Les Écrits

Présentation et contenus de "L'humanité à l'épreuve de la génétique et des technosciences -Aporétique humanité?

           «L’humanité à l’épreuve de la génétique et des technosciences  -Aporétique humanité ? »  -présentation, contenus et ‘public-cible’ de cette version commerciale d’une thèse doctorale de philosophie bioéthique soutenue en 2005, à l’Université Libre de Bruxelles

 

                                      4° de couverture :

     «Descartes nous le dit jadis, ego cogito ergo sum -je pense donc je suis. Ou encore, ego cogito ego sum  - je pense je suis. Mais que suis-je ? Une chose pensante... Aujourd'hui, nous ne retenons que l'un ou l'autre terme de cette entité peu ou prou polarisée: soit la ‘chose' en sa choséité, soit l'immatérialité de la subjectivité. Nous réintroduisons en cela l'idée d'une dualité vraie entre corps (utilitaire) et pensée ou esprit (valorisé en sa seule dimension volitive). Et s'il apparaît que les ‘technosciences'  rencontrent l'humanitude comme leur condition de possibilité, elles hypothèquent nonobstant ce fonds de spécificités et d'aptitudes par leur efficience. En effet, par la transformation de l'objet préhendé, des vivants manipulés, des concepts élaborés et des nœuds définitoires ou identitaires, les techniques risquent de réduire le devenir à un processus. Et de défaire les modes biologiques, personnels et conceptuels de différenciation. Et encore, de détisser les réseaux symboliques avant de faire exploser l'individualité  - pour le moins en son investissement personnel, affectif, existentiel et conceptuel... »

 

                                     Au regard de la méthodologie, il s’agit de confronter les techniques à l’individu, l’individu à ses latitudes et celles-ci à l’humanitude ou à ce qui fait «humanité». Observation des techniques donc ; et analyse diachronique.  Le tout accompli dans une mise en regard ou en perspective des différents arguments et assorti d’une consultation de groupes représentatifs (Population Générale, Patients et  Chercheurs ou Médecins).

       Face à cela, il s’agit de montrer que les technosciences, qui rencontrent l’humanitude comme leur condition de possibilité et leur moteur propulsif, risquent d’actualiser une  potentialité aporétique associée à une enclave perméable  et à une maintenance inscrite dans le devenir. Ou encore, une potentialité aporétique associée à une intériorité  se dépliant en extériorité et à un monisme substantiel s’exprimant dans la dualité (en soi et hors de soi).    

      Où donc  l’opérativité technique pèserait, pour le déconstruire, sur l’équilibre articulant la stabilité entitaire de mode centripète  et le projet identitaire de logique centrifuge. Et témoignerait en sa puissance effective d’une rencontre rétroactive de l’individu et de ses outils, du sujet et de ses conceptualisations,  du soi et de ses voies d’expression  - un «soi» disposé à se résumer en centre décisionnel et force opératoire.

      Dès lors, l’homme, être de l’entre-deux  défini par la négation de tout Etat advenu, produit un processus technique susceptible de l’extraire de cet «entre-deux». Et déjà l’individu intensifie ou libère ses tendances dispersives (de «soi» en l’autre)  et ses tendances confusionnelles (de «soi» et de l’autre) : avec une mise à distance de l’entité corporelle (en sa force référentielle ou définitoire), avec un corps plus pensé que senti, une identité décisionnelle et une  puissance volitive plus dispersive que centralisatrice – selon une aspiration grandissante à la métacarnation.

      Pour le formuler différemment, les technosciences tendent à défaire les appartenances : appartenance au monde de la matière et à ses lois, appartenance à la biologie et à ses propriétés. Mais aussi à la généalogie ou à l’histoire et à leur fait créateur de sens ou de signifiances. Et finalement, aux investissements temporels et affectifs autant qu’aux engagements ou aux choix signifiants (signifiants du fait des risques, difficultés et inéchangeabilité ou irrévocabilité). Or, les appartenances font l’homme et l’humain : des appartenances suffisamment solides et définitoires pour densifier la personnalité et réaliser l’existence. Pour stabiliser l’identité et autoriser cependant une mise à distance permettant l’accueil de l’autre, d’autrui et de la nouveauté : hors violence, hors repli, hors dissipation ou destruction.

