Les Écrits

Arrivée à Cuba

Orly. Fin mars 2006, Dimanche, 10 heures, un peu surchargés mais comme nous sommes dans les 10 premiers à enregistrer, l’hôtesse  ferme les yeux. Ce seront aux autres de respecter le poids limite- raisonnement très égoïste, je sais, mais tout est permis pour pouvoir tout  emporter  (vêtements, produits sanitaires de bases (dentifrice, crème pour le visage) chaussures, ustensiles de cuisine, parfum, cahiers, stylos, livres enfin tout ce qui fait défaut là-bas et qui nous parait évident ici.

A 12 heures, l’avion de la Cubana de Avacion (la seule à aller à Santiago, je dis bien « aller puisque le retour doit se faire à partir de la Havane) commence à rouler doucement sur le tarmac et s’envole dans un bruit d’enfer pour 10 heures de vol sans escales.

Santiago, 3 ans s’étaient déjà écouler… L e projet de fêter en grandes pompes mes 40 ans, entourés de nos amis cubains avaient été entravé par un traitement anti-cancéreux sans pitié. Ma dernière séance de chimio s’était déroulé le jour et à l’heure de mon anniversaire -30 Mars ,10 heures – mais cela avait  été le plus beau cadeau (même si  j’avais encore plusieurs mois de calvaire devant moi). J’avais basculé d’une année en même temps que s’était écoulé dans mes veines, le produit chimique destiné à me soigner. Alors tant pis, se seront mes 41 ans qui seront célébrés en 2006 autour d’un gâteau de toutes les couleurs, comme se doit la tradition. Vous rencontrez souvent dans les rues de Santiago, des gens à vélo ou à pieds, se faufilant entre les quelques voitures qui peuvent rouler, un gros gâteau en équilibre sur une main. Qu’importe, l’important est d’être ensemble.

L’oiseau de fer arrivait vers 16 heures, (soit 22 heures en France) au dessus des pistes de l’Aéroport Antonio Macéo .Il y  dépose les quelques passagers qui débutent leurs pérégrinations, dans l’Oriente, berceau de la révolution, avant de repartir vers le paradis artificiel de Varadero. C’est une  longue langue de sable blanc de 40 km de longueur interdit à la population locale, sauf à ceux qui travaillent dans les nombreux hôtels qui jalonnent la côte, pourvue d’une sorte de frontière.

Je jette  un œil par le hublot et j’aperçois  des taches de couleurs ressemblant aux vêtements que nous leur avions offerts en 2002. C’était encore des formes aux contours un peu floues dues à la distance qui nous séparent. Mais elles étaient bien là, sur le toit terrasse, parées de leurs plus jolis vêtements, un peu défraichis par les lavages répétés et les séchages précautionneux, à l’abri du soleil. Nous étions attendus, nous, simples péquins français comme un président, avec une impatience contenue. L’habitude, il faut attendre des heures pour tour à Cuba : la « cola », cela vous éveillent quelque chose?

Plus qu’une heure ou deux avant de les serrer dans nos bras. Tant que ça me direz-vous ? Et oui, non pas que les douaniers soient lents mais les formalités à accomplir sont nombreuses.

De loin, les enfants qui avaient 8 ans en 1998, étaient devenus de jeunes adultes pour qui les moyens d’attendre « impérialistes », MP3 et autres gadgets ne leur  faisaient défaut.

Notre premier voyage à Cuba datait de 1996, fruit des fonds récoltés lors de notre mariage. Et dire que Michel avait juré ses grands dieux qu’il ne remettrait jamais les pieds dans ce pays. Il est vrai que cela avait été une grosse galère. Déjà, à Paris, une fois installés dans l’avion, le chef de bord nous avait fait part qu’une pièce de l’avion était défectueuse, qu’il fallait aller la chercher et effectuer les réparations. 3 heures plus tard, nous partions mais le règlement du pays « démocratique socialiste » ne nous permet pas d’atterrir à Santiago mais à la Havane, distante quand même de presque 1.000 km. Pagaille à la Havane, affrétage d’un avion en état de marche, transfert des bagages, des passagers et bien sur, pas d’informations. Il leur fallut 3 heures pour mettre ce système de remplacement en place, ce qui fait qu’il était 4 heures du matin France quand nous sommes arrivés à bon port.

