De la même manière qu’il existe un devoir de mémoire pour les drames du passé, faudrait-il aussi instituer un devoir d’oubli pour les faits ou les personnes qui dérangent ? Ou tout le moins une sorte de mise au placard des auteurs, coupables d’exactions ?
La question dérange, car à l’heure « du tout est possible en littérature , parce que l’écrivain a tous les droits », avec publications en série de confessions meurtrières, de récits violents et d’histoires sordides, la récente décision de Frédéric Mitterrand de retirer le nom de Louis-Ferdinand Céline, mort il y a cinquante ans, du recueil des «Célébrations nationales 2011» pose question.. et soulève la polémique. Certains parlent même de « censure ». Rappelons que ce retrait fait suite à la demande de Serge Klarsfeld, qui a agi au nom de l'Association des fils et des filles de déportés juifs de France. En cause : les écrits antisémites de Céline, comme Bagatelle pour un massacre et ses pamphlets qui lançaient des appels au meurtre des juifs. Certes, nul n’a jamais songé à mettre en avant ces écrits condamnés par tous. Mais Céline est aussi l’auteur du Voyage au bout de la nuit, un des textes les plus importants du XXème siècle, pilier majeur de notre histoire des lettres, traduit dans la plupart des langues. Alors que faire ? Ignorer l’écrivain de génie au nom de ses autres écrits ? Ou le reconnaître malgré eux ?
La question s’était posée au sujet de Martin Heidegger, figure -clé de la philosophie, par ailleurs nazi affirmé et auteur d’écrits attestant de ses idées en faveur de la « race aryenne ». Alain Finkielkraut avait lui-même pris position en insistant sur le fait que malgré ces positions politiques malheureuses, il était impossible de faire l’impasse sur Heidegger, monument de la pensée philosophique( cf La Question et le procès paru dans Le Monde du 5 janvier 1988) Alors, comment aborder la « question Céline » ? Le retrait a posteriori de son nom initialement inscrit dans la liste des auteurs mis à l’honneur en 2011 montre la difficulté de la réponse. Nombreux sont les universitaires qui déplorent une décision qui ne change rien au fond.
Car si Céline est tellement sulfureux, peut-on continuer de l’étudier et de lui accorder une place de premier plan dans nos références académiques? D’autres craignent que cette polémique ne mette encore plus en lumière ce qui n’a pas intérêt à l’être en suscitant une curiosité pour des textes de Céline mis de côté. D’un autre côté, les commémorations annuelles décrétées par le Ministère de la Culture engagent les valeurs de la République et c’est sur ce terrain que s’est situé l’argument de Serge Klarsfeld. Contester une sélection « officielle », sans pour autant contester l’écrivain en tant que tel. Car et c’est probablement là le pire : nul ne peut contester que Céline soit l’un de nos plus grands génies littéraires, tout en étant aussi le plus ignoble des personnages, méandres mystérieux de l’alchimie de l’écrit en distorsion avec le vécu. Comme le dit l’adage, on ne fait pas de la bonne littérature avec de bons sentiments : parfois c’est sur le terreau de l’abject que l’excellente s’épanouit …Et vous qu’en pensez-vous ? Pour nous donner votre opinion, n’hésitez pas à répondre à notre sondage.
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