Les chairs utopiques

Basquiat le Chinois

Ayant erré quelques minutes dans un dédale de couloirs aussi étroits que mal éclairés, Basquiat pénétra par mégarde dans une chambre ou somnolait une vieille femme. Il la regarda, s'approcha du lit puis, obéissant à une soudaine et étrange pulsion, lui pinça le sein droit. Choquée, la vieille femme ouvrit de grands yeux, réagit vivement à cette brusque sollicitation – Qu'est-ce que tu branles, t'as donc rien d'autre à foutre que d'enquiquiner les vieilles dames ? Fit-elle d’une voix ténue. Des électrodes reliées à de longs fils noirs émergeaient de son thorax comme de minuscules fleurs de lotus. Sur un écran au-dessus du lit des courbes sinusoïdales donnaient un aperçu précis et en temps réel de l’activité de son muscle cardiaque. D'après quelques notes succinctes inscrites sur une pancarte suspendue au pied du lit, la femme souffrait d'une maladie dégénérative, un truc qui lui bouffait les os à une vitesse effroyable, une sorte de maladie auto-immune qui lui empoisonnait la moelle à coup de protéines infernales et mutantes, et qui finirait par l’emporter dans la tombe avec la force et la puissance d’un violent tsunami. Basquiat se pencha vers la vieille, s'essuya le visage : "On va former équipe, toi et moi."

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