Parole de lecteur

«Pourquoi j'ai adopté la lecture numérique»

Lecteur boulimique et amateur de lecture numérique depuis deux ans et demi, David B. a accompli une véritable transition du livre papier à l'e-book... ce qui n'est pas si courant ! Témoignage d'un e-lecteur informé.

Viabooks : Pourquoi as-tu décidé de passer au numérique ?

-David B. : C’est sans doute un peu frivole de ma part, mais en tant que technophile, j’avais une forme de compulsion me poussant à posséder une liseuse. Bien entendu ce n’est pas ma seule motivation, ni même la principale, mais je crois qu’il ne faut pas sous-estimer l’attrait de l’objet en lui-même.
Cependant, l’intérêt majeur reste bien sûr la place gagnée. Je suis un assez gros consommateur de livres, et j’ai tendance à les acheter plus que les emprunter, avec bien sûr (je présume que ça va ensemble) une forte réticence à les revendre. Quand votre bibliothèque n’accueille plus que la moitié de votre collection et que votre conjointe agacée lève les yeux au ciel à chaque achat, vous sentez qu’il est sans doute temps de prendre des mesures.
Et ce gain de place concerne aussi plus prosaïquement les déplacements. J’ai toujours un livre sur moi. Je lis en marchant, je lis dans les transports en commun, je lis lorsque j’attends quelque part… Une liseuse est bien plus aisée à porter et glisser dans une poche qu’un « vrai » livre, même poche.

T’arrive-t-il de lire encore des livres papier ?

-David B. : De moins en moins. Je n’en achète presque plus à vrai dire. Ce changement a été progressif bien sûr, au début j’alternais beaucoup. Maintenant, je lis quasi exclusivement des livres numériques. Les rares livres physiques que je lis encore sont des livres prêtés, ou des relectures que j’extrais de ma bibliothèque (que j’ai conservée, mais très fortement désherbée).

Cela ne te manque-t-il pas de tenir un “vrai” livre en main ?

-David B. : Non. En fait c’est ambivalent. J’ai toujours le culte de l’objet, l’amour du papier. Mais cela concerne les beaux livres, ou les collections hors du commun. Pour tout ce qui est des romans par exemple, ou même des essais (toujours en dehors d’éditions aux qualités particulières), l’objet n’est qu’un medium sans importance à mes yeux. Il n'apporte rien, seuls comptent les mots. De ce point de vue, non, ça ne me manque pas du tout.

À tes yeux, offrir un e-book, est-ce la même chose que d'offrir un livre papier ?

-David B. : Spontanément, je répondrais que non, ce qui peut sembler contradictoire avec la réponse précédente. Globalement, un tel cadeau ne serait pas accepté par la plupart des gens. Je pense qu’il existe encore un tabou à offrir des choses immatérielles, dont la valeur réelle est souvent mal perçue et dont la valeur sentimentale est quasi nulle.

Que préfères-tu lire au format numérique ?

-David B. : De la littérature en général (romans, poésie) mais aussi des ouvrages historiques et scientifiques. En fait, n’importe quelle publication non illustrée. Je lis un peu de tout, en privilégiant la science-fiction, notamment le Space Opera. Mais ça n’a aucun rapport avec le support de lecture.
Pour ce qui est des ouvrages d’art, des recueils de photos ou même des bande dessinée, je n'imagine pas me passer du support physique, pour des raisons de confort de lecture, mais aussi parce que ces ouvrages sont en leur propre existence physique porteurs d’une valeur affective (par leur beauté, leur poids, la charge émotionnelle qu’un livre porte en lui depuis que des copistes voutés mettaient tout leur art en œuvre sur du velin…).

Quel(s) dispositif(s) de lecture as-tu choisi ?

-David B. : J’ai longuement hésité et testé divers appareils avant achat. J’ai commencé par une Kobo, la Touch il me semble. Et depuis environ un an j’ai une autre Kobo, la Aura HD.

Selon quels critères as-tu fait ce choix d’appareils ?

-David B. : La première exigence est bien entendu le confort de lecture. Il doit être égal à celui d’un livre physique, et je suis intraitable à ce sujet. Je veux le fond le plus clair possible et un excellent contraste. Globalement, les principales propositions sur le marché sont désormais quasi irréprochables sur ce critère.
Un autre point qui peut sembler secondaire mais qui une fois adopté devient indispensable : l’éclairage. La particularité des liseuses, contrairement aux autres appareils type smartphones ou tablettes, c’est qu’elles n’ont pas de rétro-éclairage. Aucun dispositif artificiel ne vient projeter de la lumière dans vos yeux pour animer des pixels sur l’écran, c’est le soleil qui éclaire l’écran de la liseuse, comme un vrai livre en somme. C’est le secret de l’absence de fatigue oculaire. Cependant, toujours comme un vrai livre, il est impossible de lire dans le noir, sauf dans certains cas : plusieurs liseuses sont équipées d'un éclairage qui diffuse une légère lumière, presque de la fluorescence au niveau du rendu, non pas par-dessous vers l’œil du lecteur, mais sur les côtés par-dessus. L’écran est donc éclairé, ce qui permet de lire dans le noir en se passant de lampe. Un must have.

