Livre Paris 2016

Découvrez les auteurs coréens à l'honneur

Cette année, la Corée du Sud est à l’honneur de Livre Paris. C’est la première fois que la littérature sud-coréenne se retrouve placée sous le feu des projecteurs en France alors qu’elle est l’une des littératures majeures du continent asiatique. Si la plupart des trente écrivains présents à Livre Paris ont une réputation déjà établie dans leur pays, il ne sont pas toujours connusdu public français. Voici quelques-uns d’entre eux et les raisons pour lesquelles ils représenteront leur pays. 

 

Hwang Sok-yong

Pourquoi lui ? Hwang Sok-yong ne semblait pas destiné à une carrière d’écrivain. Après avoir étudié la philosophie à l’université Dongguk, il est emprisonné pour des raisons politiques, puis travaille dans une manufacture de cigarettes, avant de s’engager au sein de l’armée coréenne pendant la guerre du Vietnam. Il deviendra finalement un des écrivains coréens les plus célèbres, en Corée comme à l’étranger, et l’auteur le plus traduit. Connu pour ses prises de positions politiques en faveur de ceux qui souffrent ou sont démunis face au pouvoir, Hwang Sok-yong est de tous les combats pour la démocratie et le droit de vivre dignement. Mais il est surtout un romancier reconnu pour sa maîtrise des situations romanesques dans lesquelles ses personnages font preuve d’une humanité bouleversante.

Une oeuvre phare ? Un de ses romans les plus connus est sûrement Le Vieux jardin (Zulma), qui suit la vie d’un militant socialiste ayant participé aux manifestations de 1980, durement réprimées par l’armée, et qui sera jeté en prison pendant dix-sept ans. Un témoignage émouvant dédié à une génération de Coréens qui avaient cru pouvoir changer le monde. 

Jeong You-jeong

Pourquoi elle ? Née en 1966 à Hampyeong, Jeong You-jeong entreprend des études spécialisées d’infirmière avant d’en embrasser la carrière. Elle fait son entrée dans le monde littéraire en remportant le prix de Littérature Jeunesse et le 5e prix Segye avec son livre intitulé Tire dans mon cœur.  Elle est très appréciée des lecteurs pour ses prises de conscience et son humour destiné à renverser les situations les plus critiques.

Une oeuvre phare ? Son roman Les nuits de sept ans (Decrescenzo Editeurs) a été placé sur la liste de meilleurs polars de l’année 2015 par deux médias allemands, ce qui vaudra à son auteur d’être surnommée le « Stephen King coréen ». À travers un jeu d’ombres et de lumières, le lecteur découvre les personnalités tourmentées de deux pères : chacun tour à tour victime et bourreau. Sur un rythme haletant, l’écrivaine nous conduit jusqu’à l’explosion finale, au bout d’une nuit qui aura duré sept ans.

Jeong Myeong-kyo

Pourquoi lui ? Cet écrivain, professeur de littérature coréenne à l’université de Yonsei, travaille sur les questions de mondialisation de la littérature coréenne et à la compréhension approfondie de la littérature aux moyens de la psychanalyse et de la psychologie évolutionniste. Jeong Myeong-kyo est aussi membre perpétuel du jury du prix littéraire Dong-in. 

Une oeuvre phare ? Un désir de littérature coréenne (Decrescenzo Editeurs) résonnera longtemps comme étant le premier ouvrage à opérer une critique fondamentale de la littérature coréenne. Un ouvrage qui témoigne des débats qui ont agité et qui agitent encore une littérature désormais placée au rang de littérature mondiale. Jamais littérature n’aura autant été influencée par l’Histoire du pays qui lui a donné vie.

Kim Un-su

Pourquoi lui ? Kim Un-su vit loin de l’agitation des grandes villes. Lui s’attache à montrer, dans des récits alertes, les dérives de la société moderne avec un humour qui ne s’éloigne jamais de l’absurde. Passionné de vie à la montagne et de calme, il montre aussi ce que les petites gens des campagnes et des quartiers ont de sympathique et de profondément humain. 

Une oeuvre phare ? Avec Les planificateurs (Editions de l’Aube), Kim Un-su nous livre un roman crépusculaire, qui nous donne à voir une brillante orchestration d’assassinats à la manière coréenne. Parce que derrière chaque assassinat qui a marqué l’Histoire, il y a toujours eu des planificateurs, et la Corée ne fait pas exception. 

Han Kang

Pourquoi elle ? Après des débuts littéraires comme poète en 1993, Han Kang se réoriente rapidement vers le roman. Ses oeuvres sont reçues avec enthousiasme par les critiques et les lecteurs pour leur profonde exploration de la nature humaine, à travers un style d’écriture délicat et puissant. Pour Han Kang, les idées socialement acceptées et la condition de l'être humain constituent une violence insupportable. Les personnages de Han Kang sont souvent prisonniers de leur passé et traversent la vie avec douleur et raffinement.

