Contes d'Andersen (oeuvre complète)

  • Année de publication : 2015
  • Chez : Bertall,David Soldi
  • Genres :
    Fiction
  • Nombre de page : 241 pages
  • Prix éditeur : 1,74
  • ISBN : B00XZ952D8
  • Source : Amazon

Résumé

NOTICE SUR ANDERSEN.

Un jour, à Copenhague, je vis entrer dans ma chambre un grand jeune homme dont les manières timides et embarrassées, le maintien un peu lourd, eussent pu déplaire à une petite-maîtresse, mais dont le regard caressant et la physionomie ouverte et candide inspiraient au premier abord la sympathie. C’était Andersen. J’avais un volume de ses œuvres sur ma table. La connaissance entre nous fut bientôt faite. Après avoir passé avec moi plusieurs heures dans une de ces conversations poétiques qui ouvrent le cœur et appellent les épanchements, Andersen me parla des douleurs qu’il avait éprouvées ; et, comme je le priai de me raconter sa vie, il me fit le récit suivant :

« Je suis né, me disait-il, en 1805, à Odensée, en Fionie. Mes aïeux avaient été riches ; mais, par une longue suite de malheurs et de fausses spéculations, ils perdirent tout ce qu’ils possédaient, et il ne leur resta que le douloureux souvenir de leur première condition. J’ai plus d’une fois entendu ma grand’mère me parler de ses parents d’Allemagne et du luxe qui les entourait. C’était une triste chose que de la voir ainsi s’entretenir des joies de la jeunesse dans la pauvre demeure que nous habitions. Mon père, qui, à sa naissance, semblait destiné à jouir d’un bien-être honorable, fut obligé d’entrer en apprentissage et de se faire cordonnier. Quand il se maria, il était si pauvre qu’il ne pouvait acheter un lit. Un riche gentilhomme venait de mourir ; on avait exposé son corps sur un catafalque, et, quelque temps après, ses héritiers vendirent à l’encan tout ce qui avait servi à ses funérailles. Mon père réunit le fruit de ses épargnes et acheta une partie du catafalque pour en faire un lit de noces. Je me rappelle encore avoir vu ces grandes draperies noires, déjà vieilles, déjà usées, et sillonnées par des taches de cire. C’est là que je suis né. Mon père continuait son état, qui allait tantôt bien, tantôt mal, selon le temps et selon les pratiques. Nous vivions dans un état de gêne presque continuel, mais enfin nous vivions ; et le soir, quand l’heure du repas était venue, quand ma mère posait sur la table notre frugal souper, il y avait encore parfois entre nous des heures de gaieté que je ne me rappelle pas sans émotion. Lorsque je fus en âge de travailler, on me mit dans une fabrique. J’y passais la plus grande partie du jour. Le reste du temps j’allais à l’école des pauvres, j’apprenais à lire, à écrire, à compter. Un de nos voisins, qui m’avait pris en amitié, me prêta quelques livres, et je lus avec ardeur toutes les comédies que je pus me procurer et toutes les biographies d’hommes célèbres. Cette lecture éveilla en moi d’étranges sensations. Je levai les yeux au-dessus de l’état de manœuvre auquel j’étais astreint, et il me sembla que je pouvais aussi devenir un homme célèbre. Mon père mourut lorsque j’avais douze ans ; je restai seul avec ma mère, continuant mon travail et mes rêves. J’avais une voix d’une pureté remarquable. Souvent, quand je chantais, le maître d’école m’avait loué, et les passants s’étaient arrêtés pour m’entendre. Je m’étais exercé aussi à réciter quelques-uns des principaux passages que je trouvais dans les comédies ; et les voisins, qui assistaient aux répétitions et qui me voyaient faire de si grands gestes et déclamer si haut, affirmaient que j’avais d’admirables dispositions pour devenir acteur. Ma pauvre mère, qui n’avait jamais quitté sa ville natale, qui n’avait jamais rêvé pour moi qu’une honnête profession d’artisan, fondit en larmes en apprenant cette nouvelle : mais je persistai dans ma résolution. J’amassai patiemment schelling par schelling tout ce que je pouvais avoir à ma disposition ; et quand je fis un jour la récapitulation de ma caisse, je n’y trouvai pas moins de treize rixdalers (environ trente-trois francs). C’était une fortune, une fortune qui me semblait inépuisable. Je ne songeai plus qu’à partir. Ma mère essaya en vain de m’arrêter.

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