Beaucoup de tristesse à l'idée que tous ses personnages, plus savoureux les uns que les autres, se retrouvaient orphelins et allaient rester figés sur ses dernières pages. Il y a peu, j'ai organisé des auditions pour sélectionner les personnages de mon propre roman. Le couple Bérurier, toujours en recherche de pages dignes de le recevoir, s'est présenté un matin...
Lui : Bonjour madame Fontaine ! J’espère bien que vous allez nous prendre ! Depuis que not’ daron, ce bon monsieur Frédéric, a cassé sa pipe, c’est chaudard pour ma Berthe et moi !
Elle
: Hélas oui, madame ! Et je dirai même plus : mon Béru et moi, on
s’fait tartir grave ! On a plus que la gamberge pour passer l’temps. Et
tout l’monde sait que la gamberge, c’est pas du tout bonnard pour la
santé. On a même plus goût au radada… Quel gâchis. Pensez donc : avoir
cette armoire, ce balaise, ce mahousse, ce mailloche, ce mastar ! Et
rien ! Nib ! Que t'chi ! Je me sens bien seulâbre la nuit au fond de mon
pucier...
Lui : Ma Berthe, pardon ! T’es la plus belle des greluches ! N’importe quel gonze tomberait en pamoison devant ton valseur et tes roploplos d’anthologie ! Mais que veux-tu, il est comme cassé mon polduk. Sans monsieur Frédéric, rien à faire, c’est plus pareil.
Moi : Bon… vous auriez pu faire l’affaire, mais finalement, non. Je vous trouve un poil trop vulgaires.
Lui : Vulgaires ? Vulgaires ? On a des gueules de vulgaires ? Ah madame ! Vous avez rien dans le palpitant à remuer ainsi le cure-dents dans la plaie ! Ça me glace le bide ce que vous nous dites… Me reste plus qu’à aller écluser un bon coup de jaja pour le réchauffer. Allez, viens ma Berthe, on a plus qu’à s’esbigner…
Moi : Aux suivants !
Eh oui... La verve de monsieur Frédéric nous manque...