Pourquoi Cuba ? Je ne souviens pas. (Il parait que nous avions hésité avec Saint Domingue mais ce détail m’était complètement sorti de la tête.) Certainement pas à cause du mythe guevarriste, des « bienfaits » spectaculaires de la révolution. J’étais inculte en la matière à l’époque (aujourd’hui et ce depuis 14 ans , je traque tous les livres ou articles de journaux parlant de cuba). En tout cas la magie de ces lieux et surtout l’humanité de son peuple nous avaient conquis. Une semaine de périple en jeep à travers la Sierra Maestra (j’ai découvert plus tard que nous avions marché dans les pas  des révolutionnaires menés par Fidel Castro de 1956 à 1958), farniente de 10 jours à Varadero comme je vous le disais plus haut, tout n’est que poudre aux yeux. Un bon conseil : Coin à éviter pour connaître l’âme véritable de cuba et 5 jours à La havane. En tout cas, si je ne croyais pas à la réincarnation, je dirai que c’est un retour aux sources, avec cette impression de déjà vu, d’être chez soi.

C’était donc le 5ème fois (à quand la 6ème ?) que nous venions. Santiago de Cuba avait réussi à nous conquérir par son mélange de culture, de couleurs. Plus africaine qu’espagnole, chaque personne portait en elle un peu d’histoire d’esclave, de colonialisme espagnol et même quelques reliquats de la révolution française. Nombreux sont les haïtiens venus se réfugier à Cuba. Il reste toujours un quartier de la ville, le quartier Tivoli reconnaissable  sur les photos par sa rue « escalier ». C’est le quartier français de la 2ème ville de l’ile.

Après toutes ces digressions, revenons à notre atterrissage 10 ans après à quelques jours près de notre première aventure. L’avion est à peine posé que les français bien connus pour leur indiscipline se détachent  de leur siège avant l’extinction du signal, pour être les premiers à sortir. Ce qu’ils ne savent pas, c’est le temps d’attente à la douane. Nous les laissons passer, nous avons le temps. Nous descendons directement sur le tarmac, sous une chaleur étouffante. Nous étions partis de Paris sous la neige et il faisait 30 ° 10 heures plus tard. Le bâtiment de l’aéroport, simple bâtisse posée au milieu de nulle part, se distingue à peine à travers les vapeurs de chaleurs et de quérozène. Nous faisons de grand geste à Maria, Dania, Danita et Amed sous le regard inquisiteur des autres passagers et des militaires. Omniprésents (visibles ou invisibles).

Nous allions franchir la douane et mon cœur commence à palpiter.AI-je bien rempli, sans faire de rature la carte de tourisme (c’est le visa cubain, aucune trace sur le passeport), sans laquelle toute entrée sur le territoire est impossible. Comme d’habitude, seuls 2 ou 3 guichets sont ouverts et nous étions quasiment les derniers. Pas grave, le voyagiste (oui, il faut réserver au moins une nuit dans un hôtel pour profiter de la vie en communauté ensuite, en liberté surveillée) ne partirai pas sans nous. Je m’apprêtais à enfin allumer une cigarette quand je vois le panneau de signalisation «  interdit de fumer » , cette interdiction capitaliste de fumer dans les lieux publics était applicable jusqu’au moindre recoin de la planète. C’est quand même le comble pour le représentant officiel du meilleur cigare !

La queue avance doucement, chacun attendant bien sagement derrière la ligne jaune à ne surtout pas franchir si le douanier ne nous appelle pas. BIG BROTHER surveille. Exubérance des latins mais rigidité du communisme avant tout. Plus qu’une personne et c’est à moi. Je dépose mon passeport et ma carte de tourisme sur le guichet du douanier tout en le saluant et prononçant quelques mots en espagnol.

« Où avez appris l’espagnol ?me-demande t-il voyant que je m’aventurais à faire des phrases dans la langue de Cervantes

« A l’école » lui répondis-je en souriant. Après avoir enregistré je ne sais quoi sur son ordinateur, avoir apposé une quantité astronomique de tampons je ne sais où, il me souhaite un bon séjour et me laisse passer.

Encore le test du bagage à mains au scanner. Rien de suspect, si ce n’est qu’ils pèsent le double du poids autorisés. Nos valises, pleines à craquer nous attendent avec quelques interdits (un livre « le roi de la havane » de Juan Pedro Gutierrez, des médicaments à foison, normalement à déclarer : ils ont les meilleurs médecins du monde mais rien dans les pharmacies ou dans les hôpitaux). Pourvu que l’on ne nous demande pas  d’ouvrir nos sacs ! Mais non ! Nous ne devons pas avoir la tête de méchants capitalistes. Valises à la main, sourire aux lèvres, direction la porte des sorties où nous sommes attendus.

4.25
 

Les avis

Le 13 mars, 2011 - 11:27

Aimer Cuba malgré des aléas parfois désagréables

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