Leurs larmes chantent, parfois -Climat

"                                                                                                          01 Août…

     Tout commença avec l’automne ; un automne meurtrier, au printemps.
     De hoquets en vomis, d’un fleuve à l’envers où eau et grêle se mêlaient. Car avril crachait des jours plombés, brouillard à couper au couteau et petits matins givrés perdus dans un flou obscur où s’engouffraient un à un tous les sanglots du ciel. A ne plus rien y comprendre, tout s’embrouillait, sorti d’un jeu de hasard météorologique.  Au vrai, de va-et-vient pressés en surplace, le monde basculait dans l’indifférence ou l’inconscience générale : la nature en paraissait étonnée.
     Ruissellements dégueu, boues, déviations…
     Et les gens courbaient le dos, et je me sentais mal, et la ville se repliait sous la pression des trombes d’eau portées par des vents violents : feuilles déchiquetées, jeunes pousses noyées ou déracinées   –cela dura jusqu’aux derniers jours de mai,  pris par un gel d’outre-terre ou d’outre-tombe.

     En juin, avec le retour d’un soleil glacial, le paysage se teinta rapidement des cuivres automnaux. Oui, sans doute faut-il le préciser, la période allant du carnaval aux vacances de Pâques, fin mars cette année, avait été très chaude, singulièrement chaude, et  les arbres s’étaient rapidement couverts de feuilles puis  de fleurs   –tous les fruitiers.  C’était coloré et parfumé, prometteur : un bouquet de mariée ou de rupture offert à l’hiver officiellement présent.
     Autant dire que le revirement fut catastrophique !
     D’abord les fleurs  s’en furent en pétales froissés.
     Ensuite les feuilles arrachées se laissèrent emporter par les vents (...) ", page 47.

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jacqueline Wautier

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