Une oeuvre phare ? Celui qui revient (Le Serpent à plumes) se situe dans la Corée du Sud de mais 1980, alors qu’une junte militaire a pris le pouvoir. Civils, foule et jeunesse deviennent des cibles de l’armée. Sur une trame historique encore douloureuse, dans le style pur et éthéré empreint de bouddhisme qui lui est propre, la romancière Han Kang se positionne face à la résurgence d'une certaine idéologie autoritaire et rend hommage aux martyrs de la démocratie coréenne.

Kim Jung-hyuk

Pourquoi lui ? Ki Jung-huyk est un écrivain-artiste : critique pour une librairie en ligne, responsable du rayon DVD d’une librairie spécialisée dans les arts, journaliste musical pour un magazine de culture pop…Il s’intéresse à de nombreux domaines comme le cinéma, la musique et la cuisine. Son intérêt pour le dessin et la bande dessinée l’amène à illustrer lui-même ses recueils de nouvelles et à travailler comme dessinateur free-lance. De Dostoïevski à Velvet Underground en passant par Tim Burton, ses influences sont multiples. 

Une oeuvre phare ? Dans Les Ombres du lundi (Descrescenzo Editions), Kim Jung-hyuk s’empare de l’un des enjeux majeurs de nos sociétés contemporaines : le numérique. Dans un siècle qui permet des enregistrements biographiques d’une granularité sans précédent, chacun doit avoir la possibilité programmer sa mort numérique, de réécrire sa vie à sa guise, voire de faire de son autobiographie une fiction.

Yi In-seong

Pourquoi lui ? Après une carrière de professeur de littérature française à l’université Nationale de Séoul, Yi In-seong décide de se consacrer pleinement à son travail d’écrivain. Passionné d’expérimentation littéraire, il a toujours cherché à s’éloigner de la grammaire narrative du réalisme et les conventions à propos des relations entre l’auteur, son texte et le lecteur. Il emploie volontiers des techniques narratives destinées à défamiliariser la réalité décrite, comme le mélange des temps verbaux, la fusion entre fantastique et réalité, ou les ellipses temporelles.

Une oeuvre phare ? Dans Saisons d’exil (L’Harmattan), on accompagne un jeune homme pendant l’année qui suit un service militaire atypique. Dans la Corée de la fin des années 1970, il va retourner à la vie civile, ce qui va soulever des difficultés qui lui paraîtront souvent insurmontables. Il va passer quelques jours d’errance entre imaginaire et réalité, dans une station balnéaire déserte où il essaie, en particulier, de retrouver le chemin de l’amour. 

Moon Chung-hee

Pourquoi elle ?  Le cœur de la poésie de Moon Chung-hee révèle une conscience romantique distincte, exprimée dans un langage pur, dominé par un jeu complexe d’émotions vives et de sensations. Sa fine sensibilité est poussée à l’extrême dans certains textes. Les comparaisons et les métaphores de la poétesse sont retranscrites à travers ses émotions. Son langage figuratif prend le registre de sa propre sensibilité et traite de façon touchante des thèmes de l’amour romantique, de la réticence, de la souffrance et de la liberté. Elle utilise parfois des éléments des contes de fée pour donner une allégorie distillée de la réalité du présent.

Une oeuvre phare ? Les textes de cette figure majeure de la poésie coréenne contemporaine sont rassemblés sous le titre Celle qui mangeait le riz froid (Editions Bruno Doucey). Ils ont souvent pour point de départ une réalité prosaïque : un légume, un parfum, la préparation d’un repas, une fleur… Mais l’auteure possède le don de transfigurer les choses les plus ordinaires pour en révéler la profondeur et la charge émotive. Sa poésie touche au coeur avec des mots simples.

Oh Jung-hi

Pourquoi elle ? Née à Séoul en 1947, Oh Jung-hi effectue ses études à l’École des Arts de Sorabol. La violence contenue d’individus aliénés est un motif important dans son œuvre. Ses personnages vivent souvent repliés sur eux-mêmes, prisonniers de leur sort, dans l’impossibilité d’avoir une relation à l’autre. Leur solitude et leur sentiment de haine envers eux-mêmes se manifestent souvent par des pensées destructives.