       Ma thèse est donc celle d’une dimension aporétique inscrite au cœur de l’existence  et répondant à l’incomplétude des divers déterminants autant qu’au déterminisme génétique.   Où l’extraction hors de l’en-soi, l’ouverture métabolique et personale, porte en ses modes processuels une potentialité aporétique recouvrant une indéfinition du «soi» et s’offrant à l’opérativité des technosciences. Où l’humanitude, prise en charge par les techniques qu’elle produit, édifie un domaine existentiel caractérisé par une biographie de l’arrachement ou du désinvestissement – refus d’appartenance au corps, à la temporalité, à une réalité mondaine fléchée et à l’unicité inéchangeable de l’existence individuée et personale.

      Aporie donc ; parce que l’immaturité, l’incomplétude et l’imparfaite assignation ouvrent l’homme  à la liberté  en autorisant corrélativement l’incorporation du non-soi, l’opérativité de la volonté et l’évanescence des états de l’organisme, de la psyché ou de la personnalité. Finalement, ces traits permettent la nouveauté et la liberté tout en impulsant dans l’homme son autre - le soumettant au risque incessant d’une dispersion. Ainsi, les T.S. produisent un monde a-identitaire dépourvu de référence externe cependant immanente : référence à une humanité commune. Elles brouillent  notions et concepts, mêlent  catégories et genres et génèrent instabilité et anxiété.  S’ensuivent les négations de soi : psychotropes, refus «identitaires», transgressions diverses et «suicides»  ou reniements individuels  ou spéciels (par exemple aspirations transhumanistes).

      Mais, abandonné au pouvoir de sa seule volonté,  le sujet  se retrouve sans densité entitaire, identitaire ou existentielle. Prêt à  toutes les transfigurations : à se perdre dans la technique et le virtuel, ou à se démettre entre les mains d’un gourou prometteur de mondes meilleurs. Prêt à se soumettre au totalitarisme, ou à se ‘prothétiser’. Démission en chaque cas de figure. Et abandon de la condition humaine : gourous ou transhumanistes proposant en utopie un mythe semblable - celui d’une réalisation plénière de l’humanité hors de l’humanité. Où l’homme serait à ce point fragmenté (en son corps, ses représentations, son trajet existentiel…) que la pathologie psychotique incarnerait la banalité, sinon l’idéal recherché : un corps machinal et machiné, une individuation vague et une personnalité plurielle. Où l’on confondrait liberté et  désinvestissement, matière des choses et  substance organique des corps.

 

                                           En résumé, l'essai, qui compte quelques 640 pages, se base résolument sur une théorie anthropologique et sur un système philosophique où l'homme se définit dans l'entre-deux de la matière et de la matière qui se fuit en réalisations diverses - dans l'interrelation des sujets. Ou encore, s'appuie sur une approche des conditions de possibilité de la condition humaine –celle d'un homme se présentant dans l'articulation de doubles-nœuds (en soutenance active) : entre corps et esprit, liberté(s) et aliénation(s), extériorité tentaculaire et intériorité définitoire…

Si certains chapitres sont d'un abord plus difficile (et largement), visant un public déjà bien informé (philosophes, éthiciens, bioéthiciens…), d'autres sont plus abordables –la consultation**, susceptible d'intéresser le monde scientifique autant que le citoyen curieux, est cependant accessible à tous.

**Consultation portant sur l'accueil et l'évaluation des techniques interrogées (PMA, diagnostics génétiques et DPI, IVG/I.Th.G, usages divers de l'embryon, clonage thérapeutique et clonage reproductif, thérapie génique somatique ou germinale, OGM, eugénisme, neurosciences et possibles y associés, greffes et xénogreffes, manipulation ou modification des champs et cercles identitaires ou référentiels, pratiques mélioratives, transhumanisme, etc.).

