, il n’y a ni meurtre ni disparition suspecte dans ce livre. Pas d’intrigue à proprement parler. Et pourtant, il nous tient en haleine. Tout commence doucement : une jeune femme, Mia, accompagnée de sa fille adolescente Pearl, emménage dans la banlieue riche et très aseptisée de Cleveland. Mia loue le second étage d’une maison à la riche famille RICHARDSON. Le père est un avocat associé dans un grand cabinet, la mère Elena est journaliste pour le journal local. Elle a revu ses ambitions de carrière à la baisse, préférant s’occuper de ses 4 enfants aujourd’hui adolescents. Si vous voulez avoir une image précise de cette banlieue chic, revisionnez « Desperate House Wives. » Tout est propre, les jardins impeccables. D’ailleurs des règlements de copropriétés décident de tout : couleurs des maisons, hauteur de la pelouse etc…. Elena est intriguée par Mia qui est une artiste-photographe, ne restant jamais trop longtemps dans une ville, toujours accompagnée de sa fille, et cumulant les petits boulots alimentaires. Mais quand un événement médiatique va toucher de plein fouet la meilleure amie d’Elena, cette dernière va soupçonner Mia d’y être pour quelque chose. La journaliste qu’elle est va enquêter sur le passé de la jeune femme, mettant à jour une histoire bien inattendue. Comme je vous le disais, pas de meurtre mais un questionnement sur la GPA (légale aux Etats-Unis), l’adoption d’un bébé étranger. Céleste NG y mêle intimement la vie de ces adolescents qui ressentent les balbutiements de l’amour, la découverte de la sexualité ainsi que la révolte envers les parents qui ne sont pas toujours en empathie avec leurs ados. Excellent roman qui a valeur de peinture sociale de cette tranche de la société américaine.
Le 10 juillet, 2018 - 15:44
L’archipel du chien est composé d’îlots qui se sont formés suite aux éruptions du volcan Le Brau. Cet archipel, en raison de sa configuration géographique, est très difficile d’accès. Sur l’îlot principal vit une communauté de pêcheurs et leurs familles. On y trouve aussi tout ce qui symbolise une petite ville : la mairie, l’école et l’église. Un matin, trois corps de jeunes migrants africains sont retrouvés sur l’une des plages par La Vieille qui y promenait son chien. Deux villageois qui se trouvaient non loin de là sont attirés par les aboiements de l’animal. Aussitôt prévenu, le Maire arrive sur place accompagné du Docteur et du Curé. L’Instituteur qui faisait son jogging quotidien va tomber par hasard sur le groupe et découvrir la situation. Le Maire, désireux de ne pas faire parler de l’Archipel alors qu’un gros projet immobilier de Thermes est en pourparlers, va décider de ne pas prévenir les autorités et de se débarrasser des corps. Il va user de menaces pour faire taire ses concitoyens. Le plus récalcitrant sera l’Instituteur qui, originaire du continent, ne peut adhérer à l’esprit de communauté et de silence des insulaires. Le Maire sera prêt à tout pour le faire taire. Face à la veulerie des hommes, leur lâcheté, la Nature va se rebeller : le volcan n’aura de cesse de secouer l’île comme pour réveiller ses habitants de leur aveuglement. Les trois corps des jeunes migrants, à qui une sépulture décente n’a pas été offerte vont réclamer vengeance. Une odeur de décomposition va envahir la ville toute entière : « La maison du Docteur puait comme un chien mort. Il avait disposé sous chaque fenêtre des linges mouillés pour éviter que l’air avarié du dehors pénètre dans les pièces mais ç’avait été peine perdue. Il portait souvent son mouchoir sous son nez tandis qu’il était avec la Vieille. Le parfum de bergamote dont il avait imbibé le linge ne parvenait pas tout à fait à chasser la puanteur. » J’ai trouvé ce roman, pourtant court, d’une très grande intensité de par son écriture mais aussi les thèmes abordés, notamment celui de triste actualité, c’est à dire les migrants en quête d’une terre d’asile et tous ceux qui ne voient en ces hommes et femmes qu’une marchandise bonne pour un trafic rentable. Il m’a fait penser au conte norvégien « Le mort reconnaissant » pour les cadavres désireux d’être enterrés ainsi qu’au célèbre roman de Camus « La peste ».
