Les Écrits

Il traîne dans l'air comme un parfum (Cadavres exquis, cadavres maudits)

Il  traîne dans l’air comme un parfum de vieille mélancolie et tous les Au revoir là-haut s’envolent, pris sûrement aux ailes des adieux…

Intangibles frissons à la matière des hommes, je les devine au ‘contre-jour’ d’une étrange cérémonie.

Que je suis à contre-cœur…

A contre tout quand rien ne me reste  -sinon quelques fantômes attachés à ma peau!

Parce qu’un tulle mouillé à l’eau des songes me prend et me disperse au sillage de ces ombres vagues qui défilent.

Que tout m’est troubles et morsures d’un rêve d’avant qui s’en revint subitement chiffonner les heures blêmes de ce dernier matin.

Et parce qu’à la récréation des cœurs brisés, les corps s’ennuient souvent de quelque soupir désappris : le temps cruel les croque à vif et les ceint d’un linceul volé aux momies décharnées.

 

 

 

Avant, il pleuvait des oiseaux ici ; qui s’éparpillaient et s’ébouriffaient de rouges et de bleus et de verts…

A la légèreté de leurs envols, aux frémissements des vies, ils me rappelaient un peu les perroquets de la place d’Arezzo ; leurs ramages incessants emportaient Bruxelles à la fête, à ses bières et à ses Saints couronnés par quelques étudiants facétieux.

Mais c’était avant !

Après…

Ailleurs ?

Amen : dans le silence du vent, seule la saison de l’ombre frémit encore   –c’était ta devise, tes mots fétiches en caresse sur mon corps abandonné.

Je m’en souviens, tu sais !

De tes pas, de ta voix, de ton sourire…

C’était l’Amérique avec toi, et New-York dans tes bras.

Et les fous-rires, et les folies   –et les avenues se déroulant aux pas léger et joyeux d’un signe de toi…

 

 

 

Alors, même eux ?

Parce qu’il y a comme un silence dans le brouhaha !

Comme une ombre dans la lumière…

A la vérité de nous, pris à quelque sortilège ou peut-être abandonnés à une étrange torpeur, les écureuils de Central Park sont tristes le lundi ; comme moi qui les regarde sans plus les voir, sourde à tous les murmures de la terre.

Je les sais par cœur cependant : à cet instant le ballet de cuivre et de feu va au ralenti et mon cœur s’emballe d’une absence qui le déborde en éclaboussures cuisantes. Et tout près, si loin, qui nous dévore et nous oublie, la ville s’engourdit d’un songe gris   -Inferno !

Enfer des solitudes et des miroirs en miettes ; le temps est bien révolu qui nous enchantait de promesses et il nous faut maintenant rompre le charme. Dimanche pourtant, et le précédent, et l’autre encore, elle et moi nous étions prises à rêver au papillon des étoiles et à ses chimères : attirées, émerveillées, fascinées par un ruissellement orangé sur les feuilles du parc. Ou était-ce seulement l’été indien et son serment d’automne ? Ou peut-être le seul émoi de mon âme de bohémienne; assoiffée d’absolu et s’enivrant à l’amour en sept lettres  –celui qui dure toujours lors même que la nuit ne finit pas d’exploser les corps indécents d’innocence.

A reconstruire les lieux, à déconstruire l’espace…

A gémir, à jouir…

Hors temps, hors tout…

Et je l’ai fait  –hier ou bien avant !

Une fois, chaque fois !

Et de m’être embarquée encore  pour la saison des fleurs sauvages et des îles au trésor ;  et de m’y être prise une fois de plus à l’eau des anges, épicée de désirs enflammés.

En même temps, toute la Terre et tout le ciel n’y peuvent rien : à l’accomplissement de l’amour, les jours s’illusionnent  nécessairement d’une brûlante densité  -à s’y couler, naufragés volontaires. Las, les feux de l’été consument jusqu’à l’espace des frissons. Faut-il qu’il m’en souvienne : j’avais foi en toi, tu n’avais que cette folle l’ambition. N’en reste que ce mirage de nous qui me dérobe au temps d’ici  -à rejoindre tous les évaporés d’une Terre perdue !

 

 

 

Si au moins je pouvais oublier !

Oublier la douleur lancinante et l’enfermement dans la maison de la nuit, là où le jour éteint dévore jusqu’à la couleur des sentiments.

Oublier le temps des amours, le temps des «Je t’aime» arrachés à mains nues. Et tout ce qui ne fut pas, tout ce qui jamais ne sera : ces heures, ces années… Une vie volée et balayée dans un décompte assassin, comme une marche contre le vent mauvais, d’un pas toujours plus lourd, le souffle court.

Oublier, juste oublier et endormir la peine…

Mais non !

J’ai la mémoire dans la peau découverte, dans ses cicatrices et ses frissons interdits qui me parlent d’autres vies. Et de ‘Peut-être’ déchirés, de promesses envolées, de possibles écrasés d’un haussement d’épaules   -et de ton rire qui m’a donné à jamais le goût des autres…

Ô Seigneur, à la colère de Dieu ou à la folie des hommes, pour un jour ou pour mille ans, rendez-le moi !

En prière ?

En rage…

En nage   -en pleurs !

Agenouillée, comme crucifiée, je m’en déchire d’un grand cri d’amour : qu’il me revienne, qu’il reste avec moi, encore un peu !

Parce que, le ciel peut bien attendre.

Parce que nous serions alors forts comme la mort.

A la pitié du monde, rendez-le moi :

Au soleil, au grand jour….

Ou dans la vallée des secrets, sous la pluie battante des moussons, qu’importe !

Qu’importe où les chemins nous mènent alors puisque nous serions deux  à confondre nos chairs et à mêler nos soupirs contre le silence des tumultes, espérant que vienne l’enfant des ondes  -d’entre ses reins, d’entre mes cuisses…

 

 

 

Je te touche du bout des songes, je te respire au bord des lèvres…

Mais j’ouvre les yeux, à l’aveugle.

Mais je tremble à ma propre fièvre.

Mais je divague aux vagues que tu portais…

Et je ne retrouve personne  -rien !

Rien qui soit de chair et d’âme au souvenir d’hier.

Bien au contraire, haletante, asséchée, je suis comme la servante du seigneur : à trop saigner mes tripes offertes prises à la grâce des brigands  -à la disgrâce du temps.

Le temps justement…

Le temps ou le semeur d’espoir : cruelle promesse d’un lendemain fuyant. C’est pourtant de la naissance du jour que tes mains me parlaient : à l’envie, à l’ivresse. A livres jamais finis qui s’effeuillaient au verbe Aimer ; et toi, mon cœur, mon maître, mon traître, tu y croyais !

 

 

 

C’est tragique, la vie, quand on y pense   –ou tellement drôle ?

Tout a commencé par un coup de cœur, pour un bibelot dans une vitrine ; petite porte que l’on franchit, comme un passage sans retour vers autre chose.

«Le masque du silence», j’en rêvais   -il le voulait !

Alors j’ai protesté, marchandé, minaudé, râlé ; lui a ri.

Il a ri et je suis tombée sans plus de combats dans ses yeux, comme on tombe dans une mer où l’azur s’offre aux éclats d’argent…

 

Tombée !

Estomaquée, essoufflée, bouleversée : Royal Romance !

Notre histoire a commencé sur une lubie, par un clin d’œil complice du destin : joyaux  sans prix couronnant l’automne d’une grâce infinie.

Commencé à l’éther de l’Amour…

Mais le rêve s’est brisé abruptement et l’eau devint sang ; ces souvenirs-là me tuent patiemment, et le temps est long qui joue avec sa proie.

 

Mangeant les cimes, le crépuscule s’installe doucement.

Tout là-bas, les petites silhouettes rousses prêtent une vie comme neuve au vieux chêne foudroyé   –adorables bestioles au feu des noisettes !

Se laisser bercer à la foule…

S’imprégner des vanités mouvantes…

S’hypnotiser aux flux et reflux, s’anesthésier à la vie…

Une heure, quelques minutes…

Mais le parc se vide déjà !

Et les rires, et leurs chants, et l’agitation tout artificielle des coureurs du lundi laissent bien vite les arbres à leur solitude immobile.

