Valérie Trierweiler : un coup d'Etat littéraire ?

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par Olivia Phélip

Les Cassandre qui prédisent régulièrement la mort de l'édition-papier en prendront pour leur grade : c'est bien un livre qui fait trembler la République aujourd'hui. A l'heure des tweets et des vidéos, quand on veut frapper fort et durablement, rien ne remplace la bonne vieille méthode de la publication explosive. Valérie Trierweiler avec "Merci pour ce moment" (Les Arènes) l'a bien compris. Son coup d'éclat éditorial s'apparente à un coup d'état politico-littéraire.
Plutôt que d'aller à "Confession intime" ou "Toute une histoire" pour parler de ses déboires, Valérie Trierweiler a choisi la formule du récit, diffusé à 200 000 exemplaires dans toute la France, après un coup de théâtre digne des plus grands happenings de l'édition.

Coup d'état éditorial, sidération politique

Le but ? Pour l'éditeur, vendre beaucoup. Pour l'auteure, régler ses comptes avec son ancien compagnon, accessoirement notre Président de la République encore en exercice, en visant son point faible : sa fonction. Qu'au même moment, par "dommage collatéral", la France devienne la risée du monde entier n'a semblé émouvoir personne. Silvio Berlusconi qui faisait rire la planète avec ses pantalonnades semble avoir trouvé son digne succcesseur en la personne du héros de cette histoire d'adultère ordinaire avec mensonges et coups bas.

Quand une histoire ordinaire croise l'Histoire

On l'aura compris,"Merci pour ce moment" écrit avec le sang de ses larmes par Valérie Trierweiler est le récit amer d'une femme blessée sur la fin de son histoire d'amour, narré en 320 pages pour qu'aucun détail, même le plus insignifiant ne nous soit épargné. Si le héros ne s'appelait François Hollande, le livre relèverait plutôt de la collection Arlequin et paraîtrait avec une couverture dorée, comme il est d'usage pour les romans sentimentaux de Danielle Steel ou de Judith Krantz. Le scénario est simple : elle l'aimait, mais après sa "promotion", il est devenu froid et distant. Ses conseillers en communication se sont mêlés de tout. Et il a commencé à la tromper. La relation a pris l'eau et la dame a été congédiée par communiqué (un procédé moderne très expéditif.) Evidemment, dans ce cas, l'histoire croise l'Histoire, puisque le monsieur occupe les plus hautes fonctions. Et, le pouvoir décrit par le trou de la serrure, "ça plaît toujours"... 

Chez le roi, tout "est" politique...

Qu'on ne s'y trompe pas. Le récit ne parle pas de politique, il "est" politique du fait de la personnalité des protagonistes. D'autant que l'auteure soigne habilement sa vengeance. En dépeignant la face sombre de François Hollande, elle porte le coup de grâce à son image déjà écornée. La capacité de nuisance d'une femme blessée est sans limite. Son ancien compagnon aurait dû le savoir. Et s'y préparer. Certains se sont employés à de savants calculs et ont estimé que Valérie Trierweiler pourrait toucher 600 000 euros avec son livre. A ce prix-là, la vengeance est un plat difficilement résistible...

De"Liaison fatale" au "Titanic"

Aux Etats Unis, on aurait titré l'ouvrage "Liaison fatale", et on l'aurait pimenté avec davantage de suspense et d'intensité. Mais, nous sommes en France, au pays du cinéma réaliste : une histoire simple, un héros "normal", une femme éconduite et une actrice en arrière plan, ça suffit pour faire un mauvais livre. On pourrait même en faire un film. 

Est-ce la littérature qu'on assassine ?

Alors que notre pays traverse sa plus grave crise depuis un demi-siècle, les aventures de François et Valérie donnent l'impression qu'on est passé de "L'amour en héritage" au "Titanic", avec un paquebot qui sombre et les passagers de première classe qui se divertisssent à écouter les violons. Ici, ce n'est pas seulement la politique qui est prise en otage, c'est aussi la littérature tout court. On ne fait pas de la littérature avec de bons sentiments. On ne la fait pas non plus avec de l'amertume.

>>Valérie Trierweiler "Merci pour ce moment" (Les Arènes)
4.5
 

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