Le 5 juillet, 2018 - 13:07
L’héroïne de « Génération », Aine, est une jeune mère divorcée. Elle s’occupe de sa petite fille âgée de 6 ans, Daisy. Ce qui ne l’empêche toutefois pas de chercher l’Amour sur Internet. C’est ainsi qu’elle va rencontrer Joe, trentenaire lui aussi. Il est américain et vient de convaincre son père d’investir dans le rachat d’une ferme plus ou moins délabrée. Il veut la transformer en ferme bio. Joe a besoin de main-d’oeuvre bon marché et emploie des travailleurs mexicains ainsi que des jeunes woofeurs (volontaires venant travailler gratuitement en échange du gîte et du couvert). Sur les conseils d’une de ses amies, Aine part travailler dans la ferme de Joe. Une relation presque exclusivement charnelle démarre entre eux. Après ce premier séjour, Aine revient pour 6 semaines, cette fois-ci avec Daisy. Elle veut voir si son histoire avec Joe peut aller plus loin et envisage de s’installer aux Etats Unis. Sauf que Joe a un comportement étrange qui déroute Aine. Voulant en savoir plus, la jeune femme va finir par découvrir qui est réellement cet homme. Si j’ai aimé les trois-quart de ce roman, j’ai été déroutée par la dernière partie qui projette le lecteur 17 ans plus tard en donnant la parole à Daisy. Je ne suis pas certaine d’avoir bien compris la fin, j’ai ressenti comme une impression de flou, ce qui m’a déçue.
Le 5 juillet, 2018 - 13:01
Cette auteure aime raconter des histoires de famille et celle qu’elle raconte dans le présent roman m’a bouleversée. Certes, le point de départ peut sembler déjà lu et faire penser à d’autres romans : deux jeunes soeurs irlandaises doivent quitter leur petit village d’Irlande pour Boston. Nora, 21 ans, doit y rejoindre Charlie, seul homme qui l’ait jamais embrassée et qui a décidé de l’épouser. Elle emmène avec elle Theresa, 17 ans, qui voit dans ce voyage une grande aventure et l’émigration aux Etats-Unis comme une chance de vivre libre. En effet, la vie sur « l’île verte » était difficile pour les femmes dans les années 1950. Les deux soeurs ne vivront pas leur installation de la même façon en raison de leurs caractères si différents. Mais un terrible événement va transformer leurs vies de façons irrémédiables. Je me garderai bien de révéler l’intrigue pour ne pas gâcher le plaisir du futur lecteur. Bien que la force de cette histoire réside plus dans la psychologie des personnages, remarquablement décrite par l’auteure, que dans l’événement en lui-même. J.Courtney Sullivan nous montre à quel point chaque décision prise dans notre vie peut influencer notre destinée, même 50 ans plus tard ; que chaque non-dit, chaque secret pèse lourdement sur les membres d’une même famille (de façon consciente ou inconsciente). Et que seuls l’amour et le pardon peuvent tout changer mais encore faut-il le vouloir. « Les anges et tous les saints » est pour moi un roman magistral.