N’importe, ceux-là ont leurs histoires secrètes : ce qu’ils ont vu, ce qu’ils ont tu  -tous ces désirs morts, tous ces projets avortés… Et ces obstinations du lendemain, cette folie d’un monde sans oiseaux… Sans parler de quelques sursauts de rêves tout droit sortis de deux regards qui s‘attirent et se mélangent. Tant de mots volés à la bouche des hommes, et qu’ils pourraient coucher sur leurs feuilles volantes : entre récits apocalyptiques et contes démiurgiques, de pages sensuelles en trames cruelles, dans l’entre-deux des ‘entre-nous’, couvrant de leur sève vive toutes les histoires du monde. Car ils en savent d’extraordinaires, tellement simples au fond, comme un tout premier cri, premier jet d’encre posé en terres familières: sans nom ni visages mais susceptibles de rendre un peu de leur chair ravie aux fantômes du passé   -voluptueuses au creux des sillons mouillés, barbares aux tranchées noircies du sang séché…

Au vrai, de la plus vieille histoire du monde à la dernière nouvelle à la mode, éclatant en fragments de sang noir le silence des non-dits, ils portent en eux tous ces livres improbables ; balisant à l’indélébile de leurs cicatrices un parcours en zigzag où des vies multiples se prennent à la couleur pourpre d’un nouvel amour. Où des villes se dressent et s’écroulent aussi, enfouissant dans la cendre tous les feux qu’elles allumèrent. Où des hommes se déchirent, où des corps se plient, où des souffles s’éteignent… De pages sombres en pages roses, ils écrivent à l’encre sympathique le roman ordinaire des petites gens. Ou parfois, avec l’emphase des enluminures à l’en-tête des pages blanches, disent l’incroyable destin d’un héros de passage entraîné dans une guerre dont il ne voulait pas   -et je sais qu’il en est de sang et de larmes, torturant mon âme en miettes pour mieux vider ma chair de ses mémoires encore palpitantes.

C’est fou ce qu’un arbre révèle !

Qui a vécu mille vies, qui a bravé le temps.

Cachant la forêt pour mieux y planter ses graines.

Cherchant le ciel, touchant les étoiles.

Et jouant à plusieurs la symphonie du vent.

 

Huis clos et ciel ouvert sur l’infini ?

Moi, les bras ouverts, les mains vides, les mains tendues…

Eux malmenés, tourmentés, oubliés…

Qui me parlent de leurs racines à la terre et de leurs rêves d’infini :

Entre clair-obscur et soleil rouge, jouant avec eux, leurs veines tortueuses me disent des histoires depuis longtemps oubliées. Naviguant des parenthèses obscures de l’histoire à l’éclat d’une ère depuis longtemps désapprise : à l’abominable de l’inhumain ou à la magie des Idées qui nimbèrent le réel d’un voile de suspicion. Ainsi, entre ombres errantes et lumière morte, mes souvenirs de l’éternel présent et mes réminiscences d’hier s’unissent obstinément à leurs délires, hésitant entre larmes de pluie et longue dérive sanglante : car je suis aujourd’hui l’intemporelle et l’éphémère   -cendres au cœur des hommes et du monde.

Car aussi, j’ai cent ans de solitude dans la peau des autres…

Car encore, prise à fleur d’âme par le papillon d’or, grisée à tutoyer les étoiles, j’ai l’âge des livres lus et des lignes perdues...

Trop sage, sans âge, en nage !

Ou trop tard, trop tôt, trop vite : un demi-siècle déjà dans un corps étranger qui s’égare dans les méandres d’un surplace à la Place des cœurs à prendre. Et tant de nuits perdues dans l’arbre à clous terrassé par l’éclair aveugle d’un orage sans pitié, bourrasque née d’un hoquet de poussières mortes au jardin de pierres.

 

Trop tout ou trop rien donc ; car demain j’aurai à nouveau vingt ans dans mes espoirs à vifs, au risque de tout perdre. Y retrouvant l’âge des tentatives malhabiles de séduction et des efforts désespérés pour plaire à la sainte famille ou pour ensorceler deux yeux qui se posent en caresse incandescente : l’âge merveilleux et douloureux des certitudes essentielles, des doutes sans fin et des toujours qui s’en vont flirter avec l’oubli dès que se tourne le jour  – regrets éternels.

 

 

 

Un oiseau tout là-bas bat des ailes ; qui m’emmène avec lui.

Toujours plus haut !

Si loin…

Sauve-moi !

La vie s’est retirée qui explosait naguère en technicolor : au rouge des trémières, au cuivre des falaises, au bleu d’un ciel tombé en amour des écumes argentées. Et au blanc qui éclaboussait le ciel des éclats du soleil : quand des nuées de mouettes et de sternes se jouaient des courants   -avant, dont il reste si peu !

Peu qui m’en écorche.

Qui m’en dérobe…

Fantôme de moi qui lève la tête…

Là-bas, les cris de l’océan déchirent la zone du silence, laissant les arabesques des vagues accoucher d’un fruit amer aux égarés  -à l’écume des jours.

Mais l’oiseau dessine un cercle magique et l’espace s’ouvre sur ailleurs…

Là-bas ?

Le sable piège les rêves dans un présent toujours reconduit  –où le tissu du temps resserre sa trame d’araignée en dentelle scintillante.

Là-bas…

Mais ici, mais maintenant, triomphant des ténèbres en lambeaux pour envelopper la maison du lac de son ombre jaune, l’arbre à palabres monte une garde pérenne. Battus par les vents mauvais, ses bruissements confus disent les espoirs enterrés : sentinelles oubliées, soldats sacrifiés, enfants suppliciés   –rien ne reste sinon deux ou trois noms à demi effacés sur une stèle branlante…

Ici, comme partout, comme toujours, il n’est que briseurs de rêves et dévoreurs d’espoirs…

Ici !

Et je les vois qui me narguent : tous ces monstres du passé s’en vont noyer leurs colères dans les rivières de mes larmes.

Ici ?

J’ai rendez-vous avec la mort au vrai  –destination inconnue. Mais sans surprise ni effets spéciaux, les yeux grand ouverts. Prête à tout, près du vide… A la dispersion dans le néant de toutes les choses fragiles qui font une vie ou qui donnent la force d’y croire encore un peu. Car les dés sont lancés au hasard, qui ne sait que les possibles d’une mare aux fées où se noient les sirènes. Car la vie souffle en ouragan immobile emmenant la matière dans une ténébreuse odyssée de l’espace : voyage au bout de la solitude et de l’oubli, sans retour ni échappatoire – alea jacta est.

 

Je pleurerai plus tard cependant, pour l’heure, dansant leur gigue macabre sur l’errance de mes nuits blanches, succubes et incubes s’unissent en des embrasements de cendres et de glaces. Et se moquent allègrement, d’un rire dément qui me hante et m’épouvante.

Les voilà qui viennent vers moi !

Me frôlent.

M’empoignent et m’entraînent vers quelque cataracte…

 

Ciel !

Trempée…

Tremblante, je me réveille pour la centième fois dans ce lit d’aubépine où les songes se glacent au souffle amer des espoirs en rade.

Car ce n’était qu’un mauvais rêve; et qui s’en va mourir au carrefour des Sables !

Car surtout la vie est peau de chagrin   -un billet de loterie, mais toujours perdant. Et c’est bien là la divine comédie d’un jour sans fin : quand, aux toutes premières lueurs de l’aube,  l’enfant agrandit de sa fragile humanité le cercle de famille, il ignore que ces regards sur l’instant troublés ne lui promettent le meilleur des mondes que pour lui laisser moins que zéro. Et bien évidemment, la condition humaine qui explose et se perd au régal des vermines  -ni vu ni connu ! Pourtant, du singe nu au Prométhée déchainé, tous les hommes en sont fous  –de la vie comme elle va ! Ils se nourrissent de l’espoir et de sanctuaires ardents : au nom du Père et du fils ! Pendant ce temps, en attendant Godo sans doute, la sentinelle de l’espace tue l’ennui au mépris des particules élémentaires disséminées dans le bleu du ciel : livrée au bon plaisir du Prince, abandonnée sous le soleil de Satan, elle s’en va ou plus souvent s’en reste  –quelques os blanchis offerts à l’azur aveugle ! Et oui, tout ça pour ça : parce jamais personne ne lui dit qu’il est des infinis de larmes pour quelques secondes d’extase. Que le Diable ou le Bon Dieu, c’est du pareil au même. Et qu’il s’agit toujours de choisir entre la peste et le choléra ! Personne non plus ne lui expliqua que sa cause était perdue d’avance au couperet glacé des majuscules. Au vrai, tout lui fut passé sous silence et les âmes fortes, les âmes sèches, firent gorge chaudes de sa mémoire d’écorché et de ses candeurs…

Cela dit, je le sais bien, un jour nouveau se lèvera nécessairement sur la maison des lumières, la maison  des autres. Et la vie malgré tout renaîtra de ses cendres comme le cheval pâle excité par le sang rougeoyant sous les braises. Elle se réveillera comme neuve d’un tout grand sommeil et explosera en feu de joie : le cri du jour s’en ira alors affolé de promesses pour quelque danse avec le temps  ainsi soit-il !

