Les Écrits

Identité et cercles concentriques....? Actualisation du texte

Identité donc ; débat ouvert par «un» ou «une», et d’autres, qui auraient peut-être mieux fait de la fermer ? Débat rouvert pour qu’un jour on puisse le laisser bâiller… quand tous les hommes sont semblables de leurs différences et que chacun tente d’exprimer ses singularités d’un fonds d’appartenances et de reconnaissances – d’une insertion qui le garde d’errances assassines et d’intégrisme (identitaire ou autre) violent.

Qu’est-ce donc qu’être français (ou belge, ou chinois, ou humain) ?
C’est, déjà, appartenir à la vieille confrérie du sapiens sapiens – cette chose qui pense (contre la matière En Soi et contre la pensée désincarnée). Cet animal curieux qui vient d’hier et va vers demain, sans Destination (Finalité) ni Promesse – sans rien qui le garde ou le garantisse, et sans échange possible (clin d’œil à Baudrillard). Qui a quitté sa niche, ses arbres, pour une savane aux milles dangers. Qui s’est mis debout, s’est mis à penser… Et pour qui tout débuta voici quelques millions d’années, quand les habitants des grands arbres quittèrent leur lieu sans assignation (génétique) pour une savane hostile où ils mirent en branle la marche vers l’homme. Car l’exode, requit, puis favorisa, des spécificités nouvelles – modifiant les postures et les perceptions. Ainsi, la bipédie sollicitée libéra les mains : elles surent désigner, utiliser, créer - du cerveau à la main, de la main au cerveau, un jeu d’interactions et de parcours d’impulsions put ouvrir à l’humanité : ce va-et-vient à chaque instant amplifié établit de la sorte une distance à soi et au monde (tout en rapportant le sujet à lui-même). Et la libération de la main autorisa une explosion tactile et sensorielle : elle put connaître, caresser, récompenser ou punir. Rapprocher ou éloigner : créant une symbolique tribale du geste, sous-tendant une modification des perspectives et contribuant à une diversification du plaisir ou du jouir. Au final, par cette organisation rituelle ou sociale, la transmission culturelle s’intensifia pour déborder l’apport «génétique-instinctif» : héritage contre hérédité ; apprentissage contre dotation innée ; et Histoire contre évolution (biologique).
Sapiens sapiens, l’homme qui n’en revient pas de penser, à tel point qu’il redouble le plaisir – et tient haut la dragée, y tient très fort, contestant à tout autre ladite faculté.
L’homme qui sait qu’il sait…
Après ça, on s’étonnera de la grosse tête, celle qui enfle tellement que parfois le vent y résonne/raisonne en tempête guerrière. Celle qui est si grosse qu’il en sort immature des cuisses de sa mère (avantage de son imperfection, de son infinie dépendance : il est malléable le petit d’homme, il apprend, mime, mémorise et peu à peu se particularise).
Bien sûr, j’aurais pu faire appel à la distance en soi du soi ; à la conscience en miroir ; au moi qui se scinde d’une totalité ouverte cependant intégrative et qui se prend en compte au milieu du monde (qui le définit en ses limites) en vis-à-vis avec autrui (qui le révèle à lui-même) ; au Je qui se résume (résume «moi» pour toi) et s’exprime… Mais, après les agapes du premier janvier, c’était un peu trop compliqué.
Evidemment, j’aurais pu parler du corps qui exige à hue, du cerveau qui voudrait à dia. Ou de la chair qui sent, de l’intellect qui calcule ; de la matière qui lie ou attache (à la matière, au monde, au temps -durée et processus-, à l’autre et à soi-même/à elle-même) et de la pensée qui délie ou déprend (en idée, projet, imaginaire…). Parler de cet être en existence qui se soutient entre spécimen défini, individu situé et personne se dé-finissant. Mais aussi, entre personnalité en cohérence et personnage en représentation provisoire. Entre sapiens et demens : car, comme le souligne E. Morin: «L’évacuation totale de l’affectivité et de la subjectivité vidangerait de notre intellect l’existence pour ne laisser place qu’à des lois, des équations (…) / La vie humaine a besoin de la vérification empirique, de la correction logique, de l’exercice rationnel de l’argumentation. Mais elle a besoin d’être nourrie de sensibilité et d’imaginaire.», La méthode, p 111-112. Mais c’est un peu lourd pour cet après fête.