Une oeuvre phare ? Les protagonistes de ses récits les plus récents sont pour la plupart des femmes mariées d’âge moyen, qui voudraient échapper à leur rôle défini dans la société afin d’accéder à une existence plus vraie. Dans Le Quartier chinois (Safran Editeur), une fillette de neuf ans quitte la campagne pour une ville portuaire détruite par la guerre, un « quartier chinois ». Parmi les maisons croulantes, les gosses pouilleux voleurs de charbon ou les « putes à Yankee », elle affronte la vie, passe du statut de l’enfance à celui de femme.

Mah Chong-gi

Pourquoi lui ? Le poète Mah Chong-gi, ancien médecin, traite essentiellement de ses expériences de praticien, et de sa vie à l’étranger. Certains de ses poèmes sont remplis de compassion et d’espoir ; l’amour y est toujours présent pour surmonter la peine. Lorsqu’il parle de ses expériences à l’étranger, il exprime l’opposition entre son existence présente et ses souvenirs de la Corée, son mélange d’amour et de haine pour son pays. Ses poèmes chantent l’amour de l’humanité et pansent les blessures de ceux qui ont souffert, dans une conception de l’universalité dont l’auteur ne se sépare jamais.

Une oeuvre phare ? Celui qui garde ses rêves (Bruno Doucey) est le livre d’un exilé resté fidèle à sa langue maternelle. Pourquoi ? Parce que son auteur, le poète sud-coréen Mah Chong-gi, a dû fuir son pays pour avoir pris part dans sa jeunesse à des manifestations contestataires. Le voici publié pour la première fois en France. Je suis heureux d’être le passeur de ses textes. La poésie de Mah Chong-gi n’est pas celle d’un insurgé à vie qui répondrait à la détresse par la haine. Elle est l’ascèse journalière d’un homme qui transcende sa douleur par les soins qu’il prodigue aux autres et les mots qu’il confie au vent. Car la poésie est ainsi : on ne la garde que si on la donne.

Kim Hyesoon

Pourquoi elle ? Kim Hyesoon, poétesse contemporaine de premier plan en Corée, vit à Séoul et enseigne l'écriture à l'Institut des arts de Séoul. Elle publie régulièrement des textes d’avant-garde dans la revue Munhakgwa jiseong (Littérature et intelligence). Dans les années 1990, elle fut à la tête du mouvement d’émergence de la littérature féminine. Elle a reçu un accueil favorable de la critique à partir des années 1990, estimant elle-même que cet accueil était en partie lié à l'effervescence de l'écriture féminine durant cette période. Elle a été la première poétesse femme à recevoir de prestigieuses distinctions.

Une oeuvre phare ? Dentifricetristesse crèmemiroir (Circé) est le dixième recueil de poèmes de Kim Hyesoon. L’univers de Kim est notamment reconnu pour son imagination débordante et insolite, sa sensibilité exceptionnelle au langage et son refus constant de la répétition. Sa poésie, devenue une des forces motrices de la poésie coréenne depuis 1980, transgresse de nouveau la hiérarchie des arts et s’oppose à la voix despotique qui réprime la vie et ses désirs, en laissant respirer tous nos sens. Kim refuse constamment les règles habituelles de la grammaire et du langage. Dans son expérimentation formelle, elle rejette la structure syntaxique et les rapports entre le sujet et le prédicat afin de déstabiliser le lecteur et sa façon de penser.

Lee Seung-u

Pourquoi lui ? Né en 1960 à Jangheung, Lee Seung-u poursuit des études de théologie à l’université et devient par la suite professeur d’écriture créative. Dans ses œuvres, fortement inspirées par la mythologie européenne, Lee Seung-u développe l’idée de rédemption comme finalité de l’existence.Du péché originel au sentiment de culpabilité ancré dans l’inconscient collectif, ses personnages se débattent dans un monde où Dieu n’est pas toujours présent. Le conflit intérieur, autant que le conflit avec les autres est sans cesse abordé au travers d’une œuvre d’une grande cohérence thématique. Mais point de lourdeur dans cette œuvre. Si l’être humain a perdu le sens du sacré, s’il se débat dans des questions philosophiques, la rédemption est au bout du chemin quand bien même celui-ci serait parsemé d’embûches.

Une oeuvre phare ? Dans La Baignoire (Serge Safran), un homme revient dans l’appartement qu’il a partagé avec une jeune veuve rencontrée au cours d’un voyage d’affaires au Mexique. Mal marié, la trentaine bien avancée, d’une situation honorable quoique menacée, il part à la recherche de souvenirs que sa mauvaise conscience a relégués dans le marais de sa mémoire. Roman profondément lyrique, où les thèmes de l’amour, du bonheur et de la mort sont magnifiés par l’évocation de la mythologie maya et l’image sublimée de la clarté de la lune sur la mer. L’eau, matrice et menace, est partout présente, aux Caraïbes comme dans la baignoire qui trône dans la chambre de la jeune femme.

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