Sunset Park

  • Année de publication : 2011
  • Genres :
    Biographie
    Littérature étrangère
    Théâtre
    Poésie
  • Nombre de page : 316 pages
  • Prix éditeur : 22,80
  • ISBN : 2742799346
  • Source : Amazon

Résumé

Peuplé de personnages qui sont autant d’écorchés vifs sur la scène pleine de bruit et de fureur du complexe roman familial qui les rassemble, Sunset Park explore les capacités de dévastation des traumatismes enfouis lorsque ces derniers viennent, de surcroît, à se trouver relayés par la cruelle évolution des sociétés matérialistes contemporaines. Ou comment sept ans après l’effondrement des Twin Towers, la crise des sub-primes, portant un nouveau coup au rêve américain, oblige les individus à une douloureuse et radicale révision dans la manière d’appréhender leur propre histoire. Le roman de Paul Auster s’ouvre sur des maisons abandonnées en catastrophe par leurs occupants mis à la rue par la crise des sub-primes, et qu’on vide des objets qu’elles contiennent. “Chacune de ces maisons est une histoire d’échec – de faillite, de cessation de paiement, de dettes et de saisie…” Au bout d’une vie brisée, un jeune homme, Miles Heller, fait partie de ces déménageurs un peu particuliers qui, sept ans après l’effondrement des Twin Towers, hantent ces nouveaux décombres du rêve américain pour en rassembler les rebuts… Un été, dans l’échauffement d’une banale dispute adolescente, Miles a provoqué la mort de son demi-frère, Bobby, sur une route de montagne. Bien que très différents l’un de l’autre, les deux jeunes gens avaient pourtant réussi à vivre en bonne intelligence, depuis le mariage de leur père et mère respectifs, Morris et Willa. Sept ans après le drame, toujours taraudé par la culpabilité qui ne désarme pas, Miles, alors étudiant, décide de quitter le domicile familial, à la suite d’une conversation qu’il a un soir surprise entre Morris et Willa, laquelle ne se remet pas de la disparition de son fils. Abandonnant de prometteuses études, il finit, au bout d’une longue errance, par s’installer à Miami où il s’éprend de Pilar, une jeune fille d’origine cubaine encore mineure et très surveillée par ses sœurs aînées. Nul, pas même Pilar, ne se doute que Miles est issu d’une famille de l’upper class américaine, que son père Morris Heller est un éditeur respecté de New York ou que sa mère, Mary-Lee, est une célèbre actrice de séries télévisées qui s’apprête à jouer dans Oh, les beaux jours ! de Beckett, sur la scène d’un prestigieux théâtre de Greenwich Village. Quand mue par la jalousie, Angela, l’une des sœurs de Pilar, le menace de l’accuser de détournement de mineure et le soumet à un chantage, Miles quitte Miami en catastrophe, faisant jurer à Pilar de venir le retrouver à New York où il compte se réfugier chez l’un de ses amis, Bing Nathan, avec lequel il est resté de loin en loin en contact. Comme Miles, mais pour d’autres raisons, Bing, mal à l’aise dans son corps et dans sa sexualité, a pris le parti de vivre en marge de la société. Créateur d’un improbable “hôpital des objets”, il entrepose dans un hangar de Brooklyn des épaves de toutes sortes qu’il restaure ou répare. L’entreprise est, contre toute attente, relativement lucrative, et Miles est invité à la rejoindre ainsi qu’à loger dans une maison abandonnée de Sunset Park où Bing squatte en compagnie de deux jeunes femmes, Alice et Ellen, qui ne restent pas longtemps insensibles à l’étrange séduction du nouveau “locataire”. Alice est, à Columbia, une thésarde aussi talentueuse qu’impécunieuse qui, à ses moments perdus, offre des services très modestement rémunérés au Pen Club, dont elle apprécie le combat pour la défense des écrivains persécutés de par le monde. Hyper-émotive et totalement inhibée, Ellen est quant à elle une artiste-peintre en proie aux affres de la création, peinant à assumer la nature bizarrement érotique de son inspiration. Miles ignore cependant qu’à son insu, Bing a des années durant servi d’“informateur” à un Morris Heller mort d’inquiétude, tenant ce dernier au courant de tous les déplacements de son fils et offrant ainsi au grand éditeur new-yorkais la possibilité de sauter de temps à autre dans un avion pour, planqué dans une voiture de location, observer Miles de loin et se rassurer sur le sort de celui qui a coupé tous les ponts avec son passé. Alors que la jeune génération incarnée par les quatre squatters de Sunset Park peine à entrer dans l’âge adulte et à s’intégrer à la société, éclate la crise des sub-primes. Celle-ci n’épargne pas le monde de l’édition et Morris Heller passe désormais son temps à batailler contre les financiers afin de continuer à publier des auteurs aussi peu “rentables” que Renzo, un écrivain-culte devenu avec le temps son meilleur ami et son confident. Informé par Bing de l’arrivée de Miles en ville, Morris ne veut rien forcer ni précipiter. Outre les problèmes professionnels qu’il rencontre, il est en train de vivre une grave crise avec Willa que le temps, loin d’apaiser son deuil, semble rendre de plus en plus fragile et vulnérable, et qui s’est réfugiée en Angleterre, menaçant de ne plus remettre les pieds à New York. Morris trouve alors un réconfort inattendu en la personne de sa première femme, Mary-Lee, venue de Californie pour jouer la pièce de Beckett. Entre souvenirs, nostalgie, règlements de comptes et déchirements, la famille semble alors commencer à se reconstituer peu à peu, sur fond de blessures innombrables qui ne cessent de se rouvrir. Peuplé de personnages qui sont autant d’écorchés vifs à tous les âges de la vie et qui, pendant une courte période, évoluent sur le théâtre plein de bruit et de fureur du complexe roman familial qui les rassemble, Sunset Park met en scène le rôle joué dans nos vies par tous les souvenirs et les traumatismes enfouis quand, remontant à la surface, ils impactent la destinée des uns et des autres pour, quel que soit le prix à payer, les ancrer enfin dans un présent partagé. Abandonnant la position rétrospective qui caractérisait les protagonistes de ses trois derniers romans – Dans le scriptorium (2007 ; Babel n° 900), Seul dans le noir (2009 ; Babel n° 1063), Invisible (2010) –, Paul Auster n’en continue pas moins à poursuivre, sur un mode ici plus compassionnel, la réflexion qu’il mène sur le douloureux passage du temps tel qu’il peut s’éprouver, ici et maintenant, chez des êtres jeunes confrontés à l’impitoyable et multiforme cruauté des sociétés contemporaines.

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