Pensées d'un mardi...

Je suis en train de lire, je suis sous l’emprise de ce livre qui me rend folle, qui crée en moi à cet instant précis une pulsion ; je ne sais pas quelle pulsion il crée mais peu importe. Il m’emporte. Loin de la réalité, de ce monde où l’on ne cherche qu’à remplir des trous de néant pour y donner l’illusion d’un bonheur, où l’on est à la recherche de détails insignifiants qui nous font chavirer. Et je m’arrête. A deux pages de la fin, le moment que l’on pourrait attendre avec impatience. Moi aussi j’ai envie de le bouffer ce livre, cette fin, l’envie de me prendre une claque dans la gueule lors de la chute, de me dire « Merde, c’est incroyable ! », d’être subjugué par des sensations uniques.
Parfois au contraire, un livre, ma Bible, je peux vouloir le lire le plus lentement possible, le déguster avec raffinement, calmement, afin de me faire pénétrer en douceur par amas de perceptions qui s’empare de mon corps. J’aime ressentir avec mon être entier, que mes sentiments dominent mon âme, sentir ma chair s’embraser par delà mes émotions ardentes que produisent de simples syllabes, des mots, des phrases. Avec ou sans sens. Je deviens l’incarnation de l’exaltation même de la littérature. La littérature étant un art, l’art dirigée par la liberté. Ma liberté sont les mots. « La poésie c’est la plénitude existentielle. » (Kenneth White) Je crée mon art. Celui d’être moi à travers des paroles, et je me fiche qu’on dise de mes phrases qu’elles soient littérairement incorrectes, comme on me le reproche parfois. Je n’ai pas besoin de faire partie d’une convention pour me connaître. Je suis ce que je suis grâce à mes mots inventés, à mes expressions innovantes. 
 
Pas besoin d’être au sommet du monde pour se sentir libéré !