Jean Jacques Rousseau

  • Pseudonyme : Jean Jacques Rousseau
  • Année de naissance : 1712
  • Année de décès : 1778
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A propos de l'auteur

Jean-Jacques Rousseau, né le 28 juin 1712 à Genève et mort le 2 juillet 1778 (à 66 ans) à Ermenonville, est un écrivain, philosophe et musicien genevois francophone. Léo Strauss considère que la pensée de Rousseau marque le début de la seconde modernité. La première modernité commençant avec Machiavel et Hobbes et la troisième avec Nietzsche.
La vie de Jean-Jacques Rousseau est marquée par l'errance. Orphelin très jeune, il est élevé par son père, puis confié à un pasteur protestant. Il quitte Genève à seize ans pour la Savoie, où il reçoit de Mme de Warens un complément d'éducation et une initiation à l'amour. En 1742, il arrive à Paris pensant faire carrière dans la musique. Pendant deux ans , entre 1743 et 1744, il est secrétaire de l'Ambassadeur de France à Venise. Il mène ensuite une existence difficile, cherchant divers protecteurs et vivant avec Thérèse Levasseur, qui lui donnera cinq enfants, tous confiés à l'Assistance publique. Dans le même temps, il rencontre Diderot et écrit des articles sur la musique pour l'Encyclopédie.
En 1749, la lecture dans le Mercure de France de la question mise en concours par l'Académie de Dijon : « le rétablissement des sciences et des arts a-t-il contribué à épurer ou à corrompre les mœurs ? » provoque ce qu'on appelle « l'illumination de Vincennes ». De là naissent les ouvrages qui inscrivent durablement Rousseau dans le monde de la pensée : le Discours sur les sciences et les arts, le Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes et le Contrat social. Entretenant de façon générale des relations interpersonnelles difficiles, il se réfugie plusieurs fois dans la solitude, séjournant de nouveau en Suisse en 1762 après la condamnation du Contrat social et de l'Émile par le Parlement de Paris et les autorités de Genève. Il entreprend alors d'écrire son autobiographie pour se justifier et multiplie les lieux de résidence, pour finalement retourner à Paris en 1770 et vivre en copiant de la musique. Il meurt à 66 ans en 1778 . Sa dépouille est transférée au Panthéon par la Convention au moment de la Révolution française en 1794.
La philosophie politique de Rousseau est bâtie autour de l'idée que l'homme est naturellement bon et que c'est la société qui le pervertit. Par naturellement bon, Rousseau entend que l'être humain à l'état de nature a peu de désir de sorte qu'il est plus farouche que méchant. Ce sont les interactions avec les autres individus qui rendent les êtres humains méchants et conduit à l'accroissement des inégalités. Pour retrouver une bonté naturelle l'homme doit avoir recours à l'artifice du contrat social et être gouverné par des lois découlant de la volonté générale exprimée par le peuple. Il convient de noter que pour Rousseau, contrairement à ce que pense par exemple Diderot, la volonté générale n'est pas universelle, elle est propre à un État, à un corps politique particulier. Rousseau est le premier à conférer la souveraineté au peuple. En cela, on peut dire que c'est un des penseurs de la démocratie même s'il est favorable à ce qu'il nomme l'aristocratie élective ou le gouvernement tempéré.
Rousseau est aussi le premier grand critique de la pensée politique et philosophique telle qu'elle se déploie à partir de la fin du 17e siècle. En rupture avec les idées de Bacon, Descartes, Locke, Newton, Rousseau soutient que ce qu'ils nomment progrès est d'abord un déclin de la vertu et du bonheur, que les systèmes politiques et sociaux de Hobbes et Locke basés sur l'interdépendance économique et sur l'intérêt conduisent à l'inégalité, à l'égoïsme. et à la société bourgeoise (un terme qu'il est un des premiers à employer). Toutefois s'il est critique de la philosophie des Lumières, il s'agit d'une critique interne. En effet, Il ne veut revenir ni à Aristote, ni à l'ancien républicanisme ou à la moralité chrétienne. S'il accepte bien les principaux préceptes des traditions individualistes et empiristes de son temps, il en tire des conclusions différentes en se posant des questions différentes. Par exemple : est-ce que l'état de guerre de tous contre tous est premier, ou est-ce qu'il ne s'agit que d'un accident de l'histoire ? Pour lui l'état de guerre est second. Il est engendré par la formation des premières sociétés. Autre question : est-ce que la nature humaine ne peut pas être modelée pour arriver à un état démocratique ? Ce sera toute la thématique chez lui du contrat social et de l'éducation.
Dans le domaine littéraire, l'apport de Jean-Jacques Rousseau est également déterminant. Julie ou la Nouvelle Héloïse (1761), roman par lettres sur le modèle anglais du Paméla ou la Vertu récompensée de Samuel Richardson, sera un des plus gros tirages du XVIIIe siècle qu'il séduit par sa peinture préromantique du sentiment amoureux et de la nature. Dans Les Confessions (rédigées entre 1765 et 1770, avec publication posthume en 1782 et 1789) et Les Rêveries du promeneur solitaire (écrites en 1776-1778, publiées en 1782) Rousseau se livre à une observation approfondie de ses sentiments intimes. Par ailleurs, l'élégance de l'écriture de Rousseau provoque une transformation significative de la poésie et de la prose française en les libérant des normes rigides venues du Grand Siècle (histoire de France). Hors la France, il influence de nombreux écrivains. Parmi les plus célèbres, il est possible de citer Pouchkine et Tolstoi. Si Rousseau se méfie du théâtre qu'il juge contraire à sa conception de la vie publique, en revanche, il soutient qu'une République doit favoriser les fêtes.
La philosophie politique de Rousseau a eu une influence considérable lors de la période révolutionnaire durant laquelle son livre le Contrat social sera "redécouvert". À plus long terme, Rousseau marque le mouvement républicain français ainsi que la philosophie allemande. Par exemple, l'impératif catégorique de Kant est imprégné par l'idée rousseauiste de volonté générale. Si de nombreux auteurs estiment que la pensée de Rousseau a fortement marqué le socialisme, Karl Marx lui témoigne une certaine défiance et qualifie même certaines parties de l'œuvre du Citoyen de Genève de bourgeoise . Les libéraux se méfient en général de Rousseau. C'est vrai à son époque avec Benjamin Constant c'est encore vrai avec Friedrich Hayek qui associe le citoyen de Genève au constructivisme, sa bête noire. Durant une partie du 20e siècle une controverse opposera ceux qui estiment que Rousseau est en quelque sorte le père des totalitarismes et ceux qui l'en exonèrent. La pensée de Rousseau est toujours étudiée, commentée. Jurgen Habermas considère que Rousseau est le premier à avoir pensé au rôle de l'opinion publique. Toutefois, il reproche au citoyen de Genève d'avoir négligé le processus délibératif, un point que ce philosophe développera dans certains de ses livres.

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