 

 

 

J’avoue, ce cauchemar blanc me revient de loin : d’un château de sable ou d’un vieux cellier, du temps qu’on existait. Ça sentait la terre lourde des patates et les enfants de la pluie s’y racontaient de grands secrets : secret de polichinelle mouillé bien souvent. Ou secret d’une nuit d’insomnie, d’un amour oublié, regretté, retrouvé… Parfois les femmes murmuraient, entre deux soupirs et quelques regrets. Moments intimes où les mots se perdent en suspensions lourdes de sous-entendus très largement entendus : vol de nuit, à l’aveugle, et souffle d’interdit sur un ventre douloureux et sur un peu de sang rouge au fond d’une culotte de dame  –drôle de drame d’une histoire sans fin, c’est une chose étrange à la fin que le monde !

 

C’est drôle, ou peut-être pathétique, mais ma vie, finalement, se résume en histoires : nées avec l’aube incertaine ou plus anciennes mais déchirant le ciel d’envolées sauvages. Et me prenant au piège d’un chemin de lumière, entre amour et désamour  -mirage au désert. Je cherchais un endroit pour vivre et me suis trouvée à jamais soumise au jeu des peut-être dans le scriptorium de quelque voleur d’encre.

Erratum : celui-là l’empruntait pour la jeter en appât au vent du soir. Et tout fut passé sous silence, perte sans profit : parole donnée, parole reprise, parole perdue. Par suite, aussi vaine qu’un bûcher sous la neige, ma vie de petit soldat sans conséquence se cogne aux miroirs tronqués des hommes et du monde comme il va. Et il n’est personne, nulle part, pour pleurer la métamorphose. Pourtant, le club des cinq recouvre aujourd’hui un cercle d’échangistes ; et le clan des sept est le premier pseudo des pilleurs de tombes jadis vouées au repos éternel des pharaons d’Egypte.

N’empêche, sans lui qui s’enfuit vers la nuit, je ne veille plus que des cadavres déjà oubliés. Avec quelques blattes et des poissons d’argent dévorant peu à peu tout ce qui fut écrit d’encre et de patience, inlassablement. Cela dit, je ne sais pas comment j’en suis arrivée là  – ici, nulle part. Dans cette grande maison vide comme le silence de la mer à l’oreille du naufragé. Prise dans ce blanc qui hante mes cris arrêtés aux pieds des miradors de pierres, laissant à d’autres le brasier d’une vie.

Je ne sais pas et il n’y eut ni répétition ni décompte !

J’aurais aimé comprendre pourtant ; tout est si trouble qui me conduisit des rêves de liberté au fond des ténèbres. Mais il ne m’en reste que le souvenir d’un monde évanoui et des fourmis dans la bouche   premier bilan après l’apocalypse !

Oh, bien sûr, il y eut les morts bizarres tout au long du chemin où se dissipait l’eau des anges ; mais cela appartient désormais au domaine des murmures, ne laissant qu’une trace infime, comme un pas d’enfant sur le sable mouillé  -même s’il y eut la maison de soie, et le pavillon des cancéreux, et le temps des  mensonges…

N’importe, cela n’explique pas tout !

D’ailleurs, je ne crains pas l’obscurité où j’enveloppe mes rêveries de promeneur solitaire  –de promeneuse étrangère...

Reste que les silhouettes graciles qui dansent en pointillés sur le mur mis à nu n’ont des ballerines en tulle et grâce aérienne que les pointes chauffées au rouge des incendies dévastateurs. Par suite, les cafards s’en donnent à cœur joie : ronde immonde de cloportes se repaissant des morts abandonnés à l’indéfini de l’oubli   main basse sur les vivants ! Vampires des rivières putrides, ils sucent de leur gueule fétide les corps transfigurés, déféquant sur ce qui fut ma moelle  -en conséquence, les mots et leur sens s’effacent comme avant eux les rêves de liberté.

 

J’ai bien essayé de construire des châteaux en Espagne, pourtant.

Et d’élever des ponts sur l’infini…

De bâtir des cités, de mêler des corps, de creuser des puits…

Rien n’y fit !

Rien n’y fit car, quoi qu’on en veuille, la mort attend au tournant, qui ricane. Je l’ai ignorée si souvent de l’avoir côtoyée qu’il me semblait l’avoir domptée   –ce sont là les raisons de la folie peut-être ? Mais je n’ai pas renoncé à mes rêves  –pas pu renoncer à l’espoir de lui ! Et même, aujourd’hui encore, je voudrais qu’il m’attende quelque part : du côté de chez Swan ou d’ailleurs. Et qu’il se réveille, obsédé par le manque de moi, tourmenté par mon absence : que cela lui soit une évidence enfin retrouvée. Qu’il se le dise et s’en dégrise et s’en cogne aux brises glacées du réel, murmurant à tue-tête, hurlant jusque dans ses silences à l’oiseau de passage : «Je l’aimais !».

Je le voudrais parce que l’amour est une île et que tous les Robinson du monde crèvent dans les limbes du Pacifique où s’éteint leur voix  –d’un face-à-face avec le néant.

Et parce que tout est encore possible dans ses mains ouvertes sur demain…

 

Mon dieu, si tu existes ailleurs, il faut que tu me reviennes !

Que me grises, m’enivres…

Et me répètes, encore et encore, moderato cantabile ou jeté au vent du sud : «Je reviens te chercher !». Alors, moi, pour toi, je me ferai vierge effarouchée, putain respectueuse  ou catin sans retenue   : à ta guise pourvu qu’il t’ait manqué des choses insaisissables et des rêves de neige   -et que tu me promettes à nouveau l’ensorcellement du monde, dans un chuchotement enflammé.

J’aimerais tant tu sais, j’en rêve, j’en crève, que tu me donnes rendez-vous sur l’île aux fous, cette terre de renaissance où tout est possible : le jour la nuit ou même un temps fou lui aussi   -de nos sourires et de nos corps à corps à cœur grisé, et qui les garderaient dans les bois éternels de la Belle au bois dormant.

Que tu sois Othello, mon fol amant, que tu sois le Cid ou même Orphée : pour me faire voyager de la terre à la lune et découvrir un désert d’eau dans la forêt des lotus bleus. Ou pourquoi pas une mer de feux follets s’ouvrant sur l’île mystérieuse, là où s’enivrent les fleurs immortelles d’un soleil rouge pétalé d’aurores et de rosées…

A tout prendre, des mots et des choses, je préfèrerais que tu m’emmènes de l’autre côté du miroir : à tout bousculer, tout renverser, jusqu’à faire trembler Paul et Virginie de cet éternel premier amour  –première fois brisant la Citadelle. Et je vendrais sans trembler mon âme pour qu’il nous reste quelques bribes d’éternité permettant d’écrire nos mémoires d’outre-tombe dans le sable de Dune ou dans le ciel d’Utopia. Car peu importe que tu sois d’ici ou d’ailleurs, seigneur des anneaux ou maître des ombres : peu importe pourvu qu’ensemble nous bâtissions une vie comme neuve   tant que la terre durera !

 

 

 

Au fond, je n’ai jamais voulu que cela : le bonheur à San Miniato ou ailleurs. Mais blottie au creux de lui ; avec une vie ordinaire et pleine de ses rires, de ses rêves et de sa peau salée où j’ai laissé mon âme.

J’aspirais à ce que toutes les larmes du monde s’explosent en embruns dans des bulles nées d’étreintes emportées : pour six mois, six jours, six heures   –ou pour une éternité. Et j’attendais vaillamment un sortilège qui me mette la tête à l’envers et le cœur à l’endroit : contre les jours glacés, les jours sans lui. Contre l’errance sans fin des enfants de l’hiver. Et contre les guerres perdues ou même les exodes d’une saison en enfer. Parce que je rêvais d’un nouveau monde où des soldats de plomb auraient marché au nom de la rose, où l’oiseau du point du jour aurait apporté la paix perpétuelle pour ne laisser aux gamins qu’une guerre des boutons version carton-pâte d’où les morts s’en seraient revenus en riant : je voulais un amour éternel et le goût de l’avenir   -pour tous !

 

Mais les choses ne se sont pas passées comme ça !

Mais je me suis perdue au dédale des rues mortes…

Et je dois donc désormais réfléchir, impérativement : trouver un sens au non-sens.

Celui des monologues enfiévrés, des larmes de sables…

Celui des pas perdus sur des quais de gare, à chercher une ombre où le rouge et le noir se fondaient en rivières gelées…

Celui aussi des jours explosés dans des éclats de voix où s’est abimé mon cœur de papier carbone…

Celui enfin des mensonges et des trahisons.

