Vie de ma voisine

  • Année de publication : 2017
  • Genres :
    Théâtre
    Poésie
  • Nombre de page : 180 pages
  • Prix éditeur : 14,50
  • ISBN : 2246858453
  • Source : Amazon

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Les avis

Le 13 janvier, 2017 - 19:55

À l’heure où les témoins directs des atrocités commises par les nazis disparaissent, le nouveau roman de Geneviève Brisac vient nous offrir une nouvelle occasion de rafraîchir ce «devoir de mémoire» que nous devrions tous porter en nous. Car si le pire n’est jamais sûr, les exactions du pseudo État islamique sont là pour nous rappeler que la barbarie est bien loin d’avoir été éradiquée de notre planète.

Ajoutons que sous la plume de Geneviève Brisac ce témoignage est formidablement bien au mise en valeur. Grâce au scénario qu’elle nous propose, on se rend compte à la fois de la force et de l’actualité de ce thème, mais aussi de la fragilité et de l’urgence de retracer ces parcours de vie.

Tout commence lorsqu’elle croise sa nouvelle voisine. Cette dernière a reconnu l’écrivaine et souhaite lui parler de Charlotte Delbo (que Ghislaine Dunant a remis en lumière dans Charlotte Delbo, une vie retrouvée, couronné par le Prix Femina essai).

En grimpant les deux étages qui séparent la narratrice d’Eugénie, dite Jenny, dite Nini, la narratrice va toutefois en apprendre bien plus que quelques souvenirs, quelques échanges avec une rescapée des camps. « Je pense à la lumière et à la fraîcheur qui émane d’elle. » écrira-t-elle après avoir entendu la vieille dame (née en 1925) lui parler de sa vie et de celle de ses parents. Ce sont eux les vrais «héros» de ce court récit.

Rivka Rajsfus a quitté son village de Blendow en Pologne pour aller en Amérique, mais son rêve prendra fin prématurément. Elle aura cependant trouvé l’amour en route, en la personne de Nuchim Plocki. Le couple s’installe en France, veut œuvrer à changer le monde et ne croit pas vraiment à cette menace qui au fil des jours se fait pourtant plus précise. Même occupé, le pays des droits de l’homme doit pouvoir s’appuyer sur des principes, sur les valeurs figurant au fronton des mairies…

Il suffira qu’un policier, qui a vécu quelques temps sur leur palier, les livre à la police pour que tout bascule.

Arrêtée et internée, la famille n’imagine pas son destin. Mais au moment où on propose de libérer les enfants, le pire se précise. Vient alors cette scène aussi dramatique que superbe durant laquelle Rivka Rajsfus apprend à sa fille « en deux heures à être une femme libre, une femme indépendante.»

Livrés à eux-mêmes les enfants vont réussir à regagner leur domicile et à s’en sortir. Les parents partiront vers Auschwitz. Nuchim Plocki est officiellement mort d’une crise cardiaque trois semaines après son arrivée, vers la fin août. Quant au destin de Rivka, il est incertain : «De ma mère, aucune trace. Rien.»

Même après des recherches auprès des autorités allemandes Jenny n’en saura pas plus. « Mes parents sont morts. Ils sont à mes côtés pour me donner le courage de vivre, c’est grâce à eux que je vis ici, dans cette cour, je peux compter sur eux. »

Un courage que Jenny trouvera d’une part auprès des livres, qui « sont les meilleures armes de la liberté. Et la liberté s’apprend. Dans une classe par exemple. Dans tes classes, dit une élève, on était libres de ne rien faire, et on travaillait comme des fous.»

Et d’autre part auprès des rescapés et de son engagement militant. Outre Charlotte Delbo, elle va aussi nous parler de Jean-René Chauvin et de Rudi Vrba, deux personnalités qui méritent aussi qu’on s’attarde un peu sur leur parcours. À leur côté, elle n’oubliera jamais de « poser les questions qui dérangent. Tout est là. Toujours. C’est l’essence de l’esprit d’enfance.»

C’est aussi la belle leçon de vie que nous offre Geneviève Brisac.

http://urlz.fr/4El2

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