Homo sapiens donc (le français, le belge et tous les autres). Membre d’une espèce Une et plurielle qui fait humanité de gènes, de fait, de principe et de droit – qui palie les manques par le symbole ou l’affect, qui corrige les lacunes (d’une reconnaissance familiale refusée, par exemple) par une solidarité collective.
Une espèce constituée d’individus mêmes et différents. Mais aussi masculins et féminins ; qui naissent, découvrent le monde pour la première fois, vieillissent et meurent. Des individus qui ressentent, qui vibrent : où les émotions sollicitent, imprègnent et hiérarchisent leur mémoire, guident leurs projets et nourrissent leur souci. Non plus seulement la peur, mais l’angoisse (existentielle). Non plus seulement l’envie ou le besoin, mais l’exigence et le désir ; non plus seulement le manque ou le déséquilibre, mais l’insatisfaction, la tristesse et le chagrin. Non plus l’instinct de survie, possession, appropriation ou extension, mais l’ambition. Non plus seulement le vouloir pulsionnel, mais le projet. Non plus la compassion, mais le souci. Non plus la colère, mais la haine. Non plus la rétraction, mais le dégoût. Non plus l’infériorité (sentie), mais la honte. Non plus la douleur, mais la souffrance. Non plus le repos, mais l’ennui…
A la lumière du quotidien, l’homme est celui qui fait l’amour, l’invente, le vit, le sublime ou le transpose. Celui qui fait la guerre ou y joue. Qui ment, qui rit, qui pleure : rationnel et délirant, matériel et idéel. Mais il est également celui qui est homme, celle qui est femme. Celui qui est un, ceux qui font genre – et communauté. Car le terme est complexe, il parle de quelques milliards d’individus - tous différents. Traite d’une espèce unique nonobstant diverse. Présente un concept, un schème ou un fait anthropologique. Et est plurivalent ou ambivalent, comme l’humanité qui peut être substantive ou adjective. Un sujet qui pense (donc existe), qui sent (donc est), qui veut (donc persiste), qui aime (et donc trouve un sens aux limites dans le regard de l’autre ou l’ouverture du futur).

Par suite, l’homme, le français aussi, est une réalité de l’entre-deux – entre deux néants ou deux infinis (avant/après lui). Entre deux autres, qui le firent. Entre un corps qui l’aliène et un esprit qui le libère – une chair qui le réalise, une pensée qui l’abstrait. Un centre identitaire (soi/moi) et des tentacules d’extériorité (Je, et ses prothèses, ses représentations, ses «clones»). Entre mémoire et oubli, passé et futur – dans un présent fugitif et toujours renaissant, mais au regard d’une pérennité si ce n’est d’une «éternité» (rêvée). Entre égoïsme et altruisme, réalisme et idéalisme. Tout et Rien, Bien et Mal… …Liberté et Aliénation. Inné et acquis. Attachements et errances…