Trouver donc, à tout prix, le sens de cette  souffrance qui m’entraîne et m’enchaîne et se déchaîne  –comme une violence sacrificielle où les songes d’avant s’égarent en diaspora dévastatrice. Avec quelques souvenirs au goût de miel qui électrisent encore ma peau et glacent de leurs chimères capiteuses mes nuits désertées : un orage d’été et des promesses rouge baiser. 

Avec, au bout du compte, dans ce tunnel des mirages engloutis, un tombeau pour les âmes mortes laissées aux seules larmes de la lune : une vie comme un arbre mort, la mort dans l’âme…

 

 

 

 

A tout prendre, à tout donner, mon dernier mot sera pour toi, lecteur inconnu, mon bel ami : faisons un pacte, à n’avoir  jamais l’âge de raison. Et cela pour que, tout au fond des ténèbres, à l’ennui d’un quotidien trop souvent dévastateur, une petite fille et un petit garçon rêvent encore sur l’infini. Pour elle, pour lui, pour tous les enfants du monde et la beauté du geste, accroche-toi à tes rêves presque oubliés !

Pour elle, pour toi ou pour tous les trésors d’Egypte, prends un vol pour un univers différent et attrape ce train qui t’emmènera trois pas dans l’éternité : lève-toi et marche sans jamais permettre aux illusions perdues de t’engloutir dans l’abîme noir du sans-espoir ! Sans mensonges et sans masques, sur cette terre et de ta peau nue, laisse les renards pâles à leurs rêves d’ailleurs, à leurs rêves d’avant  -et va !

Va où le vent t’emporte qui sèchera tes larmes au souffle d’un nouvel amour !

Après, je te le dis, il faut beaucoup aimer les hommes pour noyer à l’encre bleue toute la noirceur du monde, mais je te parle là d’un état d’urgence car, si rien ne s’oppose à la nuit, seules quelques désolations resteront aux hommes.

Alors, fais-le, toi, l’autre voyage !

Tu sais, et ce sont là des choses cachées depuis la fondation du monde, il y aura toujours des chiens de guerre et des chiens fous. Des hommes comme des animaux malades de la peste ; et d’autres, portant haut et droit la condition humaine. Des précieuses ridicules, des misérables aux mains sales et des combattants de l’ombre engagés sur les chemins de Katmandou. Tu rencontreras sans nul doute de sombres voleurs de feu, de mots ou de vie… Et de bien tristes sires rachetés par quelques femmes en blanc. Peu importe, va cueillir les mille et une nuits et trouve la nouvelle frontière ! Réécris le livre des enfants et des métissages pour en nourrir l’éclaircie : va et dis-le aux chiens ! Parle-leur aussi des batailles évitées, des rois sans terres et de ces éléphants pris de passion pour un rhinocéros  noblesse oblige une fois encore! Dessine-leur un mouton à cinq pattes, et un soldat sans armes, et un loup blanc tombé en amour d’un lièvre de mars…

Alors, alors seulement, tu seras un homme !

 

Mais n’oublie pas, pris au piège de glace de nos saisons mortes, il te faudra nouer des liens forts et vibrer au corps des amours enflammées : retrouver le monde perdu où te laisser emporter par une passion hors du temps –vouloir au long cours mais vivre l’instant comme si tout était précaire, château de sable emporté par la mer !  A laisser les cloportes à leur métamorphose, les courtisanes à leurs splendeurs ou à leurs misères et les morts à leur tombeau. A délaisser les fous de dieu, trouver des hommes de bonne volonté et réinventer un monde viable au jardin des délices. A fêter l’éternel retour de la promesse du jour qui se livre corps et âme aux nuits fauves : quand le lion se fait chien pour les yeux d’Elsa. Aussi et quoi qu’ils te disent, n’écoute pas les briseurs de rêves : suis sans frémir l’équipage qui te mènera vers un ciel nouveau, sans blesser quiconque, sans trahir tes premiers jours.

Joue, joue sans t’arrêter : mais  garde en mémoire que l’arbre des possibles accouche aussi de fruits imparfaits  –et que la valse lente des tortues mit quelques millions d’années pour trouver enfin sa partition de sable blanc. Il te faudra, crois-moi, la patience des ans et la force d’aimer pour construire l’empire des anges   –le monde des hommes.

Et puis, s’il faut que jeunesse se passe, amuse-toi – au bonheur des dames !

Sache néanmoins que la vraie vie est ailleurs, loin des amours fugitives et des plaisirs tarifés au prix fort par quelque vendeur de rêves marron : trouve ton âme-sœur et ramène-la de l’enfer des jours perdus en faux-semblants. Là, au-delà du fatras et des discours sur la méthode, plus fort que toutes les paroles de vent ou de papier, fais-lui l’amour à la vie  –à ne pas lui prendre le cœur par effraction cependant, qu’elle garde à jamais le corps plein d’un rêve de toi. Dis-lui le secret de la salamandre et fais-lui cet enfant plus fort que la peur, plus fort que le temps : qui vous parlera d’un futur inachevé. Qui inventera une nouvelle alliance, un accord sans post-scriptum obstinément dressé contre le deuil interminable du dernier homme   -ainsi parlait Zarathoustra, non ? Tu sais, il y a toujours un après, la bête n’est pas morte et l’instinct se cogne aux parois de l’impossible : comme une respiration que l’on prend, poumons en feu, tempes battantes. Une irrépressible pulsion qui conjugue tous les improbables au ‘plus que parfait’ et redessine en frissonnant des lendemains enchantés d’y croire … Et des mondes enchanteurs : chemins de liberté où s’encanaillent quelques lignes droites tombées en amour des herbes folles   - au bonheur des amoureux et du blé en herbe !

Demain, donc.

Demain si tout va bien…  

Mais attention, une fois encore prends garde, le cœur a ses raisons et ses délicatesses, ne le brise pas !

Moi tu vois, aujourd’hui pour demain ou pour la puissance d’exister, je n’ai plus qu’à écrire ces quelques mémoires d’une jeune fille rangée   –jusqu’à prendre la tangente sur l’est.

 

 

 

Je délire sans doute !

Ou peut-être pas ?

Quoi qu’il en soit, je suis assise sous le portrait de Dorian Gray et je veille des dépouilles à ce point parcheminées qu’un simple souffle pourrait les disperser aux rayons d’un soleil vert  -autant en emporte le vent !

Je n’aimerais pas finir ainsi, en vanité noircie et silencieuse, alors j’écris.

J’écris tandis que la nuit reprend ses billes, à reculons comme une écrevisse : elle s’en va border ailleurs quelques rêves effarouchés, repoussant à d’autres crépuscules la longue cohorte des cauchemars de glace…

 J’écris car il me reste deux ou trois choses à te dire : la vérité sur l’affaire Harry Quebert et sur l’Amour, déjà. Et sans doute aussi ce que je sais de Vera Candida et de l’éternel féminin. Ce que j’ai appris des fourberies de Scapin et des mondes imaginaires également. Et des bas-fonds, et des feux de la rampe…

 

Pour l’heure, accrochée au rêve de d’Alembert, je dérive à ‘l’encre-océan’ démonté…

Et je rame aux lames assassines…

A voir les lignes se mélanger à l’hameçon des rages sourdes et des indifférences aveugles.

A voir Babel s’effondrer une fois encore, au feu de paille des hommes et de leurs mémoires.

A voir l’urgence et les peurs et les risques…

Mais je sais bien qu’un soir je m’en irai sans avoir tout dit, nue comme au premier jour, et désarmée. N’en restera que l’oubli sur le chemin des morts ; mais tu le sais aussi, les anges meurent de nos blessures d’enfance…

 

Et déjà, la terre se prend à la lune fauve d’une jungle rousse où s’égarent les âmes claires ; et tous les fantômes du passé sont de retour !

Retour aux mots sauvages…

Et les miens, comme mes murmures, comme mes ‘Je t’aime’, sont autant de sanglots retenus : la danse noire de Némésis   -la vie si tu veux…

Ou alors le rire du grand blessé ?

N’importe, ils vont à leur gré, racontant à leur encre de toutes autres histoires : de pêcheurs d’Islande, de trappeurs d’Alaska ou de chasseurs d’idées noires, avec des équipées sauvages et des chevauchées fantastiques…

Autant d’histoires d’hommes, d’amour ou de mort échappées du livre des origines ou d’un vieux grimoire.

 

Au vrai, je commence à comprendre, les jeux sont faits depuis la nuit des temps et seul l’espoir nourrit ce bal des maudits, jusqu’à la nausée. Ainsi, inéluctablement, le géant solitaire retourne au cimetière des éléphants. Comme le fit monstre de Frankenstein ; lui qui avait perdu la tête d’un homme et qui agonisait de son effroyable solitude, entraînant dans son errance destructrice et vengeresse tout ce qui le rongeait d’un indicible manque...