  

                                           Extrait :

                      « Corps fragmentés :

J.F. Mattei et H. Atlan ont en commun d’abstraire la cellule totipotentielle clonée et de la départir de sa nature (sa nature ‘en soi’ : comme puissance de devenir) du fait d’une production sans fécondation et dépourvue de finalité procréatique. De la sorte, ils soumettent la cellule en sa définition comme en ses représentations et transpositions au seul projet extérieur. A savoir pourtant quel est cet embryon arrêté ? Une simple construction accédant à la réalité (du monde matériel et des réseaux sémantiques ou linguistiques) par l’intellection et l’assignation (destination) -régies toutes deux par le dessein ou le besoin spécifiques … Une chimère donc : mélangeant matière propre et potentialités autres, réalité actuelle et virtualisations conceptuelles, puissance intrinsèque et assignations tierces, en-soi et pour autrui. Où interfèrent biologie, technique, projections, affects et droit –pour produire une entité réduite à sa plasticité biologique et à ses dépendances diverses. Où donc l’absence de projet parental exorbite l’embryon de la sphère humaine, l’écarte du substrat symbolique et l’exclut du devenir pour réduire sa puissance (d’individuation) à sa matérialité présente -réduire son fait processuel à son état transitoire ou encore son individuation potentielle à ses potentialités divisées. En d’autres termes, l’arbitraire de l’utilitaire rend l’embryon à sa matérialité immédiate pour le soumettre à la négation de toute spécificité, de tout devenir (comme puissance et potentiel intrinsèques) et de toute signifiance ou insertion dans le monde conceptuel et psychique de l’humain. Mais si tel devait être l’embryon, soumis à une déclinaison différentielle et multi référentielle en sa nature comme en ses appartenances, l’individu ne se décrypterait-il pas (ne se livrerait-il pas à lui-même) tel une incarnation réussie : potentialité ou puissance d’individuation privilégiées eu égard à d’autres possibles (de destruction ou d’utilisation thérapeutique) ? Ou encore, matière investie d’un projet extérieur, individuation soutenue d’une volonté tierce, individualisation confortée d’une reconnaissance événementielle et individualité protégée d’un statut dicté par l’arbitraire du bon plaisir ou par l’irrationnel du pulsionnel ? En fait, procédant de la sorte, l’homme introduit différentes ruptures ou coupures : une coupure biologique (par rapport à un matériel embryonnaire soumis à l’insignifiance, proprement pluripotentiel en sa destination), une scission conceptuelle (dans l’introduction d’une discontinuité originelle intrinsèque –faisant suite à la conceptualisation d’une entité qui serait primitivement étrangère à l’individuation), et une rupture biographique (vis-à-vis d’une individualisation en perte de continuité ou d’une identité en pointillé). Et cette coupure biologique et cette rupture biographique offrent certains stades ou certains états aux manipulations. Si la coupure biologique répond à la distance grandissante séparant l’identité ultime (ce qui est vécu en nœud identitaire) de la chair ou de la forme corporelle, la rupture biographique s’intègre dans une situation sociale, familiale et existentielle semblablement morcelée ou morcelante : changements professionnels multiples, exclusions socio-économiques ou culturelles, séparations ou dislocations familiales, reculs du relationnel et de ses lieux au profit du virtuel, brouillages des différents repères, et finalement refus ou craintes des appartenances diverses (à une terre, un lieu, une généalogie, un trajet existentiel et un corps proprement personnel…). Raisons pour lesquelles, en désaccord avec H. Atlan ne décelant aucun élément anthropo-négateur dans ces techniques, nous redoutons que le clonage thérapeutique ne soit vecteur ou facteur de désintégrations du fonds anthropique. De même, nous hésitons face aux glissements sémantiques qui suivent les circonlocutions à fins neutralisantes. Cependant, bien que nous reprochions aux projets technicistes de désaffecter les mots pour offrir les ‘choses’ qu’ils désignent aux différentes emprises, nous ne suivons pas d’avantage G. Benichou usant du procédé inverse : appel clair et net à l’émotion pour écarter sans discussion la technique associée à une quasi monstruosité de son praticien –et à un projet qui serait résolument «humanicide» (...) », in L’humanité à l’épreuve…

  

                     Sommaire de l'ouvrage :

   Introduction

   Du désir d’enfant au désir de soi… 

1 : Désir d’enfant, propositions technologiques et impacts socio-anthropologiques :

2 : Statuts multiples de l’embryon et implications ultérieures :

3 : Prédire, des mots aux maux :

4 : Eugénismes et eugéniques :

5 : Transgenèses, thérapies géniques et manipulations génétiques :

6 : Clones, miroirs et mirages :

7 : Génétique et anthropologie – à l’épreuve des biotechnologies :

   Métamorphose ou métacarnation de l’homme ?

