Louis-Ferdinand Céline : La célébration de la nuit

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par Olivia Phélip

Pour le 50ème anniversaire de sa mort, le 1er Juillet dernier, la Société d’Etudes Céliniennes (SEC) présidée par son biographe François Gibaut a organisé une petite cérémonie d’hommage à Céline, à Meudon, au cimetière où l’écrivain est enterré.

Plus que jamais, sous le soleil de ce paisible cimetière aux allures un peu provinciales, la tombe modeste de Louis-Ferdinand Destouchessur laquelle une gerbe blanche a été déposée recèle encore tout le mystère de son habitant. Un mystère nourri par ses ambivalences, sa noirceur, ses excès aussi, qui furent le miroir-sorcière de l’épouvantable barbarie d’un siècle, dont il épousa les plaidoyers du pire.

Ecarté des célébrations officielles de l’année 2011, Céline n’en reste pas moins celui qui a révolutionné l’écriture et livré l’un des plus grands textes du XXème siècle avec son Voyage au bout de la nuit.  

On ne fait pas de la bonne littérature avec de bons sentiments, nous dit l’adage. Avec Céline, la question dépasse même le clivage du bon sentiment et de la littérature. Il s’agit du mariage, ô combien vénéneux, entre l’écriture, la pure, l’intense et l’abjection de la déraison. C’est lui qui a fait de la puissance littéraire un périple en soi, une abnégation, qui a transformé les  médiocrités de l’auteur, ses faiblesses d’être étroit en infini magnifique, transfiguré la temporalité des verbes en présent décomposé.

Il a donné à l’écriture ses lettres alchimiques, celles qui construisent un autre monde par delà le réel, une autre langue derrière les mots, un infini à côté de chaque finitude, dans un rytme saccadé comme le tempo d'une mitraillette.

 En ce cinquantième anniversaire, il y a un corps qui a pourri dans sa boîte, emportant dans sa poussière les souvenirs de son rendez-vous manqué avec l’Histoire. Il y a aussi un écrivain, lui vivant, aujourd’hui encore l’un des plus traduits dans le monde. Emblème de la littérature française, lumière éclairante dans la nuit des émotions. A l’instar de la fleur de lotus, tant vénérée par les bouddhistes, qui sort de l’eau et flotte comme un trésor au- dessus des éléments, alors que sa tige pour grandir doit prendre racine dans la boue et la fange. La pourriture de la pensée dérangée de Céline a nourri par son écriture sauvage et magnifique la littérature. Malgré la boue, malgré la putréfaction, célébrons la profondeur éternelle de ce génie de la littérature.

Louis-Ferdinand Céline, 27 Mai 1894-1er Juillet 1961
4.5
 

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