Le 20 juin, 2018 - 17:55
Contrairement à ce que son titre pourrait faire croire, ce roman ne nous raconte pas une histoire pleine de douceur. L’intrigue se déroule à Vienne (Autriche) : Elisabetta Shapiro vit seule dans la maison qui fut celle de son enfance. Adolescente elle a échappé de peu à la déportation. Elle est la seule survivante de toute sa famille. Elisabetta, aujourd’hui une vieille femme, n’est plus entourée que des fantômes de ses deux soeurs avec qui elle converse. La vieille dame conserve dans sa cave plusieurs dizaines de pots de confiture d’abricot, tous datés et qui lui rappellent de bons ou mauvais souvenirs. Elle loue une chambre à l’étage à une jeune allemande, Pola, qui étudie la danse. L’entente entre les deux femmes est difficile. Mais peu à peu, au pied de l’abricotier planté par le père d’Elisabetta, elles vont se rapprocher nous permettant ainsi de découvrir ce qui peut les lier. Dans le même temps, l’auteure aborde le sujet délicat des remontées des extrêmes droites avec deux thèmes forts : l’antisémitisme et l’homophobie
Le 17 juin, 2018 - 18:52
Premier roman d’une jeune danoise « La femme secrète » vous harponne dès les premières pages et vous ne le lâchez plus ! Louise mène une existence paisible sur l’île de Bornholm. Elle est l’heureuse propriétaire du café de son petit village et partage depuis 3 ans la vie d’un écrivain, Joachim. Louise aime sa routine, son quotidien et se réveiller avec le chant des oiseaux. Un matin, alors que le café n’est pas encore ouvert, Louise remarque qu’un inconnu, plutôt fébrile, attend devant la porte. Elle ressent un profond malaise en le voyant, ce qu’elle ne peut raisonnablement s’expliquer. Mais quand cet homme pénètre dans son établissement en criant qu’elle est sa femme Hélène, disparue depuis 3 ans, Louise a l’impression qu’un gouffre s’ouvre sous ses pieds. S’il s’avère que la jeune femme est bien la disparue, alors qui est Louise Andersen dont elle est en possession des papiers d’identité. Est-elle toujours en vie ? La remontée de souvenirs profondément enfouis suite à un traumatisme va la mener sur les traces d’un terrible secret de famille tandis que Joachim, qui ne peut se résoudre à la perdre, va partir sur les traces de ladite Louise. Ce thriller est absolument génial car rempli de rebondissements et nous emmène sur des voies tout à fait originales. J’ai adoré !
Le 13 juin, 2018 - 16:53
La famille Goodenough s’installe en 1838 dans l’Etat de l’Ohio. Les seules terres que cette famille a pu acquérir se trouvent sur la zone marécageuse du Black Swamp. Et qui dit marécage dit fièvre et moustiques. Les conditions de vie sont plus que difficiles. Chaque hiver, ou presque, un enfant décède. Le père, James, s’est fixé pour but de planter et de développer un verger de pommiers. Il est à la recherche de la saveur parfaite, celle dont lui parlait son propre père en évoquant les pommiers anglais qu’il avait apportés avec lui dans le Nouveau Monde. Sadie, la mère, est plus portée sur l’eau de vie faite à partir du cidre. Son alcoolisme lui fait d’ailleurs perdre régulièrement la raison et fait vivre un enfer à sa famille. A la suite d’un drame, Robert, le plus jeune fils, quitte la ferme, traverse les Etats-Unis, exerce 1001 métiers et finit par devenir l’assistant d’un botaniste qui prélève et expédie vers l’Angleterre des pousses de séquoias géants. A cette époque, de riches propriétaires anglais voulaient orner leurs propriétés de ces arbres. Et la boucle est bouclée : si ses ancêtres ont implanté des pommiers, lui expédie des séquoias. Comme à son habitude, Tracy Chevalier partage avec nous une magnifique histoire basée sur une reconstitution historique.