1 : Du corps désinvesti  au moi fragmenté :

2 : Génétique et gène mythique : existence processualisée ?

3 : Sens et technoscience : refus des appartenances ?

   Conclusion ?

        A- Introduction

        B- Retour à la thèse

        C- Soutenances, appartenances et divergences

        D- Transformations et transfigurations

        E- Aporie et conditions de possibilité  -logiques argumentaires

        F- L’homme

        G- Du principe d’humanité à l’humanité statutaire…

        H- Aporie ?

   Lexique

   Bibliographie

   Annexe :

               Consultation de bioéthique   -Perceptions, évaluations et pénétrances des techniques

 I  -Cloisonnement spéciel et intimité identitaire :

           A -  Xénogreffes : acceptations et refus de l’organe animal…

           B -  Franchissements  spéciels : jugements de valeur et intuitions…

           C - Réflexion éthique / anthropologique :

II -Ouverture à l’intrusion et unité corporelle…

           A – Acceptation des diverses intrusions au cœur de l’intime :

           B - Traitements divers et choix préférentiels :  

III -Soi, corps-soi, corps de soi et corps du ‘Soi’ :

              - Signifiance identitaire des organes…

IV -Don d’organe(s) -accords, refus et réticences :

V -Perception globale de l’embryon /

            A- Clonage Th. Et R. …

                   Réalité, instinct et principes :

            B - Recherches et réification ?

                   Devenir des surnuméraires : statut décisionnel de l’embryon ?

            C -  Parentalité, P.M.A. et embryons surnuméraires …

            D -  Gamètes et parentalité décisionnelle :

VI - Exogenèse : d’une rupture corporelle à une rupture affective ?

VII - OGM, chimères et mixité génique …

VII - Thérapie ou transformation ?

IX -Totipotence des gènes – pertinence d’une intervention spécielle ?

            A -  Ouverture à une transformation dirigée du génome :

            B - Transformation dirigée et attachement spéciel :

            C - Amélioration, ou phantasme d’amélioration ?

X -Avortements thérapeutiques, a-référentialité et totigénie ?

            A -  Attitudes à l’égard de l’interruption thérapeutique de grossesse :

XI -Choix du sexe : altérité problématique ?

XII - Totigénie et pertinence des I.Th.G.

            A - Pertinence d’une I.Th.G.  en matière ‘d’intelligence’ ?

            B - Pertinence de l’I.Th.G. à l’égard d’un problème psychique/psychologique (comportemental, relationnel…)

            C - Pertinence de l’I.T.G. : système, corps, support, existence et dysfonctionnements :

            D - Classement par ordre de ‘gravité   -jugement a-référencié et décontextualisé :

XIII - Notion de ‘vie préjudiciable’   -de la compassion à l’eugénisme ?

            A - Faisabilité d’une évaluation tierce portant sur la qualité/valeur /jouissance d’une vie :

            B - Evaluation de la notion et du jugement de ‘vie préjudiciable :

XIV - Perception globale des D.P.I. :

                 - Association des D.P.I., I.T.G., thérapies géniques germinales et tests génétiques :

XV - Tests génétiques, préhension des libertés et priorités.

            A - Tests sur adultes consentants :

            B - Tests génétiques de susceptibilités  sur enfants :

            C - Savoir ou ignorer   -susceptibilités, probabilités et risques  multiples :

XVI - Domaines référentiels  -d’exceptions  ‘sacrales’ :

                 - Domaines inclus (ou en voie d’abandon):

XVII- Préoccupations et espoirs  principaux …

XVIII- Degré de pénétrance des techniques, notions et termes associés aux biotechnologies:

 

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