Frankenstein ou les délires de la raison ; comme un sphinx endormi, presque rassurant naguère mais qui aujourd’hui se réveille, s’agite et déjà se déchaîne….

Reste à l’envoyer se balader en enfer, avec Eurydice   -c’est de la légitime défense après tout !

Machine infernale…

Machine à remonter le temps…

Machine à briser les hommes…

L’histoire se joue ici des gènes de la violence, créant comme une troisième humanité !

Reste à retrouver le rêve, reste à réinventer l’enfance, vite, avant la fin…

Mais  c’est déjà trop tard : quand on les laisse faire, les mots et les morts en prennent vite à leur aise   –n’en font qu’à leur en-tête blanc, allant jusqu’à recracher nos vies romancées.

Ainsi, à cet instant précis, engrossés de la peau des autres, ils s’en vont à tire d’ailes, semblables aux vampires tendant un voile noir contre le ciel à l’envers…

Et ils s’enivrent, prenant l’R de la rue morgue, qui se moque   -et celui des boutiques obscures, qui s’obstinent…  

A appeler le 36 quai des Orfèvres !

A en appeler à tous et à chacun !

La maison brûle, le rire du Cyclope assourdit tout et l’R manque toujours plus cruellement : l’R de rien ou d’un peu de tout et finalement celui de tous les rangs des trois grandes bibliothèques, laissant tout sans dessus ni dessous et ‘ien’ sans tête.

Tiens !

Les voilà qui se chamaillent maintenant, mot pour mot et dent pour dent   chagrins d’école, mon ami !

Chagrin peut-être, pompeux sûrement : les plus grands y prennent l’accent grave des discours d’avant guerres, aggravant de la sorte le K de Milan  -quelle insoutenable légèreté de l’être, n’est-ce pas ? 

Et quelle pagaille aussi ; parce qu’ils se jouent d’Emmanuel (contre toute critique de la raison pure ou impure…) et se repaissent comme les mouches des déchets laissés aux chiens perdus sans collier   attablés au festin de pierre. 

J’en chavire tandis que la fille du puisatier porte à bout de bras le songe d’une nuit d’été pour s’en aller trop vite le perdre dans un puisard où divaguent des poussières d’étoiles…

Pendant ce temps, guetteur intemporel, le soldat des brumes se meurt peu à peu et le chant des sirènes engloutit sans larmes ses hurlements de bête humaine. N’importe, il monte au purgatoire des morts-vivants une garde bien inutile : car plus rien ne subsiste au néant sans fond des temps désintégrés et des futurs décomposés   -la proie déchiquetée s’enfonce inexorablement dans le froid glacial d’une nuit sans jour. Seulement, il ne le sait pas  –aveugle à jamais dans sa tête à l’envers où crient quelques corbeaux…

Au vrai, celui-là est un peu mon frère de cause perdue, mon autre, mon miroir en larmes. Comme lui, délaissée des souris et des hommes, abandonnée à une folle solitude, je m’écrase sur la barbarie à visage humain qui m’accule contre le mur au fil du rasoir : m’y vampirisant  à la promesse assassine de mille morts sans sépulture.

 

 

 

La fin approche et rien ne me reste, juste quelques miettes philosophiques et un corps étranger.

Parce qu’ici, parce que maintenant, dans ce silence sans écho, dans ces mots sans adresse, c’est toute la désespérance du monde qui se loge.

Et c’est à n’y rien comprendre !

C’est vrai quoi, comment expliquer cela : par le Diable qui rit ou par les Dieux qui ont soif ?

Comment expliquer tout ce sang bleu ou noir versé sur fond blanc des nuits d’insomnie ?

Et ces cris hurlés à bouche fermée, à cœur ouvert : tous les mots de ma vie…

Il y eut bien les caves du Vatican, où j’appris la cruauté du monde !

Et le pavillon de jade ;  avec moi au milieu, attachée à une vieille charbonnière devenue totem où devaient se piéger les esprits des ancêtres…

Et cette diablesse de Fantomette armée de sa baguette de sorcière  jouant avant l’heure le grand final de l’ordre du phénix…

J’en ai d’ailleurs gardé longtemps l’ombre frémissante de la  honte, en filigrane – insuffisante néanmoins pour tout expliquer. Expliquer cette solitude glaciale, cette perdition sans  recours ; expliquer vraiment ce qui m’engloutit peu à peu dans la grande ombre d’un cimetière hanté...

Bien sûr il y eut aussi les disparitions : le frère des ours et des hommes, la grand-mère Lucy, la petite sœur, la cousine Bethe…

Mais quand même !

 

 

 

Pour l’heure, perdue au grand mystère, je regarde les livres se défaire de leur bandeau ; tout va si vite, les choses s’enchaînent à l’accélération du point zéro :

Manon Lescaut la joue ingénue et Cendrillon, bien moins blonde que rebelle, s’envoie effrontément en l’air : cinq semaines en ballon   -toute une éternité à attendre, c’était décidément trop long !

Plus loin, des femmes demi-nues redessinent quelques toiles impressionnistes, Monet ou Manet  –il est vrai que les filles du docteur March ont toujours été un peu excentriques !

Tout cela parait tout de même irréel, et je ne sais pas, ne sais plus…

Sauf qu’à trop chercher les raisons de la folie, les mots coupés en lettres persanes en viennent à sortir  de ma chair par la diagonale du fou : ils m’ont fait vivre jadis, ils me font mourir désormais  –et la flaque bleu-noir grandit qui peu à peu me submergera.

Marée d’autres terres, Terre brûlée…

Je rêve à nouveau !

Ou j’hallucine d’un dernier sursaut de lucidité ?

Car tout se précipite : Napoléon claque la porte de la ferme, la laissant aux animaux malades de la peste pour rejoindre les trois petits cochons et leur fameuse bibliothèque rose   –Emmanuelle et ses jumelles.

A l’étage, c’est pire encore : Madame Bovary se prend pour Messaline !

Au vrai, tout se vide au puits des vanités et ne reste à Claudine, pas si petite fille modèle que ça après tout, qu’à se perdre dans la forêt d’émeraude avec son cavalier  -l’ex-amant de Lady Chatterley.

Cela en devient presque drôle car, sur son rayon tout empoussiéré, Fracasse se fait allègrement pilonner. Et là, à côté, Crochet se prend un uppercut dans la gencive  une merveille selon Alice !

Un sacré bordel surtout ; mais qui n’empêche pas la petite sirène de se noyer aux liqueurs d’amour avec Achab  –l’un et l’autre s’en retrouvent pris au roulis de leurs élans sur le vaisseau fantôme…

Quand même, j’aimerais savoir pourquoi tout s’en va de la sorte à vau-l’eau !

Peut-être…

Oui, peut-être à cause de cette machine à remonter le temps ?

Qui se nourrit du sang des hommes.

Qui tourne en rond et en rage et cloue tous les élans sur la place des songes brisés : rendant fou, rendant folle. Et isolant des chairs plus jamais impatientes pour éclater les jours en moments sans histoire : ces jours de pluie où tout se dilue dans la métamorphose d’un corps alors ennemi intime. Ces jours assassinés où l’on écrit pour ne pas crier  – fille de papier laissant l’imagination vagabonder dans les mers du sud ou dans les glaces argentines prises à quelques éclats bleutés…

 

Les mots m’aiguillonnent, c’est une torture incessante !

Ils sont partout, qui m’obsèdent.

Qui dansent, me narguent et finalement se lassent, rompant tous les liens à coup de H  –celui de la horde sauvage, de la haine, et de toutes les aspirations.

Mots d’adieu aux armes ou mots d’amour à mort.

Et mots d’auteurs.

Mots doux, mots coupés, mots raturés…

Ils se retrouvent tous dans cette pièce désormais trop étroite pour leurs jeux défendus et lancent le dé du hasard, réécrivant une autre trame : des histoires de cul, classées X   –à deux inconnues ou peut-être plus.

Ainsi, entre deux romans de gare, ils retracent à mains nues le conte des amants-rois : choisissant une chute tellement différente  –avec sept histoires qui reviennent de loin !

Ils se démènent comme des diables mais tout est joué d’avance : avec la promesse du jour, avec les liaisons dangereuses, avec les essais obstinés ou, contre toute attente, le jeu de l’amour et du hasard.

Avec aussi la mort qui attend au tournant pour achever son voyage au centre de la terre, pilotant seule le bateau ivre sur l’écume de jours  –souffle rauque, gueule puante. Mais l’amant se bat encore; comme une bête, comme un homme. Il se bat contre le hussard sur le toit ou contre tous les apprentis sorciers des univers parallèles. Parce qu’il y croit encore et qu’il voudrait écrire la plus belle histoire du monde, pénétrer la chambre des secrets et reconstruire le château des amours mortes  –en faire une cabane enchantée pour un amour éternel, loin du monde comme il va.

