"Black Messie"

Simonetta Greggio, Florence et les ombres du Mal absolu

Dans son dernier livre, Simonetta Greggio construit un récit fondé sur une histoire de meurtre de couples en série qui s'est réellement passé sur une période de plus de quinze ans, à partir de 1968, dans la ville de Florence. Black Messie (Stock) est un thriller qui  met en scène la confrontation entre deux hommes et place la réponse au mystère du livre dans le Printemps de Botticelli. Le style élégant de Simonetta Greggio envoûte et questionne. Rencontre avec une romancière dont le style élégant sait aussi bien parler de l'intime, des beautés du monde que construire les ténébreuses enquêtes d'un commissaire à la retraite dans les dédales florentins.

Simonetta Greggio signe avec Black Messie un "polar de luxe" dans lequel son écriture très visuelle nous emporte et nous happe jusqu'à la fin. Une oeuvre dans laquelle le suspense, la noirceur et le beau s'entremêlent pour former un résultat envoûtant. Laissant libre cours à son imagination, l'auteure de Dolce Vita 1959-1979 (Editions Stock) réussit avec talent à créer une intrigue à suspense qui semble se dérouler en direct sous nos yeux.  L'écrivaine a bien voulu se prêter au jeu des questions pour Viabooks et y répond d'un ton pétillant.

Viabooks : Pouvez-vous présenter aux lecteurs Viabooks le thème de votre dernier livre ? 

Simonetta Greggio : Dans ce Noir toscan, le Monstre de Florence, qui massacrait des jeunes couples en train de faire l’amour dans leurs voitures, revient aujourd’hui pour achever sa mission. Construit autour d’un fait divers qui a secoué l’Italie dans les années 70 et 80, Black Messie raconte la confrontation de deux hommes - Jacopo, capitaine des carabiniers, et Miles, professeur de littérature américaine - dans leur rapport aux femmes  : leurs filles, qu’ils ont élevées seuls, leurs amoureuses, aimées et trompées au gré de leurs flammes et de leurs peurs. Et que peuvent l’intelligence, l’expérience et la rage de Miles et de Jacopo face à la ruse, à la cruauté et à l’avidité du Monstre ? C’est dans le Printemps de Botticelli que réside la réponse à cette question. Un tableau peint il y a 500 ans, au moment de la Renaissance. Une Renaissance qui ne cesse de hanter l’Italie, tout autant que ses monstres…  

Votre livre est donc inspiré d’un fait divers qui n’a jamais été résolu; comment avez-vous travaillé, de la réalité à la fiction…?  

S.G. : J’ai fait la même chose que pour mes autres livres, Dolce Vita et L’homme qui aimait ma femme, notamment - ou même Les Mains Nues, l’histoire d’une vétérinaire de campagne  : je me suis documentée. J’ai lu tout ce que je pouvais lire, vu des films, des interviews vidéo, des documentaires. Et réfléchi  : qu’est ce que j’aurais pu, ou dû, faire, à la place d’un enquêteur  ? Et aussi, qu’est-ce que j’aurais dans la tête, dans le cœur, si j’étais un serial killer ? 

Le monstre est présenté comme l’incarnation du mal absolu. Est-ce ce que vous voulez signifier par votre titre Black Messie

S.G. : Au contraire. Black Messie, c’est l’espoir. La renaissance, la capacité de l’homme à devenir meilleur. Je crois que la nature nous offre tout ce qu’il nous faut en terme d’énergie et de connaissance. À nous de savoir investir, de choisir, de couper court à ce qui blesse la terre, les animaux, l’homme. Mais quel est le pourcentage de mal nécessaire pour que ce bien-là  triomphe ? Dans l’histoire de l’homme, c’est aujourd’hui à la femme d’intervenir. Et je prévois une certaine résistance.  

On vous connaît pour des livres plus intimistes.  Qu’est ce qui vous a donné envie de vous lancer dans ce livre à suspense ? 

S.G. : Dolce Vita n’était pas vraiment intimiste. C’était une tentative de comprendre et d’expliquer l’Italie des dernières années. Certes, c’était par le biais de personnages de fiction... J’adore les romans de l’intime, pourvu que ça ne tourne pas autour de son propre nombril. Quand Doris Lessing, par exemple, nous raconte une histoire d’amour, elle dit ce que nous ressentons tous. Mais elle fait en sorte que nous découvrions tout ce que nous ne voulions pas savoir – ce qui restait caché au fond de notre cœur, par peur ou par trop de souffrance.  En ce qui concerne Black Messie, j’ai toujours énormément lu de noirs, thrillers et polars. Il y a une très grande liberté d’écriture, et une très grande exigence dramaturgique. C’est un beau défi. 

Vous dressez un portrait fascinant de Florence. La ville n’est-elle pas un personnage à part entière dans votre livre?  

S.G. : Oui, bien vu ! La Toscane aussi. J’y ai vécu un moment, plus jeune, près de Vinci, le village natal de Leonard.  

Erudition, esthétique, suspense… n’est ce pas aussi semblable à un cocktail du Nom de La Rose d’Umberto Eco ? Vous êtes-vous inspirée de votre illustre confrère ? 

S.G. : C’est un beau compliment, merci. J’ai aimé Le Nom de la Rose. Je l’ai relu dernièrement. Mais j’ai aussi pensé à certains films, comme Seven. Et à l’ambiance de True Detective.  

Votre livre est construit d’une façon très visuelle et descriptive, et on l’imaginerait aisément au cinéma. Serait-ce un projet envisageable pour vous?  

S.G. : Je suis en train d’écrire le scénario d’une série. Et j’ai participé à la mise en place d’un scénario tiré d’une de mes nouvelles, Étoiles, pour le cinéma. 
Toute ma vie, j’ai beaucoup beaucoup lu. Obsessionnellement. Depuis quelques années, les séries me… scotchent. Je peux avoir des périodes de binge watching. Pas dormir, manger des bols de riz et avaler une saison entière en quelques dizaines d’heures.  

Concernant votre ou vos prochains projets, serez-vous plus Dolce Vita ou Black Messie ?  

S.G. : Les deux  ! On verra. Et aussi une belle histoire d’amour qui finit bien, et la bio d’une femme de la Renaissance, et celle d’un prince musicien et meurtrier et et et… Raconter des histoires, quel métier fabuleux, non  ? J’en ai des sacs entiers, d’histoires qui ne demandent que ça, être racontées. J’espère que je vivrai jusqu’à cent ans, au moins.  

> Simonetta Greggio, " Black Messie " (Editions Stock)

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