L’homme, de partout, de nulle part, est cette créature étonnante qui laisse des messages pour l’au-delà – du temps et de l’espace. Qui peint sur des parois rocheuses ou sur la toile…
Alors, qu’est-ce qu’être français, ou qui sont les français ?
Moitié franchouillards, moitié fransquillons et pleinement chauvins…
Ceux qui ont un même langage – et en construisent semblablement leur mode de pensée.
Ceux qui vivent sur un même territoire, y ont vécu ou rêvent d’y vivre.
«La France, tu l’aimes ou tu la quittes», qu’il disait ! Et il fallait drôlement l’aimer pour y mourir, mourir pour elle, en tenue réglementaire, la fleur au fusil (que l’armée soit régulière ou blanche).
L’aimer, et follement y croire pour survivre sans plus trop exister dans ses camps d’accueil ou de transit, si ce n’est dans ses bois glacés.
Y croire plus qu’à toute autre chose pour mourir à 15 ou seize ans dans le train d’atterrissage d’un avion où s’accrochent, où éclatent, quelques rêves de mieux…
Faut dire que la France, en son identité profonde, c’est celle qui a eu Racine et Corneille et Molière. Marivaux ou La Bruyère, sans oublier Lafontaine. Et puis Baudelaire, Rimbaud, Queneau. Et encore Sartre et Camus et Foucault.
Celle qui a Lévy, Werber, Pennac, Orsenna et d’Ormesson…
Celle qui a inventé les Droits de l’homme et du citoyen, défendu la liberté penser ou de croire autrement, avec voltaire.
Qui a combattu l’intolérance, et a eu ses Justes parmi les nations.
Celle qui s’enrichit de sa liberté de parole. Qui tient à sa laïcité, qui s’honore d’une culture métissée et cependant totalisante – pas totalitaire. Qui charrie dans ses veines des gènes d’ici et d’ailleurs – et d’ailleurs encore…
Qui a accueilli ceux qui l’aimaient, ceux qui souffraient, ceux qui l’espéraient…
Qui unit dans son Panthéon quelques dizaines d’accents et expose sur ses plateaux de télévision ou sur ses scènes de théâtre toutes les nuances de carnations.
France qui a (ou a eu) Pasteur, Hamburger, Cabrol, Jacquard, Fisher…
France de Brassens, Ferrat, Ferré….
De Dolto et de Lacan.
De Noah, presque blanc quand il gagnait ( ?), de Blanc et d’Eboué…
France de Curie, de Drucker, de Romejko, et même de Sarko.
De Dati, Amara et Yade...
France de Smaïn, de Debouze, de Nagui ; sans oublier Carla Bruni, même si elle n’est pas venue les mains vides – attention, je parle des fonds parce que côté matière (36/38 à vue de nez), il n’y a pas grand-chose à retirer.
Mais c’est aussi celle de Ruquier, Steevy et Mauresmo.
Des trop grands et des trop gros, trop petits ou trop maigres…
Des Mathy, Laborit et Montagné …
Celle des caissières et des caissiers, des facteurs et des factrices, des fonctionnaires et des râleurs…
Et ceux qui s’obstinent à demander s’ils ont tous les bons papiers, la bonne nationalité, ceux-là, vraiment, n’ont rien compris. Parce que j’aurais pu ajouter Jackson, Magritte ou même Hergé – par provoc, c’est vrai, mais aussi pour les communions qu’ils ont permis, les vocations qu’ils ont éveillées (et j’y mets une sacrée bonne volonté parce, pour le coup, deux belges se sont glissés dans la série – un indice : ce n’est pas Jackson !).

France de tous ceux qui suivent les mêmes règles et s’obstinent semblablement à les contourner peu ou prou.
De ceux qui respectent les mêmes valeurs ; qui ont les mêmes espoirs, les mêmes déboires.
Qui s’entendent sur l’essentiel et se chamaillent à l’infini sur les détails.
Dans les faits, être français, c’est définir des limites libératrices, un fonds de droits et de choix garants du droit des gens et des libertés intimes…
Et puis, il y a la France des grands événements : révolution des ci-devant, révolte des canuts, mouvements estudiantins – sous les pavés la plage.
La France avec ses grandeurs, la France avec ses erreurs, qui n’en fait pas ?
La France, parfois, avec ses horreurs – qu’elles s’appellent colonisation ou collaboration…
La France de de Gaulle et de Jean Moulin ; de Simone Veil et de Robert Badinter ; de Bernard Kouchner et du droit d’ingérence du «French docteur» quand il ne se prenait pas encore pour quelqu’un d’autre (parce que là, je ne vois que ça… ?).
Mais c’est aussi la terre de Pétain, vilain souvenir.
Celle de Le Pen ; pénibles fantômes sortis des oubliettes par quelques désespérances.
Celle des campagnes électorales édulcorant les slogans et les idées immondes pour récupérer les voix égarées – attention danger ! Et je le dis d’autant plus volontiers que le risque est là comme ailleurs, en France, en Belgique ou dans l’autre hémisphère. Danger des reniements philosophiques, des reculs sociétaux (limitation de la liberté de parole, de la liberté de(non)croyance, de la liberté d’apparence…), des régressions sociales, des ségrégations, des intégrismes…