Le 13 juin, 2018 - 16:35
Si vous partez en voyage ou si vous décidez de « buller », alors vous devez vous procurer » De l’infortune d’être un Anglais (en France) » . Je vous garantis que vous allez passer un excellent moment. Dans la campagne environnante de Vaison la Romaine, de très nombreux anglais se sont installés. Le French way of life semble les avoir attirés en Provence mais la plupart restent entre eux, ne cherchant même pas à apprendre le français ni à changer leurs habitudes alimentaires. Or, le Consulat anglais de Marseille, alerté par 5 décès de compatriotes en quelques mois et dans un rayon géographique très proche, demande à la police d’enquêter. L’inspecteur Escariot est dépêché sur place, l’occasion pour lui de loger chez sa tante Zaza et de retrouver son oncle, curé d’une petite paroisse venu se reposer. Escariot va vite découvrir que l’entente cordiale n’existait pas entre les locaux et les résidents anglais : la rivalité entre le club « Les amis de l’Empereur » et le « Club Wellington » depuis le Brexit ressemble plutôt à une guerre larvée. » Leur but était de joindre l’agréable – c’est à dire, leur passion pour Napoléon – à l’utile. L’utile étant de bouter « les Anglais non intégrés » hors de leur fief provençal. Elle justifia leur décision par l’arrivée massive des Britanniques qui avaient fait flamber les prix de l’immobilier, utilisaient le système, ne faisaient pas même l’effort d’apprendre le français, et qui vivaient entre eux comme chez eux, sans parler de leur inaptitude génétique à cuisiner correctement ou à se montrer un minimum hospitaliers. » Avec des personnages hauts en couleur (té ! on les entend parler avec l’accent), un humour déchaîné (je crois bien avoir ri toutes les 10 pages), Marie Fitzgerald a construit une intrigue policière sérieuse où il faut attendre les toutes dernières pages pour découvrir l’identité du coupable. La lecture de ce roman est tout simplement jubilatoire !
Le 13 juin, 2018 - 16:30
Je tiens à remercier tout spécialement les Editions Fleuve pour m’avoir permis de découvrir quelques semaines avant sa sortie ce formidable roman qui m’a beaucoup fait rire (j’insiste sur le rire parce qu’à certains moments j’ai vraiment éclaté de rire ). « Poivre et sel » c’est l’histoire d’un couple de sexagénaire qui décide de prendre sa retraite. Elle était dentiste, lui contrôleur fiscal. Ils font partie de ces gens qui ont bossé toute leur vie, sans grand plaisir ; ont élevé leurs deux enfants et sont persuadés qu’au moment de leur retraite, ils vont enfin vivre. Tout le monde connaît des gens comme ça, et croyez-moi quand on a dépassé la cinquantaine, beaucoup de relations ou d’amis ne parle plus que de cette fameuse retraite !! Perso, ça me fait froid dans le dos. Donc Françoise et Philippe Blanchot décident de vendre leur maison de famille et de partir s’installer au Portugal, nouvel eldorado des retraités car là-bas, en plus du faible coût de la vie , on peut utiliser sa carte vitale. Ce projet est préparé en cachette de leurs enfants, petits-enfants et de la mère de Philippe, Mamiline qui doit s’installer en maison de retraite avant leur départ. Sauf que leur fille Cécile décide de mettre à la porte son bon à rien de mari et sollicite ses parents pour s’occuper de ses propres enfants. Ne pouvant partir décemment en laissant leur fille dans une situation plus que délicate, les deux jeunes retraités vont monter un plan pour recoller les morceaux. Mais rien ne va se passer comme prévu pour le plus grand plaisir du lecteur. J’ai adoré ce roman pour le moment de détente qu’il m’a procuré mais aussi pour les situations réalistes qu’il décrit : les rapports dans le couple, ceux avec les enfants devenus adultes et parents à leur tour, l’épuisement des grands-parents quand ils doivent garder leurs petits-enfants et le soulagement quand ils retournent chez eux ! Mais aussi le douloureux problème des parents devenus âgés et dont il faut s’occuper. En fait toutes les problématiques que l’on rencontre sur son chemin quand on se retrouve coincé entre deux générations, ce qui vu mon âge me parle pleinement ! D’ailleurs, j’ai reçu hier une invitation à un pot de départ en retraite d’une amie le 19 Juin prochain …. le livre sortant le 14 Juin en librairie, je vais lui en offrir un ! Je suis certaine que ce roman ferait une très bonne comédie mais en attendant je vous conseille de l’emporter en vacances.

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