Critique Libre

Cent portes battant aux quatre vents

D'Islande à Paris, le dernier roman de Steinunn Sigurdardottir est inspirée par le rêve. Rêve d'une ville, rêve d'un amour impossible et regards sur la thématique de la mélancolie qui ne tombe jamais dans les affres de la nostalgie mais tend vers l'étincelle d'un bonheur à atteindre.

Née à Reykjavik dans cet étonnant pays qu’est l’Islande, Steinunn Sigurdardottir est romancière mais aussi poétesse et traductrice. Son dernier ouvrage Voleur de vie avait été adapté par Yves Angelo sur un scénario de Nancy Huston avec Sandrine Bonnnaire et Emmanuelle Béart. Aujourd'hui, elle revient avec Cent portes battant aux quatre vents, délicieux roman pour inaugurer le printemps.

Humour, insolence et liberté enveloppent ce dernier texte qui se décline comme autant de feuilles d’un même paravent.

 

Le choix d'une éditrice: Héloïse d’Ormesson

Depuis Le Voleur de VieSteinunn Sigurdardottir n’a pas quitté son éditrice Héloïse d’Ormesson qui, à l’époque de son premier livre paru en français en 1998 était chez Flammarion. Puis, en 2000, ce sera La Place du Cœur chez Denoël et désormais depuis Le Cheval Soleil en 2008, elle est auteur dans la maison d’Héloïse qui collectionne les succès. La maison d’Héloïse d’Ormesson édite Tatiana de Rosnay, un des auteurs français le plus lu outre Atlantique. Aussi, pour Steinunn Sigurdardottir, en France, ces romans restent et resteront publiés chez Héloïse. Fidélité à l'éditeur: chose de plus en plus rare par les temps qui courent!

 

La traduction

Traductrice elle-même, l'auteur soigne les traductions de ses ouvrages et dit du travail de Catherine Eyjolfsson, sa traductrice en France qu'il est remarquable: elle comprend le cœur du livre, son âme et son rythme. Parfois, des termes désuets illuminent le texte comme les répétitions de ce « petit rire chatouillé de l’amant marocain » ou cette petite phrase adorable : « les amateurs de paravents sont généralement d’humeur légère, ils sont flexibles et amusants. »

 

La clé du livre: le paravent


Ce roman se déploie comme le paravent qui apparaît dès le début du texte. Il pourrait n’être qu’un simple objet parmi d’autres. Et pourtant, il fonctionne comme la clé du texte, son symbole. En effet, les actions, les désirs, les rêves des personnages passent d’une feuille à l’autre. Steinuun utilise cet objet raffiné qui sert aussi bien à cacher, à protéger qu’à laisser supposer. Désirs et évocations, ce roman est tissée de sous-entendus qui se répondent les uns les autres. Jeux de miroirs et de belles études psychologiques notamment celle de l’héroïne centrale dont on perçoit les interrogations, les craintes et les attirances.

 

Regards sur l'Islande.

Enfin, ce roman peut encore se lire comme un regard vers le pays d'origine de son auteur. On sait bien que l'on commence à connaître son propre pays à partir du moment où l'on prend du recul, où l'on voyage. Or, dans Cent portes battant aux quatre vents, titre un peu long au premier abord, qui dit beaucoup tout en laissant grandes ouvertes les fenêtres de l'imaginaire. Le voyage à Paris permet à l'héroïne du roman de brosser un certain portrait de son pays, résonnant pour le lecteur comme un fil conducteur très sensible. A la question de Tahar sur l'Islande, la narratrice répond: "Il n'est pas facile de s'en faire une image, à moins qu'elle ne soit floue, car la lumière est perpétuellement en mouvement. On dit que l'Islande est belle, mais ce n'est pas le mot juste, pas dans son acception habituelle. Grandiose par moments. Et beaucoup de choses dans le pays n'existent nulle part au monde, ou alors disposées autrement. Les changements continuels de la lumière font que toutes les voies semblent nouvelles bien qu'on les emprunte depuis longtemps." C'est cette lumière plus ou moins brillante qui change continuellement et donne du relief aux choses et aux êtres vers laquelle tend, enthousiaste et déterminée Steinunn Sigurdardottir.

En savoir plus

Steinunn Sigurdardottir, Cent portes battant aux quatre vents, Héloïse d'Ormesson.

Steinunn Sigurdardottir, Le Cheval soleil, Héloïse d'Ormesson, 2008

Steinunn Sigurdardottir, La Place du Coeur, Denoël, 2000.

Steinunn Sigurdardottir, Le Voleur de Vie, Flammarion, 1998.

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