Au vrai, l’identité est un ensemble de cercles concentriques où chacun porte le suivant qui naît d’une tangente : cercle du soi, du moi, du Je ; de la famille, de la lignée, du clan, du groupe social - et le cercle culturel ; celui de la maison familiale, de la terre à fouler, de la cité, du territoire, de la Terre ; celui de la tradition familiale, des coutumes claniques, des règles socio-culturelles, de la loi nationale, du droit international, des droits de l’homme – et tant d’autres. E. Morin en cela voit juste : «Pour concevoir une éthique universaliste qui dépasse les éthiques communautaires particulières, on ne peut ni ne doit vouloir la disparition de ces communautés ; on peut/doit souhaiter leur ouverture et leur intégration dans une communauté plus ample, celle de la Terre-Patrie qui est la communauté de fraternité non encore réalisée» , Méthode VI, p. 170. Et de témoigner d’une complexité dialogique « (…) nous sommes jumeaux par le langage et séparés par les langues. Nous sommes semblables par la culture et différents par les cultures (…) / Il y a une unité humaine. Il y a une diversité humaine. Il y a unité dans la diversité humaine, il y a diversité dans l’unité humaine. L’unité n’est pas seulement dans les traits biologiques (…). La diversité n’est pas seulement dans les traits psychologiques, culturels, sociaux (…). Il y a aussi une diversité proprement biologique au sein de l’unité humaine, et il y a une unité mentale (…). / (…) le problème épistémologique clé d’une connaissance et d’une compréhension de l’humain : il y a impossibilité de concevoir le multiple dans l’un et l’un dans le multiple (…). Ainsi, devenu invisible et inintelligible, l’homme disparaît au profit des gènes pour le biologiste, au profit des structures pour le trop bon structuraliste, au profit d’une machine déterministe pour le mauvais sociologue (…) / La diversité des cultures, la diversité des individus entre eux, la diversité intérieure des individus ne peuvent se comprendre ni à partir d’un principe simple d’unité, ni à partir d’une plasticité molle modelée par les cultures au gré des circonstances. / L’unité humaine ne peut se réduire à un terme, à un critère, à une détermination (…). Nous devons concevoir une unité qui assure et favorise la diversité, une diversité qui s’inscrit dans une unité. L’unité complexe, c’est cela même : l’unité dans la diversité, la diversité dans l’unité, l’unité qui produit la diversité, la diversité qui reproduit l’unité (…)», Méthode V, HdeH, p. 59-60.
Ainsi, avoir une identité, quelle qu’elle soit, c’est avoir des racines bien plantées dans la terre, dans la culture, dans les liens aux autres, les projets communs et un avenir possible – en avoir de longue date ou de peu de temps, pourvu qu’on leur laisse la possibilité de croître et d’y croire. Que donc l’on n’arrache pas les radicelles à coups de hache, d’exclusions, de ségrégations ou d’insultes. Car seul l’isolement nourrit la rancœur des «amants» déçus – quand tout ce qui s’expose en vitrine se défend d’une possession commune et se réfugie derrière des certificats de légitimité. Car donc la violence naît d’un soi abonné aux croyances sans ancrages ni histoires investies : croyances d’esseulés dépossédés d’espoirs partagés, d’actions solidaires, de constructions communautaires, de projets collectifs ou d’utopie commune. Croyances de déracinés alimentant des brasiers urbains ou des bûchers mystiques - où donc ceux qui pillent ou vandalisent trompent leur errance désespérée dans la mise à sac des objets et symboles sociétaux se refusant à eux.
Déjà pourtant, Nicolas Sarkozy entendit faire du patriotisme une quasi obligation – devoir dû à la patrie. C’est oublier là la réalité d’une «patrie» : ni lieu d’échanges marchands, ni système de sanctions, ni vade-mecum des devoirs. Mais bien proprement un champ mi réel mi symbolique où se lient et interfèrent des individus. Un champ de valeurs et de projets, de constructions et d’avenir : offrant un lieu essentiel où s’ancre les existences et pour lequel tous combattraient.
Ainsi, comme une famille débordant son socle génétique, une nation recouvre un fonds commun de valeurs – s’ouvrant cependant à l’adoption. Comme une famille tendue vers des buts communs et accueillant des desseins individuels, une nation trouve sa cohérence dans son horizon et ses combats.
A l’observation, comme l’identité familiale, l’identité nationale se construit d’un passé commun mis en mémoire et de souffrances et de joies mises en partages. Mais aussi, d’actions en cours, de constructions en œuvre, de projets généraux et d’entraides soutenues dans l’effort et contre l’adversité. A cette aune, comme en une famille, l’isolement social, la stigmatisation, le silence ou la peur attisée alimentent les réclusions, exclusions, incompréhensions et violences. Par suite, au-delà de sa dangerosité tant principielle que collatérale (dans ses non-dits ou ses mal-entendus…), un Ministère de l’Identité Nationale naît de la peur (de dilution identitaire, de déliquescence culturelle…) et repose sur une illusion. Car l’identité se sent/ressent et construit – en ses attaches et projets partagés. Mais aussi, en ses actions communes - où l’acte impose ses propres nécessités, où le but focalise les regards lors même que la tâche produit une solidarité.
La France donc, et sa devise de liberté, égalité, fraternité… …que l’on aime pour cela.