Le choix de mon Aura HD a aussi été influencé par la résolution de son écran, très élevée, qui permet d’avoir un lissage des caractères particulièrement appréciable, et d’oublier même qu’il s’agit de pixels. Mais c’est très clairement un petit plaisir, un luxe même, que je me suis accordé parce que la liseuse est l’appareil qui me quitte le moins souvent.

Last but not least, les formats lus. Il existe une multitude de formats de fichiers possibles. Le plus courant est l’epub, qui est un format ouvert. Sur le marché, il existe deux grandes possibilités. Soit on opte pour une liseuse Kindle d’Amazon, qui par nature est "fermée", car elle exploite un format de fichier qu’elle est seule à pouvoir lire (sans compter des DRM particuliers), soit  on préfère un de ses concurrents (Kobo, Bookeen…) qui proposent des liseuses ouvertes. Personnellement, aussi bien pour des raisons pratiques que "morales", j’ai fait le choix de l’ouvert. En plus de cela, le modèle que j’ai choisi est capable de gérer un grand nombre de fichiers différents.

Où trouves-tu tes e-books ?

-David B. : Partout ! Tout d'abord, un grand nombre d’œuvres tombées dans le domaine public sont disponibles gratuitement et sont facilement trouvables. Gratuitement toujours, il y a l’offre illégale, qui est bien entendu illégitime, mais qui malheureusement est souvent en avance sur l’offre légale.
Kobo propose sa propre boutique, qui a une offre française intéressante, complétée par celle de la Fnac, qui agit comme partenaire avec le constructeur pour la métropole (un livre numérique acheté sur la Fnac atterrira tout seul sur ma liseuse, ce qui est un confort assez agréable).
D’autres revendeurs existent à travers le net, ils sont même de plus en plus nombreux, mais je les fréquente assez peu.
Enfin, bien sûr, Amazon. Ce qui nécessite quelques manipulations pour transformer le fichier puisque souvenez-vous, ils vendent leur propre format, illisible nativement par les autres. Mais souvent c’est tout simplement le plus avantageux, notamment pour des livres en anglais.

Trouves-tu que l’offre d’e-books est satisfaisante ?

-David B. : La réponse va peut-être surprendre, mais c’est un non vigoureux.
On pourrait disserter des heures entières sur le pourquoi, le comment, les tenants et les aboutissants, mais pour simplifier, je trouve que dans leur écrasante majorité, les acteurs français de l’édition ne jouent pas le jeu. Ils préfèrent souvent aborder le numérique comme une étrange nouveauté plutôt qu’attraper les choses à bras le corps et embrasser sinon le progrès, du moins l’évolution, et non la subir. Ils reproduisent en ce sens le comportement peu fructueux des majors de la musique il y a quelques années.
Les conséquences pour le consommateur sont doubles : des prix beaucoup trop élevés pour que le support numérique soit attractif et une disponibilité très hasardeuse.
Heureusement, de jeunes maisons d’édition (par exemple Bragelonne) ont compris que le meilleur moyen de fédérer une communauté de lecteurs fidèles et actifs est de vivre dans le même siècle qu’eux.
Une autre source de frustration récurrente est le blocage géographique. J’estime que dans un monde globalisé, aucun obstacle ne devrait m’empêcher d’acheter mes ouvrages en langue originale à l’étranger. En réalité, ce n’est pas le cas, ce qui m'oblige à jongler avec de faux comptes sur les sites vendeurs localisés en dehors de France, et à des manipulations sans fin pour contrevenir aux détections de la localisation de l’acheteur. Il est pénible de devoir suer sang et eau pour acheter un simple livre anglais à £5, alors même que son achat en format physique ne pose aucun problème.
À côté de cela, on trouve une offre illégale pléthorique, souvent de meilleure qualité que les productions des éditeurs, et accessible d’un simple clic... C'est frustrant.

En savoir plus

>Pour trouver des e-books du domaine public :  aller sur le site Nos livres

>Pour lire en streaming : aller sur le site Youboox

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