 

 

 

Tout cela n’était finalement qu’un virage dangereux, c’est la faute à la mauvaise étoile : en cas de malheur néanmoins, évitez les réclamations parce que rien ne vous sera rendu !

Pour ma part, je vous laisse sept petites croix dans un carnet à musique et les mémoires d’une jeune fille rangée : au nom de tous les miens ou pour le dernier homme. Et sans doute aussi contre les clameurs sauvages, contre les cris de guerre et les vivats obscènes des arènes sanglantes… 

Las, pris à ces traits d’encre indélébile, qu’il joue aux cartes ou aux dés, l’enchanteur n’aura plus qu’à se taire : à parents terribles, enfants terribles. Mais, à Dieu ne plaise, qu’ils s’amusent donc en famille (le fils, le père humilié, la mère courage et le cousin Pons), moi je sais désormais où je vais : prendre le thé dans un jardin anglais ou dans l’Eden (à l’est, toujours) !

Ci-J le poète à l’arrache-cœur  -heureusement, Dieu est un pote à moi !

 

Aujourd’hui, ce soir, prise déjà par le Horla, j’entrevois enfin comme une explication au grand chaos : au-delà de la maison de soie et de ses apaches, tout contre la mort en appétit barbare et tenant à la maladie de l’impassible  -où tout s’endort puis se meurt sans bruit ni remous. Où  même les mots tombent en des profondeurs insondables, aspirés par quelques champs magnétiques : trou noir dévastateur où s’engloutissent silencieusement des possibles infinis…

 

Pour le reste, mon Dieu, la grammaire est une chanson douce et les propositions encore décentes se font la malle indienne, qui s’ouvre…

Profitant de l’aubaine, tous les maillons s’envolent : verbes à particules élémentaires, sujets sans nom ni blason et objets nomades bientôt affalés aux pieds des rimes en Molières  -ils se vautrent là avec quelques compléments courtisés par des pronoms indéfinis adossés à la fontaine…

 

Tout tourne et j’ai froid.

Chaud…

Mal ?

Ô langue ennemie qui m’en vipère au poing fermé !

Qui m’en tourne la tête sept fois dans sa bouche …

Qui m’en tire à hue et à dia et à hier :

La chaise de la cantatrice est chauve, et inconfortable ;

Le banc au poisson d’avril est trop bas et j’ai un goût à la mer dans la bouche  –dégout.

Larmes à l’adieu au bord des yeux pris au glas des hommes…

De l’alpha à l’oméga, l’univers se mélange : Démocrite, Epicure, Thalès, Diogène et sa quête éperdue…

Merde aux vieux cons !

Merde aux anciens aussi   -alea jacta est, ils sont tous morts !

En transes, en toge, ils scandent leurs lettres prémodernes : litanie insane.

Le monde tourne au carré d’un éternel retour car tout se mêle et se prend d’une fuite en avant : les sages écrits de jadis s’en vont plonger au néant de l’oubli  –tonneau sans fond d’une humanité perdue.

N’empêche, l’odeur de transpiration et de poussière crayeuse est déplaisante : quelqu’un va y passer, c’est sûr !

D’ailleurs, la sorcière est au sabbat qui manie admirablement les langues mortes et raffinées : j’ai quinze ans et je ne veux pas mourir d’ennui.

Non !

J’ai vingt ans, ne comprends pas  –comprend plus.

Partout, aux écrans de plasma exsangues, à la folie du strass et des sunlights, les auteurs jadis célébrés sombrent à la roue de la fortune et les anonymes se la jouent en grandes pompes sur la scène frivole des stars de cinéma ; les temps ont basculé dans les méandres d’un fleuve devenu fou, gardés par des barbares ânonnant un langage perdu.

C’est le Diable qui rit  j’ai besoin de respirer !

Respirer l’air pur du meilleur des mondes…

Mais déjà, l’éternité suspendue des universaux se dit à l’imparfait : rien ne l’est (parfait). Pourtant et d’autant qu’il m’en souvienne,  les textes sont autant de parenthèses où se sustentent les interrogations, ou se nourrissent les émotions : ils sont partout où la vie allume les chairs, où l’amour illumine ou parfois ravage les cœurs. Ils disent d’autres combats, reprennent des histoires à jamais inachevées ou sans cesse recommencées ; emportant les hommes dans des périples inouïs. Ainsi, plus forts que la mort, très au-delà des mondes perdus, leurs trames jouent en continu ; renvoyant pour un instant ou pour l’éternité l’instantané des vies humaines à la fin des temps.

 

 

 

Rêve, ou c’est la mort qui vient !

Mais qui se souvient encore des hommes ?

Les livres pompent l’oxygène des pièces où ils jaunissent : les pensées et les élans et les promesses s’y enterrent loin du jour qui devrait les éclairer et les histoires s’en vont à vau-l’eau, cadavres exquis ou maudits. Quant à moi,  je finirai étouffée par le flot des mots arrachés au cœur des hommes. Car c’est vrai, je vais mourir : lapidée, anéantie, naufragés à jamais sur l’île de Pâques.

Mais j’aurai néanmoins levé le secret de la licorne et résolu l’énigme des pyramides.

Rencontré des géants aux pieds d’argile, croisé des chimères plus que réelles, touché des griffons aux pattes de velours et visité des terres étrangères effacées des cartes.

J’aurai rêvé même que l’alchimiste flirtait avec l’immoraliste.

Et bataillé avec la fée carabine.

Fait ripailles au banquet de Gargantua et réfléchi  dans des miroirs truqués où le masque de la Mort Rouge s’évanouissait en riant.

J’aurai reçu les confidences d’Arsène lupin et lu, entre deux portes ouvertes ou fermées, lu et bien lu, le journal d’un curé de campagne  –édifiant !

Et puis, j’aurai vu l’homme foudroyé par le crépuscule des dieux et cherché sans relâche l’homme nu des origines  -jusqu’au premier jour de la fin.

Alors, oui, les Dieux ont soif  –crimes et châtiments !

Ils ont leurs humeurs et leurs colères  ainsi soit-il  et tant pis pour le chocolat !  Tant pis aussi pour l’ivresse des profondeurs et leur paradis : ils me foudroieront à leur bon plaisir mais j’aurai vécu sans eux ni maître. Vécu une vie pour deux, une vie pour dix  –mille vies en une !

 

 

 

A la fortune de Dieu donc !

Fortuna, fortunae…

Fortune et infortune de la vertu car tout maintenant s’abime à la colossale puissance d’un trou noir : j’oublie tout !

Oubliés les codes à secret et les cahiers chiffrés…

Oubliés les règles des lignes perdues et les arrêts des conjugaisons…

Envolé, tout !

Tout sauf cette ombre de toi.

Cette ombre qui me revient sans cesse d’un passé décomposé et que me perd dans les couloirs du temps ou dans les labyrinthes trompeurs de la fabrique de souvenirs.

Je ‘sens’ comme un parfum de bonheur né d’un crépuscule d’or…

Et je ‘vois’ les vignes du seigneur où nous nous réfugions comme le firent avant nous  les Belles de jour  -et Solen, et tant d’autres…..

Je ‘revis’ ces rencontres sous X : avec les sorcières de Salem y chevauchant à Trousse-chemise l’un ou l’autre étalon noir….

 

L’heure zéro vient de sonner, je crois ; et la mouette emportée par la tempête rejoint tous les oiseaux qui se cachent pour mourir.

N’empêche, les enfants du Capitaine Grant s’obstinent : se moquant de l’échange impossible, ils font la nique à Big Brother  –le monstre protéiforme garde jalousement les portes en meurtrière de sa cité maudite mais rien n’en restera quand la Terre s’éveillera !

 

La flaque bleu-noir grandit inexorablement et je sombre lentement dans l’encre versée…

J’étouffe même, sous la révolte des accents ou sous le poids des mots…

Là, au milieu, coule une rivière où de longues silhouettes ondoient, menaçantes comme le point sur le « i » du mot fin.

Çà et là pourtant, des espaces blancs y dessinent encore à main levée des ilots aussi tentateurs que des parenthèses ouvertes sur l’abime…

Mais tout s’accélère : l’assommoir, peut-être ?

Je…

Elle…

Seigneur !

Il me semble bien la voir ; qui se noie, qui hurle, qui pleure toutes les lettres de ses corps…

C’est elle !

Vraiment elle qui s’écrase contre la barbarie à visage humain : ci-git la littérature !

Elle m’aura fait témoin, je ne demandais rien pourtant : rien qu’une part de ciel, une toute petite part de ciel au lit de mes jours  -la possibilité d’une ile pour l’hygiène de l’assassin ou pour le repos du guerrier ! Et puis, un peu d’amour, un peu de tendresse, un peu de peut-être…

Non, attends !