 

Avant de vous laisser, et face à l'évolution du problème, eu égard également à la propostion de François Hollande (supprimer la notion et le terme de "race" de la Constitution Française), je tiens à ajouter deux ou trois lignes. Car la notion de "races" humaines est absurde, il n'en est qu'une. Car l'idée d'une uniformité l'est tout autant: nous sommes tous différents les uns des autres -c'est la richesse des sociétés et de la communauté humaine. Car la suppression du terme et de la notion relève d'une juste cause mais se doit d'être entourée de précautions diverses: contre toutes les ségrégations et eu égard aux délits "de sale gueule", de "mauvaise couleur", "mauvais accent", "mauvaise croyance", "mauvaise habitude vestimentaire ou autre"... Gardons-nous de nous piéger par une loi non accompagnée d'autres décrets, autres tournures, empêchant de réprimer tout acte 'anciennement" raciste...

Pour terminer, cet extrait de "L'humanité à l'épreuve de la génétique et des technosciences  -Aporétique humanité":

                     "(...). Ainsi, au sein de l’organisation tribale, le semblable est celui qui appartient à la tribu et seule sa vie est sacrée. Progressivement pourtant, avec les nations naissantes, la protection cohésive sera étendue aux individus du territoire  –exception faite de certaines minorités vis-à-vis desquelles cet interdit d’appropriation laisse quelque latitude. Exception faite des esclaves ou du criminel. Aujourd’hui, si l’on écarte la légitime défense, les états de guerre juste  ( ?) et la peine de mort comme privilège et monopole maintenus de certains Etats, l’interdit de tuer concerne, le plus souvent et en principe, tout individu  –quelle que soit sa couleur, sa religion, sa nationalité, son âge, son statut social ou son quotient intellectuel. Cependant, parallèlement à cette ouverture graduelle des frontières de l’Humanité, et allant de paire avec les connaissances scientifiques montrant que la variabilité génique des populations de phénotypes différents est quelquefois moins importante que celle singularisant les hommes au sein d’un groupe défini, il s’opère  insidieusement un déplacement de la différence (de son lieu ou de sa compréhension) : il ne s’agit plus de démarquer telle race mais de particulariser  tel individu. De fait, la prise en charge progressive d’une humanité plurielle déplace les critères identitaires et perturbe quelquefois les repères ou les élaborations d’appartenances à force pourtant identificatoires et singularisante. En conséquence, l’individu laissé à son indéfinition, privé des éléments discriminatoires  qui lui étaient offerts pour s’y mesurer, risque de chercher dans le plus proche du quotidien la dissonance significative étayant en négatif une représentation confortante de son être (du ‘soi’). Dès lors,  il importera d’éviter l’instauration d’une mise à distance qui conduirait inévitablement à une sélection opérée à l’encontre des non-(génétiquement)conformes. En d’autres termes, le généticien nous apprend qu’il n’existe pas de races humaines mais, en contrepartie ou en dommage collatéral, il translate la préhension du particularisme  -préhension opérée par l’imaginaire collectif déstabilisé ou angoissé devant l’effondrement de ses repères partitifs ayant tous,  peu ou prou, partie liée avec la pensée sauvage chère à C. Lévi-Strauss[1]. Subséquemment, une stigmatisation nouvelle, discrète et enfouie dans l’intimité du substrat génétique, risque de frapper les personnes. Il nous incombe alors de ne pas transformer ce qui relève de la dissemblance  en critère d’exclusion ou en jauge qualitative -mesurée fréquemment dans sa confrontation à l’attente individuelle ou sociale  (...). "


[1] Très schématiquement, il s’agit du mouvement partageant et départageant la réalité en couples antagonistes (haut/bas, chaud/froid, mort/vie, dedans/dehors, Soi / non-soi, membres / non-membres du clan…). Ce mode élémentaire de pensée contribuera à l’édification des cultures, des règles sociales et économiques, des solidarités et des morales… Il contribuera à l’édification de l’humanité.

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