Meurtres dans un paysage qui n'est pas encore le nôtre

Meurtre dans un paysage qui n'est pas encore le notre

… Le signal lumineux prévient :

«  — Attention, tornade de magnitude cinq, magnitude cinq, attention... »

Je me prépare au choc, mes compagnons aussi.

Le tuba de la tornade, de couleur rouge comme la terre du paysage que nous traversons, arrive vers nous et nous passe dessus ; le blindage du train résiste aux coups et il reçoit sans broncher les offrandes furieuses du ciel, qu’elles soient sous la forme d’arbres déracinés, de clôtures, de toits brisés ou d’animaux arrachés à la terre avec des os brisés et ensanglantés. Elle s’intéresse à nous pendant une dizaine de minutes, nous enveloppe avec son vortex, comme une pieuvre étouffe une proie en l’enfermant dans ses tentacules, et tente de secouer les wagons dans tous les sens mais, voyant qu’elle ne peut pas entrer pour nous dévorer, elle s’éloigne aussi rapidement qu’elle est arrivée, comme si elle n’était pas encore rassasiée ; elle repart en chasse, vers d’autres horizons. Le calme succède à la tempête, le signal lumineux s’éteint, les lumières se rallument et le train, sali mais intact, redéploie ses ailes, reprend sa vie et sa course.

Nous restons quelque temps silencieux.

Tom et Ebène sont les premiers à descendre, ils nous font, à chacun…

 

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