Attends…

Je voudrais dire encore l’histoire de ces frères de sang voguant sur le fil d’une histoire qui cherchait sa syntaxe, avançant sur le blanc d’une page en quête de grammaire universelle ou de parenthèses à jamais ouvertes sur mille et une liaisons d’équivalence.

Je voudrais d…

 

 

 

Fin du chapitre, tout est entre vos mains :

« Lundi, un peu avant midi, l’aide-soignante qui l’épaulait a découvert le corps inanimé de Madame Sophie Noumène. La jeune femme, tétraplégique depuis la mystérieuse l’affaire de style, gisait dans une mare de sang d’encre. Il s’agit là d’une agression bien étrange : livres renversés, papiers dispersés, écrits effacés… Les autorités penchent pour un cambriolage qui aurait mal tourné et suspectent l’assassin d’habiter au 21… Ce sont là les malheurs de Sophie, sans doute ? »

 

Les différents titres ont été utilisés indépendamment des contenus, en hommage à la littérature et à ses auteurs  -il en manque sans doute, que vous saurez retrouver …

 

 


 

M. Abbe, Entre vos mains ; N. Abdi, Larmes de sable ; J. Adout, Les raisons de la folie ; L. M. Alcott, Les quatre filles du docteur March ; E. Almassy, L’accomplissement ; Andersen, La petite sirène ; J. Anglade, Un  lit d’aubépine ; L. Aragon, Les yeux d’Elsa ; C. Arnothy, J’ai quinze ans et je ne veux pas mourir ; S. Audeguy, Les monstres ; J. Audger, Au jardin de pierres ; P. Auster, Dans le scriptorium ; H. de Balzac, La peau de chagrin, Les illusions perdues, La cousine Bette, Le cousin Pons ; E. Barbieri et V. Dariot, L’aventurier solitaire ; Barjavel, L’enchanteur, La nuit des temps ; M. Barroso, Des fourmis dans la bouche ; G. Bataille, Le bleu du ciel ; H. Bazin, Lèves-toi et marche, Vipère au poing ; S. Beckett, En attendant Godot ; Ch. Beigel, Vendeur de rêves ; V. Belmont, Rouge baiser ; A. G. Bergua, L’île aux fous ; S. de Beauvoir, Mémoires d’une jeune fille rangée, La cérémonie des adieux ; F. Beigbeder, Premier bilan après l’apocalypse ; E. Bercovici et R. Cauvin, Les femmes en blanc ; L. Berlioz, A fleur d’âme ; G. Bernanos, Journal d’un curé de campagne , Sous le soleil de Satan; S. Bideau, Le papillon d’or ; V. Biefnot, Les murmures de la terre ; M. Bishop, La machine infernale ; E. Blyton, Le club des cinq, Le clan des sept ; I. Bonacina, Dimanche ; G. Bordes, Les enfants de l’hiver ; J. Bourin, La chambre des dames ; F. Boyer, Jeux interdits ; B. T. Bradford, Accroche-toi à ton rêve ; A. Breton, Champs magnétiques ; D. Brown, Inferno ; A.S. Byatt, Le livre des enfants ; R. Campbell, La secte sans nom ; A. Camus, L’étranger, La peste ; L. Carroll, Alice au pays des merveilles, De l’autre côté du miroir ; Ch. Cartier, Rêves, ou c’est la mort qui vient ; K. Cast, La maison de la nuit ; A. Catherine, Nos vies romancées, Je ne retrouve personne ; Céline, Voyage au bout de la nuit ; G. Cesbron, Chiens perdus sans collier ; S. Chalandon, Mon traître ; G. Chaulet, Fantomette ; A. Christie, La nuit qui ne finit pas, La mystérieuse affaire de Style ; P. Claudel, Le père humilié ; B. Clavel, La maison des autres ; W. Cliff, La sainte famille ; Cocteau, Les parents terribles, Les enfants terribles ; P. Coelho, L’alchimiste ; C. Collard, Nuits fauves ; Colette, Le blé en herbe, Claudine ; A. Conan Doyle, Le monde perdu ; T. Cohen, Si tu existes ailleurs ; M. Connelly et R. Pépin, Lumière morte ; F. Costecalde, La beauté du geste ; I. Coudrier, Va et dis-le aux chiens ; C. Coulon, Le rire du grand blessé ; M. Crépu, Le souvenir du monde ; C. Mc Cullough, Les oiseaux se cachent pour mourir ; F. Dagognet, La peau découverte ; M. Darrieussecq, Il faut beaucoup aimer les hommes ; M. Defalvard, Du temps qu’on existait ; G. Deleuze, Les limbes du pacifique ; Descartes, Le discours sur la méthode ; C. Desmarteau, Troubles ; L. Destefano, Ephémère ; J. Dicker, La vérité sur l’affaire Harry Quebert ; C. Doyle, La grande ombre ; D. Durand, Danse avec le temps ; M. Duras, L’amant, La vie malgré tout, Moderato cantabile ; L. Duroy, Leurs colères ; F. Dürrenmatt, La promesse ; M. Dusart, F. Walthéry et G. Van Linthout, La veuve noire ; U. Eco, Au nom de la rose, A reculons comme une écrevisse ; B. Egémar, L’eau des anges ; B.E. Ellis, Moins que zéro ; M. Ende, L’histoire sans fin ; L. Erdrich, Dans le silence du vent ; F. H. Fajardie, Le polichinelle mouillé ; J. Meek et D. Fauquemberg, Le cœur par effraction ; G. Flaubert, Madame Bovary ; S. Fletcher, Un bûcher sous la neige ; M. Foucault, Les mots et les choses ; D. Foenkinos, Les souvenirs ; J. Forton, Sainte famille ; J.L. Fournier, La servante du seigneur ; A. France, Les dieux ont soif, ; V. Francés, M. Delon et Collectif, Vampires ; A. Fuller, A. Rabinovitch, Larmes de pierre ; C. Funke, Sang d’encre ; J. Gaarder, Le monde de Sophie ; C. Galéa, Le corps plein d’un rêve ; A. Galland, Les mille et une nuit ; C. Gallay, Une part de ciel , L’amour est une île; R. Garby, Temps fou ; R. Gary, La promesse de l’aube ; T. Gautier, Le capitaine Fracasse ; A. Gavalda, Je voudrais que quelqu’un m’attende quelque part, Je l’aimais ; A. Gide, La cave du Vatican ; J. Giono, Les âmes fortes, Le hussard sur le toit ; R. Girard, La violence sacrificielle ; F. Giroud, Le bon plaisir ; N. Gogol, Les âmes mortes ; W. Golding, Sa majesté des mouches ; Graindorge, Le cœur a ses raisons ; L. Gran, L’ambition ; M. Gray, Au nom de tous les miens ; Grimm, La Belle au bois dormant ; C. Gros-Peron, Le masque de silence ; P. Guéna, Que l’oubli ; J. C. Guillebaut, Le goût de l’avenir ; Y. Haenel, Les renards pâles ; H. Hamilton, J. O’Connor et K. Holmes, Sang impur ; Harding, La colère de dieu ; F. Hartmann, La diagonale du fou ; R. Heinlein, Trois pas dans l’éternité ; H. Hemingway, Pour qui sonne le glas, L’adieu aux armes ; F. Herbert, Dune ; Hergé, Le secret de la licorne ; A. Horowitz, La maison de soie ; M. Houellebecq, Les particules élémentaires ; N. Huston, Danse noire ; A. Huxley, Le meilleur des monde ; E. Ionesco, Les chaises, La cantatrice chauce ; L. Jensen, Avant la fin ; I. Johansen, Un amour éternel ; D. Julliand, Un petit pas sur le sable mouillé ; C. G. Jung, A. Jaffé, Ma vie ; F. Kafka, La métamorphose ; A. Kahn, Le secret de la salamandre ; E. Kant, La paix perpétuelle, Critique de la raison pure ; M. de Kerangal, Tangente sur l’est ; J. Kessel, Le lion, Belle de jour ; Y. Khadra, Les anges meurent de nos blessures ; S. Kierkegaard, Traité du désespoir, Miettes philosophiques ; M. Luther King, La force d’aimer ; R. Kipling, Tu seras un homme mon fils ; R. Kirkman, T. Moore, C. Adlard, et E. Tourriol, Passé décomposé ; L. Kleypas et D. Garcia, Frissons interdits ; Konsalik, Le pavillon de jade ; J. Krakauer, Voyage au bout de la solitude ; M. Kundera, L’insoutenable légèreté de l’être ; C. de Laclos, Les liaisons dangereuses ; R. B. Laughlin, Un univers différent ; D. H. Lawrence, L’amant de Lady Chatterley ; M. Leblanc, Les confidences d’Arsène lupin ; H. Leclerc, Lueurs de l’aube ; M. Leiris, L’âge d’homme ; P. Lemaître, Au revoir là-haut ; D. Leon, Noblesse oblige !; F. Lepage, La mémoire interdite ; T. Lepeltier, Univers parallèles ; Leroy, Le carrefour des sables ; G. Leroux, Le fantôme de l’opéra ; B.H. Lévy, La barbarie à visage humain ; M. Lévy, Le premier jour ; P. Loti, Pêcheurs d’Islande ; R. Ludlum, La mémoire dans la peau ; V. Lunven, Le goût des autres ; A. Lynn, Pages perdues ; Machiavel, Le prince ; N. Maclean, Au milieu coule une rivière ; A. Mabancko, Demain j’aurai vingt ans ; A. Malraux, La condition humaine, L’espoir ; H. Malot, Sans famille ; H. Mankell et R. Cassaigne, Profondeurs ; Marivaux, Le jeu de l’amour et du hasard ; G. G. Marquez, Cent ans de solitude ; R. Martin, Les fantômes du passé ; C. Martinez, Du domaine des murmures ; C. Mason, Larmes de pluie ; Ch. Mathieu, A tutoyer les étoiles ; G. de Maupassant, Une vie, Bel ami, Le Horla ; A. Maurois, Le cercle de famille ; G. Meade et L. Baranger, Piège de glace ; H. Melville, Moby dick ; P. Mérot, Toute la noirceur du monde ; D. McCall et K. Novet Saint-Lôt, Plus fort que la peur ; A. McCall Smith, La vie comme elle va ; P. Michelle et K. Degrave, Séduction mortelle ; L. Miano, La saison de l’ombre ; J. Mirande, Sans nom ni blason ; Michelet, La sorcière ; A. M. Mitterrand, Reste avec Moi ; F. Mitterand, La récréation ; P. Modiano, Rue des boutiques obscures ; Y. Moix, Naissance ; Molière, Don Juan ou le festin de pierres, Les précieuses ridicules, Les femmes savantes, Les fourberies de Scapin ; K. M. Moning, Une passion hors du temps ; D. Morris, Le singe nu ; Montaigne, Essais ; V. Montalban, Les mers du sud ; Montesquieu, Lettres persanes ; H. de Montherlant, La ville dont le prince est un enfant ; A. Morovia, L’ennui, Le mépris ; Th. More, Utopia ; Th. Mosdi et L. Paturaud, Succubes ; G. Musso, Je reviens te chercher, Sauve-moi ; E. Nabe, Au régal des vermines ; Jo Nesbo, Les cafards ; D. Nicholls et K. Reignier, Un jour ; Nietzsche, Par-delà Bien et Mal, Ainsi parlait Zarathoustra ; A. Nothomb, L’hygiène de l’assassin ; M. Ollivier, Frères de sang ; M. Onfray, La puissance d’exister ; J. D’Ormesson, Le bonheur à San Miniato, Le vent du soir, Un peu de tout sur presque rien, Un jour je m’en irai sans avoir tout dit ;  F. Ouellette, Au nom du père et du fils ; E. Orsena, La grammaire est une chanson douce ; M. H. Osadchy, Cataracte ; V. Ovaldé, La Grâce des brigands , Ce que je sais de Vera Candida ; R.L. Ozeki, S. Tardy, En même temps, toute la Terre et tout le ciel ; M. Pagnol, Le temps des secrets, La fille du puisatier ; K. Pancol, Les écureuils de Central Park sont tristes le lundi ; E. Paradisi, La peau des autres ; Pascal, Pensées ; F. Peeters et P. O. Levy, Château de sable ; D. Pennac, Chagrins d’école ; L. Pergaud, La guerre des boutons ; Perrault, Cendrillon ; B. Pivot, Les mots de ma vie ; B. Plain, Là où les chemins nous mènent ; E. A. Poe, Le double assassinat de la rue morgue, Histoires extraordinaires ; M. de Pracontal, Les gènes de la violence ; J. Prévert, Fatras, Paroles ; Abbé Prévost, Manon Lescaut ; I. Prigogine, Nouvelle alliance ; M. Proust, A la recherche du temps perdu, Du côté de chez Swan, Le temps retrouvé ; P. Quignard, Ombres errantes ; P. Rabhi, Le semeur d’espoirs ; I. Rankin, Portes ouvertes ; G. J. Raybaut, Les corps indécents ; L. de Récondo, Rêves oubliés ; Reeves, Poussières d’étoiles ; L. M. Rice, Nuits blanches ; E. Richards, La saison des fleurs sauvages, La vallée des secrets ; J. C. Rufin, Sept histoires qui reviennent de loin ; R. Rendell, L’amour en sept lettres, Et l’eau devint sang ; T.B. Reverdy, Les évaporés ; J. Richepin, Les morts bizarres ; N. Roberts, Les larmes de la lune ; J. Romains, Des hommes de bonne volonté ; H. Rosa et D. Renault, Accélération ; P. Rotman, L’ennemi intime ; J. J. Rousseau, Les rêveries d’un promeneur solitaire ; J. K. Rowling, L’ordre du phénix, La chambre des secrets; E.F. Russell, La sentinelle de l’espace ;  Sade, Justine ou les infortunes de la vertu ; Saint-Exupéry, Le petit prince, Citadelle ; Saint-Simon et Yves Coirault, Mémoires ; F. Saintenoy, Juste avant ; B.de Saint-Pierre, Paul et Virginie ; P. Sala, Cauchemar blanc ; Sartre, Les mots, L’âge de raison, La mort dans l’âme, Les jeux sont faits, Le mur, Les mouches, La putain respectueuse, La nausée, Le Diable et le Bon Dieu ; J. Saucier, Il pleuvait des oiseaux ; B. Sax et V. Guidoux, Corbeaux ; G. Scheichtele, L’enfant des ondes ; M. Shelley, Le dernier homme ; E.-E. Schmitt, Les perroquets de la place d’Arezzo ; L. Sciascia, Une histoire simple ; F. Schuiten, B. Peeters, et J-C. R. Servais, Souvenirs de l’éternel présent ; Ségur, Les petites filles modèles ; A. Sénanque, L’ami de jeunesse ; G. Sereny, F. Stangl et C. Audry, Au fond des ténèbres ; K. Serres, Monde sans oiseaux ; W. Shakespeare, Le songe d’une nuit d’été, La tempête ; G. Simenon, Sept petites croix, La tête d’un homme, Les gens de peu, Une vie comme neuve, Les fantômes du chapelier, La mauvaise étoile, En cas de malheur, Le fils ; A. Soljenitsyne, Le pavillon des cancéreux ; Sollers, L’éclaircie ; K. Soyeon, Rêves de liberté ; M. Sportes, L’appât ; S. A. Steeman, Légitime défense, L’assassin habite au 21 ; K. Stockett et P. Girard, La couleur des sentiments ; P-L. Sulitzer, Soleil rouge ; F. Sureau, Le chemin des morts ; Taniuchi, Dimanche matin ; W-G Tapply et C. Fort-Cantoni, Dérive sanglante ; P. Thiès et L. Alloing, Pris au piège ; M. Tibon-Cornillot, Les corps transfigurés ; J-R-R Tolkien, F. Ledoux, Le seigneur des anneaux ; J.-P. Toussaint, Nue ; R. Tubiana, Entre tes mains ; M. Vacquin, Main basse sur les vivants ; D. Van Cauwelaert, Corps étranger, Hors de moi ; D. Vann, Désolations ; F. Vargas, Les bois éternels ; E. Venet, Rien ; Vercors, Le silence de la mer ; J. Verne, Voyage au centre de la terre, L’île mystérieuse, Cinq semaines en ballon ; B. Vian, L’écume des jours, L’arrache-cœur ; D. de Vigan, Rien ne s’oppose à la nuit ; J-F. Vilar, Etat d’urgence ; Voltaire, L’ingénue, Le monde comme il va ; H. Wéber, La nouvelle frontière ; H. G. Wells, La machine à remonter le temps ; M. Werber, Le papillon des étoiles, Le rire du cyclope, Troisième humanité, L’arbre des possibles, L’empire des anges ; F. Weyergans, Royal Romance ; O. Wilde, Le portrait de Dorian Gray ; G. Wolfe, Soldat des brumes ; D. Yang et C. Despeux, Sages écrits de jadis ; H. Yu et N. Perront, Un monde évanoui ; R. Zelazny, Le maître des ombres ; E. Zola, Au bonheur des dames, La bête humaine, L’assommoir ; S. Zweig, La confusion des sentiment

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