OEUVRES DE LEON TOLSTOI: UNE TOURMENTE DE NEIGE - POLIKOUCHAKA -Au CAUCASE recits militaires

  • Année de publication : 2016
  • Chez : HALMERINE KAMINSKY,ERNEST JAUBERT
  • Genres :
    Biographie
    Littérature étrangère
    Théâtre
    Poésie
  • Nombre de page : 194 pages
  • Prix éditeur : 1,75
  • ISBN : B01M9HF7YN
  • Source : Amazon

Résumé

UNE TOURMENTE DE NEIGE - ers sept heures du soir, après avoir bu du thé, je quittai le relais. J’ai oublié son nom, mais c’était, je m’en souviens, dans le territoire des Kosaks du Don, près de Novotcherkask.
Il commençait déjà à faire nuit lorsque, me serrant dans ma chouba et m’abritant sous le tablier, je m’assis à côté d’Aliochka dans le traîneau. Derrière la maison du relais, il semblait qu’il fît doux et calme. Quoiqu’on ne vît pas tomber la neige, pas une étoile n’apparaissait, et le ciel bas pesait, rendu plus noir par le contraste, sur la plaine blanche de neige qui s’étendait devant nous.
À peine avions-nous dépassé les indécises silhouettes de moulins dont l’un battait gauchement de ses grandes ailes, et quitté le village, je remarquai que la route devenait de plus en plus malaisée et obstruée de neige. Le vent se mit à souffler plus fort à ma gauche, éclaboussant les flancs, la queue et la crinière des chevaux, soulevant sans répit et éparpillant la neige déchirée par les patins du traîneau et foulée par les sabots de nos bêtes.
Leurs clochettes se moururent. Un petit courant d’air froid, s’insinuant par quelque ouverture de la manche, me glaça le dos, et je me rappelais le conseil que le maître de poste m’avait donné de ne point partir encore, de peur d’errer toute la nuit et de geler en route. 
— N’allons-nous pas nous perdre ? dis-je au yamchtchik.
Ne recevant pas de réponse, je lui posai une question plus catégorique :— Yamchtchik, arriverons-nous jusqu’au prochain relais ? Ne nous égarerons-nous pas ?
— Dieu le sait ! me répondit-il sans tourner la tête. Vois comme la tourmente fait rage ! On ne voit plus la route. Dieu ! petit père !
— Mais dis-moi nettement si, oui ou non, tu espères me conduire au prochain relais, repris-je ; y arriverons-nous ?
POLIKOUCHKA Comme il vous plaira, Madame, dit le gérant ; mais c’est triste pour les Doutlov, qui sont tous de braves garçons. Si on ne leur donne point un dvorovi[11] pour remplaçant, l’un des trois ne saurait échapper au recrutement. C’est eux que chacun désigne déjà… Du reste, comme il vous plaira.
Et, changeant de position, il mit sa main droite sur sa main gauche, les croisa sur son ventre, inclina la tête de côté, rentra ses lèvres minces d’un mouvement d’aspiration, fit les yeux blancs, et se tut, comme un homme visiblement décidé à garder le silence pendant longtemps, et à écouter sans contradiction tous les bavardages par lesquels la barinia[2] allait lui répondre.
C’était un gérant, dvorovi d’origine, bien rasé, avec une longue redingote, coupée comme le sont les redingotes de gérant. Devant la barinia, par une soirée d’automne, il se tenait debout pour le rapport.
Le rapport, pour la barinia, c’était d’écouter le compte rendu des affaires en cours, et de donner ses ordres pour l’avenir. Au contraire, pour le gérant Egor Mikliaïlovitch, qui n’y voyait qu’une simple formalité, le rapport, c’était de rester debout sur ses deux pieds, d’équerre, dans un coin, le visage tourné vers le divan, d’essuyer un verbiage sans queue ni tête, et d’amener, par tous les moyens, la barinia à répondre : Amen ! à tout ce qu’on lui proposait.
AU CAUCASE RECITS MILITAIRES -Le 12 juillet, le capitaine Khlopov, avec ses épaulettes et son yataghan, — attributs que je ne lui avais pas encore vus depuis mon arrivée au Caucase, — entra par la petite porte de ma cabane. — Je viens directement de chez le colonel, dit-il en réponse au regard d’interrogation par lequel je l’accueillis ; notre bataillon se met en route demain.
— Pour où ? demandai-je.
— Pour N***. C’est là que se concentre l’armée.
— Et de là, sans doute, on partira pour quelque expédition ?
— Sans doute.
— Et où donc, à votre avis ?
— Je n’ai pas d’avis à donner. Je ne puis que vous dire ce que je sais. Un Tartare est arrivé hier, bride abattue, de chez le général, avec l’ordre de faire lever le camp au bataillon et de se munir de biscuit pour deux jours. Maintenant, où, pourquoi, et pour combien

Extraits & Citations (0)

Les avis sur ce livre (0)

& aussi